Introduction à « Hurlements » et à l’univers d’Alexis Laipsker
« Hurlements » est l’avant-dernier roman d’Alexis Laipsker, auteur français de thrillers policiers. Publié en 2023 aux éditions Michel Lafon, ce livre nous plonge une fois de plus dans un univers sombre et oppressant, où le suspense et l’horreur se mêlent habilement pour captiver le lecteur jusqu’à la dernière page. Son dernier roman en date, « D’entre les morts », paru en 2024, confirme sa place de choix dans le paysage du thriller français.
Alexis Laipsker n’en est pas à son coup d’essai. Depuis son premier roman « Et avec votre esprit » paru en 2020, il a su se faire une place dans le paysage du thriller français. Son écriture efficace, ses intrigues bien ficelées et ses personnages complexes sont devenus sa marque de fabrique. « Le Mangeur d’âmes » (2021) et « Les Poupées » (2022) ont confirmé son talent et sa capacité à créer des univers angoissants qui happent le lecteur.
Avec « Hurlements », Alexis Laipsker nous entraîne dans une nouvelle enquête du commissaire Venturi et de sa partenaire, la criminologue Olivia Montalvert. Ce duo atypique et complémentaire, déjà présent dans « Les Poupées », doit faire face à un tueur en série particulièrement retors et cruel. L’intrigue se déroule dans un Paris sombre et inquiétant, où chaque recoin semble dissimuler une menace.
Au fil des pages, l’auteur nous immerge dans les méandres de l’esprit criminel, explorant les motivations et les pulsions de ce tueur au masque de diable. La psychologie des personnages est finement travaillée, donnant une profondeur et une crédibilité à chacun d’entre eux. Les victimes ne sont pas de simples faire-valoir, mais des êtres humains avec leurs failles et leurs histoires, ce qui rend leur sort d’autant plus poignant.
« Hurlements » est un roman qui se dévore d’une traite, tant l’intrigue est prenante et le rythme soutenu. Alexis Laipsker maîtrise l’art du suspense et sait ménager ses effets pour tenir le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final. Son écriture ciselée, parfois crue mais toujours juste, sert admirablement l’atmosphère oppressante du récit.
Ce nouveau roman confirme le talent d’Alexis Laipsker et sa place de choix dans le paysage du thriller français. « Hurlements » est une lecture intense et dérangeante, qui ne laissera personne indifférent. Un must pour tous les amateurs du genre, qui apprécieront cette plongée dans les ténèbres de l’âme humaine.
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Le commissaire Venturi : un flic atypique et attachant
Le commissaire Victor Venturi, personnage central de « Hurlements », est un flic qui sort des sentiers battus. Surnommé le « Cow-boy », il incarne à la fois la figure classique du policier bourru et désabusé, mais aussi celle d’un homme profondément humain, avec ses failles et ses contradictions. C’est cette complexité qui le rend si attachant et crédible aux yeux du lecteur.
Venturi est un homme d’action, un enquêteur tenace et obstiné qui ne recule devant rien pour résoudre ses enquêtes. Son expérience du terrain, forgée par des années passées à traquer les pires criminels, lui a donné une intuition et un flair hors du commun. Il n’hésite pas à bousculer les conventions et à s’affranchir des protocoles quand la situation l’exige, quitte à s’attirer les foudres de sa hiérarchie.
Mais derrière cette façade de dur à cuire se cache un être blessé, marqué par les horreurs qu’il a vues et les drames qu’il a vécus. Venturi porte en lui une profonde humanité, une empathie pour les victimes qui le pousse à se dépasser et à aller au bout de ses enquêtes. Son sens de la justice est inébranlable, même s’il doit parfois composer avec les zones grises de la morale.
Ce qui rend Venturi si attachant, c’est aussi sa relation avec sa partenaire, Olivia Montalvert. Malgré leurs différences, ils forment un duo complémentaire et efficace, uni par un respect mutuel et une confiance inébranlable. Les dialogues entre ces deux personnages, souvent empreints d’humour et de second degré, apportent une touche de légèreté bienvenue dans cet univers sombre.
Au fil des pages, le lecteur découvre un Venturi plus nuancé, loin des stéréotypes du genre. Ses doutes, ses fêlures, ses moments de découragement en font un personnage profondément humain, auquel il est facile de s’identifier. Son évolution tout au long du roman, sa façon de surmonter ses démons intérieurs pour mener à bien sa mission, en font un héros moderne et inspirant.
Le commissaire Venturi est indéniablement l’un des points forts de « Hurlements ». Par sa complexité et son humanité, il incarne à merveille la figure du flic atypique et attachant, qui marque durablement l’esprit du lecteur. Un personnage fort et mémorable, qui contribue grandement à la réussite de ce thriller haletant.
Olivia Montalvert, la criminologue : un duo d’enquêteurs complémentaires
Dans « Hurlements », Olivia Montalvert, la criminologue surnommée « Menthe-à-l’eau », forme avec le commissaire Venturi un duo d’enquêteurs aussi improbable qu’efficace. Si Venturi est l’homme de terrain, celui qui avance à l’instinct, Olivia est la scientifique, celle qui analyse et décortique les indices. Ensemble, ils se complètent et se challengent, repoussant leurs limites pour résoudre les enquêtes les plus complexes.
Olivia Montalvert est un personnage fascinant, une femme brillante et déterminée qui s’est imposée dans un milieu majoritairement masculin. Sa formation de psychologue et de criminologue lui permet de plonger dans les méandres de l’esprit criminel, de comprendre les motivations et les pulsions des tueurs. Elle apporte un éclairage précieux à l’enquête, une expertise scientifique qui vient compléter l’instinct de Venturi.
Mais Olivia n’est pas cantonnée à un rôle de support. C’est une femme d’action, courageuse et impliquée, qui n’hésite pas à se mettre en danger pour faire avancer l’enquête. Sa ténacité et sa résilience forcent le respect, notamment lorsqu’elle doit faire face à ses propres démons après avoir été agressée par le tueur au masque de diable. Cette épreuve, loin de la briser, la renforce dans sa détermination à traquer le criminel.
La relation entre Olivia et Venturi est l’un des points forts du roman. Leur complicité, faite de respect mutuel et de taquineries, apporte une touche d’humour et de légèreté dans cet univers sombre. Ils se comprennent sans se parler, se soutiennent dans les moments difficiles. Leur duo atypique, entre la jeune scientifique et le vieux flic, le « Cow-boy » et « Menthe-à-l’eau », fonctionne à merveille et donne une dynamique unique à l’enquête.
Au-delà de ses compétences professionnelles, Olivia Montalvert est un personnage attachant par son humanité et sa fragilité. Derrière la façade de la femme forte et déterminée se cache un être sensible, profondément affecté par les horreurs qu’elle côtoie. Sa capacité à surmonter ses traumatismes, à puiser dans ses failles une force nouvelle, en fait un personnage inspirant et résolument moderne.
Olivia Montalvert est indéniablement l’un des atouts de « Hurlements ». Par sa complémentarité avec Venturi, elle forme un duo d’enquêteurs mémorable qui dynamise le récit et renforce l’implication émotionnelle du lecteur. Un personnage fort et nuancé, qui prouve que dans le monde du thriller, les héroïnes ont plus que jamais leur place aux côtés des héros.
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Une plongée dans les méandres de l’esprit criminel
« Hurlements » n’est pas seulement un thriller policier haletant, c’est aussi une véritable plongée dans les méandres de l’esprit criminel. Alexis Laipsker ne se contente pas de nous présenter un tueur en série ordinaire, il nous entraîne dans les tréfonds de la psyché d’un être déséquilibré, explorant avec une précision chirurgicale les rouages de sa folie meurtrière.
Au fil des pages, le lecteur est confronté à la personnalité complexe et trouble du tueur au masque de diable. L’auteur parvient à rendre palpable sa présence, à faire ressentir la tension et la peur qu’il inspire à ses victimes. Les scènes de torture, bien que difficiles à lire par leur violence crue, sont essentielles pour comprendre la nature profonde de ce prédateur. Elles révèlent un être sadique, qui tire sa jouissance de la souffrance qu’il inflige, un manipulateur qui se délecte de la terreur qu’il provoque.
Mais Alexis Laipsker ne se limite pas à une description superficielle de la monstruosité. Il s’attache à explorer les origines de cette folie, les événements et les traumatismes qui ont pu façonner cet esprit malade. Sans jamais chercher à excuser l’inexcusable, il offre des clés de compréhension, des indices sur les motivations profondes de ce tueur hors norme. C’est là toute la force de son écriture : rendre le monstre humain, sans pour autant atténuer l’horreur de ses actes.
Cette plongée dans l’esprit criminel est aussi l’occasion d’explorer les limites de la psyché humaine. À travers les personnages de Venturi et Montalvert, le lecteur est confronté à l’impact que peut avoir une telle enquête sur ceux qui la mènent. La traque d’un tueur en série n’est pas sans conséquence, elle laisse des traces, des cicatrices invisibles. En explorant les doutes, les peurs et les fêlures de ses héros, Alexis Laipsker rappelle que face à la monstruosité, personne ne sort indemne.
« Hurlements » est un roman qui dérange, qui bouscule, qui ne laisse pas indifférent. Par sa capacité à explorer les recoins les plus sombres de l’âme humaine, il offre une expérience de lecture intense et viscérale. Cette plongée dans les méandres de l’esprit criminel, aussi dérangeante soit-elle, est une clé essentielle pour comprendre la force de ce thriller. Un voyage au cœur des ténèbres, qui marque durablement et interroge sur la part d’ombre qui sommeille en chacun de nous.
La course contre la montre pour sauver les victimes
« Hurlements » est un roman qui se dévore d’une traite, porté par un suspense haletant et une tension constante. Car au cœur de l’intrigue se joue une véritable course contre la montre pour sauver les victimes du tueur au masque de diable. Chaque minute compte, chaque faux pas peut être fatal, et cette urgence imprègne chaque page, chaque chapitre du livre.
Dès les premières lignes, le lecteur est plongé dans cette atmosphère oppressante, cette angoisse sourde qui ne le quittera plus jusqu’au dénouement final. Les disparitions des cinq femmes, les révélations sur les horreurs qu’elles subissent, tout concourt à créer un sentiment d’urgence, une nécessité vitale de les retrouver avant qu’il ne soit trop tard. Alexis Laipsker excelle dans l’art de maintenir cette tension, de faire monter la pression au fil des pages.
Cette course contre la montre est incarnée par les personnages de Venturi et Montalvert, qui se lancent corps et âme dans l’enquête. Leur détermination, leur acharnement à suivre la moindre piste, la moindre intuition, renforce l’implication émotionnelle du lecteur. On vibre avec eux, on espère avec eux, on craint avec eux. Chaque rebondissement, chaque découverte est une étape de plus vers la vérité, mais aussi un pas de plus vers le danger.
Car le tueur n’est jamais loin, toujours tapi dans l’ombre, prêt à frapper. Sa présence fantomatique plane sur tout le roman, ajoutant à la tension ambiante. Les passages décrivant les tortures infligées aux victimes, bien que difficiles à lire, sont essentiels pour comprendre l’horreur de la situation et l’urgence de les secourir. Alexis Laipsker ne tombe jamais dans le voyeurisme gratuit, mais utilise ces scènes pour renforcer l’enjeu émotionnel de l’enquête.
Au fil des pages, la course s’accélère, les pistes se brouillent, les fausses pistes se multiplient. Le lecteur, tout comme les enquêteurs, se retrouve pris dans un labyrinthe d’indices contradictoires, de révélations trompeuses. Cette construction habile du suspense maintient l’intérêt et l’engagement jusqu’aux dernières pages, jusqu’au twist final qui vient tout bouleverser.
Cette course contre la montre pour sauver les victimes est le moteur de « Hurlements », le fil rouge qui donne au roman son rythme effréné et son intensité émotionnelle. Par sa maîtrise des codes du thriller, Alexis Laipsker parvient à créer une expérience de lecture immersive et addictive, où chaque page tournée est un pas de plus vers la vérité, mais aussi vers le danger. Un suspense haletant qui ne laisse pas le lecteur indemne et s’inscrit durablement dans son esprit.
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Les personnages secondaires : des destins brisés qui nourrissent l’intrigue
Dans « Hurlements », les personnages secondaires ne sont pas de simples figurants, des faire-valoir destinés à mettre en avant les héros. Ils sont au contraire des éléments clés de l’intrigue, des êtres de chair et de sang dont les destins brisés viennent nourrir le récit et lui donner une profondeur émotionnelle. Alexis Laipsker a su créer une galerie de portraits saisissants, des victimes aux proches en passant par les témoins, qui incarnent chacun à leur manière les conséquences terribles de la folie meurtrière.
Les victimes du tueur au masque de diable sont au cœur de cette humanité souffrante. Sabrina Liamant, Tatiana Garjana, Karla Hyle, Hélène Voy, Amandine Gaudot : chacune de ces femmes a une histoire, une vie, des rêves qui lui sont propres. Elles ne sont pas interchangeables, mais au contraire uniques et irremplaçables. En leur donnant une épaisseur, une identité, Alexis Laipsker rend leur sort d’autant plus poignant et insoutenable. Leur calvaire, décrit avec une précision chirurgicale, prend une dimension terriblement réelle et tangible.
Mais la souffrance ne s’arrête pas aux victimes directes. Elle se répercute, comme une onde de choc, sur tous ceux qui les entourent. Les proches, les parents, les amis sont eux aussi des victimes collatérales, confrontés à l’absence, à l’incertitude, à l’horreur indicible. Le portrait d’Emmanuel Forbach, le compagnon de Katia Hyle, est à cet égard saisissant. Son désespoir, sa colère, son impuissance face à la disparition de sa compagne enceinte sont autant de blessures qui viennent s’ajouter à la tragédie.
Les témoins, également, ne sortent pas indemnes de cette plongée dans l’horreur. La voisine du théâtre, avec son regard énigmatique et ses révélations troublantes, incarne cette part d’ombre qui sommeille en chacun de nous, cette fascination morbide pour le mal. Le portrait qu’en fait Alexis Laipsker, tout en nuances et en non-dits, ajoute une dimension supplémentaire à l’intrigue, une ambiguïté dérangeante qui vient perturber les certitudes.
Même les personnages a priori plus anecdotiques, comme la gardienne de la paix Océane Angevin, prennent une épaisseur inattendue. Par petites touches, Alexis Laipsker esquisse des parcours de vie, des aspirations, des doutes qui donnent à chacun une humanité vibrante. Ces destins croisés, ces existences fracassées par la violence, forment une mosaïque poignante qui donne toute sa force au récit.
Car c’est bien là la grande force de « Hurlements » : sa capacité à ne jamais perdre de vue l’humain derrière l’enquête. En donnant une telle importance aux personnages secondaires, en explorant leurs blessures et leurs espoirs, Alexis Laipsker rappelle que chaque vie est unique et précieuse. Une leçon d’humanité qui, au-delà du suspense et de l’horreur, fait de ce thriller un roman profondément touchant et inoubliable.
Une écriture efficace au service du suspense et de l’horreur
L’une des grandes forces de « Hurlements » réside incontestablement dans l’écriture d’Alexis Laipsker. Incisive, nerveuse, parfaitement maîtrisée, elle se met tout entière au service du suspense et de l’horreur, pour créer une expérience de lecture intense et viscérale. Chaque mot, chaque phrase semble choisi avec soin pour maintenir la tension, pour faire monter crescendo l’angoisse et la peur jusqu’au dénouement final.
Le style de Laipsker se caractérise par une efficacité redoutable. Pas de fioritures, pas de longueurs, mais une écriture directe et percutante qui va droit au but. Les descriptions, qu’il s’agisse des scènes de crime ou des portraits des personnages, sont d’une précision chirurgicale. Chaque détail est là pour une raison, pour ajouter une pièce au puzzle, pour renforcer l’atmosphère oppressante. Cette économie de moyens rend le récit d’autant plus impactant, comme si la violence des événements se reflétait dans la brutalité des mots.
Mais cette efficacité n’est jamais au détriment de la richesse de l’écriture. Alexis Laipsker sait jouer des rythmes, alterner les moments de tension extrême et les respirations nécessaires. Ses dialogues, en particulier, sont un régal : vifs, percutants, souvent teintés d’un humour noir salvateur, ils donnent vie aux personnages tout en faisant avancer l’intrigue. Les échanges entre Venturi et Montalvert, notamment, sont un des grands plaisirs du roman, par leur justesse et leur naturel.
L’auteur excelle aussi dans la création d’atmosphères, dans sa capacité à rendre palpable la menace, la noirceur qui imprègne chaque page. Ses descriptions de Paris, de ses rues sombres et de ses recoins obscurs, donnent une épaisseur presque tangible à la ville, en font un personnage à part entière. Le lecteur s’y perd avec délice, comme dans un labyrinthe menaçant où le danger peut surgir à chaque coin de rue. Cette maîtrise des ambiances, cette façon de distiller l’angoisse, contribue grandement à l’efficacité du suspense.
Mais là où le talent d’Alexis Laipsker est peut-être le plus impressionnant, c’est dans sa capacité à retranscrire l’horreur sans jamais tomber dans le voyeurisme ou le sensationnalisme. Les scènes de torture, de mutilation, sont d’une violence inouïe, mais toujours traitées avec une forme de pudeur, de retenue. L’auteur suggère plus qu’il ne montre, laisse l’imagination du lecteur faire le reste. Cette approche, paradoxalement, rend ces passages encore plus difficiles, plus dérangeants, car elle oblige à une forme de participation active.
L’écriture de « Hurlements » est indéniablement un des grands atouts du roman. Par son efficacité, sa précision et sa capacité à créer des atmosphères uniques, elle contribue grandement à faire de ce thriller une expérience de lecture marquante et inoubliable. Alexis Laipsker prouve, une fois de plus, qu’il est un maître du genre, capable de mettre son style unique au service d’histoires aussi captivantes que dérangeantes. Un véritable tour de force littéraire qui confirme son statut d’auteur incontournable du thriller français.
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La folie du tueur au masque de diable : une descente aux enfers
Le tueur au masque de diable est indéniablement le cœur noir de « Hurlements », l’incarnation d’une folie meurtrière qui entraîne le lecteur dans une véritable descente aux enfers. Tout au long du roman, sa présence fantomatique plane, telle une ombre menaçante qui ne laisse aucun répit. Alexis Laipsker a créé avec ce personnage un concentré de peurs primales, un être de cauchemar qui repousse sans cesse les limites de l’horreur.
La folie du tueur se manifeste d’abord par son apparence, par ce masque de diable rouge qui dissimule son visage et lui confère une dimension presque surnaturelle. Ce masque est un symbole puissant, une représentation du Mal absolu qui semble tout droit sorti des enfers. Il déshumanise le tueur, le transforme en une entité maléfique dénuée de tout remords, de toute empathie. Cette apparence contribue à créer un sentiment d’irréalité, comme si les crimes épouvantables ne pouvaient être l’œuvre d’un simple être humain.
Mais c’est surtout dans ses actes que se révèle toute l’étendue de sa démence. Les tortures qu’il inflige à ses victimes, décrites avec une précision clinique, témoignent d’une cruauté sans borne, d’une imagination perverse qui semble sans limite. Chaque supplice est minutieusement orchestré, chaque sévice savamment calculé pour prolonger la souffrance. Cette folie meurtrière, cette jouissance dans la douleur d’autrui, est une véritable plongée dans les abysses de la psyché humaine.
Au fil des pages, Alexis Laipsker distille des indices sur les motivations du tueur, sur les racines de sa folie. Les références à Pazuzu, ce démon mésopotamien, suggèrent une fascination morbide pour l’occulte, un attrait pour les forces obscures. Les enregistrements des voix des victimes, ces contraltos aux timbres si particuliers, laissent deviner une obsession maladive, une quête de perfection dans l’horreur. Chaque détail, chaque révélation est comme une pièce supplémentaire d’un puzzle malsain, le portrait d’une âme irrémédiablement corrompue.
Mais ce qui rend cette folie si terrifiante, c’est aussi sa dimension implacable, presque méthodique. Le tueur n’est pas un simple dément, agissant sous le coup d’une impulsion incontrôlable. Au contraire, chacun de ses gestes semble mûrement réfléchi, chaque étape de son plan soigneusement élaborée. Cette lucidité dans la démence, cette rationalité au service du Mal, est peut-être le plus effrayant. Car elle suggère que la folie n’est pas une simple défaillance de l’esprit, mais un choix conscient, une décision délibérée d’embrasser les ténèbres.
Au terme de cette descente aux enfers, le lecteur ressort bouleversé, marqué à jamais par cette confrontation avec le Mal absolu. Le tueur au masque de diable s’inscrit dans la lignée des grands monstres de la littérature, ces êtres de cauchemar qui hantent durablement les esprits. Par sa capacité à explorer les recoins les plus sombres de l’âme humaine, Alexis Laipsker nous offre un voyage fascinant et terrifiant dans les méandres de la folie meurtrière. Une expérience de lecture intense, qui interroge sur la part d’ombre tapie en chacun de nous et sur les limites de l’horreur que l’homme est capable d’engendrer.
Le lieutenant Dastray : un personnage ambigu et torturé
Dans la galerie de personnages complexes et nuancés qui peuplent « Hurlements », le lieutenant Julien Dastray occupe une place à part. Personnage ambigu et torturé, il apporte une dimension supplémentaire à l’intrigue, une zone d’ombre qui vient brouiller les pistes et interroger sur la nature du Bien et du Mal. À travers son parcours chaotique, ses doutes et ses blessures, Alexis Laipsker dresse le portrait fascinant d’un homme en proie à ses démons intérieurs.
Dès son introduction, Julien Dastray apparaît comme un être énigmatique, difficile à cerner. Flic solitaire et désabusé, il semble porter le poids d’un passé douloureux, d’un traumatisme inavoué qui le ronge de l’intérieur. Ses silences, ses regards perdus dans le vide, tout chez lui suggère une âme tourmentée, une souffrance intime qui échappe aux regards extérieurs. Cette part d’ombre, cette opacité font de lui un personnage fascinant, dont on devine que chaque geste, chaque décision est dictée par des motivations profondes et complexes.
Mais c’est surtout dans sa relation avec l’enquête que se révèle toute l’ambiguïté de Dastray. Lui qui semble si déterminé à traquer le tueur au masque de diable, si obsédé par la résolution de cette affaire, apparaît progressivement sous un jour plus trouble. Les zones d’ombre de son passé, ses liens avec certaines victimes, viennent semer le doute sur ses véritables intentions. Est-il réellement un allié de Venturi et Montalvert, ou poursuit-il un agenda caché ? Cette incertitude maintient le suspense, ajoute une couche de mystère à une intrigue déjà complexe.
Au fil des pages, Alexis Laipsker lève le voile sur les blessures intimes de Dastray, sur les drames qui ont façonné sa personnalité. La révélation de sa relation avec Tatiana Garjana, de la grossesse de cette dernière, jette une lumière crue sur les motivations du lieutenant. Sa quête prend alors une dimension personnelle, presque obsessionnelle, celle d’un homme prêt à tout pour retrouver celle qu’il aime et l’enfant qu’elle porte. Cette humanité soudain révélée, cette souffrance à vif, rend le personnage d’autant plus attachant, d’autant plus proche du lecteur.
Mais même dans cette quête de vérité, Dastray reste un être ambivalent, pris entre le désir de justice et la tentation de la vengeance. Sa descente dans les ténèbres, sa fascination morbide pour les détails de l’affaire, suggèrent un homme au bord du gouffre, prêt à basculer à tout moment. Les hallucinations qui le hantent, les pilules qu’il avale pour maintenir un semblant de raison, sont autant de signes d’une psyché fragilisée, d’une âme en perdition. Cette lutte intérieure, ce combat de chaque instant contre ses propres démons, font de Dastray un personnage profondément humain et troublant.
Au terme de ce voyage dans les méandres de l’âme tourmentée de Julien Dastray, le lecteur ressort bouleversé, habité par ce personnage complexe et fascinant. Par sa maîtrise des non-dits, des ambiguïtés et des révélations progressives, Alexis Laipsker a créé un être de fiction inoubliable, qui concentre en lui toutes les nuances du gris, toute la complexité de la nature humaine. Une création romanesque forte, qui prouve une fois de plus le talent de l’auteur pour donner vie à des personnages aussi réalistes que captivants, aussi attachants que troublants.
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Le mot de la fin : « Hurlements », un thriller policier à l’atmosphère oppressante
Au terme de cette plongée dans l’univers sombre et captivant de « Hurlements », une chose est sûre : Alexis Laipsker a signé un thriller policier d’une intensité rare, où l’atmosphère oppressante le dispute à l’efficacité du suspense. De la première à la dernière page, le lecteur est happé par cette histoire dérangeante, maintenu dans un état de tension permanent par une intrigue qui ne laisse aucun répit.
Cette atmosphère unique est indéniablement la grande force du roman. Paris, sous la plume d’Alexis Laipsker, devient un labyrinthe menaçant, un dédale de rues sombres et de recoins inquiétants où le danger semble tapir à chaque coin de rue. Les lieux du crime, qu’il s’agisse de cet ancien théâtre délabré ou de l’appartement de l’une des victimes, sont décrits avec une précision chirurgicale, chaque détail contribuant à créer un sentiment d’angoisse diffus. Le lecteur s’y perd avec délice, comme aspiré dans un maelström d’horreur et de noirceur.
Cette oppression constante est savamment entretenue par une écriture ciselée, qui sait jouer des rythmes et des silences pour faire monter la pression. Les scènes de torture, d’une violence inouïe, sont contrebalancées par des moments de calme trompeur, des dialogues souvent teintés d’humour noir qui offrent un répit bienvenu. Mais toujours, en arrière-plan, la menace du tueur au masque de diable plane, telle une ombre maléfique prête à frapper à tout instant.
Les personnages, aussi, contribuent grandement à cette ambiance unique. Le commissaire Venturi et Olivia Montalvert, par leur humanité et leur complémentarité, offrent un point d’ancrage au lecteur, une lueur d’espoir dans les ténèbres. Mais même eux ne sortent pas indemnes de cette confrontation avec le mal absolu, et leur combat intérieur face à leurs propres démons ajoute une profondeur supplémentaire au récit. Quant au lieutenant Dastray, son ambiguïté et ses zones d’ombre viennent semer le trouble, brouiller les frontières entre le bien et le mal.
Au-delà de l’intrigue policière, c’est bien cette atmosphère poisseuse, cette plongée dans les abysses de l’âme humaine qui marque durablement le lecteur. « Hurlements » n’est pas un simple divertissement, c’est une expérience à part entière, un voyage au cœur des ténèbres qui interroge sur la part d’ombre tapie en chacun de nous. Par sa maîtrise des codes du genre et son audace dans l’exploration de la noirceur humaine, Alexis Laipsker prouve qu’il est un maître du thriller psychologique.
« Hurlements » s’inscrit ainsi dans la lignée des grands romans noirs, ces œuvres qui hantent durablement les esprits par leur capacité à créer un univers à la fois fascinant et terrifiant. Une lecture intense, éprouvante parfois, mais toujours captivante, qui confirme le talent immense d’Alexis Laipsker et sa place de choix parmi les auteurs incontournables du thriller français. Un roman coup de poing, qui vous prend à la gorge et ne vous lâche plus, jusqu’à la dernière page et bien au-delà.
Mots-clés : Thriller psychologique, Tueur en série, Commissaire Venturi, Ambiance oppressante, Noirceur humaine
Extrait Première Page du livre
» – 1 –
Olivia Montalvert se redressa brutalement dans son lit. Elle venait d’être arrachée au sommeil par un bruit diffus. Une sorte de grincement. Ou peut-être un craquement, elle ne savait pas bien.
Elle parcourut la chambre du regard, interrogeant l’obscurité. Elle ne vit rien d’anormal. Elle s’attarda sur la porte qu’elle avait laissée entrebâillée. Le couloir plongé dans les ténèbres ne lui apporta aucune réponse. Elle tendit l’oreille.
Rien.
Elle avait bloqué sa respiration afin de mieux entendre.
Elle demeura ainsi un long moment à sonder le silence.
À demi endormie, encore embuée par la fatigue de cette nuit inachevée, elle se frotta le visage et écarquilla les yeux.
Après quelques secondes supplémentaires, elle dut se rendre à l’évidence : son imagination lui avait joué des tours. Elle reposa sa tête sur l’oreiller et tira la couette jusqu’au menton. Confortablement blottie, elle referma les yeux.
La journée avait été éprouvante. Tant moralement que physiquement. Elle avait été convoquée très tôt par le substitut du procureur de la République qui avait ordonné une reconstitution fidèle des circonstances du drame. Puisque le double meurtre avait eu lieu à l’aube, l’accusé, accompagné de son avocat commis d’office, les deux juges d’instruction et leurs greffiers ainsi qu’une demi-douzaine de gendarmes s’étaient gelés dans le froid matinal. En tant que psychologue et criminologue experte auprès des tribunaux et des cours de justice, sa présence avait été requise. C’est elle, en effet, qui avait fait la lumière sur cette sombre affaire et permis l’interpellation.
Le crime s’était déroulé dans cette ancienne sablière dont il subsistait encore quelques machines abandonnées, inquiétants squelettes de métal oubliés du temps.
Elle avait été la spectatrice d’une représentation macabre où un homme avait reproduit la façon dont il avait froidement exécuté deux gamins.
Bien que les victimes aient été interprétées par deux gendarmes, la scène avait conservé toute son abomination.
Chacun s’était parfaitement imaginé les deux gosses de sept et neuf ans frappés à coups de pierre avec une telle hargne que leur crâne avait cédé. Par un étrange phénomène, on aurait presque pu entendre leurs suppliques, leurs cris, leurs pleurs interrompus par le son de l’os qui craquait sous les assauts répétés. «
- Titre : Hurlements
- Auteur : Alexis Laipsker
- Éditeur : Michel Lafon
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2023
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Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.