Interview questionnaire avec Marto Pariente

Interview questionnaire avec Marto Pariente

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Marto Pariente : La nouvelle voix du polar espagnol

Marto Pariente, né à Madrid en 1980, est un écrivain et fonctionnaire espagnol qui vit aujourd’hui à Alovera, dans la province de Guadalajara, avec sa femme et ses deux enfants. Il partage désormais son temps entre sa famille et l’écriture.

Cet auteur émergent s’est rapidement imposé comme une figure prometteuse du roman noir hispanique grâce à son style unique qui allie truculence, humour et originalité, rappelant l’univers de Jean Vautrin ou Jim Thompson. Ses histoires se déroulent souvent dans des petites villes espagnoles, sur fond de violences et de règlements de comptes, transposant « l’Espagne brutale dans un style américain » qui évoque parfois l’univers des frères Coen.

Le talent de Marto Pariente a été reconnu dès son premier roman traduit en français. « La Sagesse de l’idiot » (titre original : « La cordura del idiota », 2018) lui a valu le Prix Novelpol 2020 et le Prix du Festival Carthagène noire. Publié dans la prestigieuse collection Série Noire de Gallimard en 2024, ce polar met en scène Toni Trinidad, unique policier municipal du village d’Ascuas, un homme solitaire et un peu simplet qui ne porte jamais d’arme, s’évanouit à la vue du sang et ne souhaite qu’une chose : préserver sa tranquillité.

En 2025, Marto Pariente récidive avec « Balanegra » (titre original : « Hierro Viejo »), un « western noir, drôle et sanglant » qui raconte l’histoire de Coveiro, ancien tueur à gages devenu fossoyeur, qui doit reprendre les armes lorsque son neveu autiste Marco est enlevé après l’enterrement d’un politicien pédophile. Ce roman « grand lauréat du roman policier de la ville de Santa Cruz » confirme la maîtrise narrative de l’auteur.

L’œuvre de Marto Pariente se distingue par sa capacité à dépeindre des « personnages de perdants misérables dont il révèle l’humanité ». Ses romans multiplient « les scènes ultra violentes, le plus souvent en y ajoutant une forte dose d’humour noir et d’absurdité », créant un équilibre subtil entre tragédie et comédie noire. La critique salue unanimement ce jeune auteur qui « possède toutes les armes pour devenir un écrivain majeur du roman policier hispanique » et dont les romans « sont salués pour leur capacité à surprendre le lecteur jusqu’à la dernière ligne ».

L’interview de Marto Pariente

Vous écrivez à la main ou au clavier ?
Bonjour Manuel. Avant de te répondre, j’aimerais te remercier pour ton temps, ton dévouement et tes efforts.
Avant de commencer la phase littéraire de mes projets, je travaille sur carnet. Intrigue, points de retournement, personnages, etc… Une fois que j’ai construit l’histoire, je commence le travail d’écriture et cette partie-là, oui, je la réalise entièrement sur ordinateur.

Plutôt lève-tôt ou couche-tard ?
Je ne veille pas. J’essaie, quand c’est possible, de me coucher tôt. Vers cinq heures, cinq heures et demie, je suis déjà debout. J’ai constaté au fil de toutes ces années que je suis beaucoup plus productif aux premières heures. Le village dort, la maison est silencieuse, un univers particulier où ni les enfants ne pleurent ni les chiens n’aboient.

Ce qui vous pousse à écrire ?
C’est un défi. Les tempêtes d’idées et les ensembles d’images fonctionnent très bien là-dedans dans ma tête. Le défi consiste à ordonner toute cette folie. Un puzzle. J’essaie de trouver l’histoire, cohérente, qui se cache derrière mes obsessions, mes insécurités et mes idées récurrentes.

À quelle fréquence écrivez-vous vos livres ?
Je vais lentement, désespérément lentement. Un roman tous les deux ans, peut-être un peu plus. Je suis très obsédé par l’intrigue, les histoires, mes enfers particuliers qui, comme tout enfer, doivent être circulaires. Chaque projet me prend beaucoup de temps parce que j’attends d’avoir toutes les informations sur ce qui se passe avant même d’écrire le premier mot. Ensuite, les choses ne s’améliorent pas. Au moment d’écrire, je suis aussi très lent. Une, deux, avec de la chance trois pages par jour.

Votre plus belle émotion d’auteur ?
Quand d’une certaine manière tu sens que tu as inspiré d’autres personnes, que tu as donné un coup de main. Je ne sais pas, peut-être que tu m’as pris dans un jour sentimental. Quand tu commences dans cette histoire d’écriture et que tu vois que les choses commencent à bien aller, tu ressens de fortes émotions, mais tu te rends compte au bout d’un moment que ces émotions ont plus à voir avec l’ego qu’avec le métier d’écrire. Je ne sais pas. Il m’est difficile de donner une réponse satisfaisante à cette question.

Le livre qui vous a le plus marqué ?
No Country for Old Men de Cormac McCarthy. Sans aucune introspection. Comme dans presque toute sa littérature. Nous connaissons les personnages par ce qu’ils disent et font, nous ne savons jamais ce qu’ils pensent. Avec cette manière de raconter des histoires, d’une certaine façon, l’auteur disparaît au profit d’un manuscrit dépouillé.

Votre recherche la plus bizarre sur Google pour un livre ?
Chaque fois que je termine un projet, je cherche sur internet des poèmes qui ont un rapport avec les thèmes à traiter et la localisation de l’histoire. Certains titres de mes romans sont sortis de ces recherches où mes rêves se mélangent avec ceux des autres.

Votre lieu de crime idéal ?
Sans préférences ni phobies à ce sujet. La mort a rarement de prédilection pour un lieu ou un autre.

Votre arme du crime préférée ?
Le mot.

Vos propres intrigues vous font-elles peur ?
Il y a des fois qu’elles me génèrent de l’inquiétude. Dans mon roman précédent (qui n’a pas encore été traduit en français) Las horas crueles, je traite de la disparition de mineurs. Cela ouvre des portes, des seuils obscurs et tortueux où « ne pas savoir » devient le pire des châtiments.

Votre pire cauchemar d’auteur ?
Je vais répondre à cette question de manière littérale : Une fois j’ai fait un rêve, dans lequel un marchand de viande qui se faisait appeler le Roi cochon, voyageait de village en village, de fête en fête. Il faisait commerce de ses broches, ses brochettes et filets et son jambon en salaison. Et jusqu’ici je peux lire. Peut-être qu’un jour j’écrirai là-dessus. Chaque mort et chaque histoire en son temps.

Si vous étiez le méchant, quel serait votre métier ?
J’aime travailler avec l’idée que peu importe à quel point tu es mauvais ou bon : tu es toujours le méchant de quelqu’un. Toujours. Peu importe la profession. Cette méchanceté non intentionnelle est, souvent, plus perturbante que l’œuvre d’un malfaiteur.

Crime parfait au supermarché : dans quel rayon ?
Héhéhé. Rayon fruits et légumes. Devant le bac à ananas. Cela fait référence à une tendance qui est devenue virale en Espagne il y a quelques mois. On disait que si tu allais à une heure précise au supermarché et que tu plaçais un ananas à l’envers dans le caddie, c’est que tu cherchais un partenaire. Je ne vois pas de meilleur endroit où liquider un imbécile.

Sans le polar, quel genre littéraire choisiriez-vous ?
Je lis de la science-fiction et de l’horreur. J’adore ces deux genres, en fait j’ai grandi avec les romans de Stephen King. Puis sont arrivés Thompson, Crumley, Goodies et autres têtes de la pègre et je suis passé du côté le plus criminel de l’histoire.

Le livre dont vous êtes le plus fier ?
Tous. Chacun de ceux que j’ai publiés m’a coûté beaucoup de les faire aboutir. De l’un tu apprends à manier les voix, d’autres à manier les intrigues secondaires, etc… Il est vrai qu’en parlant de critiques, prix et nominations, certains m’ont donné plus de joies que d’autres, mais au niveau personnel, comme écrivain, tous m’ont servi à avancer et continuer d’apprendre le métier.

Où vous sentez-vous chez vous ?
Bien que je me considère comme une personne casanière, il est aussi vrai qu’il y a des lieux où je me sens comme chez moi : les librairies, les bibliothèques, les cinémas et mon potager.
Merci encore, mon ami.
Que tous tes lecteurs reçoivent une forte embrassade.


En guise de conclusion, y a-t-il quelque chose que vous aimeriez partager avec nos lecteurs ? Une actualité, un nouveau projet qui vous passionne, une œuvre à paraître ou un événement spécial que vous souhaiteriez mettre en lumière ?

Je suis sur un nouveau projet. Mais pour le moment il n’y a pas grand-chose à commenter, rien qui vaille la peine d’être mentionné.

Le compte Instagram @martopariente

La chronique des 2 livres de Marto Pariente

Balanegra de Marto Pariente
Balanegra Marto Pariente
La sagesse de l'idiot de Marto Pariente
La sagesse de l’idiot Marto Pariente

Coup de cœur pour « Balanegra » de Marto Pariente ! Ce polar espagnol m’a happé dès les premières pages avec son atmosphère unique, quelque part entre mélancolie et tension. L’auteur réussit le pari difficile de mêler efficacité narrative et profondeur littéraire, nous emmenant dans une Espagne contemporaine sombre et fascinante. Coveiro, le fossoyeur vieillissant, est un personnage inoubliable qui porte toute la complexité de ce récit. Un excellent moment de lecture qui confirme que le polar peut être bien plus qu’un simple divertissement. À découvrir absolument pour les amateurs du genre !

Bio : Marto Pariente (Madrid, 1980)

Une balle pour Riley (2018) fut son premier roman, dynamique et visuel, accueilli avec intérêt par la critique spécialisée en roman noir.

  • Avec son deuxième roman, La cordura del idiota (Editorial Versátil), il obtint :
  • Finaliste du Premio Tormo Negro Masfarné 2020,
  • Finaliste du Pata Negra Universidad de Salamanca 2020,
  • Lauréat du Premio Novelpol 2020
  • Lauréat du Premio de Novela Cartagena Negra 2020.

Dans son avant-dernier roman, Las Horas Crueles, publié par les Éditions Espasa en avril 2023, il aborda pour la première fois un registre plus policier en développant avec maîtrise le thriller de suspense et obtint :

  • Finaliste au premio Cartagena Negra 2024.

En janvier 2024, parut La sagesse de l’idiot, traduction française de La cordura del Idiota par le grand Sebastien Rutes et publiée par les Éditions Gallimard dans sa prestigieuse Série Noire. Dans cette nouvelle aventure dans le pays voisin, il obtint :

  • Finaliste au Permio Marianne 2024 au Festival International de Pau (France)
  • Finaliste de l’un des plus grands prix du genre noir en France, Le Grand Prix De littérature policière de 2024 (meilleur roman international).
  • Finaliste du Le Prix Libr’à Nous (prix décerné par l’association des librairies francophones)
  • Finaliste du Le Prix Quais du Polar associé aux Bibliothèques Municipales de la Ville et de la Métropole de Lyon (prix décerné par les Bibliothèques de la Ville et de la métropole lors du célèbre festival de roman noir de Lyon).
  • (Encore à déterminer) Finaliste du Prix Violeta Negra Occitanie (prix décerné par le Festival Polars Du Sud de Toulouse)
  • (Encore à déterminer) Finaliste du Prix 813 (prix décerné par l’association des amis de la littérature policière, noire et sociale 813 de France.)
  • Finaliste prix au Festival du Polar Villeneuve lez Avignon 2025.

En avril 2024 se publie son dernier roman, Hierro Viejo, Éditions Siruela, avec une nouvelle incursion dans le genre noir le plus cru et décharné. Malgré peu de temps en librairies, il a réussi à être :

  • Finaliste du premio Pata Negra « Domingo Villar » de 2024, dont le verdict fut annoncé lors du dernier congrès de Cinéma et Roman noir organisé par l’Université de Salamanca.
  • Lauréat du prix du meilleur roman de l’année à La caja negra de Valladolid.
  • Lauréat du premio Novelpol 2025.
  • Lauréat du premio Ciudad de Santa Cruz au meilleur roman criminel de 2025.
  • Finaliste du premio Dashiell Hammett 2025 dont le verdict sera annoncé durant la Semana Negra de Gijón en juillet de cette année.

Le nouveau roman (Hierro Viejo) traduit en français, parut le 4 avril dernier à nouveau chez les éditions Gallimard sous le label de sa Série Noire avec le titre Balanegra.

  • Lauréat Du Prix des jeunes libraires Serie Noire 2025 (prix décerné par l’association des jeunes libraires répartis dans 80 librairies de toute la France)
  • Finaliste pour la deuxième année consécutive à l’un des plus grands prix du genre noir en France, Le Grand Prix De littérature policière de 2025 (meilleur roman international).

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