Une Plongée Terrifiante dans l’Esprit d’un Tueur en Série Insaisissable
Maureen Callahan, journaliste d’investigation renommée pour son travail incisif et sa plume acérée, nous plonge dans les abysses de l’horreur avec son ouvrage saisissant « American Predator ». Ce livre, à la fois captivant et glaçant, lève le voile sur l’un des tueurs en série les plus redoutables et les plus insaisissables de l’histoire criminelle américaine : Israel Keyes.
À travers une enquête minutieuse et une narration percutante, Callahan reconstitue le puzzle macabre d’une série de crimes sadiques perpétrés sur plus d’une décennie, échappant aux radars des forces de l’ordre. L’auteure nous guide dans les méandres d’une traque haletante, dévoilant peu à peu le profil d’un prédateur méthodique et impitoyable.
S’appuyant sur des entretiens approfondis, des documents inédits et une analyse rigoureuse des faits, Callahan dresse le portrait glaçant d’un tueur hors norme. Elle explore les zones d’ombre de sa personnalité, décortique ses méthodes opératoires et tente de comprendre comment il a pu sévir si longtemps sans être inquiété.
« American Predator » ne se contente pas de relater les faits. Il interroge également les failles du système judiciaire et policier qui ont permis à Keyes d’échapper si longtemps aux autorités. Callahan soulève des questions troublantes sur notre capacité à détecter et à neutraliser de tels prédateurs dans notre société moderne.
Ce récit palpitant, construit comme un thriller, nous tient en haleine du début à la fin. Il nous confronte à la réalité brutale du mal absolu, tout en rendant hommage aux victimes et à ceux qui ont œuvré sans relâche pour que justice soit faite.
« American Predator » s’impose comme une œuvre majeure dans le genre true crime, offrant une plongée vertigineuse dans les profondeurs de la psyché humaine et les recoins les plus sombres de notre société.
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Le Portrait d’un Prédateur
Israel Keyes, loin des clichés habituels des tueurs en série, incarnait une nouvelle forme de prédateur, aussi insaisissable que terrifiante. Maureen Callahan, dans son ouvrage « American Predator », dresse le portrait d’un homme à la double vie parfaitement orchestrée, défiant tous les stéréotypes associés aux criminels en série.
En apparence, Keyes menait une existence des plus banales. Père de famille apparemment ordinaire, entrepreneur en construction respecté dans sa communauté, il cultivait l’image d’un citoyen modèle. Cette façade soigneusement construite dissimulait cependant une nature diabolique et méthodiquement calculatrice qui ne laissait rien au hasard.
La particularité de Keyes résidait dans sa capacité à compartimenter sa vie avec une précision chirurgicale. Il planifiait ses crimes sur des années, faisant preuve d’une patience et d’une préméditation rarement observées dans les annales criminelles. Sa méthode la plus déconcertante consistait à cacher des « kits de meurtre » à travers le pays, parfois des années avant de les utiliser. Ces kits, contenant armes, attaches, produits de nettoyage et autres outils macabres, étaient enfouis dans des endroits reculés, attendant le moment où Keyes déciderait de passer à l’acte.
Cette stratégie lui permettait de commettre ses crimes sans laisser de traces directes, rendant son identification presque impossible. En effet, contrairement à la plupart des tueurs en série qui établissent un modèle reconnaissable, Keyes choisissait ses victimes au hasard, dans des lieux éloignés de son domicile, brouillant ainsi toutes les pistes habituelles des enquêteurs.
Callahan met en lumière la sophistication glaçante de ses méthodes. Keyes utilisait des techniques d’effacement numérique avancées, payait tout en liquide lors de ses déplacements, et évitait scrupuleusement d’utiliser son téléphone portable près des lieux de ses crimes. Cette prudence obsessionnelle lui a permis de sévir pendant plus d’une décennie sans éveiller les soupçons.
L’auteure explore également la psyché complexe de Keyes, un homme capable de compartimenter ses pulsions meurtrières et de mener une vie familiale apparemment normale. Elle souligne le contraste saisissant entre le père aimant et le tueur impitoyable, illustrant la dualité troublante de sa personnalité.
Ce portrait, minutieusement construit par Callahan, révèle un prédateur d’un nouveau genre, capable d’exploiter les failles de notre société moderne et de notre système judiciaire. Il soulève des questions troublantes sur notre capacité à détecter et à appréhender des criminels aussi méthodiques et adaptés à notre époque.
« American Predator » nous confronte ainsi à une réalité effrayante : celle d’un tueur en série moderne, intelligent et adaptatif, capable de se fondre parfaitement dans le tissu social tout en perpétrant des actes d’une cruauté inouïe. Le portrait dressé par Callahan est celui d’un monstre à visage humain, d’autant plus terrifiant qu’il pourrait être n’importe qui parmi nous.
Une Traque Haletante
Maureen Callahan plonge le lecteur au cœur d’une traque haletante dès les premières pages de « American Predator ». L’auteure commence son récit par l’enlèvement brutal de Samantha Koenig, une adolescente de 18 ans, arrachée à son lieu de travail à Anchorage, en Alaska, par une froide nuit de février 2012. Ce crime atroce, capturé par les caméras de surveillance, marque le début d’une enquête complexe et tentaculaire qui va peu à peu révéler l’étendue terrifiante des activités criminelles d’Israel Keyes.
Callahan reconstruit méticuleusement le fil de l’enquête, alternant entre le présent de l’investigation et le passé criminel de Keyes. Elle met en lumière les défis auxquels ont été confrontés les enquêteurs face à un criminel aussi méthodique qu’imprévisible. L’auteure détaille les fausses pistes, les moments de découragement et les éclairs de génie qui ont jalonné cette traque sans merci.
À travers des entretiens approfondis avec les agents du FBI, les enquêteurs locaux et les procureurs impliqués dans l’affaire, Callahan offre un aperçu saisissant des coulisses de l’enquête. Elle révèle les techniques d’investigation de pointe utilisées, mais aussi les intuitions et la persévérance des enquêteurs qui ont permis de resserrer l’étau autour de Keyes.
L’un des aspects les plus fascinants et troublants du livre réside dans l’utilisation que fait Callahan des confessions de Keyes lui-même. Après son arrestation, le tueur s’est livré à une série d’entretiens avec le FBI, dévoilant progressivement l’ampleur de ses crimes. Ces confessions, parfois parcellaires, souvent énigmatiques, permettent à l’auteure de construire une image effrayante de l’étendue de ses actes, tout en soulignant le jeu macabre auquel se livre Keyes avec les autorités.
Callahan ne se contente pas de relater les faits. Elle analyse minutieusement la psychologie de Keyes, explorant les motivations qui ont pu pousser cet homme en apparence ordinaire à commettre des actes d’une telle barbarie. Elle examine également les failles du système qui ont permis à Keyes d’échapper si longtemps à la justice, soulevant des questions cruciales sur notre capacité à détecter et à neutraliser de tels prédateurs.
L’auteure met également en lumière l’impact dévastateur des crimes de Keyes sur les familles des victimes et les communautés touchées. Elle donne une voix à ceux qui ont été affectés par ses actes, rendant hommage à leur courage et à leur résilience face à l’horreur.
Au fil des pages, Callahan tisse une toile complexe, révélant peu à peu l’image d’un tueur en série d’un nouveau genre, capable de sévir à travers tout le pays sans laisser de traces. Elle montre comment Keyes a su exploiter les failles de notre société moderne, utilisant la technologie et la mobilité pour commettre ses crimes et brouiller les pistes.
« American Predator » se lit comme un thriller haletant, mais c’est la réalité brutale des faits qui rend ce récit d’autant plus glaçant. Callahan réussit le tour de force de maintenir le suspense tout au long du livre, même lorsque le sort de Keyes est connu, en révélant progressivement l’étendue de ses crimes et les défis auxquels ont été confrontés les enquêteurs.
Cette traque, minutieusement reconstituée par Callahan, nous confronte à la réalité effrayante d’un prédateur moderne, adaptable et insaisissable. Elle soulève des questions troublantes sur notre vulnérabilité face à de tels criminels et sur les moyens dont nous disposons pour les combattre dans un monde en constante évolution.
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Une Évasion à Travers les États-Unis
L’un des aspects les plus fascinants et terrifiants de l’histoire d’Israel Keyes, minutieusement relatée par Maureen Callahan dans « American Predator », est sans conteste sa mobilité extraordinaire. Contrairement à de nombreux tueurs en série qui opèrent souvent dans une zone géographique limitée, établissant ainsi un schéma reconnaissable, Keyes a fait des vastes étendues des États-Unis son terrain de chasse.
Callahan met en lumière la façon dont Keyes parcourait le pays, transformant l’immensité du territoire américain en un vaste terrain de jeu macabre. Cette stratégie de déplacement constant lui permettait de choisir ses victimes au hasard, sans lien apparent entre elles, compliquant ainsi considérablement le travail des enquêteurs. L’auteure souligne comment cette approche a permis à Keyes de déjouer les méthodes traditionnelles de profilage criminel, qui reposent souvent sur l’identification de modèles géographiques et comportementaux.
Le livre détaille les voyages fréquents de Keyes, qui prenait soin de ne jamais commettre de crimes près de son domicile. Callahan explique comment il utilisait ces déplacements pour repérer des lieux propices à ses futures attaques, enterrant ses « kits de meurtre » dans des endroits isolés qu’il revisiterait des mois, voire des années plus tard. Cette préparation méticuleuse et à long terme témoigne d’une préméditation glaçante et d’une patience hors du commun.
L’auteure explore également les méthodes utilisées par Keyes pour financer ses voyages meurtriers. Elle révèle comment il combinait son activité professionnelle légitime d’entrepreneur en construction avec des crimes annexes tels que des cambriolages et des braquages, lui permettant de disposer de liquidités difficilement traçables pour ses déplacements.
Callahan met en évidence la façon dont cette mobilité a permis à Keyes de rester sous le radar pendant des années. En frappant sans discrimination et sans motif apparent dans des États différents, il a réussi à éviter que ses crimes ne soient reliés entre eux. L’auteure souligne comment cette stratégie a exploité les failles de communication entre les différentes juridictions policières à travers le pays.
Le livre examine également l’impact psychologique de cette mobilité sur Keyes lui-même. Callahan suggère que ces voyages constants ont pu contribuer à sa capacité à compartimenter sa vie, séparant nettement ses activités criminelles de son existence quotidienne apparemment normale.
« American Predator » met en lumière les défis posés aux forces de l’ordre par ce type de criminel itinérant. Callahan détaille les efforts déployés par les enquêteurs pour retracer les déplacements de Keyes, reconstituant un puzzle complexe à partir de relevés bancaires, de données de téléphonie mobile et de témoignages épars.
L’auteure soulève également des questions cruciales sur la sécurité dans notre société moderne, où la mobilité est facilitée et où les déplacements sur de longues distances sont devenus monnaie courante. Elle interroge notre capacité à détecter et à prévenir les activités de prédateurs aussi mobiles et adaptables que Keyes.
En fin de compte, le portrait que dresse Callahan de l’évasion de Keyes à travers les États-Unis est celui d’un prédateur d’un nouveau genre, capable d’exploiter la vastitude du territoire américain et la liberté de mouvement pour commettre ses crimes en toute impunité. Cette mobilité, combinée à sa méticulosité et à sa patience, a fait de Keyes l’un des tueurs en série les plus insaisissables de l’histoire criminelle américaine, défiant les méthodes traditionnelles d’enquête et soulevant des questions troublantes sur notre vulnérabilité face à de tels prédateurs.
Le Face-à-Face avec l’Horreur
« American Predator » ne se contente pas de relater les crimes d’Israel Keyes de manière factuelle. Maureen Callahan va bien au-delà, plongeant le lecteur dans les profondeurs abyssales de l’esprit tordu d’un tueur en série. Avec une précision chirurgicale et une empathie mesurée, l’auteure explore les motivations obscures, les méthodes macabres et les confessions glaçantes de Keyes, offrant un aperçu rare et terrifiant de la psyché d’un véritable prédateur humain.
Au cœur de cette exploration psychologique se trouvent les entretiens enregistrés avec Keyes lui-même, menés après son arrestation. Callahan utilise ces conversations comme une fenêtre sur l’âme noire du tueur, révélant un homme qui prenait un plaisir sadique à manipuler et à torturer ses victimes. L’auteure décortique méticuleusement ces entretiens, mettant en lumière non seulement les détails horribles des crimes de Keyes, mais aussi la manière dont il percevait ses actes et ses victimes.
La froideur clinique avec laquelle Keyes décrit ses crimes est particulièrement troublante. Callahan capture avec une précision effrayante le ton détaché et presque ennuyé qu’il emploie pour décrire des actes d’une cruauté inouïe. Cette juxtaposition entre l’horreur des actes et la banalité de leur description crée un effet profondément déstabilisant, soulignant l’inhumanité fondamentale de Keyes.
L’absence totale de remords chez Keyes est un autre aspect que Callahan explore en profondeur. Elle met en évidence comment, même face à l’ampleur de ses crimes, Keyes demeure impassible, incapable ou peu désireux d’éprouver la moindre empathie pour ses victimes ou leurs familles. Cette exploration de l’absence d’émotion chez Keyes soulève des questions troublantes sur la nature du mal et les limites de la compréhension humaine.
Callahan ne se contente pas de rapporter les paroles de Keyes. Elle les analyse, les contextualise, cherchant à comprendre ce qui a pu façonner un tel monstre. Elle explore son enfance, son parcours de vie, cherchant des indices qui pourraient expliquer, sans jamais excuser, la genèse d’un tel prédateur. Cette analyse psychologique approfondie offre un aperçu fascinant et effrayant des mécanismes qui peuvent conduire un être humain à commettre des actes d’une telle barbarie.
L’auteure examine également l’impact de ces révélations sur les enquêteurs et les autres personnes impliquées dans l’affaire. Elle décrit avec sensibilité le traumatisme secondaire vécu par ceux qui ont dû écouter les confessions de Keyes, montrant comment le mal peut contaminer même ceux qui cherchent à le combattre.
« American Predator » ne tombe jamais dans le sensationnalisme gratuit. Au contraire, Callahan traite ce matériau difficile avec une retenue et une dignité remarquables. Elle parvient à transmettre l’horreur des actes de Keyes sans jamais glorifier la violence ou déshumaniser les victimes. Son écriture précise et empreinte d’empathie permet au lecteur de faire face à l’innommable sans pour autant s’y complaire.
En fin de compte, le face-à-face avec l’horreur que présente Callahan dans « American Predator » est aussi fascinant que perturbant. Il nous confronte à des questions fondamentales sur la nature du mal, les limites de la compréhension humaine et notre capacité collective à faire face à une telle noirceur. Le livre nous laisse avec un sentiment de malaise persistant, une prise de conscience aiguë de la présence du mal dans notre monde, tout en soulignant l’importance de rester vigilants face à de tels prédateurs.
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Une Critique du Système Judiciaire
Dans « American Predator », Maureen Callahan ne se contente pas de relater les crimes d’Israel Keyes. Elle utilise cette affaire comme un prisme pour examiner en profondeur les failles et les dysfonctionnements du système judiciaire et des forces de l’ordre américaines. À travers son enquête méticuleuse, l’auteure soulève des questions troublantes sur la capacité de nos institutions à protéger les citoyens face à des prédateurs aussi sophistiqués que Keyes.
Callahan explore avec acuité la question centrale qui hante toute l’affaire : comment un tueur aussi prolifique a-t-il pu échapper à la justice pendant si longtemps ? Elle décortique les multiples facteurs qui ont permis à Keyes de poursuivre ses activités meurtrières sans être inquiété pendant plus d’une décennie.
L’auteure met en lumière les erreurs et les manquements des forces de l’ordre à différents niveaux. Elle examine comment le cloisonnement entre les différentes juridictions et agences a entravé le partage d’informations cruciales. Callahan souligne comment l’absence d’une base de données nationale efficace pour les personnes disparues a empêché les enquêteurs de faire des liens entre des affaires apparemment sans rapport.
La bureaucratie pesante au sein des institutions judiciaires et policières est également pointée du doigt. Callahan détaille comment les lourdeurs administratives et les rivalités inter-agences ont souvent ralenti ou entravé les enquêtes. Elle montre comment ces inefficacités systémiques ont créé des angles morts dont Keyes a su habilement tirer parti.
L’auteure examine également les limites des techniques d’investigation traditionnelles face à un criminel aussi méthodique et mobile que Keyes. Elle souligne comment les méthodes de profilage classiques se sont révélées inadaptées pour identifier un tueur qui ne correspondait à aucun schéma préétabli.
Callahan ne se contente pas de critiquer. Elle met également en lumière les efforts héroïques de certains enquêteurs qui, malgré les obstacles institutionnels, ont persévéré dans leur quête de justice. Elle montre comment l’intuition et la détermination de quelques individus ont finalement permis de mettre fin aux agissements de Keyes.
L’ouvrage soulève des questions cruciales sur l’allocation des ressources au sein du système judiciaire. Callahan examine comment le manque de moyens dans certaines juridictions a pu entraver des enquêtes potentiellement cruciales. Elle interroge également la façon dont les priorités sont établies dans les enquêtes criminelles, suggérant que certains types de crimes ou de victimes peuvent être négligés.
« American Predator » offre une réflexion approfondie sur les limites de notre capacité collective à traquer et à appréhender les criminels les plus dangereux dans une société moderne. Callahan explore comment l’évolution rapide de la technologie et de la mobilité pose de nouveaux défis aux forces de l’ordre, souvent mal équipées pour y faire face.
L’auteure examine également le rôle des médias et de l’opinion publique dans ces affaires. Elle montre comment la pression médiatique peut parfois entraver les enquêtes, tout en reconnaissant le rôle crucial que peut jouer une couverture médiatique responsable dans la résolution de certaines affaires.
Callahan ne se contente pas de pointer du doigt les problèmes. Elle propose également des pistes de réflexion pour améliorer le système. Elle évoque la nécessité d’une meilleure coordination entre les différentes agences, d’une formation plus adaptée des enquêteurs, et d’une utilisation plus judicieuse des nouvelles technologies.
En fin de compte, « American Predator » est bien plus qu’un simple récit true crime. C’est un plaidoyer puissant pour une réforme en profondeur de notre approche de la justice criminelle. Callahan nous confronte à une réalité inconfortable : notre système, malgré ses intentions louables, présente des failles béantes que des prédateurs comme Keyes peuvent exploiter.
Le livre nous laisse avec une question lancinante : comment pouvons-nous adapter nos institutions pour faire face à des menaces criminelles en constante évolution ? En exposant les faiblesses systémiques révélées par l’affaire Keyes, Callahan nous invite à réfléchir sérieusement à la manière dont nous pouvons mieux protéger nos communautés face aux prédateurs les plus dangereux de notre société.
Le mot de la fin
« American Predator » s’impose comme une œuvre qui transcende largement les frontières du genre true crime traditionnel. Maureen Callahan offre bien plus qu’un simple récit de faits divers macabres ; elle nous entraîne dans une exploration multidimensionnelle de l’un des cas les plus troublants de l’histoire criminelle américaine récente.
En premier lieu, le livre est une plongée intense et sans concession dans l’horreur. Callahan ne recule pas devant la brutalité des actes commis par Israel Keyes, mais elle les présente avec une sobriété et une précision qui rendent le récit d’autant plus glaçant. Elle parvient à transmettre l’effroi et le sentiment d’urgence qui ont accompagné l’enquête, faisant vivre au lecteur l’angoisse des familles des victimes et la détermination des enquêteurs.
Au-delà du simple exposé des faits, l’ouvrage propose une exploration profonde et nuancée de l’esprit d’un tueur en série. Callahan dissèque méthodiquement la psyché de Keyes, offrant un aperçu rare et troublant des mécanismes mentaux qui peuvent conduire un être humain à commettre des actes d’une telle barbarie. Cette analyse psychologique, étayée par des entretiens et des documents inédits, nous confronte à des questions fondamentales sur la nature du mal et les limites de la compréhension humaine.
« American Predator » se distingue également par sa critique acerbe et rigoureuse des mécanismes judiciaires et des forces de l’ordre. Callahan met en lumière les failles systémiques qui ont permis à un prédateur aussi prolifique d’échapper si longtemps à la justice. Ce faisant, elle soulève des questions cruciales sur l’efficacité de nos institutions et notre capacité collective à protéger les plus vulnérables.
L’un des grands mérites de Callahan est sa capacité à captiver et à terrifier ses lecteurs tout en maintenant une approche journalistique rigoureuse et documentée. Elle parvient à créer un récit haletant, digne des meilleurs thrillers, sans jamais sacrifier l’intégrité factuelle ou verser dans le sensationnalisme. Chaque affirmation est étayée, chaque hypothèse soigneusement examinée, offrant au lecteur une base solide pour appréhender cette affaire complexe.
Pour ceux qui s’intéressent aux enquêtes criminelles et aux mystères non résolus, « American Predator » s’impose comme une lecture incontournable. Le livre offre un aperçu fascinant des techniques d’investigation modernes, tout en soulignant les défis auxquels sont confrontés les enquêteurs face à des criminels de plus en plus sophistiqués.
Mais l’ouvrage de Callahan va au-delà du simple intérêt pour les affaires criminelles. Il nous rappelle, de manière saisissante, que parfois, la réalité dépasse de loin la fiction. L’histoire d’Israel Keyes, avec ses rebondissements incroyables et son dénouement tragique, semble sortir tout droit d’un roman noir. Pourtant, c’est bien dans notre monde, dans nos communautés, que de telles horreurs peuvent se produire.
« American Predator » nous laisse avec un sentiment de malaise persistant, une prise de conscience aiguë de la présence du mal dans notre société. Mais il nous offre aussi une leçon importante sur la résilience humaine, la détermination des forces de l’ordre et l’importance de rester vigilants face aux prédateurs qui peuvent se cacher parmi nous.
En définitive, le livre de Maureen Callahan est bien plus qu’un simple récit true crime. C’est une œuvre qui interroge notre société, nos institutions et notre propre humanité. Il nous pousse à réfléchir sur la nature du mal, sur notre vulnérabilité collective et sur les moyens dont nous disposons pour nous protéger. « American Predator » est un rappel puissant que, dans notre quête de compréhension des actes les plus sombres de l’humanité, nous ne devons jamais perdre de vue les victimes et l’impact durable de tels crimes sur les individus et les communautés.
Extrait début du livre
« Au bord d’une voie rapide, dissimulée derrière des congères d’un mètre cinquante de haut, se cache une cahute isolée dont les murs bleu canard tranchent avec le gris de l’asphalte et des grandes surfaces voisines. Les automobilistes de la région la connaissent bien et beaucoup s’y arrêtent sur le chemin du travail pour prendre un café à emporter.
Le 1er février 2012 au soir, Samantha Koenig, dix-huit ans, était seule pour tenir ce café où elle était employée depuis moins d’un mois. Ce jeudi 2 février, personne ne sait où elle se trouve.
Sa disparition est signalée dès le matin par la première serveuse à venir prendre son poste. À son arrivée, elle comprend tout de suite qu’il y a un problème : d’habitude, Samantha prend soin de tout ranger avant de fermer la boutique, or là, rien n’est à sa place et la caisse a été vidée.
Toute la journée, la police d’Anchorage (Alaska) cherche à glaner le plus d’informations possible sur Samantha sans parvenir à dégager la moindre piste intéressante. Samantha est en terminale. C’est une adolescente plutôt appréciée, qui sèche parfois les cours et a peut-être eu des problèmes de drogue par le passé. Elle s’entend bien avec tout le monde, et pas seulement avec les élèves les plus populaires du lycée. Deux personnes comptent vraiment pour elle : son petit ami, Duane, avec qui elle sort depuis presque un an, et son père, James, célibataire.
Alors, enlèvement ou fugue ? Si la première hypothèse reste probable, les enquêteurs penchent plutôt pour la seconde. En effet, la police n’a trouvé aucun signe de lutte. Le café est équipé d’un bouton d’appel d’urgence, mais Samantha ne l’a pas actionné. Elle a utilisé son téléphone portable avant et après sa disparition – elle s’est disputée avec Duane par textos, lui a demandé de la laisser tranquille et l’a accusé de la tromper.
Cependant, elle a aussi téléphoné à son père pour lui demander s’il pouvait passer au café lui apporter quelque chose à manger.
Pourquoi faire une chose pareille si elle comptait fuguer ?
Estimant que cette disparition sera un excellent galop d’essai pour sa nouvelle recrue, le sergent-chef du poste de police d’Anchorage décide de confier l’affaire à Monique Doll, qui, à trente-cinq ans, effectue son premier jour à la brigade criminelle de l’APD (Anchorage Police Department). Doll est la troisième génération d’une famille de flics et elle vient de passer dix ans à la lutte contre le trafic de stupéfiants, dont quatre années en mission d’infiltration pour la DEA (Drug Enforcement Administration). Bref, elle a déjà un CV bien fourni.
Doll se démarque également des autres agents de police d’Anchorage par son physique, qui fait honneur à son nom de famille 1 : c’est une jolie blonde, qui répond pourtant au surnom androgyne de « Miki ». Elle est mariée à une autre star de l’APD, le beau Justin Doll. À l’échelle locale, ils forment ce qu’on pourrait appeler un couple influent.
Le sergent-chef annonce donc à Doll que c’est elle qui se chargera de cette affaire, « une disparition suspecte », pour reprendre les mots du supérieur.
De l’autre côté de la ville, Steve Payne, agent du FBI, est en train de boucler une affaire de trafic de drogue quand un ami policier lui téléphone – rien d’inhabituel à Anchorage, une grande ville qui fonctionne comme une petite bourgade. Policiers, agents du FBI, avocats, procureurs et juges, tout le monde se connaît. C’est le paradoxe des Alaskiens : dans cet État aux hivers glacés et impitoyables, on trouve pléthore de solides gaillards qui vivent repliés sur eux-mêmes tout en étant conscients qu’un jour viendra où eux aussi auront besoin d’aide.
Payne apprend qu’une jeune fille de dix-huit ans a disparu la veille au soir et qu’elle a échangé des textos houleux avec son petit copain. Une première théorie commence à se dégager : Samantha a vidé la caisse du café pour s’offrir un ou deux jours de liberté. Ce genre de choses arrive tout le temps, à Anchorage.
Pourtant, Payne n’est pas convaincu. Pour disparaître, il faut une stratégie à long terme… et des moyens. Or, d’après ce qu’il sait, Samantha n’a pas l’air d’avoir beaucoup d’argent. Payne connaît bien ces petits stands de café en bord de route où travaillent des jeunes femmes, souvent seules, à qui on demande de se mettre en bikini pour servir les clients l’été. Ces filles n’ont pas une vie facile et Payne se doute qu’elles ne roulent pas sur l’or.
Et puis, où pourrait bien aller une adolescente un mercredi soir, par une nuit sombre et glaciale ? La météo est particulièrement hostile à cette période de l’année : les températures dépassent rarement le zéro et il y a de la neige partout. Ce soir-là, Samantha n’avait pas de voiture ; elle partage un pick-up avec son petit ami Duane et celui-ci en avait besoin. Anchorage n’est pas le genre de ville qu’on arpente à pied. Que Samantha soit partie errer seule dans ces conditions ne tient pas debout. Si elle était allée chez une copine, comme elle l’a dit à Duane dans un texto la veille, la police l’aurait probablement déjà retrouvée.
Payne propose son aide à son ami policier.
« On a assez de gens sur le coup, lui répond celui-ci. Et on a notre petite idée de ce qui s’est passé. »
Payne raccroche, contrarié. La première règle dans toute enquête, c’est de garder l’esprit ouvert. On évite de vouloir faire coller la situation à une hypothèse prématurée, au risque de ne plus voir la situation que par ce prisme – en particulier s’il peut s’agir d’un crime.
Et quand Payne apprend que la police n’a même pas mis la cahute sous scellés dès qu’elle a été informée de la disparition de Samantha, et que la collègue de celle-ci a passé la matinée derrière le comptoir, il n’en revient pas. Si le café est effectivement une scène de crime, celle-ci a déjà été contaminée.
Incroyable, songe l’agent du FBI. N’importe quel flic le sait : les premières heures d’une enquête sont déterminantes. C’est à ce moment-là qu’on peut dégager les pistes les plus pertinentes et qu’on mène les interrogatoires les plus révélateurs. »
- Titre : American Predator
- Auteur : Maureen Callahan
- Éditeur : Sonatine
- Pays : États-Unis
- Parution : 2021
Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis plus de 60 ans, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.