L’auteur et son univers : présentation d’Alexis Laipsker
Alexis Laipsker s’est imposé comme une voix singulière dans le paysage du thriller psychologique français contemporain. Auteur aux multiples facettes, il a conquis les lecteurs grâce à sa plume incisive et son imagination foisonnante qui plonge sans concession dans les méandres les plus sombres de l’âme humaine.
Avec « À couper le souffle », son sixième roman, Laipsker poursuit l’exploration des terreurs primales qui nous habitent tous. Cette œuvre s’inscrit dans la continuité de ses précédents succès comme « Les Poupées », « Hurlements » ou « D’entre les morts », confirmant son talent pour créer des univers aussi fascinants qu’effrayants.
La particularité de Laipsker réside dans sa capacité à tisser des intrigues complexes qui sondent nos peurs les plus profondes. En abordant dans ce nouveau roman le thème de l’enfermement et de la claustrophobie, il touche à une angoisse universelle tout en proposant un récit parfaitement ancré dans notre époque.
L’auteur excelle particulièrement dans l’art de créer des personnages à la psychologie travaillée. Ses protagonistes, souvent abîmés par la vie, portent des blessures qui résonnent avec une profonde humanité malgré les situations extrêmes qu’ils traversent, comme en témoigne le commissaire Venturi dans « À couper le souffle ».
Son style, direct et nerveux, se caractérise par une narration tendue qui ne laisse aucun répit au lecteur. Les dialogues percutants et les descriptions d’une précision chirurgicale témoignent d’un souci constant d’immersion dans l’univers glaçant qu’il construit avec méticulosité.
La marque distinctive de l’œuvre de Laipsker se manifeste dans cet équilibre subtil entre angoisse psychologique et réalisme social. En explorant les zones d’ombre de notre société à travers le prisme du thriller, l’écrivain démontre une fois encore avec « À couper le souffle » pourquoi il figure parmi les talents les plus prometteurs de la littérature noire française actuelle.
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Le concept glaçant : l’enterrement des vivants comme moteur narratif
« À couper le souffle » s’articule autour d’un concept aussi universel que terrifiant : la peur d’être enterré vivant. Alexis Laipsker exploite cette angoisse primale avec une redoutable efficacité, transformant cette crainte viscérale en un moteur narratif implacable qui maintient le lecteur dans un état de tension permanente.
Ce qui rend l’approche de l’auteur particulièrement saisissante est la dimension temporelle qu’il introduit dans son récit. Les victimes ont exactement dix-sept heures d’oxygène devant elles – un compte à rebours précis qui installe une course contre la montre angoissante et donne tout son sens au titre de l’ouvrage.
La claustrophobie devient alors un personnage à part entière du roman. Les passages décrivant l’enfermement des victimes, leur respiration qui s’accélère, leurs ongles qui s’arrachent contre la pierre froide, constituent des moments d’une intensité rare qui plongent le lecteur dans un malaise profond et viscéral.
Laipsker ne se contente pas d’exploiter cette peur comme un simple ressort de suspense. Il l’utilise comme une métaphore puissante de notre condition humaine, confrontée à l’inéluctabilité de la mort et à l’angoisse existentielle de la solitude ultime qui nous attend tous.
Le rythme haletant du récit épouse parfaitement cette thématique de l’asphyxie progressive. La structure du roman, avec ses chapitres courts et ses alternances de points de vue, crée un effet de souffle court qui fait écho à la situation des personnages emprisonnés sous terre, renforçant l’immersion du lecteur dans cette expérience littéraire suffocante.
L’originalité de « À couper le souffle » réside dans cette façon dont l’auteur transcende le simple effet de terreur pour en faire le cœur battant de son intrigue. En transformant cette peur ancestrale en une mécanique narrative sophistiquée, Laipsker signe un thriller psychologique qui s’inscrit dans notre inconscient collectif tout en renouvelant les codes du genre avec une maestria remarquable.
Une galerie de personnages marquants : Venturi, Menthe à l’eau et compagnie
L’une des grandes forces de « À couper le souffle » réside dans sa galerie de personnages profondément humains et mémorables. Au premier plan se détache le commissaire Victor Venturi, surnommé « le Cow-Boy », un flic à l’ancienne dont la rudesse apparente masque une sensibilité à vif, particulièrement mise à l’épreuve lorsque sa propre fille devient la cible du tueur surnommé « le Fossoyeur ».
Face à lui, Olivia Montalvert, alias « Menthe à l’eau », incarne une approche radicalement différente de l’enquête criminelle. Psychocriminologue brillante mais constamment en proie au doute, elle apporte une dimension analytique et empathique qui contraste admirablement avec les méthodes plus directes de Venturi, créant ainsi une dynamique riche en tensions créatives.
Le commandant Daniel Sarkissian complète ce trio d’enquêteurs avec élégance – littéralement, puisque ses costumes impeccables sont un élément récurrent de sa caractérisation. Jeune, ambitieux et méthodique, il représente une nouvelle génération de policiers, pris entre les méthodes traditionnelles de Venturi et l’approche plus moderne et scientifique.
Laipsker excelle également dans la caractérisation des personnages secondaires, comme Elisabeth Guardiano, flic marquée par un passé douloureux, ou encore le mystérieux Vampire, figure du milieu interlope dont l’aide s’avère aussi précieuse que dangereuse pour Venturi, rappelant que les frontières entre le bien et le mal sont parfois poreuses.
Les victimes du « Fossoyeur » ne sont pas réduites à de simples corps sans vie. L’auteur leur confère une véritable épaisseur psychologique, notamment à travers les passages où nous suivons leur terrible épreuve souterraine. Emma Venturi, la fille du commissaire, devient ainsi un personnage à part entière, dont les pensées et les émotions nous parviennent dans toute leur intensité.
La réussite du roman tient beaucoup à cette architecture humaine soigneusement construite. En tissant des liens complexes entre des personnages aux motivations profondes et parfois contradictoires, Alexis Laipsker crée un univers crédible où chaque protagoniste porte en lui une part d’ombre et de lumière, reflétant avec justesse la complexité de la nature humaine face à l’horreur.
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La structure narrative : un suspense à couper le souffle
La construction narrative de « À couper le souffle » constitue l’un des points forts de l’œuvre d’Alexis Laipsker. Le roman adopte une structure particulièrement efficace, alternant différents points de vue qui s’entremêlent et se répondent, créant ainsi un rythme haletant qui ne laisse aucun répit au lecteur. L’auteur maîtrise parfaitement l’art du timing, distillant les informations avec parcimonie pour maintenir la tension.
Le compte à rebours implacable des dix-sept heures d’oxygène disponibles pour chaque victime donne au récit une dimension temporelle angoissante. Cette contrainte temporelle, omniprésente, transforme chaque chapitre en une course contre la montre où la moindre seconde perdue rapproche inexorablement Emma Venturi de son dernier souffle, amplifiant ainsi l’urgence de l’enquête.
Les chapitres courts et incisifs contribuent à l’accélération du rythme narratif. Laipsker excelle dans l’art de couper ses scènes au moment le plus crucial, utilisant des cliffhangers redoutables qui nous poussent irrésistiblement à tourner la page. Cette technique de découpage rappelle celle du montage cinématographique, conférant au récit une dimension visuelle saisissante.
Particulièrement remarquables sont les passages écrits en italique qui nous plongent directement dans l’esprit des victimes enterrées. Ces incursions dans la conscience torturée des personnages emprisonnés créent des moments d’une intensité psychologique rare, offrant un contrepoint terrifiant à l’enquête policière et renforçant l’identification émotionnelle du lecteur.
La narration joue également sur les fausses pistes et les révélations progressives, tenant le lecteur constamment en haleine. Laipsker manipule avec brio nos attentes, nous guidant parfois vers des conclusions erronées avant de retourner complètement la situation, créant ainsi des moments de stupéfaction qui renouvellent sans cesse l’intérêt pour l’intrigue.
À cette architecture narrative complexe s’ajoute une maîtrise du langage qui sert parfaitement le propos. Les phrases courtes et percutantes dans les moments d’action contrastent avec des descriptions plus élaborées des états psychologiques, créant une partition littéraire où le rythme épouse constamment le contenu. Cette symphonie narrative fait de « À couper le souffle » une expérience de lecture immersive qui captive de la première à la dernière page.
Les thématiques fortes : rapport au temps, angoisse de l’enfermement
Au-delà de son intrigue captivante, « À couper le souffle » explore plusieurs thématiques universelles qui donnent au roman sa profondeur particulière. La plus prégnante est sans doute le rapport au temps qui devient, dans ce récit, à la fois un ennemi impitoyable et un élément structurant fondamental. Les dix-sept heures d’oxygène accordées aux victimes transforment chaque minute en une unité précieuse et dramatique que les protagonistes tentent désespérément de maîtriser.
L’angoisse de l’enfermement constitue l’autre pilier thématique majeur de l’œuvre. Laipsker sonde avec une acuité remarquable les effets psychologiques de la claustrophobie poussée à son paroxysme. Les passages décrivant les pensées et sensations des victimes enterrées vivantes touchent à une peur primale enfouie dans l’inconscient collectif, celle d’être prisonnier d’un espace clos sans échappatoire.
La filiation et les relations père-fille occupent également une place centrale dans le roman. À travers le personnage de Victor Venturi, confronté à l’enlèvement de sa fille Emma, l’auteur explore les dynamiques complexes entre protection et liberté, connaissance et secrets. La découverte progressive par Venturi d’aspects insoupçonnés de la vie de sa fille ajoute une dimension poignante à sa quête effrénée pour la sauver.
Le roman interroge également la notion de contrôle, tant au niveau individuel qu’institutionnel. Les enquêteurs, malgré leurs compétences et leur détermination, se heurtent constamment aux limites de leur pouvoir face à un criminel méthodique. Cette impuissance relative fait écho à celle des victimes, créant un parallèle subtil entre différentes formes d’enfermement – physique pour les uns, circonstanciel pour les autres.
La temporalité narrative elle-même devient un thème à part entière. L’alternance entre des chapitres consacrés à l’enquête et ceux narrant l’expérience des victimes crée un jeu complexe d’anticipation et de rétrospection. Le lecteur, pris dans cet entrelacement temporel, fait l’expérience directe de l’angoisse liée à l’écoulement inexorable du temps et de l’urgence qui en découle.
L’exploration thématique ne s’arrête pas aux aspects les plus évidents du récit. Par touches subtiles, Laipsker aborde également la question de la mémoire traumatique et de ses effets sur la psyché humaine. Cette profondeur thématique fait de « À couper le souffle » bien plus qu’un simple thriller – une véritable méditation sur nos vulnérabilités les plus fondamentales face au temps qui passe et aux espaces qui nous emprisonnent.
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Une immersion dans le thriller psychologique français
« À couper le souffle » s’inscrit avec brio dans la tradition du thriller psychologique français tout en apportant sa touche singulière au genre. Alexis Laipsker maîtrise parfaitement les codes de cette catégorie littéraire qui privilégie l’exploration des psychés tourmentées plutôt que la simple résolution d’une énigme criminelle. Le roman plonge le lecteur dans les abysses de l’esprit humain, tant celui des enquêteurs que des victimes et du criminel.
La particularité de l’approche de Laipsker réside dans sa façon d’allier l’analyse psychologique fine à un rythme narratif soutenu. Là où certains thrillers psychologiques peuvent parfois s’enliser dans des introspections contemplatives, « À couper le souffle » maintient une tension constante tout en développant la profondeur de ses personnages, créant ainsi une expérience de lecture immersive et haletante.
Le roman excelle particulièrement dans sa représentation des mécanismes de la peur et de l’angoisse. L’auteur dissèque avec une précision chirurgicale les étapes progressives de la détresse psychologique des victimes enterrées vivantes, de la panique initiale à la résignation, en passant par les tentatives désespérées de rationalisation. Cette cartographie de la terreur constitue l’une des réussites majeures de l’œuvre.
La dimension sociale n’est pas absente de ce thriller psychologique. À travers la figure du commissaire Venturi, homme d’une génération plus ancienne confronté à des méthodes modernes d’investigation, Laipsker pointe subtilement les évolutions de la société française et de ses institutions. Cette contextualisation ancre solidement le récit dans une réalité contemporaine qui renforce sa crédibilité.
Le style d’écriture contribue largement à l’efficacité psychologique du roman. Les phrases courtes et percutantes dans les moments de tension, les descriptions sensorielles minutieuses lors des passages d’enfermement, l’utilisation judicieuse des silences et des non-dits créent une prose qui épouse parfaitement les états émotionnels qu’elle cherche à transmettre au lecteur.
La force de « À couper le souffle » dans le paysage du thriller psychologique français tient aussi à sa capacité à brouiller les frontières entre le bien et le mal. Aucun personnage n’est totalement vertueux ou entièrement maléfique, chacun portant ses zones d’ombre et de lumière. Cette complexité morale, servie par une intrigue implacable, fait du roman une œuvre qui résonne bien au-delà de sa lecture, interrogeant notre propre rapport à la peur, au temps et aux autres.
La place du roman dans le paysage du polar contemporain
« À couper le souffle » s’inscrit avec force dans un paysage littéraire français où le polar connaît un renouveau remarquable. Alexis Laipsker fait partie de cette nouvelle génération d’auteurs qui, tout en respectant les codes du genre, n’hésitent pas à les bousculer pour proposer des œuvres ambitieuses tant sur le fond que sur la forme. Son travail s’inscrit dans la lignée des grands noms du thriller psychologique français tout en affirmant une voix singulière et reconnaissable.
Le roman se distingue par son équilibre parfait entre tension narrative et profondeur psychologique. Là où certains thrillers contemporains misent tout sur l’action ou, à l’inverse, sur l’analyse introspective, Laipsker réussit le pari difficile de maintenir ces deux dimensions en parfaite symbiose. Cette approche hybride contribue à élargir les frontières du polar français en démontrant qu’exigence littéraire et efficacité narrative peuvent cohabiter.
Dans un contexte où le polar nordique a longtemps dominé les rayons des librairies, « À couper le souffle » affirme avec force la vitalité du thriller hexagonal. Loin des clichés sur le roman noir français parfois jugé trop intellectuel ou sociologique, l’œuvre de Laipsker prouve qu’il est possible de créer une littérature de genre authentiquement française qui ne cède rien en intensité aux productions anglo-saxonnes ou scandinaves.
Le traitement du tueur en série dans « À couper le souffle » mérite également d’être souligné pour son originalité. Sans tomber dans le sensationnalisme gratuit qui caractérise parfois cette figure récurrente du thriller, Laipsker parvient à renouveler ce topos en lui conférant une dimension psychologique complexe. La méticulosité presque maniaque du « Fossoyeur » et le concept des dix-sept heures d’oxygène apportent une fraîcheur bienvenue à cette figure archétypale.
Le roman s’inscrit également dans une tendance contemporaine qui voit le polar français s’ouvrir davantage aux approches pluridisciplinaires. En intégrant des éléments de psychologie criminelle à travers le personnage de Menthe à l’eau, Laipsker témoigne de cette évolution du genre qui, sans renoncer à ses racines, s’enrichit de perspectives nouvelles pour mieux comprendre et dépeindre les mécanismes du crime et de l’enquête.
L’empreinte singulière de « À couper le souffle » sur le paysage du polar contemporain se manifeste ultimement dans sa capacité à transcender les frontières du genre. Par la puissance universelle de ses thématiques – l’enfermement, la relation père-fille, la course contre le temps – le roman touche un public bien plus large que les seuls amateurs de littérature noire. Cette capacité à parler à des lecteurs aux profils variés tout en conservant une identité forte illustre parfaitement la maturité atteinte par le thriller français contemporain, dont Alexis Laipsker s’affirme comme l’un des représentants les plus talentueux.
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Pourquoi « À couper le souffle » mérite sa place dans votre bibliothèque
Au terme de cette analyse, il apparaît clairement que « À couper le souffle » s’impose comme une œuvre marquante dans la bibliographie d’Alexis Laipsker et dans le paysage du thriller psychologique français. La puissance de son concept narratif – l’enterrement de victimes disposant d’exactement dix-sept heures d’oxygène – crée une tension permanente qui ne faiblit jamais, maintenant le lecteur dans un état d’alerte constant de la première à la dernière page.
La richesse psychologique des personnages constitue un autre atout majeur du roman. Victor Venturi, Olivia Montalvert et Daniel Sarkissian forment un trio d’enquêteurs aux approches complémentaires qui transcendent les archétypes habituels du genre. Les passages consacrés aux victimes emprisonnées, particulièrement Emma Venturi, atteignent quant à eux une intensité émotionnelle rare qui nous confronte à nos peurs les plus primitives.
L’architecture narrative du livre témoigne d’une maîtrise impressionnante du rythme et des effets de suspense. Alternant habilement entre différents points de vue et temporalités, Laipsker orchestre une symphonie de tensions où chaque chapitre devient un mouvement essentiel à l’ensemble. Cette construction méticuleuse transforme la lecture en une expérience immersive dont on ressort littéralement essoufflé.
La profondeur thématique de l’œuvre lui confère une résonance qui dépasse largement le cadre du simple divertissement. En explorant notre rapport au temps, l’angoisse de l’enfermement ou encore la complexité des relations familiales, « À couper le souffle » nous invite à une réflexion sur nos propres vulnérabilités et sur la fragilité de l’existence humaine, tout en nous offrant le frisson d’une intrigue parfaitement maîtrisée.
L’écriture de Laipsker, à la fois percutante et précise, sensible et incisive, constitue la clé de voûte de cette réussite littéraire. Son style dépouillé lors des scènes d’action contraste magnifiquement avec les descriptions plus élaborées des états psychologiques, créant une prose qui s’adapte parfaitement aux exigences de chaque moment du récit.
Ce thriller exceptionnel mérite amplement de figurer dans la bibliothèque de tout amateur de littérature noire. Par son intelligence narrative, sa profondeur psychologique et son intensité émotionnelle, « À couper le souffle » représente ce que le genre peut offrir de meilleur – une lecture captivante qui, tout en nous divertissant, nous confronte à nos peurs les plus intimes et à notre humanité fondamentale. Une fois refermé, ce roman continue de résonner longtemps dans l’esprit, preuve indéniable de sa réussite artistique.
Mots-clés : Enterrement vivant, Thriller psychologique, Claustrophobie, Compte-à-rebours, Relation père-fille, Policier français, Angoisse existentielle
Extrait Première Page du livre
» – 1 –
Le souffle court, il puisait dans ses toutes dernières forces pour tenter de s’extirper de son sarcophage. C’était un geste désespéré, de ceux que l’on fait sans plus y croire, parce que c’était la dernière chance, l’ultime combat. Parce que ne rien tenter aurait signifié abandonner. Donc mourir.
Enterré vivant.
Chaque seconde de cet abominable supplice avait été une souffrance. Il avait d’abord découvert l’obscurité. Profonde, totale. Cette noirceur absolue, si avare, si impitoyable qu’elle ne lui accordait pas la moindre particule de lumière. Puis l’exiguïté, bien sûr. Tout son univers se trouvait soudain réduit à ce minuscule espace, sous terre. Il avait gesticulé, il avait frappé chaque paroi, moins dans l’espoir de la briser que par révolte. Par peur, aussi, bien sûr. Cette terreur irrationnelle de se retrouver encerclé. Bloqué, coincé. La claustrophobie, cette bête imaginaire, l’étranglait de ses mains de ténèbres. Il la combattait maladroitement, comme un boxeur qui sent le match lui échapper et qui attend que la cloche le délivre. Il multipliait les coups au hasard, et ne s’arrêta qu’à bout de forces, les phalanges en sang.
Mais, de toutes les tortures qu’il avait subies depuis qu’il était là, la plus éprouvante, la plus insupportable, c’était le silence. Cette absence de tout, qui décuplait chaque sanglot, chaque pleurnicherie. Car c’était le témoignage de sa propre fébrilité. L’homélie de son trépas. Ou plutôt, non, c’était le son, au contraire. Le bruit infâme de sa propre respiration, de ses articulations, du raclement de sa peau contre la pierre. De ses poumons qui s’emplissaient et se vidaient, de son cœur qui pulsait, comme le tic-tac d’un compte à rebours fatal.
Entre ses quatre murs, il apprenait peu à peu à se détester pour son impuissance et sa fragilité. Il s’était parlé. À lui-même. Pour ne rien dire. Simplement pour faire taire le silence. Aussi parce qu’il basculait lentement vers la folie. «
- Titre : À couper le souffle
- Auteur : Alexis Laipsker
- Éditeur : Éditions Michel Lafon
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2025
Résumé
Le nouveau thriller événement d’Alexis Laipsker !
Sous terre, personne ne vous entendra crier
Enlevée. Séquestrée.
Enterrée vivante.
Elle n’a que dix-sept heures à vivre.
Le commissaire Venturi est sur le fil du rasoir.
Plus que jamais. Car c’est sa fille.
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Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.