Quand l’adolescence devient terrain d’enquête
Avec « À Corps Perdus », Céline de Roany plonge son lectorat au cœur d’un univers adolescent saisi dans toute sa complexité. L’auteure fait le choix audacieux de donner la parole à plusieurs jeunes personnages — Amélia, Olivia, Oscar — dont les voix singulières tissent la trame narrative. Cette polyphonie permet d’explorer les multiples facettes de la jeunesse contemporaine, entre secrets de famille fouillés dans les tiroirs parentaux, relations amoureuses naissantes et pression permanente des réseaux sociaux. Le roman s’attarde sur ces moments où l’adolescence bascule, où les règles familiales deviennent des obstacles à contourner plutôt qu’à respecter, où chaque décision prend des proportions dramatiques.
L’intrigue se déploie autour du meurtre d’Augustin Koperra, jeune prodige du football nantais dont le destin prometteur s’achève brutalement. Ce qui frappe d’emblée, c’est la manière dont l’auteure capte l’essence même de cet âge trouble : les chambres sont autant de sanctuaires intimes où coexistent posters de sport, mots doux griffonnés sur des Post-it roses et ordinateurs renfermant des secrets numériques. De Roany dessine un tableau où la vie rêvée se heurte violemment à une réalité bien plus sombre. Les adolescents du roman ne sont ni des victimes passives ni des héros immaculés ; ils évoluent dans une zone grise où cyberharceleur et gamin surdoué peuvent être une seule et même personne.
Cette exploration du monde adolescent trouve sa force dans son ancrage temporel précis. L’auteure convoque les codes de la jeunesse actuelle avec justesse : le téléphone déposé sur la console d’entrée devient symbole d’absence définitive, les conversations Snapchat tissent des liens invisibles aux parents, et les règles du Wi-Fi coupé le soir dessinent les contours d’une autorité parentale dépassée par les enjeux réels. Le roman interroge ainsi ce moment de bascule où l’adolescence doit choisir, comme le suggère la citation d’Hafid Aggoune placée en exergue, entre vivre et mourir.
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Quand les voix s’entremêlent pour révéler la vérité
L’architecture narrative d' »À Corps Perdus » repose sur un dispositif de focalisation interne qui fait entendre une mosaïque de voix. Céline de Roany orchestre un ballet de personnages-narrateurs — Céleste l’enquêtrice au retour, Amélia l’adolescente curieuse, Lucille la mère inquiète, Sonia la mère de la victime, Ithri le coéquipier fidèle — dont les chapitres s’alternent selon un rythme calculé. Cette construction chorale permet d’embrasser l’affaire sous des angles complémentaires, chaque protagoniste apportant son éclairage personnel sur le drame qui secoue la communauté. Le lecteur se retrouve ainsi projeté tour à tour dans l’intimité d’une enquête policière, les tourments d’une famille en deuil et les secrets enfouis d’une jeunesse déstabilisée.
Ce procédé narratif génère une dynamique particulière où les informations se dévoilent de manière fragmentée. Là où un récit linéaire aurait progressé chronologiquement, l’auteure préfère composer un puzzle dont les pièces s’assemblent progressivement. Le même événement peut être vécu depuis plusieurs consciences, révélant des détails que d’autres perspectives avaient occultés. Ainsi, la découverte du corps à l’écluse prend une résonnance différente selon qu’on la vit du point de vue de Céleste, armée de son professionnalisme reconquis, ou de celui des proches qui basculent dans l’horreur. Cette multiplication des regards construit une enquête à plusieurs entrées où la vérité se dérobe derrière les apparences soigneusement entretenues par chacun.
L’écriture s’adapte avec souplesse aux différentes voix convoquées. Les chapitres consacrés à l’enquête adoptent une tonalité plus factuelle, attentive aux détails matériels et aux indices, tandis que ceux dédiés aux adolescents ou aux parents vibrent d’une sensibilité plus aiguë aux non-dits et aux émotions refoulées. De Roany maintient ainsi une tension constante entre l’investigation rationnelle menée par Céleste et Ithri, et l’exploration émotionnelle des milieux traversés. Cette structure narrative permet au roman d’échapper aux conventions du polar procédural pur tout en conservant le fil rouge de l’enquête criminelle.
Les thématiques contemporaines au cœur de l’intrigue
« À Corps Perdus » saisit avec acuité les bouleversements que le numérique imprime sur les existences. Le smartphone y apparaît comme une extension vitale des personnages, ce « réceptacle de nos espoirs et de nos secrets » selon la formule qui traverse le récit. L’intrigue prend racine dans une affaire de photos intimes diffusées sur Internet, déclenchant une mécanique implacable où la réputation d’une jeune fille se trouve exposée aux regards du monde entier en quelques clics. Céline de Roany ne verse pas dans la démonstration moralisatrice mais observe comment les réseaux sociaux créent un espace public permanent où l’adolescence se joue désormais à découvert, sous surveillance constante. Le roman interroge cette génération prise entre l’intimité d’un âge fragile et la viralité instantanée de chaque geste maladroit.
L’auteure tisse son enquête autour de problématiques qui résonnent fortement avec l’époque actuelle. La pression exercée sur les jeunes sportifs promis à une carrière fulgurante, les familles déterminées à protéger coûte que coûte l’avenir de leurs enfants, le fossé générationnel face aux usages numériques : autant de lignes de fracture explorées sans artifice. Les parents du roman oscillent entre contrôle parental — téléphones déposés le soir sur la console, Wi-Fi coupé — et impuissance face à des codes adolescents qui leur échappent. Cette tension entre surveillance familiale et secrets numériques dessine un portrait contemporain où la technologie redéfinit les rapports de pouvoir au sein du foyer.
Le livre aborde également la question du cyberharcèlement et de ses conséquences dévastatrices, non comme un sujet plaqué artificiellement mais comme un moteur narratif organique. De Roany montre comment une image peut basculer en stigmate, comment la frontière entre victime et coupable se brouille dans les jugements publics instantanés. Elle capte cette violence spécifique de l’ère numérique où chacun devient simultanément spectateur et juge, où les mots doux griffonnés sur des Post-it coexistent avec des commentaires haineux anonymes. Le roman construit ainsi un tableau social qui dépasse le cadre du polar classique pour interroger les mutations profondes de notre rapport à l’intimité et à l’exposition.
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Le retour de Céleste Ibar et la dynamique d’enquête
Le retour de Céleste Ibar constitue l’épine dorsale narrative du roman. Après trois années de mise à pied pour un acte commis en légitime défense, l’enquêtrice reprend du service au moment précis où un meurtre vient secouer la région nantaise. Ce timing serré impose d’emblée un rythme soutenu à l’intrigue : à peine Céleste a-t-elle récupéré les clés de son bureau qu’un appel projette l’équipe sur les lieux du crime. De Roany fait le choix de ne pas s’appesantir sur les retrouvailles professionnelles mais de plonger immédiatement son héroïne dans l’action, comme si le travail d’enquête constituait le meilleur remède à un passé encore lourd. La complicité entre Céleste et son bras droit Ithri Maksen transparaît naturellement, construisant un duo complémentaire où l’expérience de l’une répond à la sensibilité de l’autre.
L’enquête progresse selon une mécanique classique du polar procédural tout en ménageant des écarts salutaires. Les scènes d’investigation alternent avec les interrogatoires, la collecte d’indices matériels se double d’une exploration psychologique des protagonistes. Céleste déploie une méthodologie rigoureuse — examen minutieux de la chambre d’Augustin, attention portée aux objets personnels, recherche d’éléments dans l’ordinateur de la victime — qui inscrit le roman dans la tradition du thriller d’enquête. Pourtant, l’auteure évite l’écueil de la simple énumération technique en insufflant constamment de l’humanité aux procédures. Lorsque Céleste fouille les tiroirs du jeune mort, ce ne sont pas seulement des preuves qu’elle traque mais des fragments d’existence, des traces d’une vie brutalement interrompue.
La dynamique d’investigation bénéficie également de la multiplication des pistes et des zones d’ombre. Photos compromettantes circulant sur Internet, secrets familiaux soigneusement gardés, pressions exercées sur un jeune talent du football : autant de fils narratifs qui s’entrelacent sans que le lecteur puisse aisément démêler les vraies pistes des fausses routes. De Roany maintient ainsi une tension constante, distribuant les révélations avec parcimonie tout en laissant planer suffisamment d’ambiguïté pour que l’enquête conserve son mystère jusqu’aux dernières pages.
Les secrets de famille et la pression sociale
Le roman dévoile progressivement les fissures qui lézardent les façades soigneusement entretenues. Au cœur de cette mécanique narrative, les familles présentent au monde extérieur une image de réussite et d’harmonie tandis que, dans l’intimité, les non-dits s’accumulent comme autant de bombes à retardement. Amélia fouille dans les lettres anciennes de sa mère en quête d’un passé dissimulé, cherchant à comprendre pourquoi son père était qualifié de « sauveur ». Les tiroirs fermés, les conversations étouffées et les secrets enfouis sous la lingerie dessinent un paysage familial où chacun protège jalousement sa part d’ombre. De Roany explore avec finesse cette tension entre l’apparence d’une vie bourgeoise prospère et les zones d’inquiétude qui habitent ces foyers aux parcs arborés.
La pression sociale s’exerce avec une force particulière sur Augustin Koperra, jeune prodige du football promis à un avenir éblouissant. Ses parents brandissent sa carrière future comme un bouclier, préoccupés avant tout de préserver sa réputation face aux rumeurs qui circulent. Cette obsession de l’image révèle un mécanisme où l’enfant devient le dépositaire des ambitions familiales, où chaque écart de conduite menace non seulement son propre avenir mais celui du clan tout entier. L’auteure capte cette dynamique contemporaine où les destins individuels se trouvent écrasés sous le poids des attentes collectives, où la moindre erreur adolescente risque d’être amplifiée par la caisse de résonance des réseaux sociaux.
Ce que le roman met particulièrement en lumière, c’est la manière dont ces pressions familiales et sociales créent des terrains propices aux tragédies. Les parents tentent désespérément de contrôler ce qui échappe à leur emprise — la vie numérique de leurs enfants, les amitiés qu’ils nouent, les choix qu’ils font. Les règles strictes côtoient l’aveuglement volontaire, créant des espaces où les jeunes se retrouvent piégés entre loyauté familiale et aspiration à l’autonomie. De Roany montre comment ces tensions se cristallisent dans une communauté où tout le monde se connaît, où les réputations se forgent dès l’enfance et où les secrets finissent toujours, fatalement, par remonter à la surface.
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L’univers du football et ses dérives
Le football structure l’existence d’Augustin Koperra jusqu’à l’étouffement. Sa chambre ressemble à un sanctuaire dédié au sport roi : posters, coupes, médailles, livres techniques sur l’attaque et la tactique, photos d’équipe qui jalonnent son évolution depuis l’enfance. Céline de Roany peint le portrait d’un adolescent happé par une passion dévorante, ou peut-être plus exactement par les attentes que cette passion génère. Repéré dès son plus jeune âge, comparé à Mbappé, intégré à quinze ans dans l’équipe de France espoirs, Augustin incarne cette catégorie de jeunes prodiges sur lesquels reposent des espoirs démesurés. L’auteure montre comment le Centre sportif José-Arribas, institution nantaise de formation des jeunes footballeurs, devient à la fois tremplin et prison dorée pour ces enfants qui abandonnent leurs vacances et leur insouciance au profit d’un rêve collectif.
Ce que le roman interroge avec perspicacité, c’est la mécanique implacable qui transforme des adolescents en investissements. Les parents d’Augustin brandissent sa carrière future comme argument suprême, réclamant discrétion sur les rumeurs pour protéger une réputation qui conditionne des millions d’euros potentiels. La fragilité intrinsèque d’une carrière footballistique — « éphémère, même pour ceux qui excellent » — crée une urgence permanente où chaque faux pas peut anéantir des années d’efforts. De Roany saisit cette pression qui pèse sur des épaules d’enfants, cette course contre le temps où l’on doit briller avant même d’avoir achevé sa croissance. Le football apparaît ainsi moins comme un jeu que comme une industrie dévorant ses plus jeunes talents, les formatant au détriment parfois de leur équilibre scolaire et personnel.
L’auteure évite néanmoins le réquisitoire simpliste en nuançant son propos. Le Centre de formation offre aussi des opportunités réelles, ouvre des portes que l’origine sociale refermerait autrement. Mais elle n’élude pas les zones d’ombre : le désintérêt croissant pour les études, l’isolement dans un univers clos, la violence latente d’un milieu compétitif. À travers le parcours d’Augustin se dessine une réflexion plus large sur ces systèmes qui, en promettant la gloire à quelques-uns, broient discrètement tous les autres — ces 95 % de jeunes du centre de formation qui ne deviendront jamais professionnels et se retrouveront sans diplôme ni alternative.
Le traitement des réseaux sociaux et du cyberharcèlement
La violence numérique frappe au cœur du récit avec une brutalité sidérante. Olivia découvre son intimité exposée aux regards du monde entier après la diffusion de photos privées sur Internet, accessibles en tapant simplement son nom sur Google. Céline de Roany capte avec justesse cette terreur spécifique de l’ère digitale : la permanence de l’erreur, l’impossibilité d’appuyer sur une touche « reset » pour effacer ce qui a été rendu public. L’adolescente bascule en quelques heures du statut enviable de petite amie du prodige local à celui de « cette fille-là », celle qu’on ghoste, qu’on évite du regard, dans le dos de laquelle circulent chuchotements et ricanements. L’auteure montre comment une action impulsive — ces photos qu’on ne destinait pas à circuler — se transforme en stigmate indélébile une fois happée par la mécanique virale des réseaux sociaux.
Le roman explore la complexité des responsabilités dans cette violence 2.0. Qui est coupable : celui qui prend la photo, celui qui la diffuse, ceux qui la partagent, ou simplement ceux qui la regardent ? De Roany refuse les réponses faciles et préfère montrer comment le système lui-même génère des dégâts collatéraux. Les parents d’Augustin invoquent le piratage, l’inadvertance, la jalousie, tout en blâmant simultanément la victime, questionnant qu’une « gentille fille » puisse se mettre dans une telle situation. Cette ambiguïté morale traverse le récit : les adolescents découvrent avec stupeur des messages sur Snap, Insta et Messenger, l’information se propage comme une traînée de poudre numérique, transformant chaque smartphone en relais d’une violence collective et anonyme.
Ce que l’ouvrage met particulièrement en lumière, c’est le fossé entre la vitesse de propagation de l’information et la lenteur des réactions humaines. Olivia espère secrètement que « le soufflé retombera », que les haters passeront à une autre victime, mais elle comprend progressivement l’irréversibilité du processus. De Roany saisit cette impuissance face à une machine qui échappe à tout contrôle, où même éteindre son téléphone ne suffit plus à échapper au regard collectif. Le cyberharcèlement devient ainsi le révélateur d’une société où l’intimité s’est dissoute dans l’espace public numérique, où chaque adolescent navigue sur le fil ténu entre partage et surexposition.
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Une intrigue qui interroge la jeunesse d’aujourd’hui
« À Corps Perdus » dépasse le cadre du simple polar pour se muer en chronique générationnelle. Céline de Roany choisit de faire d’Augustin Koperra bien plus qu’une victime : il devient le symbole d’une jeunesse écartelée entre des injonctions contradictoires. Le roman pose la question formulée en exergue par Hafid Aggoune : « L’adolescence est le temps où il faut choisir entre vivre et mourir. » Cette phrase résonne tout au long du récit, éclairant les trajectoires de ces jeunes gens pris dans un étau invisible. Prodige du football promis à un destin fulgurant, amoureux ennuyeux aux yeux de certains, cyberharceleur potentiel selon d’autres, gamin gâté jouant à la perfection : qui était vraiment Augustin ? L’auteure refuse de trancher, préférant montrer comment l’identité adolescente se construit dans un jeu de masques et d’attentes extérieures.
L’intrigue révèle une génération sous surveillance permanente, où chaque geste est potentiellement filmé, partagé, commenté. Les jeunes protagonistes du roman évoluent dans un monde où les frontières entre vie privée et exposition publique se sont effondrées, où le smartphone devient à la fois lien vital avec les pairs et instrument de destruction massive. De Roany capte cette tension particulière qui habite la jeunesse contemporaine : l’urgence de construire son identité tout en sachant que chaque erreur pourra être ressortie des archives numériques. Les adolescents d’Amélia, Olivia et Oscar grandissent dans un environnement où l’ardoise ne peut jamais être vraiment effacée, où les mauvais choix laissent des traces indélébiles dans les algorithmes et les mémoires collectives.
Le roman interroge également la solitude profonde qui peut se dissimuler derrière les apparences de connexion. Ces jeunes qui accumulent les messages sur différents réseaux sociaux, qui entretiennent des amitiés numériques et partagent leur quotidien en temps réel, se retrouvent paradoxalement isolés face aux véritables tempêtes émotionnelles. Olivia seule devant son ordinateur, Amélia fouillant des lettres anciennes en quête de vérité, Oscar rentrant tard d’une visite à un ami en détresse : tous témoignent d’une difficulté à communiquer véritablement avec les adultes censés les protéger. De Roany offre ainsi un portrait nuancé d’une génération qui doit naviguer dans un paysage social radicalement transformé, où les repères traditionnels ont volé en éclats sans que de nouveaux garde-fous ne soient véritablement venus les remplacer. Le polar devient alors prétexte à explorer les mutations profondes qui traversent l’adolescence du XXIe siècle.
Mots-clés : Polar contemporain, Cyberharcèlement, Adolescence, Réseaux sociaux, Football, Nantes, Enquête policière
Extrait Première Page du livre
» — Maman ! Maaamaaaan !
— Laquelle ?
Marie se redressa, une main dans le creux du dos, et de l’autre écarta la petite mèche qui s’obstinait à lui revenir dans les yeux. Son visage luisait sous l’effort et sa crinière ne tenait que par un bout de fil de cuisine noué à la va-vite. Des cartons de déménagement ouverts encombraient la pièce.
Céleste s’avança vers l’embrasure de la porte, soulagée par cette pause improvisée. Contrairement à ceux de son épouse, ses cheveux étaient soigneusement lissés. Son tee-shirt noir soulignait sa minceur, l’étroitesse de son torse, la petitesse de ses seins et, d’une manière générale, son absence de formes.
— Clémence ! cria-t-elle. Tu as besoin de quelque chose ?
Une voix angoissée lui répondit :
— Un serpent, maman ! Il y a un serpent dans la maison !
Sans se concerter, Céleste et Marie s’élancèrent en direction des cris, Marie épouvantée et Céleste certaine qu’il s’agissait d’une inoffensive couleuvre.
Elle avait tort.
Recroquevillée dans un coin du salon, à demi cachée par des pots de plantes poussés là pour faire de la place aux cartons, une vipère dardait sa petite tête triangulaire vers Clémence tandis que celle-ci, armée d’un balai, la maintenait dans son coin en tremblant. L’adolescente était blême. Elle faisait pourtant bravement face. Céleste ressentit une bouffée de fierté.
— Maman, tu pourrais aller chercher, je ne sais pas, une pelle pour l’assommer ?…
— Un lance-flammes ? suggéra Marie, restée sur le seuil. Une masse ? Tu veux que j’aille te chercher de quoi la découper en morceaux ? «
- Titre : À Corps Perdus
- Auteur : Céline de Roany
- Éditeur : Les Presses de la Cité
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2024
Page officielle : celinederoany.fr
Résumé
Une enquête de Céleste Ibar qui l’entraînera vers des méandres de la psyché humaine, plus tortueuses que les étiers de la Loire. » L’adolescence est le temps où il faut choisir entre vivre et mourir « , dit Hafid Aggoune.Augustin Koperra a-t-il vraiment choisi ? Il avait quinze ans, une famille aimante, une petite amie, des copains et un avenir. Prodige du football nantais, on lui promettait un destin fulgurant, à la Kylian Mbappé. C’est pourtant son corps qu’on retrouve encastré dans une écluse non loin de Nantes, battu à mort et le visage lacéré.Qui a-t-on voulu tuer ? Le jeune surdoué, dédié à sa passion, le petit amoureux ennuyeux, le cyberharceleur, le gamin gâté qui jouait à être parfait ?Céleste Ibar, de retour à la PJ de Nantes après trois années de mise à pied pour une accusation dont elle a été blanchie, et Ithri Maksen, son bras droit, affrontent des familles déterminées à assurer le meilleur pour leurs enfants. Entre réseaux sociaux et secrets honteux, leur chemin est pavé d`un enfer juvénile dont personne ne sortira indemne.
Toutes les chroniques des livres de Céline de Roany

Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.








































Merci Manuel! Quelle émotion de lire que ce que j’ai voulu exprimer était lisible!
Merci à vous, Céline ! Votre plume est si juste et sensible qu’elle touche directement au cœur. Ce fut un véritable plaisir de lire « À Corps Perdus » et d’en partager ma lecture. Bravo pour ce second beau travail d’écriture que j’ai la chance d’avoir lu !