Comme deux gouttes de sang : L’éclosion d’un nouveau maître du thriller psychologique

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Comme deux gouttes de sang de Nicolas Nutten

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Nicolas Nutten, un nouveau talent du thriller psychologique

Nicolas Nutten s’est imposé comme une nouvelle voix prometteuse dans le paysage du thriller psychologique français avec son deuxième roman, « Comme deux gouttes de sang », paru en 2022. Il a reçu le prix du Coquelicot Noir 2023, du Sable Noir 2023, le Prix des lecteurs du Grand Pic-Saint-Loup 2023 et a fait partie de la sélection Nouvelles Voix du Polar 2024 chez Pocket. Nutten a su captiver l’attention des lecteurs et des critiques dès ses débuts littéraires.

L’auteur a été révélé au grand public grâce au soutien de Bernard Minier, figure emblématique du thriller français contemporain. Cette reconnaissance précoce par un maître du genre a permis à Nutten de bénéficier d’une visibilité accrue et d’éveiller la curiosité des amateurs de suspense psychologique.

Avec « Comme deux gouttes de sang », Nicolas Nutten démontre une maîtrise remarquable des codes du genre tout en apportant sa touche personnelle. Son écriture fluide et sa capacité à maintenir la tension tout au long du récit témoignent d’un talent naturel pour le suspense. L’auteur parvient à tisser une intrigue complexe qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Ce qui distingue particulièrement Nutten est sa aptitude à explorer les profondeurs de la psyché humaine. Il crée des personnages riches et nuancés, aux motivations complexes, qui évoluent dans un univers où le passé et le présent s’entrechoquent constamment. Cette approche psychologique approfondie donne une dimension supplémentaire à son œuvre, la faisant sortir du cadre traditionnel du simple thriller.

L’émergence de Nicolas Nutten sur la scène littéraire française marque l’arrivée d’un auteur talentueux qui promet de renouveler le genre du thriller psychologique. Son premier roman laisse présager une carrière littéraire passionnante, et les lecteurs attendent avec impatience ses prochaines œuvres pour confirmer le potentiel entrevu dans « Comme deux gouttes de sang ».

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Comme deux gouttes de sang Nicolas Nutten
Disparition Nicolas Nutten
Terra Mater Nicolas Nutten

L’intrigue principale : une affaire de meurtre non élucidée resurgie du passé

Au cœur de « Comme deux gouttes de sang », Nicolas Nutten tisse une intrigue captivante autour d’une affaire de meurtre non élucidée qui resurgit du passé. L’histoire débute lorsque le corps d’une jeune femme est découvert dans la cave d’un manoir abandonné, vingt ans après sa disparition. Cette macabre trouvaille va ébranler la quiétude d’une petite ville et rouvrir de vieilles blessures que le temps n’a pas réussi à cicatriser.

Le commandant Raphaël Sarda, personnage principal du roman, se voit confier l’enquête. Cet homme, marqué par ses propres démons, se plonge dans cette affaire avec une détermination qui frôle l’obsession. Au fur et à mesure qu’il démêle les fils du passé, il se heurte à un réseau complexe de secrets, de mensonges et de trahisons qui impliquent plusieurs habitants de la région.

Parallèlement à l’enquête de Sarda, le lecteur suit le parcours de Johanna Lyngstad, une femme mystérieuse dont le passé semble étroitement lié à l’affaire. Son comportement étrange et sa disparition soudaine ajoutent une couche supplémentaire de mystère à l’intrigue, poussant le lecteur à s’interroger sur son rôle dans les événements passés et présents.

Nutten excelle dans l’art de distiller les informations au compte-gouttes, maintenant un suspense constant. Il alterne habilement entre les découvertes de l’enquête et les révélations sur le passé des personnages, créant un puzzle complexe que le lecteur tente de reconstituer en même temps que les enquêteurs.

L’auteur aborde également des thèmes profonds tels que le traumatisme, la culpabilité et la quête d’identité, donnant à son intrigue une dimension psychologique qui dépasse le simple whodunit. Les personnages, tous marqués d’une manière ou d’une autre par les événements du passé, doivent faire face à leurs propres démons alors que la vérité menace d’éclater au grand jour.

Au fil des pages, l’enquête prend des tournants inattendus, remettant en question les certitudes du lecteur et des personnages. Nutten parvient à maintenir le doute jusqu’aux dernières pages, offrant une résolution à la fois surprenante et satisfaisante, qui lie habilement tous les éléments de l’intrigue.

Les personnages principaux : portraits croisés

Dans « Comme deux gouttes de sang », Nicolas Nutten dépeint une galerie de personnages complexes et nuancés, chacun jouant un rôle crucial dans le déroulement de l’intrigue. Au centre de l’histoire se trouve le commandant Raphaël Sarda, un homme tourmenté par son passé et ses démons personnels. Sarda est un enquêteur tenace, dont la détermination à résoudre l’affaire est alimentée par ses propres blessures. Sa relation difficile avec son fils Antonin ajoute une dimension humaine à ce personnage, le rendant plus vulnérable et attachant aux yeux du lecteur.

Johanna Lyngstad, personnage énigmatique, est au cœur du mystère. Son passé trouble et son comportement erratique intriguent autant les autres personnages que le lecteur. Nutten dévoile progressivement les couches de sa personnalité, révélant une femme profondément marquée par des traumatismes d’enfance. Sa relation avec Aymeric Loris, son compagnon, ajoute une touche de normalité à sa vie, tout en soulignant le fossé entre son présent apparent et son passé mystérieux.

Silas Carmieri, le coéquipier de Sarda, apporte une dynamique intéressante à l’enquête. Son passé dans les stups et sa personnalité rugueuse contrastent avec l’approche plus méthodique de Sarda, créant une complémentarité intéressante dans leur duo. Carmieri, avec son franc-parler et son sens de l’humour noir, offre des moments de légèreté bienvenue dans la tension de l’enquête.

La lieutenante Romane Delmiez, bien que travaillant sur une affaire parallèle, s’impose comme un personnage fort. Sa lutte pour concilier vie professionnelle et vie personnelle, notamment sa relation avec sa fille Lola, apporte une dimension réaliste et touchante à son personnage. Sa détermination et son intelligence en font un contrepoint intéressant aux enquêteurs masculins.

Les personnages secondaires, tels que Clément Hervieux, le beau-père de la victime, ou Aurore Jourdain, la sœur de Camille, sont également bien développés. Chacun cache ses propres secrets et motivations, ajoutant de la profondeur à l’intrigue et multipliant les suspects potentiels.

Nicolas Nutten excelle dans la création de personnages crédibles et multidimensionnels. Il parvient à leur donner une profondeur psychologique qui les rend vivants et complexes. Les interactions entre ces différents personnages, leurs conflits internes et leurs relations compliquées tissent une toile narrative riche et captivante, contribuant grandement à l’atmosphère de suspense et de mystère qui imprègne le roman.

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La structure narrative : entre passé et présent

Nicolas Nutten adopte dans « Comme deux gouttes de sang » une structure narrative complexe et habilement maîtrisée, jouant constamment entre le passé et le présent. Cette approche permet à l’auteur de créer un récit riche et captivant, où les événements du passé et du présent s’entremêlent pour former une toile narrative dense et intrigante.

Le roman s’ouvre sur la découverte d’un corps dans un manoir abandonné, ancrant l’histoire dans le présent. Cependant, Nutten ne tarde pas à introduire des flashbacks et des récits parallèles qui plongent le lecteur dans les événements survenus vingt ans auparavant. Ces allers-retours temporels sont orchestrés avec une grande finesse, chaque incursion dans le passé apportant un nouvel élément à l’enquête en cours.

L’auteur utilise également des changements de points de vue pour enrichir sa narration. Le lecteur suit principalement l’enquête du commandant Sarda dans le présent, mais il est aussi invité à explorer les perspectives d’autres personnages, notamment celle de Johanna Lyngstad. Ces changements de focalisation permettent d’approfondir la psychologie des personnages tout en distillant des indices cruciaux pour la résolution de l’énigme.

La structure non linéaire du récit contribue grandement à maintenir le suspense. Nutten dose savamment les informations, révélant certains éléments du passé au moment opportun pour faire avancer l’intrigue ou remettre en question les hypothèses du lecteur. Cette technique narrative crée un effet de puzzle, où chaque pièce révélée modifie la perception globale de l’histoire.

Les chapitres alternent entre les différentes temporalités et les différents personnages, créant un rythme soutenu qui maintient l’intérêt du lecteur. Cette structure permet également à Nutten d’explorer en profondeur les thèmes de la mémoire, du traumatisme et de la façon dont le passé influence le présent.

Vers la fin du roman, les fils narratifs du passé et du présent convergent de manière spectaculaire. Les révélations s’enchaînent, les mystères s’éclaircissent, et le lecteur comprend enfin comment tous les éléments s’imbriquent. Cette résolution, fruit de la structure narrative complexe mise en place par Nutten, offre une satisfaction intellectuelle et émotionnelle, récompensant le lecteur pour son attention tout au long du livre.

En somme, la structure narrative de « Comme deux gouttes de sang » est un exemple remarquable de la maîtrise de Nutten en tant que conteur. Elle permet non seulement de maintenir un suspense constant, mais aussi d’explorer en profondeur les thèmes et les personnages du roman, offrant une expérience de lecture riche et immersive.

Les thèmes abordés : traumatismes, secrets de famille et quête d’identité

Dans « Comme deux gouttes de sang », Nicolas Nutten explore avec finesse et profondeur plusieurs thèmes complexes qui donnent au roman une dimension psychologique poignante. Au cœur de l’intrigue, le traumatisme se révèle comme un fil conducteur qui lie tous les personnages. Qu’il s’agisse de Johanna Lyngstad, marquée par un passé violent, ou du commandant Sarda, hanté par ses propres démons, chaque protagoniste porte en lui les cicatrices d’expériences douloureuses. Nutten dépeint avec justesse comment ces traumatismes façonnent les actions et les décisions des personnages, influençant le cours de l’histoire et créant un lien invisible entre passé et présent.

Les secrets de famille constituent un autre thème central du roman. L’auteur tisse une toile complexe de non-dits, de mensonges et de vérités cachées qui se transmettent de génération en génération. Ces secrets, longtemps enfouis, ressurgissent au fil de l’enquête, bouleversant l’équilibre précaire des personnages et de leur entourage. Nutten explore habilement comment ces secrets peuvent empoisonner les relations familiales et personnelles, créant des dynamiques toxiques qui perdurent dans le temps.

La quête d’identité s’impose également comme un thème majeur de l’œuvre. Les personnages, en particulier Johanna Lyngstad, sont en constante recherche de leur véritable moi. Cette quête est intimement liée aux traumatismes subis et aux secrets familiaux, créant un triangle thématique puissant. Nutten montre comment la construction de l’identité peut être fragilisée par des événements traumatiques et comment la découverte de la vérité sur ses origines peut bouleverser profondément le sens de soi.

Le roman aborde également la thématique de la culpabilité et de la rédemption. Les personnages luttent avec le poids de leurs actions passées, cherchant un moyen de se racheter ou de faire la paix avec leurs erreurs. Cette exploration de la culpabilité ajoute une dimension morale à l’intrigue, poussant le lecteur à réfléchir sur les notions de bien et de mal, de justice et de pardon.

Nutten ne néglige pas non plus les dynamiques familiales complexes. À travers les relations entre parents et enfants, frères et sœurs, il expose les tensions, les non-dits et les attentes qui peuvent exister au sein d’une famille. Ces relations dysfonctionnelles sont souvent à l’origine des traumatismes et des secrets qui hantent les personnages, créant un cycle de souffrance qui se perpétue.

Enfin, l’auteur aborde subtilement la question de la résilience. Malgré les traumatismes et les secrets qui pèsent sur eux, certains personnages parviennent à trouver la force de faire face à leur passé et de reconstruire leur vie. Cette note d’espoir apporte une profondeur supplémentaire au récit, montrant que même dans les situations les plus sombres, il est possible de trouver un chemin vers la guérison.

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L’atmosphère oppressante : un huis clos psychologique

Nicolas Nutten excelle dans la création d’une atmosphère oppressante qui imprègne chaque page de « Comme deux gouttes de sang ». Bien que l’action se déroule dans divers lieux, l’auteur parvient à instiller un sentiment de claustrophobie psychologique qui transforme l’ensemble du récit en un véritable huis clos mental.

Cette sensation d’enfermement est particulièrement palpable dans la description du manoir abandonné où le corps est découvert. Nutten utilise des descriptions vivides pour évoquer l’obscurité étouffante, l’air vicié et l’impression de décadence qui règnent dans ce lieu figé dans le temps. Cette atmosphère malsaine semble contaminer l’ensemble de l’histoire, s’étendant bien au-delà des murs du manoir pour envelopper tous les personnages.

L’auteur renforce cette ambiance oppressante par son utilisation habile des conditions météorologiques. La pluie incessante, le brouillard épais et les ciels lourds de nuages contribuent à créer un sentiment d’isolement et de menace constante. Ces éléments naturels semblent refléter l’état d’esprit tourmenté des personnages, amplifiant leur sentiment d’être pris au piège de leurs propres secrets et de ceux des autres.

La tension psychologique est également alimentée par la façon dont Nutten construit ses scènes. Les dialogues sont chargés de non-dits et de sous-entendus, créant une ambiance où chaque mot semble avoir un double sens. Les silences sont tout aussi éloquents que les paroles, laissant place à l’imagination du lecteur pour combler les blancs et augmentant ainsi la sensation de malaise.

Le rythme du récit, alternant entre moments de calme apparent et révélations brutales, contribue à maintenir le lecteur dans un état de tension constante. Nutten maîtrise l’art de faire monter la pression progressivement, créant un sentiment d’angoisse croissante qui atteint son paroxysme dans les derniers chapitres du livre.

L’utilisation de points de vue multiples renforce également cette atmosphère de huis clos psychologique. En nous plongeant dans l’esprit tourmenté de différents personnages, Nutten nous fait ressentir leur sentiment d’isolement et leur lutte intérieure. Chaque personnage semble prisonnier de ses propres pensées, incapable d’échapper à ses démons intérieurs.

Enfin, la façon dont le passé et le présent s’entremêlent dans le récit accentue cette sensation d’enfermement. Les personnages semblent incapables d’échapper à leur histoire, prisonniers d’un cycle de secrets et de mensonges qui les ramène sans cesse à leurs traumatismes passés. Cette structure narrative crée un labyrinthe temporel dont ni les personnages ni le lecteur ne semblent pouvoir s’échapper.

Ainsi, à travers une combinaison habile de descriptions sensorielles, de construction narrative et d’exploration psychologique, Nicolas Nutten parvient à créer une atmosphère oppressante qui maintient le lecteur en haleine du début à la fin, faisant de « Comme deux gouttes de sang » un véritable huis clos psychologique.

Le style d’écriture : fluidité et tension croissante

Le style d’écriture de Nicolas Nutten dans « Comme deux gouttes de sang » se distingue par sa fluidité remarquable et sa capacité à maintenir une tension croissante tout au long du récit. L’auteur maîtrise l’art de captiver son lecteur dès les premières pages et de le tenir en haleine jusqu’au dénouement final.

La prose de Nutten est à la fois précise et évocatrice. Il parvient à décrire les scènes et les émotions des personnages avec une économie de mots qui ne sacrifie jamais la richesse des détails. Cette concision donne au récit un rythme soutenu, permettant au lecteur de se plonger rapidement dans l’action tout en absorbant les nuances psychologiques des personnages.

L’auteur excelle particulièrement dans la construction de ses phrases et de ses paragraphes. Il alterne habilement entre des phrases courtes, percutantes, qui accentuent la tension dans les moments critiques, et des passages plus descriptifs qui permettent au lecteur de s’immerger pleinement dans l’atmosphère du roman. Cette variation de rythme contribue à maintenir l’intérêt du lecteur tout en créant une dynamique narrative captivante.

La tension dans le récit est savamment dosée par Nutten. Il utilise diverses techniques narratives pour faire monter progressivement la pression, notamment en introduisant des révélations choc à des moments stratégiques ou en laissant planer le doute sur les motivations des personnages. Cette montée en puissance de la tension est si subtilement menée que le lecteur se retrouve pris dans un étau émotionnel sans même s’en rendre compte.

Les dialogues dans « Comme deux gouttes de sang » méritent une mention particulière. Nutten a un don pour créer des échanges réalistes et chargés de sous-entendus. Les conversations entre les personnages sont naturelles, reflétant leurs personnalités et leurs états émotionnels, tout en faisant avancer l’intrigue de manière organique.

L’auteur fait également preuve d’une grande habileté dans la description des états psychologiques de ses personnages. Sans tomber dans un psychologisme excessif, il parvient à transmettre les tourments intérieurs, les doutes et les peurs de ses protagonistes, renforçant ainsi l’immersion du lecteur dans leur univers mental.

Enfin, la manière dont Nutten gère les révélations et les rebondissements témoigne de sa maîtrise du genre. Il distille les informations au compte-gouttes, maintenant un équilibre parfait entre ce qui est révélé et ce qui reste caché. Cette technique narrative crée un effet de puzzle qui pousse le lecteur à continuer sa lecture, avide de découvrir la prochaine pièce du mystère.

En somme, le style d’écriture de Nicolas Nutten dans « Comme deux gouttes de sang » se caractérise par sa fluidité, sa précision et sa capacité à créer une tension croissante. C’est cette alchimie entre la forme et le fond qui fait de ce roman un thriller psychologique particulièrement réussi et prometteur pour la suite de la carrière de l’auteur.

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Les influences littéraires perceptibles

Dans « Comme deux gouttes de sang », Nicolas Nutten démontre une maîtrise du genre qui laisse transparaître diverses influences littéraires, tout en affirmant sa propre voix d’auteur. L’empreinte de grands noms du thriller psychologique est perceptible, sans pour autant que l’œuvre ne tombe dans le pastiche ou l’imitation servile.

On peut déceler l’influence de Bernard Minier, mentor de Nutten, dans la construction minutieuse de l’intrigue et la création d’une atmosphère oppressante. Comme Minier, Nutten excelle dans l’art de tisser une toile complexe de mystères et de secrets, tout en maintenant une tension palpable tout au long du récit. La façon dont il entremêle passé et présent rappelle également le style de l’auteur de « Glacé ».

L’exploration psychologique des personnages et la manière dont Nutten plonge dans les méandres de l’esprit humain évoquent l’œuvre de Pierre Lemaitre. On retrouve cette même volonté de disséquer les motivations profondes des protagonistes, de mettre en lumière leurs failles et leurs contradictions. La complexité psychologique des personnages de Nutten, en particulier celle de Johanna Lyngstad, rappelle la profondeur des personnages de Lemaitre.

Dans sa façon de construire le suspense et de distiller les révélations, on peut percevoir l’influence de Harlan Coben. Nutten maîtrise l’art de maintenir le lecteur en haleine, en introduisant des rebondissements inattendus et en jouant avec les attentes du public. Cette technique narrative, qui consiste à révéler progressivement la vérité tout en remettant constamment en question les certitudes du lecteur, est caractéristique du style de Coben.

L’attention portée aux détails de l’enquête policière et la rigueur dans la description des procédures rappellent le travail de Michael Connelly. Nutten parvient à rendre crédible et captivante la progression de l’enquête, en s’appuyant sur des éléments réalistes et bien documentés.

On peut également déceler des échos de l’œuvre de Gillian Flynn, notamment dans la façon dont Nutten traite les thèmes de la famille dysfonctionnelle et des secrets enfouis. La manière dont il explore les zones d’ombre des relations familiales et les conséquences à long terme des traumatismes rappelle l’approche de Flynn dans « Gone Girl » ou « Sharp Objects ».

Enfin, dans son traitement de l’ambiance et du cadre, on peut percevoir une influence du roman noir scandinave, à la manière de Jo Nesbø ou Camilla Läckberg. L’utilisation du paysage et des conditions météorologiques comme éléments contribuant à l’atmosphère oppressante du récit est caractéristique de cette école littéraire.

Malgré ces influences perceptibles, Nicolas Nutten parvient à créer une œuvre originale qui porte sa signature propre. Il intègre ces différentes inspirations dans un style personnel, marqué par une écriture fluide, une construction narrative complexe et une exploration psychologique poussée des personnages. « Comme deux gouttes de sang » s’affirme ainsi comme le fruit d’un auteur qui maîtrise les codes du genre tout en y apportant sa touche personnelle, promettant une voix nouvelle et excitante dans le paysage du thriller psychologique français.

Analyse des points forts et des éventuelles faiblesses de l’œuvre

« Comme deux gouttes de sang » de Nicolas Nutten se distingue par plusieurs points forts qui en font un thriller psychologique captivant. L’un des atouts majeurs de l’œuvre réside dans sa construction narrative complexe et habilement maîtrisée. Nutten parvient à tisser une intrigue à multiples facettes, alternant entre passé et présent, tout en maintenant une cohérence remarquable. Cette structure permet de dévoiler progressivement les mystères, captivant le lecteur jusqu’aux dernières pages.

La profondeur psychologique des personnages constitue un autre point fort du roman. Nutten excelle dans la création de protagonistes complexes et crédibles, en particulier le commandant Sarda et Johanna Lyngstad. Leurs traumatismes, leurs doutes et leurs motivations sont explorés avec finesse, offrant une dimension supplémentaire à l’intrigue policière. Cette approche psychologique approfondie enrichit considérablement le récit et le distingue des thrillers plus conventionnels.

L’atmosphère oppressante que Nutten parvient à créer tout au long du roman est également remarquable. L’auteur utilise habilement les descriptions de lieux, les conditions météorologiques et les tensions entre les personnages pour instiller un sentiment de malaise constant. Cette ambiance contribue grandement à l’immersion du lecteur dans l’univers sombre et troublant de l’histoire.

Le style d’écriture fluide et efficace de Nutten est un autre atout. Sa prose, à la fois précise et évocatrice, permet une lecture agréable tout en maintenant un rythme soutenu. L’auteur démontre une capacité à équilibrer les moments de tension avec des passages plus réflexifs, créant ainsi une dynamique narrative captivante.

Cependant, malgré ces nombreux points forts, l’œuvre n’est pas exempte de quelques faiblesses. Certains lecteurs pourraient trouver que la multiplication des fils narratifs et des personnages rend parfois l’intrigue difficile à suivre. La complexité de la structure, bien que généralement bien maîtrisée, peut par moments sembler excessive et potentiellement déroutante pour certains.

De plus, quelques éléments de l’intrigue peuvent paraître quelque peu convenus pour les amateurs aguerris du genre. Certains rebondissements, bien que efficaces, peuvent manquer de l’originalité que l’on pourrait attendre d’un auteur primé pour son suspense psychologique.

Par ailleurs, la résolution de certaines sous-intrigues peut sembler un peu précipitée vers la fin du roman. Nutten, dans son souci de nouer tous les fils de l’histoire, propose parfois des explications qui peuvent paraître un peu trop pratiques ou insuffisamment développées.

Enfin, bien que la profondeur psychologique des personnages principaux soit un point fort, certains personnages secondaires peuvent sembler moins travaillés, servant parfois simplement de rouages dans l’intrigue sans bénéficier du même niveau de développement.

Malgré ces quelques points qui pourraient être améliorés, « Comme deux gouttes de sang » reste une œuvre impressionnante, particulièrement pour un premier roman. Les points forts de l’ouvrage surpassent largement ses faiblesses, faisant de ce thriller psychologique une lecture captivante et prometteuse pour la suite de la carrière de Nicolas Nutten.

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Le mot de la fin : un premier roman prometteur dans la lignée de Bernard Minier

« Comme deux gouttes de sang » s’affirme comme un premier roman particulièrement prometteur, plaçant d’emblée Nicolas Nutten dans la lignée des grands noms du thriller psychologique français, notamment Bernard Minier. Cette œuvre démontre une maîtrise remarquable des codes du genre, tout en y apportant une fraîcheur et une sensibilité propres à l’auteur.

La comparaison avec Bernard Minier n’est pas fortuite. On retrouve dans le style de Nutten la même attention portée à la construction d’une intrigue complexe et captivante, ainsi que le talent pour créer une atmosphère oppressante qui tient le lecteur en haleine. Cependant, Nutten ne se contente pas d’imiter son mentor ; il apporte sa propre voix, notamment dans l’exploration psychologique poussée de ses personnages et dans sa manière unique de tisser les fils entre passé et présent.

Ce premier roman révèle un auteur doté d’un réel talent pour la narration. La structure élaborée de l’histoire, la profondeur des personnages et la tension maintenue tout au long du récit témoignent d’une maturité littéraire impressionnante pour un premier ouvrage. Nutten parvient à jongler avec différents éléments narratifs – enquête policière, drame psychologique, secrets de famille – pour créer une œuvre cohérente et engageante.

L’obtention du Prix du Suspense psychologique 2020 n’apparaît pas comme un hasard à la lecture de ce roman. Nutten démontre une compréhension fine des mécanismes qui font un bon thriller psychologique, tout en y insufflant une sensibilité moderne. Sa capacité à explorer les traumatismes et les zones d’ombre de l’âme humaine apporte une profondeur supplémentaire à l’intrigue policière classique.

Si quelques aspects de l’œuvre pourraient être affinés dans ses prochains romans, comme le développement de certains personnages secondaires ou l’équilibre entre complexité et clarté de l’intrigue, ces points n’enlèvent rien à la qualité globale de ce premier opus. Au contraire, ils laissent entrevoir un potentiel d’évolution excitant pour les futures œuvres de l’auteur.

« Comme deux gouttes de sang » positionne Nicolas Nutten comme une voix nouvelle et prometteuse dans le paysage du thriller psychologique français. Il parvient à s’inscrire dans la tradition du genre tout en y apportant sa touche personnelle, créant ainsi une œuvre à la fois familière et rafraîchissante. Les lecteurs et les critiques attendront avec impatience son prochain roman, curieux de voir comment l’auteur développera son style et explorera de nouvelles facettes du genre.

En conclusion, ce premier roman de Nicolas Nutten est une réussite qui annonce une carrière littéraire prometteuse. S’il continue à affiner son art et à explorer les possibilités du thriller psychologique avec la même intensité et la même finesse, Nutten pourrait bien s’imposer comme l’un des auteurs incontournables du genre dans les années à venir, digne héritier de la tradition initiée par des auteurs comme Bernard Minier.


Extrait Première Page du livre

 » Prologue
Banlieue de Ålesund, Norvège, 24 décembre 1997

Une goutte de sueur lui roula dans l’œil, à moins que ce ne soit du sang. Le sien, celui de ses parents ou de son petit frère. Comment savoir ? Il y en avait eu tellement… Aussi fort que possible, elle ferma ses paupières, comme on se barricade derrière un rideau de fer, pour disparaître et abandonner l’obscurité de ce coffre puant, pour se noyer dans ses ténèbres intérieures et y mourir. Mauvaise idée. Aussi acide qu’un cauchemar qui n’en finit pas, des flashs lui brûlèrent les rétines. Concentrés d’horreur pure. Avec l’énergie du désespoir, elle tira de toutes ses forces sur ses poignets et chevilles ne faisant qu’accroître la morsure des colliers en plastique qui suppliciaient déjà ses chairs. Un cri de bête, mélange de colère, de douleur et de peur, naquit dans ses entrailles et mourut aussitôt étouffé dans le chiffon que ce monstre lui avait fourré dans la bouche. Derrière son bâillon, elle suffoquait sous la tornade de questions qui ravageaient son cerveau. Pourquoi eux ? Pourquoi elle ? Pourquoi ? Pourquoi…

C’était pourtant une belle soirée, de celles dont on savoure chaque seconde en espérant qu’elles s’étirent à l’infini. Confortablement installée dans un des fauteuils du salon, elle bouquinait en se laissant bercer par le rythme des mots et le crépitement des flammes dans l’âtre. Sander jouait sur le tapis, sous l’égide de l’étoile dorée perchée au sommet de l’immense sapin, trois fois trop grand pour la pièce. L’odeur de sève du Nordmann mêlée aux parfums de cannelle des sablés que préparait sa mère embaumait l’air d’une promesse d’éternité. Lorsque son père avait rapporté du garage de nouvelles bûches pour la cheminée, elle avait remarqué les flocons accrochés aux mailles de son pull sombre. La neige s’était fait attendre cette année. En penchant la tête, elle pouvait voir s’agiter dans l’air glacial du soir la guirlande lumineuse qui frissonnait de couleurs vives. « 


  • Titre : Comme deux gouttes de sang
  • Auteur : Nicolas Nutten
  • Editeur : Editions Nouveaux Auteurs
  • Nationalité : France
  • Parution : 2022

Autoportrait de l'auteur du blog

Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis plus de 60 ans, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.


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