Découverte du roman policier « Jours des ténèbres » et de son auteur Alain Decker
Publié aux éditions Robert Laffont dans la collection « La Bête Noire » dirigée par Glenn Tavennec, « Jours des ténèbres » est le premier roman d’Alain Decker, un auteur français qui vit en Normandie et travaille dans l’enseignement supérieur. Ce polar prometteur a d’ailleurs reçu le Grand Prix des Enquêteurs 2023, décerné par un jury d’experts composé notamment de policiers, magistrats, médecins légistes, avocats et écrivains.
L’intrigue de « Jours des ténèbres » nous plonge au cœur d’une enquête menée par le lieutenant Elvis Cochran, fraîchement muté à San Diego après une expérience décevante à Chicago. Tout commence par la découverte du corps sauvagement mutilé d’une jeune étudiante suédoise, Lena Johannsson, sur le campus d’une université huppée de la ville californienne. Très vite, Cochran comprend qu’il a affaire à un tueur en série particulièrement retors.
Épaulé par son fidèle coéquipier, le lieutenant Alex Craddock, et suivi de près par sa compagne journaliste Sue Baker, le héros va tout mettre en œuvre pour stopper l’assassin avant qu’il ne fasse d’autres victimes. Mais les indices sont minces et le mode opératoire du criminel, avec sa signature macabre laissée sur les scènes de crime, n’évoque rien aux deux limiers. Une course contre la montre et un jeu du chat et de la souris s’engagent alors.
Alain Decker livre ici un premier roman policier maîtrisé, qui séduit par son ambiance oppressante, son rythme haletant et ses protagonistes attachants, à commencer par Elvis Cochran, flic atypique au passé trouble. L’auteur distille avec talent de fausses pistes et des révélations au compte-goutte, tenant en haleine le lecteur jusqu’à la dernière page.
Servi par une écriture incisive et des dialogues percutants, « Jours des ténèbres » est un page-turner redoutablement efficace. Alain Decker signe un polar addictif qui ne cède jamais à la facilité et arrive à surprendre par l’originalité de son intrigue et sa résolution inattendue.
Nul doute que « Jours des ténèbres » devrait séduire les amateurs de romans noirs et policiers exigeants. Avec ce coup d’essai réussi, Alain Decker s’impose d’emblée comme un auteur à suivre et on a déjà hâte de retrouver Elvis Cochran et Alex Craddock pour une nouvelle enquête.
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Le personnage principal, le lieutenant Elvis Cochran : un flic atypique et attachant
Le protagoniste de « Jours des ténèbres », le lieutenant Elvis Cochran, est un policier qui sort des sentiers battus. Loin des clichés habituels du genre, il apporte une vraie plus-value au roman d’Alain Decker. Atypique et complexe, il suscite immédiatement l’intérêt du lecteur qui a envie d’en savoir plus sur lui et de suivre ses aventures.
Muté depuis peu à San Diego après une expérience peu concluante à Chicago, Elvis Cochran traîne derrière lui un passé trouble qui le hante encore. Au fil des pages, l’auteur distille quelques indices sur son vécu, sans pour autant tout dévoiler d’un coup, maintenant ainsi le mystère autour de son héros. Cette part d’ombre rend le personnage d’autant plus fascinant.
Cochran est un flic à l’instinct aiguisé, qui n’hésite pas à suivre son intuition même quand les pistes semblent mener à des impasses. Ses méthodes peu orthodoxes et sa ténacité à toute épreuve font de lui un enquêteur redoutable. Pourtant, malgré son engagement total dans son métier, on le sent aussi fragile, en proie au doute et à des démons intérieurs.
C’est aussi ce qui le rend profondément humain et attachant. Elvis Cochran n’est pas un super-héros infaillible, loin de là. Il a ses failles, ses zones d’ombre, ses faiblesses. Il entretient une relation compliquée avec sa compagne Sue Baker, journaliste curieuse qui se mêle parfois un peu trop de ses enquêtes à son goût. Mais c’est justement cette imperfection qui le rend crédible et touchant.
Autre trait de caractère marquant du lieutenant Cochran : son humour pince-sans-rire et son sens de la répartie cinglante, qui donnent lieu à des dialogues savoureux, notamment avec son coéquipier Alex Craddock. Elvis n’a pas la langue dans sa poche et ses commentaires ironiques apportent une respiration bienvenue dans une intrigue plutôt noire.
Bref, avec Elvis Cochran, Alain Decker a créé un personnage de flic mémorable, qui sort des archétypes convenus. C’est un protagoniste qui a du mordant, de la profondeur et à qui on s’attache rapidement. Un héros imparfait mais terriblement humain, qu’on prend plaisir à suivre et qu’on n’est pas prêt d’oublier de sitôt.
San Diego, une ville ensoleillée plongée dans l’ombre du crime
Dans « Jours des ténèbres », Alain Decker choisit de situer son intrigue à San Diego, deuxième ville de Californie après Los Angeles. Un cadre a priori paradisiaque, avec ses plages à perte de vue, son climat idéal et ses nombreux parcs et lieux touristiques. Pourtant, dès les premières pages, l’auteur met en lumière une autre facette, plus sombre, de cette cité balnéaire.
Car derrière la carte postale ensoleillée se cachent des zones d’ombre, à l’image du meurtre sordide de la jeune Suédoise Lena Johannsson. Alain Decker s’amuse à créer un contraste saisissant entre la beauté éclatante des paysages et l’horreur des crimes qui viennent troubler la quiétude apparente des lieux.
L’auteur nous entraîne dans des endroits variés de San Diego, des quartiers huppés où réside l’héroïne journaliste Sue Baker aux zones plus populaires où l’on retrouve le corps d’un témoin gênant. Il décrit avec un sens du détail remarquable le campus cossu de l’université où étudiait la première victime, véritable petit paradis californien qui vire au cauchemar. Le récit explore aussi des coins plus confidentiels de la ville, parfois à la frontière avec le Mexique voisin.
Au fil des chapitres se dessine le portrait d’une ville à la fois séduisante et inquiétante, où le soleil éclatant dissimule des secrets bien noirs. San Diego devient un personnage à part entière du roman, avec ses décors variés, ses atmosphères changeantes, ses contrastes saisissants. Une véritable toile de fond fascinante pour une enquête haletante.
Ainsi, Alain Decker utilise de manière très judicieuse le cadre de San Diego, qui apporte une vraie plus-value à son intrigue policière. Loin d’être un simple décor exotique, la ville imprègne le récit et lui donne une ambiance particulière, où l’ombre et la lumière se côtoient en permanence. Une réussite.
L’auteur parvient à rendre palpables les multiples visages de San Diego, des quartiers chics et des plages bondées aux ruelles glauques où rode le danger. « Jours des ténèbres » nous offre une plongée captivante au cœur d’une ville magnétique, qui oscille constamment entre carte postale idyllique et film noir. Une cité à l’image de ce polar addictif : solaire et ténébreux à la fois.
L’enquête sur le meurtre de Lena Johannsson : un casse-tête pour les forces de l’ordre
L’intrigue de « Jours des ténèbres » démarre sur les chapeaux de roue avec la découverte du corps atrocement mutilé d’une jeune étudiante suédoise, Lena Johannsson, sur le campus d’une université huppée de San Diego. Un meurtre sordide qui va donner du fil à retordre aux enquêteurs, à commencer par le lieutenant Elvis Cochran et son fidèle coéquipier Alex Craddock.
Dès le début, l’affaire s’annonce complexe car les indices sont minces et les pistes peu nombreuses. La scène de crime, bien que riche en détails macabres, n’offre que peu d’éléments concrets pour remonter jusqu’au coupable. Cochran doit se contenter de quelques traces laissées par le tueur, comme une mystérieuse signature sous forme de lettres de sang.
Au fil des chapitres, l’enquête piétine et se heurte à de nombreux obstacles. Les témoins potentiels ne se bousculent pas au portillon et ceux qui acceptent de parler n’apportent rien de décisif. Même l’autopsie pratiquée par le médecin légiste Di Mucci ne permet pas d’identifier formellement le meurtrier. Cochran et Craddock doivent redoubler d’efforts pour tenter de comprendre le mode opératoire du criminel.
Un nouveau meurtre, tout aussi sanglant, vient encore compliquer l’affaire et semer le doute parmi les policiers. La pression monte d’un cran pour arrêter le tueur avant qu’il ne fasse d’autres victimes. Mais l’assassin semble avoir un coup d’avance et prend un malin plaisir à semer des fausses pistes pour égarer les enquêteurs.
Au cœur de ce casse-tête se trouve un mystérieux personnage surnommé « Fog » qui devient rapidement l’obsession de Cochran. Le policier est persuadé que cet homme est la clé de l’énigme mais il peine à relier tous les indices entre eux pour remonter jusqu’à lui. Chaque nouveau rebondissement apporte son lot de questions sans réponses.
En bref, l’enquête sur le meurtre de Lena Johannsson s’apparente à un véritable jeu du chat et de la souris entre les forces de l’ordre et un tueur insaisissable. Alain Decker parvient à tenir le lecteur en haleine jusqu’au dénouement en multipliant les fausses pistes et les révélations fracassantes. Une intrigue criminelle complexe et passionnante, qui met les nerfs des policiers à rude épreuve. Jusqu’à la dernière page, on se demande comment Cochran va réussir à démêler cet écheveau de mystères et mettre enfin la main sur le coupable. Un suspense implacable !
Des indices troublants et une signature macabre : dans l’esprit tortueux d’un tueur en série
L’un des points forts de « Jours des ténèbres » réside sans conteste dans la psychologie complexe et dérangeante du tueur qui sème la terreur à San Diego. À travers les indices qu’il dissémine sur les scènes de crime, Alain Decker nous entraîne dans les méandres d’un esprit malade et pervers, tout en maintenant savamment le suspense jusqu’au dénouement final.
Dès la découverte du corps de Lena Johannsson, sauvagement mutilé, les enquêteurs comprennent qu’ils ont affaire à un assassin d’une cruauté peu commune. Les détails sordides du meurtre, comme les membres sectionnés ou les yeux arrachés, témoignent d’une violence extrême et gratuite. Mais c’est surtout la signature macabre laissée par le tueur, sous forme de lettres de sang, qui interpelle Cochran et son équipe.
Au fil de l’enquête, d’autres éléments viennent s’ajouter à cette funeste signature, comme une mystérieuse montre retrouvée au poignet d’une victime ou encore des poupées démembrées abandonnées sur les lieux des crimes. Autant d’indices a priori disparates mais qui semblent former un message codé destiné à narguer les policiers. L’auteur distille ces révélations avec un sens du timing parfait, maintenant une tension constante.
Petit à petit se dessine le profil d’un tueur narcissique et manipulateur, qui cherche à attirer l’attention sur lui tout en brouillant les pistes. Un criminel qui semble aussi fasciné par la mise en scène macabre, comme en témoignent les mutilations infligées à ses victimes. Alain Decker parvient, sans tomber dans le sensationnalisme, à nous faire ressentir le plaisir malsain que prend l’assassin à ces actes de barbarie.
Mais le sommet de sa perversité est atteint lorsque Cochran découvre que le tueur a créé une adresse mail à son nom pour réserver le voyage de l’une des victimes. Un jeu de piste morbide qui vise clairement à déstabiliser le policier et à le précipiter dans un abîme psychologique. Cette identification du meurtrier au limier qui le traque apporte une dimension supplémentaire à l’intrigue, et révèle la personnalité complexe et retorse du criminel.
Alain Decker réussit avec brio à nous plonger dans l’esprit tortueux de son tueur en série, sans pour autant verser dans la complaisance ou le voyeurisme. Les indices semés par l’assassin, aussi troublants soient-ils, sont autant de pièces d’un puzzle que le lecteur est invité à reconstituer, pour tenter de percer à jour ses motivations profondes. Un portrait psychologique terrifiant et fascinant, qui illustre parfaitement le talent de l’auteur pour créer une ambiance oppressante et dérangeante. Une réussite !
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Alex Craddock, l’indispensable coéquipier : un duo de flics complémentaires
L’un des atouts majeurs de Jours des ténèbres réside dans la dynamique entre Elvis Cochran et son partenaire de confiance, Alex Craddock. Bien plus qu’un simple second rôle, Craddock s’affirme comme un protagoniste à part entière, dont la personnalité haute en couleur et l’humour grinçant apportent une vraie plus-value au récit.
Physiquement, tout oppose les deux hommes : autant Cochran est athlétique et soigné, autant Craddock est massif et négligé. Une complémentarité qui se retrouve aussi dans leur caractère. Si le héros est plutôt introverti et secret, son partenaire se montre extraverti et sans filtre, n’hésitant pas à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Leurs échanges savoureux rythment le roman et offrent une respiration bienvenue dans une intrigue souvent oppressante.
Mais au-delà de son rôle de « comic relief », Alex Craddock est aussi un excellent policier, avec un instinct et un sens de l’observation très aiguisés. Malgré leurs différences, les deux hommes forment un tandem efficace et soudé, uni par une confiance mutuelle indéfectible. Quand Cochran se laisse emporter par son intuition, quitte à enfreindre les règles, Craddock assure toujours ses arrières sans discuter.
Alain Decker prend soin de développer la relation entre les deux coéquipiers au fil des chapitres, leur offrant de beaux moments de complicité. On sent qu’ils sont plus que de simples collègues, mais de véritables amis, prêts à tout l’un pour l’autre. Cette belle alchimie apporte une dimension humaine bienvenue à l’enquête et renforce l’attachement du lecteur aux personnages.
D’ailleurs, le personnage de Craddock gagne en profondeur et en nuances au fur et à mesure du roman. Sous ses airs bourrus et ses blagues potaches, on découvre un homme sensible et attentionné, qui n’hésite pas à secouer son partenaire quand il le sent partir à la dérive. Un soutien indéfectible, tant sur le plan professionnel que personnel.
Le duo formé par Elvis Cochran et Alex Craddock est l’une des réussites majeures de ce polar. Alain Decker a su créer deux personnages attachants et crédibles, dont les interactions souvent drôles et toujours authentiques apportent un supplément d’âme à l’intrigue. Une bromance policière comme on les aime, qui prouve que l’union fait la force, même et surtout dans l’adversité. Vivement qu’on les retrouve pour de nouvelles enquêtes !
Sue Baker, une journaliste impliquée : quand la vie personnelle s’invite dans l’enquête
Dans « Jours des ténèbres », un autre personnage joue un rôle clé aux côtés d’Elvis Cochran : sa compagne Sue Baker, journaliste au San Diego Union Tribune. Loin d’être cantonnée à un simple rôle de potiche ou de faire-valoir, cette jeune femme déterminée et indépendante apporte une vraie plus-value à l’intrigue, tout en offrant un éclairage intéressant sur la vie privée du héros.
Dès le début du roman, on comprend que la relation entre Elvis et Sue est aussi passionnée que compliquée. Si leur attirance mutuelle est évidente, leur histoire se heurte vite aux réalités de leurs métiers respectifs. En tant que journaliste, Sue est avide d’informations sur l’enquête en cours, quitte à franchir parfois la ligne rouge. Une situation qui place Cochran dans une position délicate, écartelé entre son devoir de réserve et son désir de protéger celle qu’il aime.
Mais Sue Baker est loin d’être une potiche écervelée qui se contente de mettre des bâtons dans les roues de son compagnon. C’est au contraire une jeune femme brillante et ressourcée, dont les compétences vont s’avérer précieuses pour l’enquête. Ancienne professeure d’histoire de l’art à l’université où a eu lieu le premier meurtre, elle connaît parfaitement les lieux et son carnet d’adresses bien rempli va permettre à Cochran de débloquer certaines pistes.
Au fil des chapitres, Sue se révèle même être un véritable atout dans la traque du tueur. Grâce à ses talents de journaliste, elle parvient à dénicher des informations cruciales sur le passé des victimes, comme le mystérieux enlèvement de Lena Johannsson lorsqu’elle était enfant. Des révélations qui vont s’avérer déterminantes pour comprendre les motivations du criminel et remonter jusqu’à lui.
Mais la présence de Sue Baker dans l’intrigue ne se limite pas à son rôle dans l’enquête. Elle permet aussi d’explorer la psychologie complexe d’Elvis Cochran et d’apporter un éclairage intéressant sur sa vie intime. À travers les yeux de la journaliste, on découvre un homme secret et torturé, hanté par son passé et ses échecs. Sue est la seule à qui il accepte de se livrer, au moins partiellement, et leurs échanges tendus mais toujours tendres apportent une dimension romantique bienvenue à un récit plutôt noir.
En définitive, le personnage de Sue Baker est une belle réussite. Alain Decker a su créer une figure féminine forte et nuancée, qui apporte un vrai supplément d’âme au roman. Bien plus qu’un simple faire-valoir, cette journaliste impliquée est un élément moteur de l’intrigue, dont les talents d’investigation et la ténacité font d’elle une alliée précieuse pour Cochran. Mais c’est aussi et surtout une présence rassurante et aimante pour le héros, lui permettant de garder un fragile équilibre malgré la noirceur de l’enquête. Une histoire d’amour atypique mais attachante, qui prouve que la vie personnelle peut parfois s’inviter de manière inattendue dans les dossiers les plus sordides.
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Une course contre la montre haletante pour stopper un assassin insaisissable
L’un des grands points forts de « Jours des ténèbres » réside sans nul doute dans son rythme implacable. Dès les premières pages, Alain Decker impose un tempo effréné à son récit, qui prend rapidement des allures de course contre la montre pour les enquêteurs du SDPD. Face à eux, un tueur aussi méthodique que cruel qui ne semble pas décidé à s’arrêter en si bon chemin.
En effet, après la découverte du corps atrocement mutilé de Lena Johannsson, les meurtres sanglants s’enchaînent à un rythme soutenu, mettant à rude épreuve les nerfs de Cochran et son équipe. Chaque nouveau crime apporte son lot d’indices troublants, mais aussi de questions sans réponse, plongeant les policiers dans une spirale infernale. Le lecteur, happé par cette mécanique implacable, ressent physiquement l’urgence et la pression qui pèsent sur les épaules des enquêteurs.
Car le tueur, surnommé « Fog » en raison du mystérieux message laissé sur les scènes de crime, semble toujours avoir un coup d’avance. Malgré leurs efforts acharnés et le déploiement de moyens considérables, Cochran et Craddock ont toujours l’impression de courir après un fantôme insaisissable. Chaque fois qu’ils pensent tenir une piste sérieuse, le meurtrier s’évapore dans la nature, non sans avoir semé derrière lui un nouveau cadavre atrocement mutilé.
Cette course-poursuite effrénée entre les forces de l’ordre et un assassin à la cruauté sans bornes est l’un des ressorts les plus efficaces du roman. À travers une construction narrative virtuose, qui alterne révélations glaçantes et fausses pistes savamment distillées, Alain Decker maintient son lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Les rebondissements s’enchaînent à une cadence infernale, ne laissant aucun répit aux personnages comme au lecteur.
Mais cette course contre la montre n’est pas qu’une simple mécanique narrative. Elle révèle aussi la psychologie complexe et fascinante d’un tueur qui se distingue par sa froide détermination et son absence apparente de mobile. Au fil des chapitres, « Fog » se dessine comme un manipulateur sophistiqué, qui jubile de semer le chaos et de brouiller les pistes. Son jeu macabre du chat et de la souris avec Cochran apporte une dimension supplémentaire au suspense, le transformant en véritable duel à distance entre deux esprits brillants mais diamétralement opposés.
Jusqu’au dénouement final, aussi imprévisible qu’haletant, le lecteur est ainsi tenu en haleine, oscillant sans cesse entre fascination et répulsion pour ce tueur hors norme. Alain Decker signe là un modèle de thriller psychologique, qui explore avec brio les méandres de l’esprit criminel tout en offrant un suspense de haute volée. Une réussite qui prouve que l’auteur maîtrise sur le bout des doigts l’art délicat du faux rythme, pour mieux ménager un final explosif qui reste en tête longtemps après avoir refermé le livre.
Les ficelles d’un polar bien mené : le style efficace d’Alain Decker
Alain Decker démontre avec brio sa maîtrise des ficelles d’un polar efficace dans son livre « Jours des ténèbres ». Son style vif et rythmé entraîne le lecteur dans une intrigue haletante, sans temps mort. Les chapitres courts et intenses s’enchaînent à un rythme soutenu, maintenant un suspense constant tout au long du récit.
La construction habile de l’intrigue, distillant les indices et révélations avec parcimonie, tient le lecteur en haleine. Decker excelle dans l’art de semer le doute, brouillant les pistes pour mieux surprendre avec des rebondissements inattendus. Chaque chapitre se clôt sur une note intrigante, poussant irrésistiblement à tourner les pages pour en découvrir plus.
Les descriptions sont concises mais évocatrices, permettant de visualiser les scènes sans s’appesantir sur les détails superflus. L’auteur privilégie l’action et les dialogues incisifs, qui font avancer l’histoire à un train d’enfer. Les personnages sont rapidement croqués mais suffisamment caractérisés pour susciter l’intérêt.
Le style direct et sans fioritures d’Alain Decker colle parfaitement au genre du polar. Les phrases courtes et percutantes rythment la narration, instillant un sentiment d’urgence. Les dialogues, souvent caustiques, insufflent du dynamisme et révèlent la psychologie des protagonistes.
L’intrigue complexe pourrait perdre le lecteur en route, mais la plume maîtrisée de l’auteur parvient à en démêler les fils sans confusion. Le récit progresse de façon limpide, les connexions se font naturellement au fil des chapitres. Les différentes pièces du puzzle s’imbriquent subtilement pour former une image saisissante au final.
C’est donc un véritable page-turner qu’Alain Decker nous propose avec « Jours des ténèbres ». Son style nerveux et son sens du suspense font de ce polar un modèle du genre, captivant le lecteur de la première à la dernière ligne. Un récit mené de main de maître qui prouve que l’auteur possède un réel talent de conteur, capable de nous tenir en haleine jusqu’à la révélation finale, brillamment amenée.
« Jours des ténèbres », un page-turner aussi addictif qu’angoissant
En conclusion, « Jours des ténèbres » d’Alain Decker est un page-turner redoutablement efficace, qui s’avère aussi addictif qu’angoissant. Ce polar haletant nous entraîne dans les méandres d’une intrigue complexe et oppressante, dont il est impossible de se détacher avant d’en avoir découvert le dénouement.
L’auteur parvient à créer une atmosphère pesante et inquiétante, qui va crescendo au fil des pages. L’angoisse monte insidieusement, au fur et à mesure que les pièces du puzzle se mettent en place, révélant une réalité toujours plus sombre et dérangeante. Le lecteur, happé par cette spirale infernale, ne peut qu’être fasciné par la noirceur qui se dégage du récit.
Mais c’est aussi un roman dont il est difficile de se détacher, tant l’intrigue est prenante et les personnages captivants. On se surprend à dévorer les pages, porté par un rythme effréné et un suspense habilement entretenu. Les rebondissements s’enchaînent, les fausses pistes se multiplient, pour notre plus grand plaisir de lecteur.
Alain Decker signe là un polar d’une efficacité redoutable, qui se distingue par son ambiance trouble et son final coup de poing. « Jours des ténèbres » est de ces livres qui vous hantent longtemps après en avoir achevé la lecture, tant par la force de son intrigue que par la noirceur de son propos.
En refermant ce roman, on ne peut que saluer le talent de l’auteur, qui parvient à nous tenir en haleine de bout en bout, jouant subtilement sur nos nerfs et nos émotions. Un page-turner donc, parfaitement maîtrisé, qui ravira les amateurs de thrillers anxiogènes et de récits sombres savamment ficelés.
Avec « Jours des ténèbres », Alain Decker signe un polar captivant et angoissant, qui s’impose comme une réussite du genre. Un must-read pour tous les aficionados de romans noirs, qui apprécieront cette plongée fascinante dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine. Un livre qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus, jusqu’à la dernière page, aussi glaçante que magistrale.
Mots-clés : Tueur en série, Suspense, Angoisse, Page-turner, Intrigue, Atmosphère, Noirceur
Extrait Première Page du livre
«
DIMANCHE 12 MAI
1.
J’en avais admiré, dans ma vie, des couchers de soleil. Des magnifiques. Des grandioses. Des indescriptibles. Des bouleversants, aussi : au nord du Wyoming en particulier, dans ce coin perdu du grand Ouest américain, où des souvenirs d’enfance d’un ciel rouge sang qui se déchire au goutte-à-goutte pour virer au noir dans une inexorable coagulation sont à jamais gravés dans ma mémoire. Mais, ce soir de mai, je devais reconnaître que la nature s’était surpassée. Le contexte m’était favorable, puisque cette fin de semaine m’avait entraîné, accompagné de Sue, ma compagne, du côté du sud-est de la Californie, là où les cactus géants semblent vous narguer du haut de leur imposante stature pendant que la silhouette arrondie des « collines de chocolat » – comme les premiers pionniers de la ruée vers l’or avaient baptisé les montagnes environnantes – vous invite à des rêves gourmands. Nous venions de passer trois jours hors du temps, dans un petit village perdu nommé Rockwood, au cœur d’un désert aux teintes ocre. En dehors des douze mètres carrés de notre chambre d’hôtel (le seul du coin à posséder l’essentiel, à savoir : un lit double, des draps propres, une salle de bains avec l’eau courante et une climatisation à peu près silencieuse), nos rares escapades nous avaient entraînés de l’autre côté de la frontière mexicaine toute proche, le temps d’avaler quelques tamales et d’acheter, pour Sue, une paire de boots noires en lézard. Le paradis, ou presque… Perdu dans mes pensées, je jouissais béatement du spectacle du soleil disparaissant peu à peu derrière ce paysage aride, moucheté de traînées orange, tout en veillant à ne pas trop brusquer le moteur de ma vieille Coccinelle cabriolet jaune citron, millésime 1971, qui nous ramenait tranquillement vers San Diego. Cette voiture était le seul objet de valeur ayant trouvé grâce à mes yeux et mon côté maniaque était le meilleur ange gardien pour prolonger son exceptionnelle longévité. Sue, en revanche, ne semblait pas plus absorbée que ça par le côté grandiose de la nature, puisqu’elle tentait depuis plusieurs minutes de retirer ses baskets en se contorsionnant sur son siège. «
- Titre : Jours des ténèbres
- Auteur : Alain Decker
- Éditeur : Robert Laffont Collection La bête noire
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2023
Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.