Gérard de Villiers, maître du roman d’espionnage
Gérard de Villiers, décédé en 2013, était un auteur prolifique et incontournable dans le domaine du roman d’espionnage. Avec plus de 200 titres publiés, principalement dans la série SAS mettant en scène le prince autrichien Malko Linge, il a su captiver des millions de lecteurs à travers le monde. Son style unique, alliant intrigues géopolitiques, action et érotisme, lui a valu le surnom de « maître de l’espionnage« .
La série SAS, créée en 1965, se distingue par son ancrage dans l’actualité internationale. Gérard de Villiers s’appuyait sur une documentation rigoureuse et des voyages fréquents pour donner à ses récits une dimension réaliste et crédible. Ses romans, souvent publiés à un rythme effréné, reflétaient les évolutions du monde, des conflits locaux aux grandes crises diplomatiques.
L’une des forces de Gérard de Villiers résidait dans sa capacité à imaginer des scénarios complexes et haletants, tout en les ancrant dans un contexte géopolitique précis. Ses intrigues, savamment construites, tenaient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Les rebondissements s’enchaînaient à un rythme soutenu, maintenant une tension permanente.
Les personnages créés par Gérard de Villiers, à commencer par Malko Linge, ont largement contribué au succès de la série SAS. Prince autrichien devenu agent de la CIA, Malko est un héros charismatique, cultivé et séducteur. Les nombreux personnages secondaires, souvent hauts en couleur, apportent une dimension supplémentaire aux intrigues.
Le style de Gérard de Villiers, direct et efficace, est immédiatement reconnaissable. L’auteur privilégiait l’action et les dialogues, sans pour autant négliger les descriptions nécessaires à l’immersion du lecteur. Son écriture, parfois crue, notamment dans les scènes érotiques, peut surprendre mais fait partie intégrante de son univers romanesque.
Véritable phénomène littéraire, Gérard de Villiers a marqué de son empreinte le paysage du roman d’espionnage. Son influence sur le genre est incontestable, et nombreux sont les auteurs à avoir suivi ses traces. « Mission à Moscou », publié en 1990, illustre parfaitement l’art de Gérard de Villiers, entre géopolitique, action et sensualité. Ce roman témoigne de la maîtrise d’un auteur qui savait comme nul autre captiver son lectorat.
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Malko Linge, prince et agent de la CIA
Malko Linge, personnage central de la série SAS, est un héros atypique dans l’univers du roman d’espionnage. Prince autrichien, il a été recruté par la CIA pour mener des missions délicates aux quatre coins du globe. Son statut d’agent freelance lui permet de naviguer dans des eaux troubles, là où les services officiels ne peuvent intervenir directement.
Le choix de Malko Linge comme protagoniste est l’un des éléments clés du succès de la série. Son charisme, son intelligence et ses talents de séducteur en font un héros charismatique, capable de se sortir des situations les plus périlleuses. Son rang de prince lui ouvre des portes et lui permet d’évoluer avec aisance dans les hautes sphères du pouvoir.
Mais Malko Linge est loin d’être un personnage lisse et sans aspérités. Ses failles, ses doutes et ses blessures en font un héros profondément humain. Son goût pour les plaisirs de la vie, notamment pour les femmes, est souvent source de complications dans ses missions. Cette dimension romanesque contribue à rendre le personnage attachant et mémorable.
Dans « Mission à Moscou », Malko Linge se retrouve confronté à un défi de taille. Envoyé en Union soviétique pour démêler une affaire d’espionnage, il doit naviguer dans un monde où la méfiance est de mise et où le danger peut surgir à chaque instant. Sa connaissance des arcanes du pouvoir et son expérience des situations extrêmes sont ses meilleurs atouts pour mener à bien sa mission.
Tout au long du roman, le lecteur suit les aventures de Malko Linge avec un mélange de fascination et d’appréhension. Les risques encourus par le héros sont bien réels, et chaque décision peut avoir des conséquences dramatiques. C’est cette tension permanente qui donne à « Mission à Moscou » son intensité et son rythme haletant.
Figure emblématique de la série SAS, Malko Linge incarne à lui seul l’art de Gérard de Villiers. Personnage complexe et nuancé, il est le fil conducteur qui permet à l’auteur de déployer ses intrigues sur fond de géopolitique. Au fil des pages, le lecteur s’attache à ce héros hors norme, partageant ses aventures et ses émotions dans un monde où l’espionnage est roi.
Moscou, théâtre d’une mission à hauts risques
Dans « Mission à Moscou », Gérard de Villiers choisit la capitale soviétique comme décor d’une mission particulièrement périlleuse pour son héros Malko Linge. Moscou, ville symbole de la Guerre froide, devient le théâtre d’un jeu d’espionnage complexe où les pièges sont légion. L’auteur dépeint avec minutie l’atmosphère de la cité, entre grandeur et décrépitude, où les ombres du KGB semblent planer à chaque coin de rue.
Le choix de Moscou comme cadre de l’intrigue n’est pas anodin. C’est une ville chargée d’histoire, où les secrets se murmurent derrière les portes closes. Gérard de Villiers tire parti de cette dimension symbolique pour construire un récit haletant, où chaque lieu, du Kremlin aux ruelles sombres, peut dissimuler un danger. La description des décors, souvent oppressants, contribue à instaurer un climat de tension et de paranoïa.
Moscou apparaît aussi comme un labyrinthe bureaucratique, où les règles officielles côtoient les arrangements officieux. Malko Linge doit naviguer dans ce dédale, entre les différents services de renseignement et les factions qui s’affrontent en coulisses. La complexité de la mission tient autant aux enjeux géopolitiques qu’à la difficulté de démêler les fils d’une intrigue où les apparences sont souvent trompeuses.
La ville elle-même semble se refermer sur le héros, comme un piège qui se resserre inexorablement. Les filatures incessantes, les rendez-vous secrets et les chassés-croisés dans les rues moscovites maintiennent une pression constante sur Malko Linge. Chaque sortie, chaque rencontre peut se révéler fatale, et le lecteur retient son souffle à chaque page.
Mais Moscou n’est pas qu’une ville hostile et menaçante. Gérard de Villiers sait aussi capturer la beauté de la cité, ses monuments emblématiques et ses trésors cachés. Les rares moments de répit pour son héros sont l’occasion de plongées fascinantes dans l’histoire et la culture russes. Ces escapades offrent un contrepoint bienvenu à la tension omniprésente du récit.
Au fil des chapitres, Moscou devient un personnage à part entière de « Mission à Moscou ». Ville énigmatique et envoûtante, elle se révèle aussi impitoyable que les adversaires auxquels Malko Linge doit faire face. Le génie de Gérard de Villiers est de faire de cette cité un écrin parfait pour une intrigue d’espionnage, où chaque rue, chaque bâtiment recèle un secret. À mesure que l’étau se resserre sur le héros, Moscou semble se refermer sur lui, laissant planer jusqu’au bout le doute sur l’issue de sa mission.
Le KGB, adversaire redoutable
Dans « Mission à Moscou », Malko Linge se retrouve confronté à un adversaire de taille : le KGB, le redoutable service de renseignement soviétique. Véritable État dans l’État, le KGB est omniprésent dans la société soviétique, contrôlant tous les aspects de la vie des citoyens. Pour Malko, chaque interaction, chaque rencontre peut dissimuler un piège tendu par les agents du KGB.
Gérard de Villiers dépeint le KGB comme une organisation tentaculaire et impitoyable. Ses agents sont décrits comme des professionnels aguerris, rompus aux techniques d’espionnage et de manipulation. Ils mènent une guerre de l’ombre, utilisant tous les moyens à leur disposition pour parvenir à leurs fins. Face à eux, Malko doit constamment rester sur ses gardes, décryptant chaque parole, chaque geste, pour tenter de discerner le vrai du faux.
Le KGB apparaît comme un adversaire insaisissable, capable d’infiltrer tous les milieux et de retourner n’importe quelle situation à son avantage. Ses réseaux d’informateurs, savamment entretenus, lui permettent d’avoir une longueur d’avance sur ses ennemis. Pour Malko, chaque allié potentiel peut se révéler être un agent double, chaque information obtenue peut être une manipulation savamment orchestrée.
Mais le KGB n’est pas qu’une machine froide et implacable. Gérard de Villiers met en scène des agents complexes et ambigus, mus par des motivations parfois troubles. Les luttes de pouvoir internes, les rivalités entre services créent des failles que Malko tentera d’exploiter. Dans cet univers où la loyauté est une denrée rare, le héros devra faire preuve d’une grande finesse psychologique pour naviguer entre les écueils.
La puissance du KGB réside aussi dans les moyens considérables dont il dispose. Écoutes téléphoniques, filatures, chantage, intimidation : tout l’arsenal des services secrets est déployé pour contrecarrer les plans de Malko. Cette disproportion des forces en présence accentue la tension du récit, le lecteur ayant l’impression que le héros est pris dans une toile d’araignée dont il ne pourra se défaire.
Au cœur de « Mission à Moscou », le KGB incarne l’ennemi par excellence, l’incarnation de tous les dangers auxquels Malko doit faire face. L’affrontement entre le héros solitaire et cette puissante organisation donne au roman sa dimension épique, chaque victoire de Malko apparaissant comme un exploit face à un tel adversaire. À travers le KGB, c’est toute la machine répressive soviétique que Gérard de Villiers met en scène, offrant à son intrigue une dimension politique et historique qui en renforce l’intensité.
La Perestroïka en toile de fond
« Mission à Moscou » se déroule dans le contexte historique de la Perestroïka, la grande réforme engagée par Mikhaïl Gorbatchev à partir de 1985. Cette tentative de restructuration en profondeur du système soviétique constitue la toile de fond du roman, influençant les événements et les personnages. Gérard de Villiers intègre habilement ce contexte à son intrigue, montrant comment les bouleversements politiques et sociaux affectent le monde de l’espionnage.
La Perestroïka apparaît comme une période de transition, où les anciennes certitudes volent en éclat. Les structures traditionnelles du pouvoir sont ébranlées, créant un climat d’incertitude et de défiance. Pour Malko Linge, cet environnement mouvant est à la fois une source de danger et d’opportunités. Il doit composer avec des alliances fluctuantes et des loyautés changeantes, tout en essayant de démêler les fils d’une intrigue qui plonge ses racines dans les soubresauts de l’Histoire.
Gérard de Villiers utilise le prisme de la Perestroïka pour explorer les contradictions de la société soviétique. Il met en scène des personnages tiraillés entre leur adhésion au système et leur aspiration à plus de liberté, reflétant ainsi les tensions qui traversent le pays. Les discussions entre les protagonistes, souvent animées, permettent à l’auteur d’exposer différents points de vue sur les réformes en cours, donnant à son récit une dimension politique passionnante.
La Perestroïka se traduit aussi par une évolution des mœurs et des mentalités, que Gérard de Villiers intègre subtilement à son roman. L’ouverture relative du pays se manifeste par une plus grande liberté de ton, une remise en question des dogmes officiels. Malko Linge, en tant qu’observateur extérieur, est le témoin privilégié de ces changements, qui influencent parfois le cours de sa mission.
Mais la Perestroïka n’est pas qu’un simple décor pour l’intrigue. Elle en est un ressort essentiel, un élément moteur qui conditionne les enjeux et les motivations des personnages. Les luttes de pouvoir au sein du KGB, les manœuvres politiques en coulisses prennent tout leur sens à la lumière de ce contexte historique. Gérard de Villiers parvient ainsi à donner à son récit d’espionnage une profondeur et une résonance uniques.
Véritable plongée dans l’Union soviétique des années 1980, « Mission à Moscou » offre au lecteur un aperçu fascinant d’une époque charnière. La Perestroïka, omniprésente en filigrane, donne au roman de Gérard de Villiers une dimension documentaire passionnante. Loin d’être un simple arrière-plan, ce contexte historique unique est savamment intégré à l’intrigue, offrant une clé de lecture essentielle pour appréhender les enjeux complexes de cette mission à haut risque.
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Des personnages secondaires hauts en couleur
Les romans de Gérard de Villiers ne seraient pas ce qu’ils sont sans la galerie de personnages secondaires hauts en couleur qui gravitent autour de Malko Linge. Dans « Mission à Moscou », ces figures pittoresques, campées en quelques traits précis, donnent au récit sa richesse et son intensité. Qu’ils soient alliés ou adversaires, ils apportent une dimension humaine à l’intrigue, oscillant entre le tragique et le burlesque.
Parmi ces personnages, on trouve des agents du KGB, tantôt cyniques et désabusés, tantôt fanatiques et impitoyables. Gérard de Villiers excelle à dépeindre ces hommes et ces femmes pris dans les rouages d’un système qui les broie, tiraillés entre leur devoir et leurs doutes. Leurs dialogues ciselés, souvent empreints d’une ironie grinçante, donnent au récit une saveur particulière, entre réalisme et caricature.
Les informateurs et autres contacts de Malko Linge ne sont pas en reste. Issus de tous les milieux, du plus sordide au plus glamour, ils forment une faune bigarrée et fascinante. Chacun à sa manière, ils détiennent une pièce du puzzle que le héros tente de reconstituer, le renseignant ou l’égarant au gré de leurs intérêts. Leur présence épisodique mais marquante rythme le récit, introduisant des moments de tension ou de respiration.
Gérard de Villiers n’oublie pas de mettre en scène les victimes collatérales des luttes d’influence entre grandes puissances. Dissidents, artistes ou simples citoyens pris dans l’engrenage de l’Histoire, ils incarnent la complexité d’une société en plein bouleversement. Leurs destins tragiques, esquissés en quelques pages poignantes, donnent à l’intrigue une résonance humaine et universelle.
Il faut aussi mentionner les nombreuses figures féminines qui croisent la route de Malko Linge. Espionnes, informatrices ou simples conquêtes d’un soir, elles apportent au roman une touche de sensualité et de mystère. Leur présence, parfois sulfureuse, vient pimenter l’intrigue et révéler des facettes inattendues du héros. Entre manipulation et séduction, elles jouent un rôle clé dans la progression du récit.
Loin d’être de simples faire-valoir, les personnages secondaires de « Mission à Moscou » participent pleinement à la réussite du roman. Par leur diversité et leur épaisseur, ils donnent à l’univers de Gérard de Villiers une densité et un réalisme saisissants. Ils sont le reflet d’une époque et d’une société en pleine mutation, le miroir des contradictions et des espoirs d’une génération. Grâce à eux, Moscou devient un théâtre vivant et foisonnant, où se jouent des drames intimes et des enjeux géopolitiques majeurs.
Une intrigue sous haute tension
Le talent de Gérard de Villiers pour construire des intrigues complexes et haletantes est l’une des marques de fabrique de la série SAS. Dans « Mission à Moscou », il tisse une toile d’une redoutable efficacité, où chaque fil se noue et se dénoue au rythme des rebondissements. Le lecteur, tenu en haleine de la première à la dernière page, est entraîné dans un véritable labyrinthe où le danger guette à chaque tournant.
L’intrigue de « Mission à Moscou » se distingue par sa construction minutieuse et implacable. Chaque événement, chaque rencontre s’avère lourde de conséquences, relançant sans cesse la tension. Gérard de Villiers distille les informations avec une maestria qui maintient le suspense à son paroxysme, jouant sur les fausses pistes et les révélations fracassantes. Le lecteur, à l’instar de Malko Linge, doit sans cesse remettre en question ses certitudes et s’adapter à une situation en constante évolution.
Les multiples rebondissements qui émaillent le récit sont autant de coups de théâtre qui viennent bouleverser la donne. Trahisons, doubles jeux, alliances contradictoires se succèdent à un rythme effréné, maintenant une pression constante sur les épaules du héros. Chaque avancée de Malko Linge semble soulever de nouvelles questions, ouvrir de nouvelles pistes, dans une course contre la montre où le moindre faux pas peut s’avérer fatal.
Cette tension permanente est savamment entretenue par l’atmosphère oppressante qui règne sur Moscou. La ville elle-même, avec ses ombres menaçantes et ses secrets enfouis, devient un véritable personnage, un labyrinthe hostile où se trament les complots les plus noirs. Gérard de Villiers excelle à restituer cette ambiance paranoïaque, où chaque regard, chaque geste peut dissimuler une menace. Le lecteur, à l’instar de Malko Linge, en vient à se méfier de tout et de tous, suspectant le piège derrière chaque sourire.
Mais la tension qui imprègne « Mission à Moscou » n’est pas seulement physique. Elle est aussi psychologique, s’insinuant dans l’esprit des personnages et du lecteur. Les dilemmes moraux auxquels est confronté Malko Linge, les choix impossibles qui s’imposent à lui contribuent à cette atmosphère étouffante. Chaque décision, même la plus anodine en apparence, peut avoir des conséquences dramatiques, ajoutant encore à la pression qui pèse sur les épaules du héros.
Véritable maintien en tension du début à la fin, « Mission à Moscou » offre au lecteur une expérience intense et palpitante. Gérard de Villiers, en virtuose du suspense, parvient à créer un sentiment d’urgence et de danger permanent. Chaque page tournée semble apporter son lot de surprises et de révélations, jusqu’à un dénouement aussi imprévisible qu’haletant. C’est cette maîtrise des codes du thriller qui fait de ce roman un modèle du genre, où l’adrénaline le dispute à la fascination pour un univers trouble et captivant.
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Sensualité et érotisme, marque de fabrique de la série SAS
Les romans de la série SAS sont réputés pour leur dimension érotique, et « Mission à Moscou » ne fait pas exception. Gérard de Villiers parsème son récit de scènes torrides qui mettent en scène Malko Linge dans des situations aussi sulfureuses que périlleuses. Ces passages, souvent crus et détaillés, font partie intégrante de l’univers du héros, au même titre que les intrigues d’espionnage et les voyages exotiques.
La sensualité est omniprésente dans le roman, imprégnant chaque rencontre, chaque relation. Les descriptions des corps féminins, magnifiés par la plume de l’auteur, ajoutent une dimension charnelle au récit. Gérard de Villiers excelle à créer une tension érotique, jouant sur les non-dits et les regards lourds de sous-entendus. Chaque scène, même la plus anodine en apparence, semble chargée d’un parfum de scandale et de transgression.
Mais l’érotisme dans « Mission à Moscou » n’est pas qu’un simple ornement. Il fait partie intégrante de l’intrigue, influençant les rapports de force entre les personnages. Les liaisons de Malko Linge, souvent tumultueuses et passionnées, le placent dans des situations délicates, où le désir se mêle à la manipulation. Gérard de Villiers utilise la sexualité comme un outil narratif, révélant les facettes cachées de ses protagonistes à travers leurs étreintes.
Ces scènes érotiques, bien que parfois crues, ne tombent jamais dans la vulgarité gratuite. Elles participent à l’atmosphère du roman, entre decadence et interdit. Elles reflètent aussi l’évolution des mœurs et des mentalités de l’époque, brossant le portrait d’une société en pleine mutation. Gérard de Villiers, en observateur acéré, capte ces changements et les intègre à son récit avec un mélange de fascination et d’ironie.
Il faut noter que ces passages sulfureux ont contribué pour beaucoup au succès de la série SAS. Ils ont fait de Malko Linge une figure iconique, incarnation d’une certaine idée de la masculinité et du pouvoir de séduction. Mais au-delà du simple fantasme, ils apportent au personnage une épaisseur et une complexité qui en font un héros romanesque à part entière.
En définitive, la sensualité et l’érotisme sont indissociables de l’univers de Gérard de Villiers. Ils donnent à « Mission à Moscou » sa saveur si particulière, entre thriller géopolitique et chronique libertine. Loin d’être de simples intermèdes, ces scènes brûlantes participent pleinement à la construction du récit et des personnages. Elles sont la signature d’un auteur qui a su, comme nul autre, mêler l’espionnage et le désir dans un cocktail aussi sulfureux qu’addictif.
Un regard sur la société soviétique des années 1990
Au-delà de l’intrigue d’espionnage, « Mission à Moscou » offre un regard fascinant sur la société soviétique des années 1990. Gérard de Villiers, en observateur attentif, brosse le portrait d’un pays en pleine mutation, tiraillé entre les héritages du passé et les aspirations nouvelles. À travers les pérégrinations de Malko Linge, le lecteur découvre un monde complexe et contradictoire, où les certitudes d’hier volent en éclat.
Le roman met en scène une société en quête d’identité, écartelée entre les promesses de la Perestroïka et les résistances du système. Les personnages que croise Malko Linge incarnent ces contradictions, entre désir de changement et peur de l’inconnu. Les dialogues, souvent empreints d’une ironie grinçante, révèlent les failles d’un régime à bout de souffle, miné par la corruption et les pénuries.
Gérard de Villiers ne se contente pas de décrire les rouages du pouvoir. Il s’intéresse aussi au quotidien des Soviétiques, à leurs espoirs et à leurs frustrations. Les scènes de la vie moscovite, savoureuses et pittoresques, donnent chair à un univers souvent perçu comme monolithique. De la babouchka méfiante au fonctionnaire désabusé, en passant par l’intellectuel dissident, c’est toute une galerie de portraits qui se dessine sous la plume de l’auteur.
Le roman explore aussi les failles d’une société gangrénée par les pénuries et le marché noir. Les descriptions des magasins vides, des files d’attente interminables et des trafics en tous genres brossent le tableau d’un pays au bord de l’implosion. Gérard de Villiers capte avec justesse l’atmosphère de fin de règne qui imprègne Moscou, cette sensation que le monde d’hier est en train de se fissurer.
Mais « Mission à Moscou » ne se contente pas d’une vision misérabiliste. Le roman rend aussi hommage à la résilience et à l’inventivité des Soviétiques, à leur capacité à s’adapter à des conditions de vie souvent difficiles. Les scènes de fête et de partage, les éclats de rire et les élans de solidarité viennent tempérer la noirceur du tableau, rappelant que derrière la grisaille se cachent des êtres humains animés par des passions universelles.
En fin de compte, le portrait que dresse Gérard de Villiers de la société soviétique des années 1990 est celui d’un monde en transition, pris entre deux époques. « Mission à Moscou » capture ce moment charnière avec une acuité et une empathie rares, offrant au lecteur une plongée fascinante dans un univers en plein bouleversement. Le roman, au-delà de ses qualités de thriller, est aussi un formidable document sur une période clé de l’histoire, un témoignage précieux sur un monde disparu.
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Mission à Moscou, un condensé de l’art de Gérard de Villiers
« Mission à Moscou » est un véritable condensé de l’art de Gérard de Villiers, réunissant tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série SAS. On y retrouve les éléments caractéristiques de l’auteur : une intrigue géopolitique complexe, des personnages hauts en couleur, des rebondissements haletants et une sensualité omniprésente. Le roman est à la fois un hommage aux codes du genre et une démonstration éclatante du talent de conteur de Villiers.
L’intrigue de « Mission à Moscou » est un modèle du genre, alliant complexité et efficacité. Gérard de Villiers y déploie tout son art du suspense, distillant les révélations avec une maîtrise qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné, chaque nouveau développement venant relancer la tension et remettre en question les certitudes établies. C’est cette construction minutieuse, ce sens du tempo qui font de Villiers un maître incontesté du thriller d’espionnage.
Mais la réussite de « Mission à Moscou » tient aussi à la richesse de son univers et de ses personnages. Gérard de Villiers excelle à créer des figures marquantes, campées en quelques traits incisifs. Du héros Malko Linge, prince désabusé et séducteur impénitent, aux agents du KGB tourmentés et ambigus, en passant par les espionnes fatales et les dissidents idéalistes, c’est toute une galerie de portraits qui prend vie sous la plume de l’auteur. Chaque personnage, même secondaire, semble animé d’une vie propre, doté d’une épaisseur psychologique qui en fait bien plus que de simples archétypes.
Il faut aussi souligner l’impressionnant travail de documentation qui sous-tend le roman. Gérard de Villiers, grand voyageur et fin connaisseur des arcanes de la géopolitique, ancre son récit dans une réalité historique et sociale minutieusement restituée. Les descriptions de Moscou, entre grandeur décrépite et fièvre de changement, témoignent d’une connaissance intime des lieux et des atmosphères. Les réflexions sur la Perestroïka et les bouleversements qui traversent l’Union soviétique révèlent une compréhension profonde des enjeux de l’époque. Cette précision documentaire, alliée à une imagination débordante, confère au roman une vraisemblance et une densité rares.
Enfin, on ne peut évoquer « Mission à Moscou » sans mentionner la dimension érotique qui imprègne le récit. Les scènes de sexe, marque de fabrique de la série SAS, sont ici plus que de simples ornements. Elles participent pleinement à l’atmosphère du roman, entre sensualité et transgression, et révèlent les ressorts psychologiques des personnages. Gérard de Villiers manie l’érotisme avec une audace et un art consommé de la suggestion qui ont fait sa renommée.
Au final, « Mission à Moscou » apparaît comme une synthèse éblouissante de l’univers de Gérard de Villiers. Intrigue implacable, personnages inoubliables, sensualité omniprésente, le roman concentre tous les ingrédients qui ont assuré le succès planétaire de la série SAS. Mais au-delà de la recette éprouvée, c’est le talent de conteur de l’auteur qui s’exprime ici avec une force renouvelée. Par son sens du rythme, son art du dialogue et son inventivité narrative, Gérard de Villiers nous offre avec « Mission à Moscou » un grand cru, un condensé de son génie romanesque qui en fait bien plus qu’un simple épisode de la saga Malko Linge : un véritable roman d’espionnage, captivant de la première à la dernière page.
Mots-clés : Espionnage, URSS, Perestroïka, KGB, Érotisme, Thriller, Géopolitique
Extrait Première Page du livre
» CHAPITRE PREMIER
– Encore un peu de vodka, Igor Nicolaïevitch ?
– Da, da, spasibo, Tovaritch General
Le général-capitaine Vladimir Ivanovitch Sokolov acheva de vider le carafon de vodka dans le verre de son subordonné, le colonel Igor Nicolaïevitch Chamirov, avec une grimace de désapprobation qui donnait un air presque comique à son visage ovoïde et mou, éclairé par deux yeux d’un bleu minéral.
– Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour que tu sois moins formel avec moi, Igor Nicolaïevitch…
– C’est vrai, c’est vrai, Vladimir Ivanovitch, bredouilla le colonel, quand même un peu gêné.
Lui et le général Sokolov avaient servi dans la même unité du GRU2 en Afghanistan. Au cours d’une opération secrète, le général qui n’était encore que colonel lui avait sauvé la vie, alors qu’un moudjahid tentait de l’égorger…
Igor Chamirov tâta machinalement son oreille droite mutilée par le poignard de l’Afghan, soudain plein de reconnaissance pour l’homme corpulent assis en face de lui. Vladimir Sokolov venait d’avoir sa troisième étoile mais, comme la plupart des officiers du GRU, arborait rarement sa casquette à bande rouge et ses épaulettes aux étoiles brodées. Son visage gélatineux, plein de taches de rousseur, coupé d’une bouche mince, dissimulait une volonté sans faille. À côté de lui, Igor Chamirov, avec sa silhouette étriquée et sa moustache grise en balai-brosse, ressemblait à un vieil apparatchik sans envergure. Le costume civil le rapetissait encore, mais Vladimir Sokolov lui avait interdit de porter l’uniforme pour ce discret dîner d’hommes au restaurant du premier étage de l’hôtel Nacional sur la place du Manège juste en face du Kremlin.
De l’autre côté de la grande place, on apercevait par les fenêtres du restaurant les deux larges rues en pente douce séparées par un vieil immeuble en brique rouge par lesquelles les défilés officiels arrivaient à la place Rouge en léger surplomb. Passant devant le mausolée de Lénine adossé à la muraille du Kremlin, à droite, et devant l’interminable immeuble du Goum à gauche, le grand magasin qui occupait tout un côté de la place Rouge. «
- Titre : Mission à Moscou
- Auteur : Gérard de Villiers
- Éditeur : Éditions Gérard de Villiers
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2015
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Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.