« Sur leurs traces » : Entre vérité et mensonge, un roman noir qui bouleverse

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Sur leurs traces de Pétronille Rostagnat

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Une intrigue qui happe dès les premières pages

Dès le prologue, Pétronille Rostagnat jette son lecteur dans les profondeurs d’une nuit glacée où résonne le bruit sinistre d’un pied-de-biche contre la pierre. Cette scène d’ouverture, baignée dans une atmosphère gothique saisissante, fonctionne comme un véritable coup de poing narratif. L’autrice ne s’embarrasse d’aucun préambule : elle plonge directement son protagoniste – et par ricochet le lecteur – dans un acte de profanation qui défie l’entendement. La tension est palpable, presque physique, et l’on sent déjà que cette transgression ultime marquera le point de non-retour d’une histoire qui ne laissera aucun répit.

L’entrée en matière se poursuit avec une maestria remarquable dans le premier chapitre, où l’urgence médicale fait écho à l’urgence narrative. Les portes automatiques de l’hôpital Lariboisière s’ouvrent sur un monde en perpétuel mouvement, où les vies se croisent et se brisent sous la lumière crue des néons. Rostagnat excelle dans l’art de planter son décor : chaque détail sonne juste, de l’odeur âcre qui serre l’estomac aux bips rassurants des moniteurs cardiaques. Cette authenticité du cadre hospitalier ancre immédiatement le récit dans une réalité tangible, créant un contraste saisissant avec le mystère qui plane déjà sur l’intrigue.

Le rythme s’emballe véritablement avec l’arrivée fracassante de la Peugeot 208 blanche dans la nuit du 9 octobre. Cette séquence d’action, menée tambour battant, révèle déjà le talent de l’autrice pour orchestrer le chaos apparent tout en gardant la maîtrise de sa narration. Les dialogues claquent, les gestes s’enchaînent avec une précision chirurgicale, et l’émotion brute transperce chaque ligne. La disparition mystérieuse de la mère après avoir confié ses enfants aux urgences constitue le premier véritable coup de théâtre, celui qui transforme un fait divers tragique en énigme captivante.

Cette ouverture en fanfare témoigne d’une construction narrative parfaitement maîtrisée, où chaque élément concourt à créer une atmosphère d’urgence constante. Rostagnat démontre sa capacité à saisir son lecteur par le col dès les premières pages, instaurant d’emblée ce climat d’inquiétude sourde qui ne le lâchera plus jusqu’au dénouement. L’intrigue se déploie comme un mécanisme d’horlogerie où chaque rouage trouve sa place, promettant une lecture haletante où les certitudes voleront en éclats.

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L’art du point de vue multiple et de la narration alternée

Pétronille Rostagnat orchestre son récit comme un chef d’orchestre dirige une symphonie complexe, passant d’un instrument à l’autre pour créer une harmonie narrative d’une richesse remarquable. La structure du roman repose sur une alternance fluide entre plusieurs consciences : Jérémy, l’infirmier rongé par un deuil lancinant, Alexane, la commandante de police aux prises avec une enquête labyrinthique, et Mélanie, cette mère énigmatique dont les motivations se dévoilent par fragments. Cette polyphonie narrative transforme chaque chapitre en une pièce d’un puzzle géant, où les perspectives se complètent et se confrontent sans jamais se répéter.

L’autrice manipule ces changements de focale avec une dextérité qui force l’admiration. Chaque personnage possède sa propre voix narrative, reconnaissable par son rythme intérieur et ses préoccupations spécifiques. Ainsi, les chapitres centrés sur Jérémy baignent dans une mélancolie sourde ponctuée d’éclats de désespoir, tandis que ceux d’Alexane vibrent de l’énergie professionnelle d’une enquêtrice chevronnée. Cette diversité stylistique évite l’écueil de la monotonie tout en maintenant une cohérence d’ensemble qui témoigne d’une maîtrise technique solide.

La gestion des informations constitue l’autre tour de force de cette construction narrative. Rostagnat distille ses révélations avec une parcimonie calculée, utilisant les limites de chaque point de vue pour créer des zones d’ombre délicieuses. Ce que sait Jérémy échappe à Alexane, ce que découvre l’enquêtrice reste ignoré de l’infirmier, et les secrets de Mélanie demeurent enfouis jusqu’aux dernières pages. Cette répartition inégale du savoir transforme le lecteur en détective, l’obligeant à reconstituer la vérité à partir d’indices éparpillés.

L’effet cumulatif de cette narration éclatée produit une tension dramatique constante, où chaque chapitre apporte sa pierre à l’édifice tout en soulevant de nouveaux questionnements. Les transitions entre les différents points de vue s’effectuent avec une fluidité naturelle, sans rupture brutale ni artifice apparent. Cette technique narrative, loin d’être un simple procédé stylistique, devient l’âme même du récit, permettant à Rostagnat d’explorer la complexité humaine sous tous ses angles tout en maintenant un rythme effréné qui ne souffre aucun temps mort.

Des personnages complexes aux motivations profondes

Jérémy Bouscarat incarne cette figure tragique du survivant qui refuse de survivre, prisonnier d’un chagrin qui le ronge depuis sept années. Rostagnat sculpte ce personnage avec une précision psychologique remarquable, évitant soigneusement les écueils du pathétique pour nous livrer un homme authentique dans sa souffrance. Son travail d’infirmier devient à la fois refuge et torture, chaque patient sauvé lui rappelant cruellement ceux qu’il n’a pu sauver. L’autrice excelle à montrer comment le deuil peut transformer un homme en fantôme de lui-même, naviguant entre routine professionnelle et obsessions personnelles avec une lucidité troublante.

La commandante Alexane Laroche se dresse en contrepoint parfait, femme d’action rompue aux arcanes de l’enquête criminelle. Rostagnat évite le piège de la policière stéréotypée en dotant son personnage d’une humanité tangible : mère de famille jonglant entre vie professionnelle et personnelle, elle porte ses propres blessures et ses propres doutes. Sa détermination farouche à élucider cette affaire dépasse le simple cadre professionnel pour toucher à l’intime, révélant une femme qui refuse de baisser les bras face à l’injustice. Cette dimension personnelle enrichit considérablement le personnage et lui confère une crédibilité qui transcende le simple archétype du flic tenace.

Mélanie demeure longtemps une énigme, figure insaisissable dont les motivations se dévoilent par strates successives. L’autrice construit ce personnage comme une poupée russe, chaque révélation en cachant une autre, chaque certitude volant en éclats au détour d’un chapitre. Cette femme fuyante, dont l’identité même vacille, incarne la complexité des êtres brisés par l’existence, capables du meilleur comme du pire selon les circonstances. Rostagnat évite de porter un jugement moral tranché sur ses actes, préférant explorer les zones grises de l’âme humaine avec une subtilité qui honore son talent d’observatrice.

L’ensemble du casting secondaire bénéficie de la même attention, des collègues de Jérémy aux membres de l’équipe d’Alexane, chacun esquissé avec suffisamment de traits distinctifs pour exister pleinement dans l’univers du roman. Cette galerie de personnages forme un écosystème humain cohérent où chaque intervention, même brève, sonne juste et apporte sa contribution à l’atmosphère générale. Rostagnat démontre ainsi sa capacité à créer un monde peuplé d’êtres authentiques, loin des silhouettes convenues qui encombrent parfois le genre policier.

La construction du suspense et la gestion des révélations

Rostagnat manie l’art du suspense comme un prestidigitateur expérimenté, sachant exactement quand montrer et quand dissimuler pour maintenir son lecteur en haleine. La disparition mystérieuse de la mère dès les premières pages fonctionne comme un aimant narratif qui attire inexorablement toutes les autres intrigues du récit. Cette énigme centrale génère une tension constante, chaque nouveau chapitre apportant son lot d’indices sans jamais livrer la clé complète du mystère. L’autrice cultive cette incertitude avec une habileté consommée, distillant les révélations au compte-gouttes pour entretenir une curiosité dévorante.

Le rythme des découvertes s’intensifie progressivement, suivant une courbe ascendante parfaitement calibrée. Les premiers éléments troublants – la ressemblance entre la petite Mila et la défunte Zoé, les passeports retrouvés lors de la perquisition – constituent autant de jalons qui orientent la réflexion sans jamais la satisfaire complètement. Rostagnat excelle dans cette technique du dévoilement partiel, où chaque réponse apportée soulève immédiatement de nouvelles questions plus vertigineuses encore. Cette escalade dans la complexité maintient une dynamique narrative qui ne faiblit jamais, transformant chaque page tournée en petite victoire sur l’ignorance.

L’utilisation des retournements de situation révèle une architecte narrative particulièrement douée pour surprendre son lecteur. La découverte des cercueils remplis de sable constitue l’un de ces moments de bascule qui redéfinissent entièrement la donne, obligeant à reconsidérer toutes les certitudes établies jusque-là. Ces coups de théâtre ne surgissent jamais de nulle part : ils s’appuient sur des fondations soigneusement posées dans les chapitres précédents, révélant rétrospectivement la cohérence d’ensemble de la construction. Cette technique du retournement préparé témoigne d’une maîtrise narrative qui dépasse la simple recherche d’effets faciles.

La montée vers le climax s’opère avec une précision d’horloger, chaque révélation finale trouvant sa place logique dans l’édifice global. Rostagnat évite l’écueil de la surenchère gratuite en ancrant solidement ses rebondissements dans la psychologie de ses personnages et la logique interne de son intrigue. Cette gestion maîtrisée du tempo narratif transforme la lecture en véritable parcours émotionnel, où l’angoisse alterne avec le soulagement, la stupéfaction avec la compréhension, créant cette addiction caractéristique des grands page-turners.

L’ancrage réaliste dans l’univers hospitalier et policier

L’hôpital Lariboisière prend vie sous la plume de Rostagnat avec une authenticité saisissante qui témoigne d’une documentation minutieuse. Les urgences nocturnes se déploient dans toute leur complexité chaotique : brancards alignés contre les murs, relents nauséabonds mêlés aux bips incessants des moniteurs, ballet incessant du personnel soignant naviguant entre épuisement et dévouement. L’autrice ne se contente pas d’un décor de carton-pâte mais restitue la réalité crue de ces lieux où la vie et la mort se côtoient quotidiennement. Cette immersion dans l’univers médical confère une crédibilité immédiate au récit, ancrant l’intrigue dans un environnement palpable où chaque détail technique sonne juste.

La saturation des services, évoquée avec une précision clinique, révèle une connaissance approfondie des dysfonctionnements du système hospitalier français. Rostagnat décrit sans complaisance ces urgences débordées où les patients dorment sur des brancards dans les couloirs, où les ambulances s’accumulent à l’extérieur faute de places disponibles. Cette peinture sociale, loin d’être gratuite, nourrit l’intrigue en créant un contexte d’urgence permanente qui justifie certaines négligences et explique comment une mère peut disparaître dans la confusion générale. L’authenticité de ces descriptions transforme le cadre hospitalier en véritable personnage du roman.

L’univers policier bénéficie du même souci du détail, depuis les locaux ultramodernes du Bastion jusqu’aux techniques d’investigation les plus pointues. La brigade criminelle d’Alexane Laroche évolue dans un environnement technologique de pointe, où cabines cyanoacrylate et logiciels d’analyse côtoient les méthodes traditionnelles de l’enquête de terrain. Rostagnat évite l’écueil de la fascination technologique en montrant que derrière ces outils sophistiqués, c’est toujours l’intuition humaine qui fait la différence. Cette approche équilibrée entre innovation et tradition confère une modernité crédible à l’enquête sans tomber dans la science-fiction policière.

Les procédures judiciaires et les contraintes administratives s’invitent naturellement dans le récit, apportant cette dimension réglementaire qui donne du poids aux actions des personnages. Les demandes d’autorisation, les négociations avec le procureur, les limites légales de l’investigation : tous ces éléments participent à créer un cadre réaliste où les enquêteurs ne peuvent pas tout se permettre. Cette rigueur procédurale, loin de ralentir l’action, lui apporte au contraire une tension supplémentaire en imposant des contraintes que les personnages doivent contourner avec intelligence. Rostagnat démontre ainsi sa capacité à intégrer la complexité du monde réel dans une fiction haletante sans sacrifier ni l’authenticité ni le rythme narratif.

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Les thèmes universels : deuil, identité et reconstruction

Le deuil traverse ce roman comme une lame de fond, imprégnant chaque page d’une mélancolie sourde qui dépasse le simple ressort dramatique. Rostagnat explore avec une justesse remarquable les méandres de la perte, montrant comment elle peut transformer un être jusqu’à le rendre méconnaissable à lui-même. Jérémy incarne cette figure du survivant qui refuse de survivre, prisonnier d’un chagrin qui le consume depuis sept années. L’autrice évite soigneusement les clichés du veuf inconsolable pour livrer un portrait nuancé de la souffrance, où la douleur devient paradoxalement le dernier lien avec les disparus. Cette exploration du deuil pathologique révèle une compréhension fine des mécanismes psychologiques qui peuvent pousser un individu aux actes les plus extrêmes.

La question de l’identité surgit comme un leitmotiv obsédant, questionnant la notion même de vérité personnelle. Les passeports multiples, les noms d’emprunt, les existences parallèles : tout concourt à brouiller les pistes identitaires dans un jeu de miroirs vertigineux. Rostagnat interroge la possibilité de renaître sous une nouvelle identité, d’effacer son passé pour construire un avenir différent. Cette réflexion sur la plasticité de l’être dépasse le cadre du simple thriller pour toucher à des préoccupations existentielles profondes. L’identité devient fluide, malléable, remettant en question nos certitudes sur la permanence du moi.

La reconstruction, thème en filigrane tout au long du récit, s’impose comme la quête fondamentale de chaque protagoniste. Qu’il s’agisse de reconstruire une vie après la tragédie, de reconstituer une enquête à partir d’indices épars, ou de rebâtir une famille sur de nouvelles bases, tous les personnages sont engagés dans un processus de réédification. Rostagnat montre avec subtilité que cette reconstruction passe parfois par la destruction préalable de ce qui existait, soulevant des questions morales complexes sur les limites acceptables de la réinvention de soi. Cette dimension philosophique enrichit considérablement la portée du roman.

Ces thématiques universelles s’entremêlent naturellement avec l’intrigue policière, créant une résonance émotionnelle qui transcende le simple divertissement. L’autrice parvient à aborder ces sujets graves sans lourdeur didactique, les intégrant organiquement dans le tissu narratif. Cette capacité à faire réfléchir tout en captivant témoigne d’une maturité littéraire qui élève « Sur leurs traces » au-dessus du thriller conventionnel pour en faire une œuvre aux multiples niveaux de lecture, capable de toucher aussi bien l’amateur de suspense que le lecteur en quête de profondeur psychologique.

L’écriture au service de l’émotion et du rythme

La prose de Rostagnat possède cette qualité rare de s’adapter instinctivement à l’intensité dramatique de chaque séquence, modulant son registre avec une souplesse remarquable. Dans les moments de tension extrême, les phrases se raccourcissent, les paragraphes se contractent, créant cette respiration haletante qui colle parfaitement à l’urgence de l’action. Inversement, les passages introspectifs s’épanouissent dans des périodes plus amples, permettant à l’émotion de se déployer pleinement. Cette maîtrise du tempo stylistique transforme la lecture en véritable partition musicale, où chaque variation de rythme correspond à une intention narrative précise.

L’autrice excelle particulièrement dans la transcription des états de conscience altérés, qu’il s’agisse de la panique de Jérémy face à ses découvertes ou de l’épuisement d’Alexane au terme d’une enquête laborieuse. Ces moments de fragilité psychologique trouvent leur traduction dans une écriture qui épouse les méandres de la pensée troublée, alternant entre clarté clinique et confusion émotionnelle. Rostagnat évite l’écueil de la surcharge stylistique en privilégiant la justesse du trait à l’effet gratuit, créant des passages d’une intensité émotionnelle saisissante sans jamais sombrer dans le pathos.

Les dialogues révèlent une oreille particulièrement fine pour la variété des registres de langue et la spécificité des jargons professionnels. Chaque personnage possède sa propre voix, reconnaissable par son vocabulaire, son rythme, ses tics de langage. Les échanges entre collègues de la brigade criminelle sonnent authentiques dans leur décontraction technique, tandis que les conversations hospitalières portent cette précision médicale qui ancre le récit dans son environnement professionnel. Cette diversité linguistique contribue grandement à la crédibilité de l’ensemble tout en évitant la monotonie d’un style uniforme.

La gestion des ellipses et des non-dits constitue l’un des atouts majeurs de cette écriture, créant des blancs narratifs éloquents qui laissent au lecteur l’espace nécessaire pour imaginer et ressentir. Rostagnat sait quand se taire, quand suggérer plutôt que décrire, transformant le silence en outil narratif à part entière. Cette économie de moyens, loin d’appauvrir le récit, lui confère au contraire une densité émotionnelle remarquable où chaque mot porte son poids. L’écriture devient ainsi le véhicule parfait d’une histoire qui ne se contente pas de raconter mais cherche à faire vibrer, à émouvoir, à bouleverser.

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Un thriller psychologique qui marque les esprits

« Sur leurs traces » s’impose comme une œuvre singulière dans le paysage du thriller français contemporain, dépassant largement les frontières du simple divertissement pour toucher aux territoires plus ambitieux de la littérature psychologique. Rostagnat parvient à cette synthèse délicate entre exigence narrative et accessibilité, créant un roman qui satisfait aussi bien l’amateur de suspense en quête d’adrénaline que le lecteur soucieux de profondeur humaine. Cette double ambition, loin de diluer la force du récit, lui confère au contraire une richesse qui perdure bien après avoir refermé le livre. L’intrigue policière devient le prétexte à une exploration des abysses de l’âme humaine, révélant ces zones d’ombre où le bien et le mal se confondent.

L’originalité de cette œuvre réside dans sa capacité à questionner nos certitudes morales sans jamais verser dans le manichéisme facile. Les personnages évoluent dans cette zone grise où les victimes peuvent devenir bourreaux, où l’amour peut conduire aux actes les plus destructeurs, où la quête de vérité peut mener à la folie. Cette complexité morale élève considérablement le niveau du récit, transformant chaque révélation en invitation à la réflexion. Rostagnat ne propose pas de réponses toutes faites mais confronte son lecteur à la complexité du réel, lui laissant le soin de forger son propre jugement face aux choix tragiques de ses protagonistes.

L’impact émotionnel du roman perdure grâce à cette capacité de l’autrice à créer des personnages authentiques dont les blessures résonnent avec nos propres fragilités. Jérémy, dans sa quête désespérée de vérité, incarne cette part d’humanité qui refuse l’inacceptable et préfère parfois l’illusion à la réalité. Alexane, dans sa détermination professionnelle teintée d’empathie personnelle, représente cette figure de la justice humaine face à l’incompréhensible. Ces archétypes universels, enrichis d’une psychologie fouillée, créent cette résonance particulière qui fait qu’un livre nous accompagne longtemps après sa lecture.

Au final, Pétronille Rostagnat signe avec « Sur leurs traces » un thriller abouti qui confirme son talent pour marier efficacité narrative et subtilité psychologique. L’œuvre s’inscrit naturellement dans la lignée des grands romans noirs français tout en affirmant sa propre personnalité stylistique. Cette réussite témoigne d’une maturité littéraire qui laisse augurer d’autres œuvres marquantes de cet auteur désormais incontournable du genre. Le lecteur referme ce livre avec la satisfaction d’avoir vécu une expérience complète, où le plaisir de la découverte s’accompagne d’une réflexion durable sur les mystères de la condition humaine.

Mots-clés : Thriller psychologique, Enquête policière, Hôpital Lariboisière, Deuil et reconstruction, Identités multiples, Suspense français, Personnages complexes


Extrait Première Page du livre

 » PROLOGUE
Son dos, ses bras, ses mains, tout son corps le faisait souffrir. Jérémy déposa le pied de biche sur le soubassement de la pierre tombale puis retira ses gants. Ses paumes rougies par l’effort le démangeaient. Épuisé, il ne pouvait pour autant se permettre de s’éterniser. Une heure qu’il s’activait à déplacer centimètre par centimètre ce bloc de pierre taillé dans du granit, en toute illégalité. Comment un homme pouvait-il en arriver à profaner la dernière demeure de sa fille et de sa femme ? Jérémy ne pouvait l’expliquer de manière rationnelle. Un événement avait percuté sa vie quelques jours auparavant, créant un raz-de-marée dans ses certitudes. Depuis, plus rien n’avait d’importance. Seul un besoin viscéral de comprendre guidait ses pas, et l’une des réponses à ses questions se trouvait là, à quelques centimètres sous terre.

Jérémy frotta son front, dégoulinant de sueur. Éclairé par les faibles rayons de la lune, le cimetière de Pantin s’étendait devant lui sur plusieurs centaines de mètres ; une succession de stèles, plus ou moins anciennes, marquant pour la plupart d’entre elles des tombeaux de soldats tombés lors de la Première Guerre mondiale. Jérémy ferma les yeux. Le silence, rien que le silence de la nuit et le battement de son cœur tambourinant dans ses oreilles. Il était fou d’agir ainsi, mais ne pas savoir était plus destructeur encore. Déjà sept ans… Une seconde avait suffi, une toute petite seconde, pour que son existence bascule dans l’horreur. Hélène avait perdu le contrôle de la voiture, emportant dans son sillage mortel la vie de leur unique enfant, Zoé. Et depuis… le néant. Ce jour-là, il n’avait pas seulement enterré sa femme et sa fille. Une partie de lui s’était envolée avec elles. L’idée de les rejoindre lui traversait régulièrement l’esprit, mais le courage lui manquait pour franchir le pas. « 


  • Titre : Sur leurs traces
  • Auteur : Pétronille Rostagnat
  • Éditeur : HarperCollins France
  • Nationalité : France
  • Date de sortie : 2025

Page Officielle : www.petronille-rostagnat.com

Résumé

Jérémy Bouscarat est infirmier à l’hôpital Lariboisière. Une nuit, alors qu’il fume devant les urgences, une voiture pile face à lui. Au volant, une femme en état de choc ; à l’arrière, deux enfants blessés par balle. Lorsque le commandant Alexane Laroche arrive sur place, la mère est introuvable. Pourquoi s’est-elle évaporée dans la nuit ? Pour la flic démarre une course contre la montre ; pour l’infirmier, une quête obsessionnelle qui le transformera à jamais. Qui des deux aura le fin mot de l’histoire ?

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Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.


2 réflexions au sujet de “« Sur leurs traces » : Entre vérité et mensonge, un roman noir qui bouleverse”

    • 😂😂😂 Ah, on ne me l’avait encore jamais dit, celle-là ! Mais j’en suis très fier de donner envie de lire ! C’est exactement ce que je souhaite : que notre monde redécouvre le plaisir de la lecture plutôt que de se contenter de consommer passivement des vidéos ou de passer des heures à faire défiler son écran. Il y a quelque chose de magique dans la lecture qui se perd aujourd’hui. Quand on lit, on construit ses propres images, on laisse son imagination vagabonder, on prend le temps de réfléchir aux idées qui nous sont proposées. C’est un dialogue silencieux entre l’auteur et le lecteur, une complicité unique qui se crée page après page. J’aimerais tant que chacun puisse retrouver cette sensation merveilleuse d’être emporté par une histoire, de découvrir de nouveaux horizons à travers les mots, de sentir son cœur battre au rythme des aventures qu’on lit. Car au fond, donner envie de lire, c’est offrir aux autres la possibilité de rêver éveillés 😊😊😊

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