Nicolas Nutten : portrait d’un auteur émergent du polar français
Dans le paysage littéraire français, Nicolas Nutten s’impose comme une révélation fracassante du genre policier. Cet écrivain au style affûté comme une lame de scalpel nous plonge dans des univers où l’ombre et la lumière se disputent chaque parcelle de territoire. Son dernier opus, « Terra Mater », démontre une maîtrise narrative qui le propulse parmi les voix essentielles du thriller hexagonal.
Discret sur sa vie personnelle, Nutten cultive une approche immersive de l’écriture où transparaît une connaissance précise des milieux qu’il dépeint. Sa plume, à la fois élégante et percutante, sculpte des personnages dont la complexité psychologique dépasse largement les archétypes du genre. L’auteur, véritable orfèvre du suspense, distille les indices avec une parcimonie calculée qui maintient le lecteur en haleine.
Ce qui frappe d’emblée chez Nutten, c’est sa capacité à transcender les codes du polar traditionnel pour y insuffler une dimension réflexive. À travers « Terra Mater », il orchestre une descente vertigineuse dans les profondeurs de la nature humaine, tout en tissant une intrigue d’une redoutable efficacité. Son écriture cinématographique transforme chaque scène en un tableau vivant où les sensations affleurent sous l’épiderme des mots.
La singularité de Nutten réside également dans son aptitude à métamorphoser des décors naturels en personnages à part entière. Les cavités souterraines de « Terra Mater » deviennent ainsi les témoins silencieux d’une enquête haletante, où l’obscurité matérielle fait écho aux zones d’ombre psychologiques des protagonistes. Cette symbiose entre le cadre et l’intrigue révèle un écrivain attentif aux résonances symboliques de ses choix narratifs.
Féru de recherches documentaires, l’auteur ancre ses fictions dans un réalisme saisissant qui confère à ses récits une crédibilité imparable. Sa description minutieuse des procédures d’enquête, couplée à une connaissance approfondie de la spéléologie, forge un univers où chaque détail contribue à l’édifice global. Cette exigence documentaire n’entrave jamais la fluidité narrative, preuve supplémentaire de son talent d’équilibriste littéraire.
L’apparition fulgurante de Nicolas Nutten sur la scène du thriller français ouvre des perspectives enivrantes pour l’avenir du genre. « Terra Mater » confirme l’émergence d’une voix authentique, capable d’allier la tension narrative à une véritable profondeur thématique. À l’heure où le polar connaît un regain d’intérêt considérable, Nutten se positionne comme un artisan d’exception dont l’œuvre mérite qu’on s’y plonge sans retenue.
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« Terra Mater » : une immersion dans les profondeurs du thriller
« Terra Mater » nous entraîne dans un labyrinthe narratif où chaque tournant révèle un nouvel aspect de l’intrigue avec une précision d’horloger. Nicolas Nutten y déploie un talent remarquable pour entrelacer les fils d’une enquête criminelle avec les méandres psychologiques de ses personnages. Dès les premières pages, la tension s’installe, insidieuse, pour ne plus jamais relâcher son étreinte sur le lecteur happé dans ce tourbillon vertigineux.
L’intrigue s’articule autour d’une série de meurtres mystérieux dont les victimes semblent liées par un passé commun longtemps enfoui. La lieutenante Romane Delmiez, figure centrale du récit, doit démêler cet écheveau complexe tout en luttant contre ses propres démons. L’auteur excelle particulièrement dans l’art de distiller les indices, transformant chaque révélation en un moment de jubilation intellectuelle pour les amateurs du genre.
Ce qui distingue « Terra Mater » de la masse des thrillers contemporains tient à la puissance évocatrice de ses ambiances. Nutten cisèle des atmosphères où la claustrophobie des grottes fait écho à l’étau psychologique qui se resserre sur les protagonistes. Les descriptions sensorielles, d’une précision chirurgicale, plongent le lecteur dans une expérience immersive où l’obscurité devient presque palpable, où l’humidité suinte des pages.
La construction narrative alterne habilement les points de vue et les temporalités, créant un kaléidoscope narratif qui démultiplie les perspectives sur l’enquête. Cette architecture complexe, loin d’être gratuite, sert magistralement le propos en reflétant la fragmentation des vérités humaines. L’auteur jongle avec ces différentes voix sans jamais perdre le lecteur, maintenant au contraire une clarté cristalline au sein même du chaos apparent.
Le rythme constitue sans doute l’une des plus grandes réussites de l’œuvre. Nutten maîtrise parfaitement l’art de l’accélération et de la décélération narrative, alternant séquences d’action haletantes et moments de respiration introspective. Cette pulsation savamment orchestrée mime les battements d’un cœur affolé, créant une symbiose physique entre le livre et son lecteur qui se retrouve, littéralement, le souffle coupé.
La quintessence de « Terra Mater » réside dans sa capacité à transcender les limites conventionnelles du thriller. Nutten insuffle à son récit une dimension presque mythologique, où la Terre-Mère du titre devient le symbole ambigu d’une nature à la fois nourricière et dévoratrice. Cette profondeur symbolique, couplée à une intrigue impeccablement ficelée, élève l’œuvre au rang des thrillers qui marquent durablement l’esprit, bien après que la dernière page ait été tournée.
La richesse de l’univers souterrain : les grottes comme décor narratif
Dans « Terra Mater », Nicolas Nutten fait des profondeurs caverneuses bien plus qu’un simple cadre géographique. Les grottes deviennent un personnage à part entière, un organisme vivant dont les artères calcaires pulsent au rythme de l’intrigue. L’auteur déploie un lexique d’une précision exceptionnelle pour décrire ces cathédrales souterraines, leurs stalactites suspendues comme des épées de Damoclès, leurs galeries tortueuses qui semblent respirer dans l’obscurité primordiale.
La topographie des lieux, minutieusement élaborée, reflète avec une troublante symétrie les méandres psychologiques des protagonistes. Chaque descente dans les entrailles de la terre s’apparente à une plongée dans l’inconscient des personnages, où résonnent les échos de leurs traumatismes enfouis. Nutten exploite magistralement la charge symbolique de ces espaces liminaires, situés à la frontière du monde connu et de territoires inexplorés de la psyché humaine.
La claustrophobie inhérente à l’univers spéléologique innerve le récit d’une tension physique presque insoutenable. Le lecteur ressent viscéralement l’étroitesse des boyaux, l’humidité suintante des parois, l’obscurité qui engloutit toute perspective et contamine progressivement la raison. Cette immersion sensorielle totale transforme l’expérience de lecture en une véritable épreuve initiatique, où chaque page tournée représente un pas de plus dans les ténèbres.
L’auteur puise dans la riche mythologie des mondes souterrains pour tisser sa narration. Figures du Styx et de l’Hadès, imaginaire dantesque de la descente aux enfers, symbolique chrétienne de la chute et de la rédemption – tous ces archétypes irriguent subtilement la trame narrative sans jamais alourdir le récit. Cette dimension mythologique confère au thriller une profondeur inattendue, dépassant largement les frontières conventionnelles du genre.
Particulièrement saisissante est la façon dont Nutten orchestre les contrastes entre la surface et les profondeurs. Le monde extérieur, baigné de lumière mais traversé de zones d’ombre sociales et morales, dialogue constamment avec l’univers souterrain où règnent les ténèbres physiques mais où la vérité, paradoxalement, finit par éclater au grand jour. Ce jeu de miroirs inversés structure l’ensemble du récit et enrichit considérablement sa portée métaphorique.
L’écosystème souterrain de « Terra Mater » constitue la colonne vertébrale d’une œuvre qui explore brillamment les notions d’enfouissement et de révélation. En transformant les grottes en théâtre tragique où se jouent des destins humains, Nutten réinvente la scénographie du thriller contemporain. Cette alchimie entre le décor et l’action crée une expérience de lecture singulière où l’espace narratif, loin d’être un simple arrière-plan, devient le catalyseur implacable qui précipite les personnages vers leur vérité essentielle.

Les fantômes de Romane : Anatomie d’un personnage au-delà des archétypes
Au cœur de « Terra Mater » se dresse la silhouette élancée de Romane Delmiez, lieutenante à la section de recherche dont la complexité psychologique transcende les archétypes du polar. Nicolas Nutten sculpte cette protagoniste avec une finesse remarquable, lui insufflant une humanité vibrante qui s’exprime jusque dans ses fêlures. Grande, déterminée, Romane porte en elle les stigmates d’une enquête passée qui a laissé sur son âme des cicatrices plus profondes que celles qui marquent son corps.
La force du personnage réside dans son équilibre précaire entre vulnérabilité et puissance. Mère célibataire d’une fillette de six ans, Romane jongle avec les exigences contradictoires de son métier et de sa maternité, sans jamais sombrer dans le cliché de la femme sacrifiant l’un pour l’autre. Ses doutes, ses erreurs et ses moments de faiblesse la rendent profondément humaine, tandis que sa ténacité et son intelligence aiguë en font une enquêtrice redoutable.
Particulièrement touchante est la relation qu’entretient Romane avec son passé traumatique. La hantise de Lars Bransdal, ce criminel peut-être disparu, peut-être encore vivant, qui peuple ses cauchemars, révèle une femme aux prises avec ses propres fantômes. Cette obsession, loin d’être anecdotique, façonne sa perception du monde et sa méthodologie d’enquête, illustrant magistralement comment nos blessures intimes dictent notre rapport au réel.
L’auteur excelle également dans la construction des relations qui gravitent autour de cette héroïne. L’adjudant Karim Mansouri, son partenaire d’enquête, incarne une présence bienveillante et loyale qui contraste avec la rigidité du lieutenant Magne, rival professionnel dont l’hostilité masque des fragilités insoupçonnées. Ces dynamiques interpersonnelles, rendues avec subtilité, ancrent Romane dans un réseau humain crédible qui enrichit considérablement la narration.
Le rapport complexe de Romane à son ex-mari Adam et leur garde alternée de Lola constituent l’un des aspects les plus finement ciselés du roman. À travers leurs interactions teintées d’un respect mutuel qui n’efface pas les tensions sous-jacentes, Nutten brosse le portrait nuancé d’une famille recomposée où l’amour parental survit à la rupture du couple. Ces séquences domestiques, d’une justesse confondante, contrebalancent les passages plus sombres de l’enquête.
La profondeur du portrait de Romane Delmiez s’impose comme l’une des réussites majeures de « Terra Mater ». Par-delà les conventions du genre, Nicolas Nutten façonne une héroïne dont les contradictions internes résonnent puissamment avec nos propres ambivalences. Sa quête de vérité, indissociable d’une recherche d’apaisement personnel, dépasse le cadre strictement policier pour explorer des territoires existentiels universels. C’est dans cette dimension humaine, palpitante et multidimensionnelle, que le roman trouve l’une de ses plus belles résonances.
L’art de l’enquête : technique et méthodologie dans « Terra Mater »
Nicolas Nutten déploie dans « Terra Mater » une connaissance approfondie des rouages de l’investigation criminelle qui confère à son thriller une authenticité saisissante. La méthodologie policière y est restituée avec une précision documentaire impressionnante, des procédures de sécurisation d’une scène de crime jusqu’aux subtilités de l’analyse forensique. Cette rigueur technique, loin d’alourdir la narration, lui insuffle au contraire un réalisme captivant qui ancre solidement l’intrigue dans le monde tangible.
Particulièrement réussie est la façon dont l’auteur intègre l’expertise spécifique de la section de recherche de la gendarmerie dans sa mécanique narrative. Les échanges entre spécialistes, l’exploitation minutieuse des indices et la coordination entre différentes unités dévoilent l’aspect profondément collaboratif du travail d’enquête moderne. La hiérarchie institutionnelle, avec ses tensions et ses enjeux de pouvoir, constitue également un ressort dramatique exploité avec intelligence par Nutten.
La dimension technologique de l’investigation contemporaine occupe une place prépondérante dans l’arsenal déployé par les protagonistes. L’analyse des données de géolocalisation, l’exploitation des enregistrements de vidéosurveillance et le décryptage informatique d’applications mystérieuses s’articulent harmonieusement avec les méthodes d’enquête plus traditionnelles. Ce maillage entre haute technologie et intuition humaine confère au récit une dynamique particulièrement efficace.
L’auteur excelle tout spécialement dans sa représentation des interrogatoires, moments cruciaux où psychologie et stratégie se conjuguent dans une forme de duel intellectuel. Chaque entretien devient un exercice d’équilibriste où Romane Delmiez doit jauger quand pousser son interlocuteur dans ses retranchements et quand laisser planer un silence révélateur. Ces joutes verbales, rendues avec une finesse d’orfèvre, révèlent autant sur les enquêteurs que sur leurs suspects.
Au-delà des aspects purement techniques, « Terra Mater » aborde la question fondamentale de l’intuition dans le processus d’investigation. Nutten explore avec subtilité cette dimension presque mystique du métier d’enquêteur, cette capacité à sentir les dissonances, à percevoir l’invisible trame qui relie les événements. Cette sensibilité particulière, présentée sans mysticisme excessif, enrichit considérablement le portrait de Romane et transforme l’enquête en une forme d’exploration intérieure.
La brillante orchestration de ces multiples facettes de l’investigation criminelle constitue le socle sur lequel repose la crédibilité implacable de « Terra Mater ». En fusionnant l’exactitude procédurale avec la dimension psychologique inhérente à toute recherche de vérité, Nicolas Nutten transcende le simple récit policier. Cette alchimie entre rigueur factuelle et exploration des zones grises de l’âme humaine élève l’œuvre au rang des thrillers qui parviennent à concilier l’exigence documentaire avec une authentique profondeur narrative.
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La construction narrative : alternance de points de vue et tension dramatique
L’architecture narrative de « Terra Mater » révèle un Nicolas Nutten virtuose dans l’art de tisser une toile romanesque aux multiples perspectives. L’auteur jongle avec maestria entre différents points de vue qui, tels des projecteurs braqués sur un même objet depuis des angles variés, éclairent progressivement les zones d’ombre de l’intrigue. Cette polyphonie narrative, loin de fragmenter le récit, lui confère une dimension kaléidoscopique où chaque voix enrichit la compréhension globale du mystère central.
Particulièrement audacieuse est la manière dont Nutten nous plonge par intermittence dans l’esprit énigmatique de figures gravitant autour de l’enquête, sans jamais dévoiler prématurément leur rôle exact dans l’écheveau criminel. Ces incursions dans des consciences troubles créent une tension palpable entre ce que sait le lecteur et ce que découvrent les enquêteurs, instaurant un jeu de cache-cache intellectuel d’une redoutable efficacité dramatique.
Le rythme narratif, savamment orchestré, alterne séquences d’action haletantes et moments de respiration introspective avec une précision d’horloger suisse. Chaque chapitre se clôt sur une note suspensive qui propulse irrésistiblement vers le suivant, créant cet effet addictif caractéristique des grands page-turners. Cette pulsation narrative, qui mime les battements affolés d’un cœur sous adrénaline, transforme la lecture en expérience physique viscérale.
La gestion magistrale de la temporalité constitue l’un des tours de force de l’œuvre. Nutten manipule avec une dextérité confondante les ellipses, les retours en arrière et les accélérations soudaines qui compriment le temps. Ce travail sur la chronologie, loin d’être un simple artifice technique, reflète la façon dont l’esprit humain reconstruit le passé à partir de fragments épars, dans une quête perpétuelle de cohérence narrative.
L’auteur excelle tout particulièrement dans l’art du cliffhanger, ces suspensions dramatiques qui laissent le lecteur littéralement au bord du précipice. Chaque révélation partielle engendre de nouvelles questions, chaque réponse obtenue ouvre de nouveaux mystères, dans un mouvement spiralé qui maintient la tension jusqu’aux ultimes pages. Cette mécanique implacable témoigne d’une maîtrise narrative qui n’a rien à envier aux plus grands noms du thriller international.
L’équilibre subtil entre suspense externe et tension psychologique s’impose comme la marque distinctive de la construction romanesque de « Terra Mater ». En entrelaçant habilement les fils de l’action criminelle avec ceux des tourments intérieurs de ses personnages, Nicolas Nutten crée une synergie narrative d’une rare puissance. Cette fusion entre progression de l’enquête et évolution psychologique transforme le roman en une expérience immersive totale, où le lecteur se trouve pris dans un double engrenage, à la fois intellectuel et émotionnel, dont il ne sortira pas indemne.
Les thématiques sociales et psychologiques explorées dans l’œuvre
Sous sa trame policière captivante, « Terra Mater » déploie un riche réseau de questionnements sociaux et existentiels qui élèvent le récit bien au-delà du simple divertissement. Nicolas Nutten dissèque avec une acuité chirurgicale les mécanismes du traumatisme et ses répercussions à long terme sur la psyché humaine. À travers le personnage de Romane, hantée par une enquête passée, et les victimes marquées par des blessures anciennes, l’auteur explore comment les événements traumatiques façonnent notre rapport au monde et peuvent ressurgir des années après, tels des fossiles remontant des profondeurs terrestres.
La thématique de la filiation traverse l’œuvre comme un fil rouge incandescent, interrogeant les héritages psychologiques qui se transmettent parfois malgré nous. Les relations parent-enfant, qu’elles soient marquées par l’amour ou par la rupture, y sont disséquées dans toute leur complexité ambivalente. Nutten aborde avec une sensibilité particulière la question de la parentalité contemporaine, notamment à travers le prisme de la garde alternée et des sacrifices professionnels qu’impose la maternité à Romane.
L’auteur scrute également les dynamiques de pouvoir qui structurent les institutions, notamment policières. Les jeux d’influence, les rivalités professionnelles et les logiques hiérarchiques sont analysés sans complaisance, révélant comment ces mécanismes peuvent tantôt entraver la recherche de vérité, tantôt la catalyser. Cette radiographie sociale, d’une justesse remarquable, ancre solidement la fiction dans une réalité administrative reconnaissable qui renforce la crédibilité du propos.
Particulièrement saisissante est l’exploration du rapport entre l’humain et son environnement naturel. Le titre même, « Terra Mater », évoque cette Terre-Mère à la fois nourricière et dévoratrice, ce monde souterrain qui peut être refuge ou tombeau. À travers cette métaphore filée des profondeurs terrestres, Nutten interroge notre relation ambivalente à la nature – tantôt conquérants qui la dominent, tantôt créatures vulnérables face à son immensité immémoriale.
La question de l’obsession constitue un autre axe majeur de l’œuvre. Qu’elle prenne la forme de la quête compulsive de vérité chez Romane ou de la fixation pathologique sur le passé chez d’autres personnages, cette thématique irrigue l’ensemble du récit. Nutten explore avec finesse cette frontière ténue où la détermination bascule dans l’obsession, où la recherche légitime devient potentiellement destructrice, révélant comment nos fixations peuvent simultanément nous définir et nous consumer.
L’enchevêtrement de ces différentes couches thématiques confère à « Terra Mater » une densité remarquable qui résonne bien après la lecture. En tissant ces fils psychologiques et sociaux au cœur de son intrigue policière, Nicolas Nutten crée une œuvre qui interpelle autant qu’elle divertit. Le thriller devient ainsi un prisme à travers lequel l’auteur examine les fêlures contemporaines de notre société et de nos âmes, transformant ce qui aurait pu n’être qu’un roman de genre en une véritable exploration de la condition humaine dans toutes ses contradictions.
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« Terra Mater » dans le paysage du thriller contemporain : une voix singulière
Dans le foisonnant échiquier du thriller francophone, « Terra Mater » se démarque par une identité littéraire affirmée qui bouscule les conventions établies du genre. Nicolas Nutten y orchestre une partition narrative où résonnent les échos du polar nordique – par son atmosphère oppressante et son introspection psychologique – tout en conservant une indéniable saveur française dans son approche sociologique. Cette hybridation réussie forge une voix d’auteur immédiatement reconnaissable, qui n’imite pas mais dialogue avec les grandes tendances internationales du thriller.
L’originalité de l’œuvre s’ancre dans cette fusion inédite entre le monde souterrain des spéléologues et l’univers de l’enquête criminelle. Là où nombre d’auteurs contemporains privilégient des décors urbains standardisés, Nutten explore un territoire vierge dans la littérature policière française. Cette audace topographique s’accompagne d’une maîtrise stylistique qui transcende les écueils habituels du genre, offrant une prose ciselée où la beauté formelle ne sacrifie jamais l’efficacité narrative.
Particulièrement rafraîchissante est la façon dont l’auteur échappe au cynisme désabusé qui caractérise souvent le polar contemporain. Sans verser dans un optimisme naïf, « Terra Mater » préserve une forme d’humanisme lucide où la noirceur inhérente au crime côtoie des éclats de lumière dans les relations humaines. Cette nuance morale, servie par des personnages complexes capables d’évolution, enrichit considérablement la portée du récit et témoigne d’une maturité narrative qui force l’admiration.
La construction du suspense chez Nutten s’éloigne également des formules préétablies qui misent exclusivement sur l’accumulation de rebondissements spectaculaires. L’auteur privilégie une tension plus souterraine, plus insidieuse, qui s’infiltre progressivement dans l’esprit du lecteur à la manière d’une eau karstique pénétrant la roche calcaire. Cette approche du suspense, moins frontale mais tout aussi puissante, renouvelle brillamment les mécanismes classiques du thriller psychologique.
L’ancrage régional de l’intrigue, dans un département de l’Hérault magnifiquement évoqué, s’inscrit dans la tradition du néo-polar français tout en la réinventant. Nutten transcende le simple folklore local pour faire de ce territoire calcaire un personnage à part entière, un écosystème narratif dont les particularités géologiques et culturelles nourrissent intrinsèquement l’intrigue. Cette symbiose entre le lieu et l’action confère au roman une authenticité saisissante qui le distingue des productions standardisées.
L’émergence de cette œuvre singulière enrichit considérablement la palette du thriller hexagonal contemporain. En conjuguant innovation thématique, profondeur psychologique et maîtrise formelle, Nicolas Nutten s’impose comme une voix majeure dans un paysage littéraire en constante évolution. « Terra Mater » marque ainsi l’arrivée d’un talent dont la trajectoire créative mérite d’être suivie avec la plus grande attention, tant son approche narrative ouvre des horizons inédits dans un genre parfois menacé par ses propres conventions. Les passionnés de thriller peuvent se réjouir : une nouvelle étoile brille désormais dans le firmament du suspense français.
Mots-clés : Spéléologie, Enquête, Traumatisme, Suspense, Hérault, Maternité, Obsession
Extrait Première Page du livre
» Prologue
Juillet 2010
Sous l’œil morne d’une lune gibbeuse, un grand corbeau planait. Survolant l’étroite route sinueuse qui balafrait le flanc de la montagne, il fixait l’horizon déchiqueté par les crêtes acérées des sommets environnants. Soudain, un ronflement enfla dans le lointain, brisant la quiétude de l’instant. L’oiseau changea aussitôt de trajectoire, plongea vers les ombres de la vallée et s’y noya jusqu’à disparaître.
Au détour d’un virage, des phares mal réglés balayèrent l’obscurité qui s’étendait au-delà du parapet. Puis, les rais de lumière se reposèrent sur le mince ruban d’asphalte qui filait vers le sommet, coincé entre falaise et ravin. Tout juste sorti de l’épingle, un coup d’accélérateur nerveux fit monter le moteur dans les tours et propulsa le véhicule à l’assaut de ce nouveau tronçon.
Le conducteur serrait si fort son volant que ses phalanges semblaient y être incrustées. Une tache brune grossissait à vue d’œil sur le bandage qu’il portait à la main droite. D’ici peu, les antalgiques ne feraient plus effet. Mais peu lui importait, en aucun cas il ne pouvait ralentir l’allure.
Depuis qu’il avait attaqué la route menant au col, il savait que ses chances de réussite étaient minces. Sans compter que sa vieille bagnole pouvait le lâcher à tout moment. Le couinement strident que produisaient les freins chaque fois qu’il les actionnait l’inquiétait. Du revers de sa manche, il épongea les gouttes de sueur qui perlaient sur son front, puis il rétrograda à l’approche d’une courbe serrée.
Abordant ce passage beaucoup trop vite, son véhicule se déporta vers le précipice. Ses pneus mordirent le bas-côté et expédièrent des postillons de graviers entre les troncs des sapins. Heureusement, la perte d’adhérence fut de courte durée. Une nouvelle ligne droite fit s’affoler un instant l’aiguille du compteur de vitesse qui retomba à nouveau à l’entrée du lacet suivant. L’homme écrasa la pédale de frein. Deux flashs rouges éclaboussèrent les sous-bois. Mais une fois de plus, la mécanique tint bon.
Soulagé, le conducteur continua sa course folle et s’engouffra dans un tunnel de végétation qui s’ouvrait devant lui.
À mesure que les kilomètres défilaient, il se repassait le film de la soirée et essayait d’estimer son avance. L’avait-il déjà pris en chasse ou bien ne s’étaient-ils pas encore aperçus de son départ ? Un éclat furtif dans le rétroviseur lui hameçonna le regard. Son sang se figea. Impossible ! Sans lever le pied, il se retourna une demi-seconde, mais ne décela rien de suspect. La fatigue et la peur lui jouaient sûrement des tours. Se focalisant à nouveau sur sa conduite, il tenta de se persuader qu’il avait rêvé. Un nouveau flash de lumière attira son attention. En ajustant le miroir de sa main bandée, il vit une moto fondre sur lui. Lancés comme une balle, les deux motards le dépassèrent en le frôlant. Tandis que le passager ne cessait de le fixer au travers de sa visière, le conducteur stoppa son bolide en travers de la route à quelques dizaines de mètres, lui barrant le passage.
La première idée qui lui vint à l’esprit fut de foncer dans le tas en priant pour que son épave tienne le choc. S’il visait correctement, il écraserait leur moto et pourrait blesser grièvement l’un des deux, peut-être même le tuer. Il entendait déjà le bruit mat des rotules brisées sur la calandre. La tête casquée qui percute le pare-brise en le fissurant. Et le corps qui roule sur le toit jusqu’à retomber inerte sur le bitume. Oui, c’était la seule solution pour ne pas y rester. Il se mordit la lèvre jusqu’au sang, s’agrippa au volant et s’arc-bouta sur son siège pour se préparer à l’impact. Mais quand il vit le passager de la moto mettre pied à terre et braquer un pistolet-mitrailleur dans sa direction, il sut qu’il n’avait aucune chance. Il serait criblé de plomb avant même de les avoir atteints.
Comme un animal sauvage traqué jusqu’à l’épuisement, le véhicule finit par s’arrêter. Seuls les claquements de la tôle du pot d’échappement et la soufflerie du moteur osaient troubler le silence pesant qui venait de s’abattre sur cette petite route de montagne.
Du bout de son arme, le motard lui intima l’ordre de sortir de l’habitacle. Il s’exécuta, les mains bien en évidence et sans geste brusque.
– Tu allais où comme ça, pendejo ?
La bouche sèche, le cœur tambourinant dans sa poitrine à lui en exploser les côtes, il chercha un moyen de calmer la situation. Même si la gueule noire du canon lui disait de la fermer, il tenta de se justifier.
– Attendez ! implora-t-il en reculant de quelques pas. Attendez, je… je ne parlerai «
- Titre : Terra Mater
- Auteur : Nicolas Nutten
- Éditeur : Éditions Prisma
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2023
Résumé
Erwan et Tony, deux amis passionnés de sports extrêmes, testent une nouvelle application de géocaching qui les amène à explorer une grotte inconnue. Là, une découverte tragique va marquer le point de départ d’une nouvelle partie de jeu terrifiante.
De son côté, la lieutenante Romane Delmiez, dont la carrière stagne, est affectée à une nouvelle enquête pour homicide. Si la jeune femme s’empresse d’accepter la mission, y voyant une opportunité de s’échapper de la routine quotidienne, elle était loin d’imaginer les sombres révélations de cette affaire qui l’amèneront à douter de tous… y compris d’elle-même.
Un jeu dangereux, des secrets bien enfouis : un thriller captivant où le passé risque bien de resurgir des profondeurs de la Terre..
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Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.