Maxime Chattam au sommet de son art : les dessous d’un thriller magistral

La Conjuration primitive de Maxime Chattam

Introduction : présentation du roman, de l’auteur et des thèmes principaux

« La Conjuration primitive », paru en 2013 aux éditions Albin Michel, est un thriller haletant signé Maxime Chattam, auteur français reconnu comme l’un des maîtres du suspense. Ce roman policier nous plonge au cœur d’une enquête menée par la Cellule Hommult de la Section de recherche de la gendarmerie, face à une série de meurtres aussi violents qu’énigmatiques.

L’intrigue se noue autour d’un mystérieux symbole, « *e », qui signe chacun des crimes atroces perpétrés par un ou plusieurs tueurs en série. Au fil des chapitres, Maxime Chattam nous entraîne dans les méandres d’une traque impitoyable, où les limites entre le Bien et le Mal se brouillent peu à peu.

Au-delà de l’enquête elle-même, « La Conjuration primitive » explore avec justesse les thèmes de la violence et de ses origines, de la psychologie des tueurs en série, mais aussi de l’engagement et des sacrifices consentis par ceux qui ont fait le choix de combattre le crime. Maxime Chattam signe un thriller d’une noirceur et d’une intensité rares, qui sonde les profondeurs de l’âme humaine.

Servi par une écriture ciselée et des personnages finement dépeints, ce roman confirme tout le talent de Maxime Chattam, dont chaque nouvelle parution est attendue avec impatience par un lectorat fidèle. « La Conjuration primitive » est de ces livres qui vous happent dès les premières pages et ne vous lâchent plus jusqu’à une fin aussi imprévisible que glaçante.

Livres de Maxime Chattam chez Amazon

La Conjuration primitive Maxime Chattam
Prime time Broché Maxime Chattam
La Constance du prédateur Maxime Chattam
La Patience du Diable Maxime Chattam

L’intrigue policière : une série de meurtres violents signés d’un mystérieux symbole

Dès les premières pages de « La Conjuration primitive », le lecteur est confronté à une scène de crime aussi sanglante qu’inexplicable : le corps d’une jeune femme atrocement mutilé, portant l’étrange inscription « *e » gravée dans la chair. Ce meurtre n’est que le premier d’une longue série qui va mobiliser toutes les ressources de la Cellule Hommult, unité d’élite de la gendarmerie nationale.

Au fil des chapitres, les enquêteurs découvrent avec effroi que plusieurs tueurs semblent œuvrer en parallèle, chacun avec son mode opératoire propre, mais tous signant leurs forfaits de ce même symbole énigmatique. Le « Fantôme » s’attaque à des femmes chez elles, les torturant longuement avant de les achever. La « Bête », elle, sème des cadavres de prostituées sauvagement massacrées aux abords des autoroutes de l’Est de la France. Un inquiétant dénominateur commun relie ces crimes en apparence distincts : le « *e ».

La violence extrême des meurtres, l’absence de mobile apparent et le défi lancé aux forces de l’ordre par ce symbole récurrent placent les limiers de la Cellule Hommult face à un défi sans précédent. Quel est le sens de ce « *e » ? S’agit-il d’un signe de reconnaissance entre tueurs ou d’un message destiné à narguer les enquêteurs ? Et surtout, d’autres crimes viendront-ils s’ajouter à cette liste macabre ?

C’est dans ce climat d’angoisse et d’urgence que progressent les investigations, chaque nouveau meurtre apportant son lot d’horreurs et son contingent de questions. Les enquêteurs le savent, ils ont affaire à des prédateurs hors normes, qui ne reculeront devant rien pour assouvir leurs pulsions meurtrières. Une véritable course contre la montre s’engage pour mettre fin à cette escalade de violence qui menace de faire d’autres victimes.

Portrait des enquêteurs de la Cellule Hommult : Alexis Timée et son équipe

Dans « La Conjuration primitive », Maxime Chattam met en scène une équipe d’enquêteurs aussi attachants que complémentaires, unis dans leur traque des tueurs en série qui ensanglantent le pays. La Cellule Hommult est dirigée par Alexis Timée, un jeune gendarme trentenaire incarnant la nouvelle génération des forces de l’ordre : intelligent, intuitif, rompu aux nouvelles technologies mais aussi profondément humain.

À ses côtés, le lieutenant Segnon Dabo apporte son expérience et sa force tranquille. Cet homme à la carrure impressionnante et au regard perçant est un pilier pour l’équipe, tant par ses compétences que par sa loyauté indéfectible. Il forme avec Alexis un duo aussi improbable qu’efficace, où la fougue de la jeunesse se conjugue à la sagesse des années de terrain.

L’équipe ne serait pas complète sans Ludivine, jeune gendarme à la personnalité complexe et attachante. Ses boucles blondes et son apparente fragilité cachent un tempérament de feu et une détermination à toute épreuve. Entre Alexis et elle, une alchimie particulière opère, mélange d’attirance inavouée et de respect mutuel.

Cette fine équipe de limiers peut également compter sur l’appui des autres membres de la Cellule, comme Ben, Magali ou Franck, autant de seconds rôles soigneusement dépeints qui contribuent à l’humanité et à la crédibilité du récit. Car c’est bien là l’un des talents de Maxime Chattam : donner vie et épaisseur à des personnages dans lesquels le lecteur peut se reconnaître ou se projeter.

Avec la Cellule Hommult, Maxime Chattam rend un vibrant hommage à ces hommes et ces femmes qui, dans l’ombre, se consacrent à la traque du crime. Au fil des pages, on s’attache à ces enquêteurs obstinés, mus par un sens aigu de la justice et du devoir, prêts à tous les sacrifices pour confondre les coupables et protéger les innocents. Une galerie de personnages aussi attachants que convaincants.

À découvrir ou à relire

Les Ombres de la vallée Viveca Sten
La Boîte à magie Läckberg et Fexeus
Jours de ténèbres Alain Decker
Sans un bruit Paul Cleave

Le profilage criminel au cœur de l’enquête : l’aide précieuse de Richard Mikelis

Face à des crimes aussi violents qu’inexplicables, les méthodes d’investigation classiques montrent rapidement leurs limites. C’est pourquoi Alexis Timée, en quête de réponses, se tourne vers Richard Mikelis, criminologue de renom et spécialiste du profilage. Bien que retiré des affaires, Mikelis accepte, non sans réticence, de prêter main-forte à la Cellule Hommult, conscient de l’urgence et de l’enjeu.

L’apport de Richard Mikelis à l’enquête se révèle très vite déterminant. Grâce à sa connaissance aiguë des rouages de l’esprit criminel, il parvient à dresser un portrait psychologique des tueurs, mettant en lumière leurs motivations profondes et leurs probables modes opératoires. Sous son regard acéré, chaque indice, chaque détail de la scène de crime devient une pièce du puzzle, un élément permettant de cerner toujours plus précisément le profil des coupables.

Mais Richard Mikelis n’est pas seulement un brillant analyste. C’est aussi un homme hanté par ses propres démons, marqué par trop d’années passées à traquer le mal. Son implication dans l’affaire est d’autant plus précieuse qu’elle a un prix : celui de replonger dans les abysses de la psyché criminelle, au risque d’y laisser une part de lui-même. Un sacrifice qu’il consent pourtant, mu par son sens du devoir et son empathie pour les victimes.

Au fil des chapitres, la collaboration entre Mikelis et la Cellule Hommult se fait plus étroite, plus intense aussi. Le criminologue devient un véritable mentor pour Alexis Timée, lui apprenant à penser comme les tueurs pour mieux les appréhender. Une relation faite de respect mutuel et d’une certaine forme de transmission, où l’expérience se mêle à l’intuition pour faire avancer l’enquête.

En faisant du profilage criminel un élément clé de son intrigue, Maxime Chattam offre à ses lecteurs une plongée fascinante dans les méandres de l’expertise criminologique. Mais plus encore, à travers le personnage de Richard Mikelis, il rend hommage à ces hommes et ces femmes de l’ombre qui mettent leur intelligence et leur sensibilité au service de la justice, quitte à en payer le prix fort. Un portrait vibrant et nuancé qui contribue à faire de « La Conjuration primitive » un thriller d’une rare intensité.

Une menace qui s’étend au-delà des frontières : des crimes similaires en Europe

Alors que la Cellule Hommult peine à faire la lumière sur la série de meurtres qui ensanglante la France, une nouvelle bouleversante vient ébranler les certitudes des enquêteurs : des crimes d’une violence similaire, signés du même mystérieux symbole « *e », ont été perpétrés dans d’autres pays européens. Des révélations qui font basculer l’affaire dans une toute autre dimension, laissant présager l’existence d’un réseau criminel d’une ampleur insoupçonnée.

C’est d’abord la Pologne qui se retrouve sur le devant de la scène, avec la découverte du corps atrocement mutilé d’une prostituée dans la banlieue de Cracovie. Un mode opératoire en tous points semblable à celui de la « Bête », le tueur sévissant dans l’Est de la France. Puis c’est au tour de l’Écosse d’être touchée, avec le meurtre sauvage de deux auto-stoppeurs près d’Aberdeen. Là encore, l’inquiétant « *e » est venu signer ces crimes d’une violence inouïe.

Face à cette menace qui ignore les frontières, une coopération internationale s’impose. La Cellule Hommult se lance dans une course contre la montre, multipliant les échanges avec les polices étrangères dans l’espoir de trouver un fil conducteur entre ces affaires en apparence distinctes. Une quête d’indices rendue d’autant plus difficile que les tueurs semblent prendre un malin plaisir à brouiller les pistes, usant de cartes prépayées et de zones blanches pour échapper à la surveillance des autorités.

Mais au-delà du défi logistique, c’est une véritable onde de choc qui traverse les rangs des enquêteurs. Car si les meurtres sont liés, c’est bien la preuve qu’ils ont affaire non pas à une poignée de psychopathes isolés, mais à une véritable organisation criminelle, uni par un pacte secret et mortifère. Une « Conjuration primitive » dont il faut à tout prix percer les arcanes sous peine de voir le massacre se poursuivre à une échelle européenne.

Cette révélation d’une menace transfrontalière marque un tournant dans le roman de Maxime Chattam. Elle est le point de départ d’une course-poursuite haletante, où chaque nouvelle découverte semble soulever autant de questions que de réponses. Une montée en puissance savamment orchestrée par l’auteur, qui entraîne ses lecteurs dans un labyrinthe toujours plus sombre et oppressant, jusqu’à un dénouement aussi imprévisible que glaçant. Un tour de force narratif qui confirme, s’il en était besoin, l’immense talent de Maxime Chattam.

À découvrir ou à relire

Un cimetière dans le coeur Ian Rankin
Charme fatal M. C. Beaton
The Gray Man La revanche Mark Greaney
Résurrection Giacometti et Ravenne

Plongée dans la psyché des tueurs en série : analyse des modes opératoires

Dans « La Conjuration primitive », Maxime Chattam ne se contente pas de nous offrir un thriller haletant. Il nous entraîne dans les méandres de l’esprit criminel, disséquant avec une précision chirurgicale les modes opératoires de tueurs en série aussi différents que terrifiants. Une plongée en eaux troubles qui, loin de se complaire dans un voyeurisme malsain, vise à comprendre les ressorts de la violence la plus extrême.

Le « Fantôme » et la « Bête », les deux principaux suspects traqués par la Cellule Hommult, incarnent deux facettes distinctes mais complémentaires de la psyché criminelle. Le premier, d’une intelligence redoutable, prend un soin méticuleux à planifier ses crimes, s’introduisant chez ses victimes pour mieux les torturer et les tuer dans l’intimité de leur foyer. Un mode opératoire qui trahit un profond désir de contrôle, mais aussi une forme de toute-puissance perverse.

La « Bête », elle, frappe avec une sauvagerie presque animale, dépeçant ses proies avec une rage qui confine à la frénésie. Ses crimes, d’une violence extrême, semblent portés par une pulsion irrépressible, une soif de sang que rien ne peut étancher. Pourtant, derrière cette apparente bestialité se cache une logique implacable, celle d’un prédateur qui sait choisir son terrain de chasse et guetter le moment propice.

Au fil de l’enquête, les enquêteurs de la Cellule Hommult vont s’efforcer de percer à jour ces logiques criminelles, épaulés par l’expertise du criminologue Richard Mikelis. Chaque scène de crime, chaque mutilation devient un indice, une fenêtre ouverte sur l’esprit torturé des tueurs. Une analyse qui révèle peu à peu l’existence de schémas récurrents, de signatures macabres qui font sens pour ceux qui savent les décrypter.

Mais plus l’enquête avance, plus une évidence s’impose : malgré leurs différences, le « Fantôme » et la « Bête » semblent liés par un pacte secret, une « Conjuration » dont le « *e » serait le symbole. Une révélation qui ouvre de nouvelles perspectives, suggérant l’existence d’un mal plus profond, plus ancien aussi, dont ces tueurs ne seraient que les instruments.

En explorant avec une telle acuité la psychologie de ses personnages, Maxime Chattam ne cherche pas à susciter une fascination morbide pour la violence. Au contraire, il nous invite à regarder le mal en face, à comprendre ses mécanismes pour mieux le combattre. Une démarche aussi courageuse que nécessaire, qui fait de « La Conjuration primitive » bien plus qu’un simple divertissement : une véritable réflexion sur les racines du crime et la part d’ombre qui sommeille en chaque être humain.

La traque du « Fantôme » : l’enquête se resserre sur Victor Mags

Au fil des chapitres de « La Conjuration primitive », un nom commence à émerger dans l’enquête de la Cellule Hommult : celui de Victor Mags. Cet homme discret, employé d’une société de sécurité, semble peu à peu se dessiner comme le suspect idéal pour endosser le rôle du « Fantôme ». Une intuition qui va se transformer en conviction pour Alexis Timée et son équipe, les lançant dans une traque aussi intense que périlleuse.

Les indices s’accumulent, tissant peu à peu une toile de présomptions autour de Victor Mags. Son profil psychologique, minutieusement analysé par Richard Mikelis, correspond en tous points à celui du tueur méticuleux et organisé qu’est le « Fantôme ». Mais plus encore, ce sont ses accès, de par sa profession, aux domiciles des victimes qui en font le coupable idéal. Une piste que la Cellule Hommult va explorer avec une détermination renouvelée.

Mais traquer un prédateur aussi intelligent et précautionneux que le « Fantôme » n’est pas chose aisée. Victor Mags semble toujours avoir un coup d’avance, brouillant les pistes avec un art consommé de la dissimulation. Une omerta que même ses proches, interrogés par les enquêteurs, peinent à briser, comme si une chape de silence entourait cet homme énigmatique.

Pourtant, à force d’obstination et de ruse, le filet se resserre inexorablement autour de Victor Mags. Un faisceau de preuves se construit, étayé par des recoupements téléphoniques et des traces ADN. La Cellule Hommult se prépare à passer à l’action, consciente que chaque minute compte face à un criminel qui peut frapper à nouveau à tout moment.

C’est dans ce climat de tension extrême qu’Alexis Timée va prendre une décision lourde de conséquences. Convaincu de tenir le « Fantôme », il choisit de devancer l’intervention du GIGN pour se lancer seul sur les traces de Victor Mags. Un choix audacieux, motivé par l’urgence et la volonté de sauver de nouvelles vies, mais qui va précipiter le jeune gendarme dans un face-à-face aussi intense que fatal avec celui qu’il traque depuis des semaines.

Dans ces chapitres d’une intensité rare, Maxime Chattam démontre tout son art du suspense et de la caractérisation. Victor Mags, d’abord figure fantomatique, prend peu à peu chair sous la plume de l’auteur, jusqu’à incarner une forme de mal absolu. Une montée en puissance savamment orchestrée, qui va crescendo jusqu’à un dénouement aussi brutal qu’inattendu. Un final en forme de coup de théâtre, qui vient bouleverser toutes les certitudes des lecteurs et ouvrir de nouvelles perspectives aussi terrifiantes que fascinantes.

À découvrir ou à relire

Le grand sommeil Raymond Chandler
Le cri Nicolas Beuglet
Mad Chloé Esposito
La croisière Catherine Cooper

Alexis Timée, un gendarme prêt à tout pour arrêter les tueurs

Tout au long de « La Conjuration primitive », Alexis Timée s’impose comme le véritable pivot de l’enquête, celui par qui le récit avance et les révélations adviennent. Mais au-delà de son rôle de protagoniste, le jeune gendarme incarne aussi une certaine idée de l’engagement et du sens du devoir, poussés jusqu’à leur extrême limite. Un homme prêt à tous les sacrifices pour arrêter les tueurs et protéger les innocents.

Dès les premières pages du roman, Alexis Timée se distingue par son obstination et son intuition hors du commun. Là où d’autres baissent les bras face à l’apparent chaos des crimes, lui s’acharne à chercher un fil conducteur, une logique cachée. Une ténacité qui force l’admiration de ses coéquipiers, mais qui le pousse aussi parfois à franchir les limites, à s’aventurer sur des chemins de traverse où la prudence le disputerait à l’inconscience.

Car pour Alexis Timée, la traque des tueurs n’est pas qu’une simple affaire policière. C’est un combat personnel, une croisade presque intime contre le mal sous toutes ses formes. Une quête de vérité et de justice qui le consume littéralement, le poussant à négliger sa vie personnelle, sa santé même, pour se consacrer corps et âme à l’enquête. Un engagement total, absolu, qui ne laisse que peu de place aux compromis ou aux demi-mesures.

Cette intransigeance, cette volonté d’aller jusqu’au bout quoi qu’il en coûte, trouvera son point d’orgue dans la décision d’Alexis Timée d’affronter seul Victor Mags, pourtant lourdement suspecté d’être le terrible « Fantôme ». Un choix aussi courageux qu’imprudent, motivé par l’urgence et la certitude d’être sur le point de coincer le tueur. Une initiative solitaire qui témoigne de la complexité du personnage, tiraillé entre son sens du devoir et une forme d’hubris, de croyance en sa propre invincibilité.

Mais c’est aussi dans ces moments de vérité, face à l’adversité la plus extrême, qu’Alexis Timée révèle toute sa humanité. Loin de l’image du héros infaillible, il apparaît soudain dans toute sa vulnérabilité, ses doutes et ses peurs. Un homme avant d’être un gendarme, prêt au sacrifice ultime non par bravade, mais par un sens profond de l’honneur et du service. Une humanité qui rend son destin d’autant plus poignant et son souvenir impérissable.

À travers le personnage d’Alexis Timée, Maxime Chattam rend un vibrant hommage à ces hommes et ces femmes qui, dans l’ombre, se dévouent corps et âme à la protection des autres. Une figure de justicier aussi attachante que complexe, dont le destin tragique et héroïque hante longtemps l’esprit du lecteur, bien après la dernière page tournée. Un protagoniste inoubliable qui, à lui seul, justifie la lecture de ce thriller magistral.

Un dénouement tragique : la mort violente d’Alexis et l’arrestation de Victor Mags

Le dénouement de « La Conjuration primitive » frappe le lecteur avec la force d’un coup de poing. Dans un enchaînement d’événements aussi brutaux qu’inattendus, Maxime Chattam précipite ses personnages vers un destin tragique, où l’héroïsme le dispute à l’horreur. Une fin en forme de catharsis, qui vient clore de manière magistrale cette enquête hors norme.

Tout commence avec la décision d’Alexis Timée de prendre seul en filature Victor Mags, persuadé d’avoir affaire au « Fantôme ». Une initiative aussi courageuse qu’imprudente, qui va précipiter le jeune gendarme dans un face-à-face mortel avec celui qu’il traque depuis des semaines. Car Victor Mags n’est pas homme à se laisser coincer sans combattre, et c’est un véritable guet-apens qui attend Alexis dans la maison isolée du tueur.

S’ensuit une scène d’une violence inouïe, décrite avec un réalisme clinique qui prend aux tripes. Pris par surprise, Alexis Timée est criblé de balles par Victor Mags, avant d’être achevé d’une balle en pleine tête. Une mort brutale, presque instantanée, qui vient faucher en pleine jeunesse ce gendarme d’exception. Un sacrifice ultime, consenti pour tenter de sauver une dernière victime des griffes du « Fantôme ».

Mais la mort d’Alexis n’aura pas été vaine. Alertés par ses derniers messages, ses coéquipiers de la Cellule Hommult investissent les lieux, engageant une fusillade nourrie avec Victor Mags. Un affrontement sans merci, qui se soldera par la neutralisation du tueur, abattu alors qu’il s’apprêtait à se donner la mort. Une arrestation en forme de victoire amère, ternie par le prix du sang versé pour y parvenir.

C’est dans un silence lourd de chagrin et de colère que les enquêteurs découvrent le corps sans vie d’Alexis, baignant dans son sang au milieu de cette scène d’horreur. Un constat aussi terrible qu’irrémédiable, qui vient sceller de manière définitive le destin de ce héros des temps modernes. Une mort en service qui résonne comme un écho tragique à son engagement sans faille, à sa volonté inébranlable de combattre le mal jusqu’à son dernier souffle.

En orchestrant ce final aussi choc qu’inattendu, Maxime Chattam démontre une nouvelle fois sa maîtrise des codes du thriller. Mais au-delà du simple effet de surprise, cette conclusion en forme de tragédie vient aussi donner tout son sens au parcours d’Alexis Timée. Car c’est dans ce sacrifice ultime que le jeune gendarme trouve sa véritable consécration, celle d’un justicier prêt à tout pour défendre ses valeurs et protéger les innocents.

Un dénouement bouleversant, qui laisse le lecteur sonnés et pensifs. Car en refermant « La Conjuration primitive », c’est un peu de notre foi en l’humanité qui vacille, ébranlée par la violence d’un monde où les héros meurent et où les monstres survivent parfois à leurs crimes. Un finale en forme de questionnement sur le sens de l’engagement et le prix de la justice, magistralement porté par la plume incisive et le talent de conteur de Maxime Chattam.

À découvrir ou à relire

Les enchanteurs James Ellroy
Les enfants loups Vera Buck
Les mouettes Thomas Cantaloube
Et ils ne furent plus que neuf C.A. Larmer

Le mot de la fin : l’ampleur terrifiante de la « Conjuration » et les suites de l’enquête

« La Conjuration primitive » ne se referme pas sur l’arrestation de Victor Mags et la mort tragique d’Alexis Timée. Au contraire, ce dénouement en forme de point d’orgue vient ouvrir de nouvelles perspectives aussi fascinantes que terrifiantes. Car au-delà de la traque du « Fantôme », c’est bien une véritable conspiration du mal que les enquêteurs de la Cellule Hommult ont mise au jour, une « Conjuration » dont l’ampleur dépasse l’entendement.

La découverte de crimes similaires à travers l’Europe, tous signés de l’énigmatique symbole « *e », laisse présager l’existence d’un vaste réseau criminel, uni par un pacte secret et mortifère. Une organisation souterraine dont Victor Mags et son comparse, l’insaisissable « Bête », ne seraient que la partie émergée. Une hydre tentaculaire, dont il faudra trancher une à une les têtes pour espérer en venir à bout.

C’est là tout l’enjeu des derniers chapitres du roman, qui voient les enquêteurs, portés par l’héritage d’Alexis Timée, s’engager dans une course contre la montre pour remonter les filières de cette « Conjuration ». Une traque à l’échelle européenne, qui les mènera des forêts d’Écosse aux faubourgs sordides de Cracovie, sur les traces de tueurs aussi insaisissables que déterminés. Une quête de vérité semée d’embûches, où chaque nouvelle découverte semble soulever autant de questions que de réponses.

Mais plus que l’investigation elle-même, c’est la portée symbolique de cette « Conjuration » qui marque durablement l’esprit. Car en dépeignant ce mal protéiforme, cette violence systémique qui transcende les frontières, Maxime Chattam semble aussi pointer du doigt les dérives d’une société en perte de repères. Une humanité confrontée à ses propres démons, dont la « Conjuration primitive » serait finalement le reflet en même temps que le symptôme.

C’est toute la force de ce thriller que de dépasser le simple cadre du récit policier pour questionner notre rapport au mal, aux pulsions les plus sombres qui sommeillent en chacun de nous. Une réflexion d’autant plus nécessaire qu’elle s’incarne dans une intrigue haletante, portée par des personnages aussi complexes qu’attachants. Un tour de force narratif et émotionnel, qui fait de « La Conjuration primitive » bien plus qu’un simple divertissement : une véritable expérience de lecture, qui hante durablement les esprits.

En refermant ce roman, c’est un sentiment mêlé qui domine. La satisfaction d’avoir assisté à un grand thriller, mené de main de maître par un auteur au sommet de son art. Mais aussi une forme d’inquiétude sourde, née de cette plongée dans les arcanes du mal. Un questionnement lancinant sur la part d’ombre qui réside en chacun de nous, et sur les moyens de la combattre. Un ultime défi lancé au lecteur, en forme d’invitation à la vigilance et à l’engagement. Le plus bel hommage qui soit à la mémoire d’Alexis Timée, ce héros des temps modernes sacrifié sur l’autel de la vérité et de la justice.


Extrait Première Page du livre

 » 1.
L’homme ne faisait que passer. Voilà ce que semblait dire la montagne.

Une arête colossale jaillissait de la roche, haute d’un millier de mètres, grise, veinée de stries blanches d’où s’envolaient des arabesques de poudre à chaque rafale, un promontoire vertigineux qui dominait la vallée, couvrant le village de La Giettaz de son ombre permanente, immuable face à la puissance du soleil ancestral.

Cette montagne écrasait tout le paysage de sa majesté depuis des millions d’années, pour encore au moins aussi longtemps.

Le village niché entre deux replis de ce géant minéral n’était, lui, que petites maisons de briques, de planches et d’ardoises, descendantes de huttes branlantes, filles de bicoques bricolées avec de la terre séchée et des fagots de bois, menacées à chaque tempête, malmenées à chaque hiver ou par le moindre vent violent.

Ici le paysage tout entier rappelait que l’homme ne faisait que passer sur l’écorce de la Terre. Il n’était qu’un parasite vaguement persistant qui, bientôt, ne serait plus identifiable qu’aux fossiles de sa civilisation. La montagne, elle, n’aurait presque rien senti de cette courte présence entre ses jambes et sur ses reins.

Pour l’heure, l’homme avait posé sa fine empreinte passagère sur cette masse tranquille, un cordon sombre dans la lumière du matin, savamment appliqué sur les pentes, un fil de goudron fragile qui serpentait du village jusqu’à mi-hauteur.

Alexis Timée conduisait penché sur son volant, le bout des doigts dépassant à peine des manches de sa doudoune. Le chauffage de la voiture de location était en panne. Sa grosse écharpe lovée autour du cou comme un serpent cherchant à étouffer sa proie. « 


  • Titre : La Conjuration primitive
  • Auteur : Maxime Chattam
  • Éditeur : Albin Michel
  • Nationalité : France
  • Date de sortie : 2013

Page Officielle : maxime-chattam.fr


Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis plus de 60 ans, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.


Laisser un commentaire