Denis Dupuy signe avec « Kemen » un thriller visionnaire sur la crise écologique

Kemen de Denis Dupuy

Kemen : un techno-thriller d’anticipation écologique

Denis Dupuy nous plonge avec « Kemen » dans un futur proche où le dérèglement climatique est devenu une menace existentielle pour l’humanité. Sur fond de catastrophe annoncée, l’auteur tisse une intrigue haletante mêlant activisme radical, course-poursuite policière et réflexion sur les dérives potentielles de l’écologie politique. Le roman s’inscrit ainsi dans la lignée des techno-thrillers, un sous-genre qui exploite les peurs suscitées par les nouvelles technologies et leurs impacts sur nos sociétés.

Mais loin de se cantonner à un simple récit d’anticipation technologique, « Kemen » se veut avant tout un thriller écologique, questionnant notre responsabilité face à l’urgence climatique. Les activistes du groupe Kemen, déterminés à sauver la planète par tous les moyens, incarnent une forme d’éco-terrorisme prêt à sacrifier des vies humaines pour la survie de l’espèce. Une posture radicale qui pousse le lecteur dans ses retranchements et l’invite à s’interroger sur les limites de l’engagement écologique.

En situant son intrigue dans un avenir proche, l’auteur parie sur un effet de réel saisissant. Les évolutions technologiques et géopolitiques décrites dans le roman résonnent avec l’actualité et confèrent à la menace climatique une dimension tangible, presque palpable. Cette projection dans un futur possible, voire probable, sonne comme un avertissement sur les conséquences dramatiques de l’inaction face au réchauffement global.

Au final, « Kemen » réussit le pari d’un thriller d’anticipation écologique, en alliant une intrigue prenante, des personnages ambivalents et une réflexion de fond sur les défis environnementaux du XXIe siècle. Par sa dimension visionnaire et sa capacité à nous interpeller sur les grands enjeux de notre temps, le roman de Denis Dupuy s’impose comme une lecture aussi captivante que nécessaire.

Livre de Denis Dupuy à acheter

Kemen de Denis Dupuy

Les personnages clés : portraits d’activistes radicaux

Au cœur de l’intrigue de « Kemen » se dessinent les portraits saisissants d’activistes prêts à tout pour sauver la planète. Denis Dupuy nous plonge dans la psyché de ces personnages complexes, dont les convictions inébranlables les poussent à franchir les limites de la légalité et de la morale commune. Pantxi Garamendi, leader charismatique du groupe Kemen, incarne cette radicalité assumée. Persuadé que seule une action coup de poing peut réveiller les consciences, il n’hésite pas à recourir à des méthodes extrêmes, quitte à sacrifier des vies humaines pour la cause environnementale.

Autour de Garamendi gravitent des activistes aux profils variés, mais tous unis par un même sentiment d’urgence face à la catastrophe climatique annoncée. Agathe, bras droit de Pantxi, se distingue par sa détermination froide et son pragmatisme à toute épreuve. Léa Cavani, experte en drones, met ses compétences techniques au service d’actions spectaculaires, tout en luttant contre ses propres doutes. Quant à Pedro, génie de l’informatique au passé trouble, il trouve dans l’engagement radical une forme de rédemption personnelle.

À travers ces personnages, l’auteur explore les ressorts psychologiques de l’engagement extrême. Si leurs motivations peuvent sembler louables – sauver la planète, préserver l’avenir de l’humanité -, leurs actions n’en demeurent pas moins discutables sur le plan éthique. En nous plongeant dans l’intimité de ces activistes, Denis Dupuy nous invite à questionner les limites de la fin et des moyens, sans jamais céder à la caricature manichéenne.

Car la force du roman réside justement dans la complexité de ses personnages, qui ne se réduisent jamais à de simples archétypes. Chacun à sa manière, les membres de Kemen nous renvoient à nos propres contradictions et à notre difficulté à penser la lutte écologique en dehors des cadres établis. En brossant le portrait nuancé de ces activistes radicaux, « Kemen » nous pousse ainsi à réfléchir sur les formes que peut prendre l’engagement face à l’urgence climatique.

La DGRE : une agence en première ligne face à l’écoterrorisme

Dans « Kemen », Denis Dupuy met en scène une agence fictive, la Direction Générale du Renseignement sur l’Ecoterrorisme (DGRE), chargée de traquer les activistes radicaux menaçant la sécurité nationale. Au fil des pages, la DGRE s’impose comme un acteur central de l’intrigue, en première ligne face à la montée en puissance de l’écoterrorisme. Incarnée par le commissaire Agostini et son équipe, l’agence incarne la réponse étatique face à un phénomène qui échappe aux cadres traditionnels de la lutte antiterroriste.

Car les militants de Kemen ne ressemblent en rien aux terroristes classiques. Portés par une idéologie environnementale, ils bousculent les schémas établis et obligent la DGRE à repenser ses méthodes d’investigation. Infiltrations, surveillances, traques internationales : les agents doivent redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour démanteler le réseau de Pantxi Garamendi. Une course contre la montre s’engage alors, où chaque minute compte pour éviter un nouvel attentat meurtrier.

Mais au-delà de son rôle dans l’intrigue, la DGRE soulève des questions de fond sur la réponse sécuritaire face à l’écoterrorisme. Comment appréhender cette nouvelle forme de radicalité, qui puise sa légitimité dans l’urgence climatique ? Quelles limites éthiques et légales peut-on franchir au nom de la raison d’État ? En plaçant la DGRE au cœur de son roman, Denis Dupuy interroge la capacité de nos sociétés à penser la menace écologique dans un cadre démocratique.

L’agence imaginée par l’auteur apparait ainsi comme un miroir grossissant des défis sécuritaires posés par le dérèglement climatique. Face à des activistes prêts à tout pour sauver la planète, la tentation d’une réponse purement répressive se fait jour. Mais « Kemen » nous invite à dépasser ce paradigme, en questionnant le rôle de l’État dans la lutte contre le réchauffement global. Car si la DGRE parvient in extremis à déjouer les plans de Kemen, la question écologique, elle, reste plus que jamais ouverte.

À découvrir ou à relire

La Mariée d’Equinoxe Mo Malo
Un avion sans elle Michel Bussi
La maison de vacances Keri Beevis
Prime time Broché Maxime Chattam

L’attentat contre la Tour Eiffel : fiction et réalité du risque terroriste

Dans « Kemen », l’attaque spectaculaire contre la Tour Eiffel marque un tournant décisif dans l’intrigue. En faisant s’écrouler le monument parisien sous les coups d’un drone piégé, le groupe activiste franchit un cap dans la radicalité et la violence. Cette scène choc, qui ouvre le roman, plonge le lecteur au cœur de l’action et pose d’emblée la question du terrorisme comme arme politique. Car si la destruction de la Tour Eiffel relève de la fiction, elle fait écho à une réalité bien tangible : celle de la menace terroriste dans nos sociétés contemporaines.

En imaginant un attentat visant un symbole national, Denis Dupuy joue habilement sur les peurs collectives et la mémoire traumatique des attaques du 11 septembre 2001. La chute de la Tour Eiffel, filmée et revendiquée par Kemen, rappelle inévitablement celle des tours jumelles du World Trade Center, gravée dans l’inconscient collectif. Par ce parallèle saisissant, l’auteur souligne la puissance évocatrice du terrorisme, capable de frapper les esprits et d’ébranler les certitudes en s’attaquant à des lieux emblématiques.

Mais si l’attentat fictif de « Kemen » renvoie à des événements bien réels, il s’en distingue aussi par sa nature et ses motivations. Car c’est au nom de l’écologie, et non du fanatisme religieux, que les activistes de Pantxi Garamendi font tomber la Tour Eiffel. En introduisant l’écoterrorisme dans son roman, Denis Dupuy explore une nouvelle forme de radicalité, portée par l’urgence climatique et la volonté de sauver la planète. Une dimension qui complexifie la question terroriste et invite à repenser les cadres d’analyse traditionnels.

L’attaque contre la Tour Eiffel apparaît ainsi comme un élément central du roman, cristallisant les enjeux sécuritaires et écologiques au cœur de l’intrigue. En mêlant habilement fiction et réalité, Denis Dupuy nous plonge dans un scénario aussi glaçant que plausible, qui interroge notre rapport à la violence politique et à l’engagement environnemental. Une manière de nous rappeler que dans un monde confronté au péril climatique, la frontière entre activisme et terrorisme pourrait devenir de plus en plus ténue.

Une course poursuite haletante entre police et activistes

« Kemen » nous entraîne dans une course-poursuite effrénée entre les forces de l’ordre et le groupe d’activistes radicaux mené par Pantxi Garamendi. Tout au long du roman, Denis Dupuy maintient une tension palpable, rythmée par les coups d’éclat de Kemen et les efforts de la DGRE pour démanteler le réseau écoterroriste. Cette dynamique du chat et de la souris, qui structure l’intrigue, plonge le lecteur dans un suspense haletant où chaque chapitre apporte son lot de rebondissements et de révélations.

Au fil des pages, on suit les investigations du commissaire Agostini et de son équipe, lancés dans une traque internationale pour retrouver la trace de Garamendi et de ses complices. De Paris à Berlin en passant par l’Amérique centrale, les policiers de la DGRE doivent redoubler d’ingéniosité pour reconstituer le puzzle de l’organisation terroriste. Infiltrations, surveillances, interrogatoires musclés : tous les moyens sont bons pour percer les secrets de Kemen et déjouer ses plans meurtriers.

Face à eux, les activistes ne reculent devant rien pour semer leurs poursuivants et mener à bien leur projet apocalyptique. Pantxi Garamendi, en stratège redoutable, parvient à garder un coup d’avance en brouillant les pistes et en exploitant les failles du système. Les membres de son groupe, rompus à la clandestinité, rivalisent d’audace et de détermination pour échapper à la traque policière. Une opposition frontale qui donne lieu à des scènes d’action palpitantes, où la moindre erreur peut se révéler fatale.

Mais au-delà de son rythme effréné, cette course-poursuite entre police et activistes soulève aussi des questions de fond sur les moyens de la lutte antiterroriste. Jusqu’où peut-on aller pour stopper des criminels animés par une idéologie radicale ? Les méthodes musclées de la DGRE, qui n’hésite pas à franchir la ligne rouge, sont-elles justifiées par l’urgence de la situation ? En filigrane de l’intrigue, Denis Dupuy interroge la légitimité de la violence d’État face à celle des activistes, dans un jeu de miroirs troublant.

Véritable colonne vertébrale du roman, la course-poursuite entre Kemen et la DGRE maintient une tension constante jusqu’au dénouement final. Par sa maîtrise du suspense et son sens du rythme, Denis Dupuy signe un thriller écologique palpitant, qui nous tient en haleine de la première à la dernière page. Une réussite narrative qui n’occulte pas pour autant la complexité des enjeux soulevés par l’intrigue, entre urgence climatique et impératifs sécuritaires.

À découvrir ou à relire

Famille décomposée Christophe Royer
L’Appel du néant Poche Maxime Chattam
Mémoires d’un expert psychiatre Angélina Delcroix
Coule la Seine Poche Fred Vargas

Manipulation, infiltration et jeux de dupes

Dans « Kemen », les jeux de pouvoir et de manipulation occupent une place centrale, ajoutant une dimension psychologique complexe à l’intrigue. Tout au long du roman, les personnages se livrent à une partie d’échecs mentale, où la tromperie et la duplicité deviennent des armes redoutables. Denis Dupuy explore avec subtilité les mécanismes de l’infiltration et de la manipulation, en brouillant constamment les frontières entre le vrai et le faux, le bien et le mal.

Le personnage de Cécile Aubrun, alias Léa Cavani, incarne parfaitement cette ambiguïté. Envoyée par la DGRE pour infiltrer le groupe Kemen, elle se retrouve prise dans un jeu de dupes où elle doit sans cesse naviguer entre sa mission officielle et son attirance pour Pantxi Garamendi. Au fil de son immersion dans l’univers des activistes, Cécile voit ses certitudes vaciller et peine à démêler le vrai du faux. Une ambivalence qui reflète la complexité des liens tissés par l’infiltration, où la frontière entre le soi et l’autre devient de plus en plus poreuse.

Mais la manipulation n’est pas l’apanage des forces de l’ordre. Les membres de Kemen, et en particulier Pantxi Garamendi, excellent eux aussi dans l’art de la tromperie. Le leader activiste, en fin stratège, n’hésite pas à exploiter les failles psychologiques de ses interlocuteurs pour les rallier à sa cause. Il parvient ainsi à retourner Léa Cavani, pourtant aguerrie aux techniques d’interrogatoire, en jouant sur ses doutes et ses fragilités. Un jeu de séduction trouble qui illustre la puissance de la manipulation mentale comme arme de persuasion.

Au-delà des personnages, c’est toute l’intrigue de « Kemen » qui repose sur un jeu de dupes permanent. Les fausses pistes, les trahisons et les retournements de situation s’enchaînent, maintenant le lecteur dans un état de tension constant. Denis Dupuy joue habilement avec les codes du thriller psychologique, en multipliant les effets de miroir et les trompe-l’œil narratifs. Une architecture complexe qui fait de la manipulation le véritable moteur de l’action, jusqu’au dénouement final.

Par sa maîtrise des ressorts psychologiques et son sens aigu de la manipulation, « Kemen » nous plonge dans un univers où rien n’est vraiment ce qu’il semble être. En explorant les méandres de l’infiltration et les jeux de pouvoir qui s’y rattachent, Denis Dupuy signe un thriller d’une grande intensité émotionnelle, qui interroge notre rapport à la vérité et à la loyauté. Un roman qui nous rappelle que dans un monde où la fin justifie les moyens, la frontière entre le héros et le traître peut parfois être bien mince.

Le lac Ilopango : Ground zero d’une apocalypse écologique ?

Au cœur de l’intrigue de « Kemen » se trouve un lieu aussi mystérieux que menaçant : le lac Ilopango, situé au Salvador. C’est dans ce décor paradisiaque que Pantxi Garamendi a choisi de mettre en œuvre son plan apocalyptique, visant à provoquer une éruption volcanique aux conséquences dévastatrices. Mais au-delà de son rôle central dans l’intrigue, le lac Ilopango cristallise à lui seul les enjeux écologiques et géopolitiques soulevés par le roman.

Véritable bombe à retardement géologique, le lac Ilopango est présenté comme une caldeira endormie, dont la réactivation pourrait avoir des répercussions catastrophiques sur le climat mondial. En choisissant ce lieu comme épicentre de son action, Pantxi Garamendi joue avec la possibilité d’une apocalypse écologique, capable de bouleverser durablement les équilibres naturels de la planète. Une menace qui fait écho aux scénarios les plus sombres du réchauffement climatique, et qui souligne l’urgence d’une prise de conscience globale face aux périls environnementaux.

Mais le choix du Salvador comme théâtre de l’opération finale n’est pas anodin. En situant l’action dans ce petit pays d’Amérique centrale, Denis Dupuy pointe aussi du doigt les inégalités Nord-Sud face aux enjeux climatiques. Car si le projet fou de Garamendi est censé sauver l’humanité tout entière, il fait aussi peser un risque démesuré sur les populations locales, déjà fragilisées par la pauvreté et les conflits. Une dimension géopolitique qui rappelle que les conséquences du dérèglement climatique ne seront pas les mêmes pour tous, et que les pays les plus pauvres risquent d’en être les premières victimes.

Véritable épée de Damoclès au-dessus de l’intrigue, le lac Ilopango concentre ainsi tous les enjeux écologiques et humains soulevés par « Kemen ». Sa menace sourde, tapie dans les profondeurs d’une caldeira, symbolise la puissance destructrice d’une nature poussée à bout, capable de se retourner contre l’humanité qui l’a maltraitée. Mais il incarne aussi la folie d’un projet prométhéen, prêt à sacrifier des vies au nom d’un sauvetage planétaire hypothétique. Un dilemme moral vertigineux, qui hante le roman jusqu’à son dénouement.

Bien plus qu’un simple décor, le lac Ilopango s’impose comme un personnage à part entière de « Kemen », porteur d’une menace aussi fascinante que terrifiante. Par sa puissance évocatrice et sa charge symbolique, il cristallise les interrogations écologiques et philosophiques qui traversent le roman, entre tentation prométhéenne et responsabilité éthique. Un lieu au bord du gouffre, qui nous renvoie à notre propre responsabilité face à l’avenir de la planète.

À découvrir ou à relire

Trauma(s) Karine Giebel
L’instinct Nicolas Druart
L’Heure bleue Paula Hawkins
Les enfants du lac Ivar Leon Menger

Analyse des ressorts psychologiques des personnages

Dans « Kemen », Denis Dupuy ne se contente pas de tisser une intrigue haletante ; il explore avec finesse la psychologie de ses personnages, dont les motivations et les doutes font écho aux grands enjeux du roman. Au fil des pages, l’auteur nous plonge dans l’intimité de ces hommes et de ces femmes pris dans la tourmente, révélant les ressorts intimes qui guident leurs actions. Une plongée dans les méandres de l’âme humaine qui confère à « Kemen » une profondeur romanesque indéniable.

Le personnage de Pantxi Garamendi, leader charismatique de Kemen, illustre parfaitement cette complexité psychologique. Derrière la façade du terroriste impitoyable se cache un être habité par une véritable foi en sa mission, prêt à tous les sacrifices pour sauver la planète. Mais cette détermination sans faille se double aussi d’une fragilité insoupçonnée, celle d’un homme rongé par le doute et la solitude. En explorant les fêlures de Garamendi, Denis Dupuy nous invite à dépasser les clichés sur le fanatisme, pour interroger les ressorts intimes de l’engagement extrême.

Cette ambivalence se retrouve chez les autres membres de Kemen, déchirés entre leurs convictions et leurs doutes. Agathe, la tueuse froide et méthodique, laisse parfois entrevoir une vulnérabilité inattendue, comme si sa violence n’était qu’une carapace pour masquer ses blessures intérieures. Pedro, le génie informatique, trouve dans l’action illégale un exutoire à ses souffrances familiales, tout en étant rongé par la culpabilité. Autant de personnages complexes, dont les motivations ne se réduisent jamais à des archétypes simplistes.

Du côté des forces de l’ordre, la psychologie n’est pas en reste. Le commissaire Agostini, figure centrale de la DGRE, incarne à lui seul les dilemmes moraux de la lutte antiterroriste. Pris entre son sens du devoir et ses doutes sur la légitimité de certaines méthodes, il se débat dans les zones grises de l’éthique, au risque de perdre son humanité. Une lutte intérieure qui fait écho à celle de Cécile Aubrun, l’agent infiltré tiraillé entre sa mission et son attirance pour Garamendi. Deux figures de justiciers tourmentés, dont la complexité psychologique nourrit la tension dramatique du roman.

À travers ces portraits subtils, Denis Dupuy nous offre une plongée saisissante dans les tourments de l’âme humaine. Loin des stéréotypes manichéens, les personnages de « Kemen » apparaissent dans toute leur complexité, porteurs de contradictions et de failles intimes. C’est cette richesse psychologique qui donne au roman sa force et sa profondeur, en faisant des enjeux écologiques le miroir des luttes intérieures de chacun. Un huis clos mental qui nous renvoie à notre propre part d’ombre, et aux choix que nous serions prêts à faire face à l’urgence climatique.

Réflexion sur les dérives possibles de l’activisme écologique

Au-delà de son intrigue haletante, « Kemen » propose une réflexion troublante sur les dérives possibles de l’activisme écologique. En mettant en scène un groupe d’écoterroristes prêts à tout pour sauver la planète, Denis Dupuy interroge les limites de l’engagement environnemental et les dangers d’une radicalisation idéologique. Une dimension réflexive qui donne au roman une portée bien plus large qu’un simple thriller, en questionnant notre rapport à la violence politique au nom de la cause climatique.

Car si les motivations de Pantxi Garamendi et de ses acolytes peuvent sembler louables – sauver l’humanité de la catastrophe écologique -, les moyens employés soulèvent de profondes questions éthiques. En basculant dans le terrorisme, en sacrifiant des vies innocentes au nom d’un bien supérieur, les membres de Kemen franchissent une ligne rouge qui les coupe de toute légitimité morale. Une dérive que l’auteur met en lumière sans jamais tomber dans le jugement manichéen, en explorant les ressorts psychologiques qui peuvent conduire à de tels extrêmes.

Mais « Kemen » ne se contente pas de pointer du doigt les dérives de l’écoterrorisme ; le roman interroge plus largement les limites de l’activisme environnemental dans nos sociétés démocratiques. Face à l’urgence climatique et à l’inaction des pouvoirs publics, jusqu’où peut-on aller pour faire entendre sa voix ? La désobéissance civile, le sabotage, la violence sont-ils des moyens légitimes pour défendre la planète ? En poussant ces questions dans leurs retranchements, Denis Dupuy nous renvoie à nos propres contradictions, et à la tentation d’une radicalité qui sommeille en chacun de nous.

Car c’est bien le mérite de « Kemen » que de ne jamais céder à la facilité des réponses toutes faites. Si le roman condamne sans ambiguïté les actions meurtrières de Garamendi, il n’en souligne pas moins les failles d’un système incapable de répondre à l’urgence écologique. Les dérives de Kemen apparaissent ainsi comme le symptôme d’un mal plus profond, celui d’une société qui peine à penser son avenir face au défi climatique. Un constat qui invite à repenser notre rapport à l’engagement citoyen et à la démocratie environnementale.

Par la justesse de son propos et la finesse de sa réflexion, « Kemen » s’impose comme bien plus qu’un simple thriller écologique. En explorant les dérives possibles de l’activisme environnemental, le roman de Denis Dupuy nous confronte à nos propres responsabilités face à l’urgence climatique. Sans jamais donner de leçons, il ouvre un espace de réflexion salutaire sur les moyens d’une lutte écologique à la fois radicale et démocratique. Une invitation à repenser notre engagement citoyen, pour faire face aux défis de notre temps sans renier nos valeurs humanistes.

À découvrir ou à relire

7 ans après Guillaume Musso
Valentina Azra Reed
La femme de ménage voit tout Freida McFadden
À la vue de tous Alex Sol

Kemen : miroir grossissant des enjeux environnementaux actuels

S’il se déroule dans un futur proche, « Kemen » n’en est pas moins profondément ancré dans les problématiques environnementales de notre époque. À travers le prisme de la fiction, Denis Dupuy dresse un portrait saisissant des défis écologiques auxquels notre planète est confrontée, de l’urgence climatique à la sixième extinction de masse. Une manière de tendre un miroir grossissant à notre société, pour mieux en révéler les failles et les contradictions face à la crise environnementale.

Car si les actions radicales de Pantxi Garamendi et de ses acolytes peuvent sembler extrêmes, elles font écho à une réalité de plus en plus prégnante : celle d’un monde au bord du gouffre écologique, où l’inaction politique et la passivité citoyenne apparaissent comme autant de menaces pour notre avenir commun. En poussant à bout la logique de l’écoterrorisme, « Kemen » nous renvoie à notre propre responsabilité face à l’urgence climatique, et à la tentation du nihilisme qui peut nous guetter face à l’ampleur de la tâche.

Mais le roman ne se contente pas d’alerter sur les périls environnementaux ; il explore aussi les pistes d’une écologie humaniste et démocratique, loin des dérives totalitaires de l’écoterrorisme. À travers les doutes et les questionnements des personnages, Denis Dupuy esquisse les contours d’un engagement citoyen renouvelé, fondé sur la prise de conscience individuelle et l’action collective. Une vision nuancée et exigeante de l’écologie politique, qui refuse les solutions simplistes et les discours manichéens.

En cela, « Kemen » apparaît comme un véritable roman de notre temps, qui capture avec justesse les enjeux et les contradictions de l’activisme environnemental au XXIe siècle. Par sa capacité à traduire les questionnements de notre époque dans une fiction haletante, le roman de Denis Dupuy s’impose comme une œuvre à la fois visionnaire et profondément actuelle. Un miroir tendu à notre société, pour mieux nous inviter à repenser notre rapport à la nature et à l’engagement écologique.

Ainsi, par la puissance de son propos et la justesse de sa réflexion, « Kemen » nous offre bien plus qu’un simple divertissement littéraire. Véritable plongée dans les tourments de notre temps, le roman de Denis Dupuy nous confronte à nos responsabilités individuelles et collectives face à la crise environnementale. Une œuvre qui nous pousse à interroger notre rapport au monde et à l’avenir, pour inventer de nouveaux modes d’engagement écologique, à la hauteur des défis qui nous attendent. Un livre essentiel pour penser notre époque, et agir avant qu’il ne soit trop tard.

Mots-clés : Kemen, Denis Dupuy, Thriller Écologique, Éco Terrorisme, Urgence Climatique


Extrait Première Page du livre

 » 8 mars 2040, Paris

La capitale est sous la neige ce matin. Les passants ont pris l’habitude de marcher sur les trottoirs gelés. Tous les hivers sont longs et rudes depuis le début des années 2030. La température oscille entre zéro et cinq degrés.

Certains arbres ont résisté à ce changement soudain de climat nommé le « Petit âge glaciaire », mais la plupart ont été abattus, rendant la ville encore plus triste, grise, froide.

Les restes de végétation attendent le printemps, début juin, au mieux.

La Seine a dégelé à l’occasion d’un redoux providentiel.

Après un mois sous la glace, l’eau est apparue, enfin. Le fleuve a retrouvé sa routine avec le flux régulier des péniches. Autrefois, elles étaient l’une des attractions touristiques de la capitale, avec leurs toits en verre, elles reflétaient la Ville Lumière. Plus de touristes, plus de bateaux mouches.

Tous les soirs, le vent se lève, le froid ressenti vide les rues. Les -30° de la nuit de la Saint Sylvestre ont provoqué un blackout total dans le pays. Trois jours sans électricité, un calvaire.

7

Nicolas n’aime pas le froid. Il lui rappelle la Grande Catastrophe. Orphelin et sans famille à 14 ans, il veut oublier ces heures sombres. Il ne supporte pas les longues nuits d’hiver et ces journées brumeuses, des brouillards épais, glaçants. L’humidité est partout jusqu’à la fin de printemps toujours pluvieux.

Comme tous les matins de semaine, Nicolas passe prendre sa collègue à l’angle du Quai Jacques-Chirac et de l’Avenue du Bourdonnais, à 150 mètres des vestiges de la Tour-Eiffel. La Vieille Dame est allongée sur le Champs de Mars depuis dix ans, attendant une reconstruction promise et jamais commencée.

Nicolas aime bien Lisa. Elle a intégré le service des archives du Renseignement depuis peu, il a accroché tout de suite avec elle, même s’il la trouve un peu naïve. Elle n’a pas son sens critique : Nicolas remet tout en question, il veut comprendre par lui-même. Durant ses études universitaires, un professeur lui avait donné cette envie d’aller plus loin dans ses recherches, d’aller au-delà des textes officiels. Dénoncé, l’enseignant avait fini ses jours en prison, pour complotisme, un délit grave.

Nicolas ne se sent pas complotiste mais il croit en la manipulation de la vérité sur certains événements par les gouvernements successifs. Il a toujours fait profil bas pour échapper aux sanctions, son poste de chercheur archiviste est idéal pour continuer à traquer la vérité, en toute discrétion. « 


  • Titre : Kemen
  • Auteur : Denis Dupuy
  • Éditeur : Léo Calzan Éditeur
  • Nationalité : France
  • Date de sortie : 2024

Page officielle : leocalzan.com


Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis plus de 61 ans, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.


Laisser un commentaire