« Somb », le roman événement de Max Monnehay : un huis clos carcéral et émotionnel

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Introduction : présentation du livre et de l’auteur

« Somb », le nouveau roman de Max Monnehay, nous plonge dans l’univers carcéral à travers le regard de Victor Caranne, un psychologue tourmenté par son passé. Publié aux éditions du Seul en 2020, ce livre s’impose comme une œuvre marquante qui explore avec justesse et profondeur les relations humaines complexes et les thèmes universels de la culpabilité, du déni et de la rédemption.

Max Monnehay, auteur talentueux et reconnu, confirme avec « Somb » son statut d’écrivain incontournable de la scène littéraire française. Après le succès de ses précédents romans, « Corpus Christine » (Albin Michel, 2006), « Géographie de la bêtise » (Seuil, 2012) et « Comment j’ai mis un coup de boule à Joey Starr » (Christophe Lucquin Éditeur, 2013), elle revient avec une histoire puissante qui ne laissera personne indifférent.

Dans « Somb », Max Monnehay démontre une nouvelle fois sa capacité à créer des personnages fascinants et authentiques, qui évoluent dans un univers sombre et oppressant. Son écriture précise et évocatrice nous transporte au cœur de la prison, nous faisant ressentir les émotions et les tourments des protagonistes avec une intensité rare.

L’intrigue, savamment construite, nous tient en haleine du début à la fin, oscillant entre les séances de thérapie de Victor avec ses patients et l’enquête haletante qui suit le meurtre brutal de Julia, la femme qu’il aime en secret. Max Monnehay parvient à maintenir un équilibre subtil entre la tension psychologique et les rebondissements de l’investigation, sans jamais tomber dans les clichés du genre.

« Somb » est bien plus qu’un simple thriller psychologique. C’est une réflexion profonde sur la nature humaine, les choix que nous faisons et les conséquences qui en découlent. Max Monnehay aborde avec finesse et humanité les questions de la rédemption, du pardon et de la reconstruction après un traumatisme. Son roman est une invitation à plonger dans les méandres de l’âme humaine, à affronter nos démons intérieurs et à trouver la force de se relever malgré les épreuves.

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Le cadre et l’atmosphère : une plongée dans l’univers carcéral

L’un des aspects les plus saisissants de « Somb » réside dans la manière dont Max Monnehay parvient à nous immerger dans l’univers carcéral. Dès les premières pages, nous sommes happés par l’atmosphère oppressante et la réalité crue de la prison. L’auteure dépeint avec un réalisme saisissant les couloirs sombres, les cellules exiguës et l’omniprésence des murs qui enferment les détenus et les gardiens dans un même espace confiné.

Max Monnehay excelle dans l’art de créer une ambiance pesante et anxiogène, qui reflète à merveille la tension psychologique vécue par les personnages. Les descriptions minutieuses des lieux et des sensations ressenties par Victor nous permettent de nous projeter dans cet environnement hostile, où chaque geste, chaque parole peut avoir des conséquences dramatiques.

Mais au-delà de la dimension physique de la prison, c’est surtout l’enfermement mental et émotionnel des personnages qui est magistralement mis en scène. Max Monnehay explore avec finesse les dynamiques de pouvoir qui se jouent entre les détenus, les gardiens et les intervenants extérieurs comme Victor. Elle met en lumière les rapports de force, les alliances fragiles et les rivalités qui façonnent le quotidien carcéral.

L’univers de « Somb » n’est pas seulement un décor, c’est un véritable microcosme qui influence et façonne les trajectoires des personnages. La prison devient un miroir grossissant des failles et des blessures intimes de chacun, révélant les parts d’ombre et les secrets enfouis. Max Monnehay parvient à créer une symbiose parfaite entre le cadre oppressant et l’évolution psychologique des protagonistes.

Grâce à son talent de narratrice et à sa plume incisive, Max Monnehay nous offre une expérience immersive et troublante au cœur de l’univers carcéral. « Somb » n’est pas seulement un roman qui se déroule en prison, c’est une véritable plongée dans les abysses de l’âme humaine, où les barreaux sont autant physiques que mentaux. L’auteure réussit le tour de force de nous faire ressentir l’enfermement, l’étouffement et le poids des non-dits qui hantent les personnages, nous rappelant que la prison la plus redoutable est souvent celle que nous portons en nous.

Victor, le personnage principal : un psychologue tourmenté par son passé

Au cœur de « Somb » se trouve Victor Caranne, le personnage principal, un psychologue qui travaille en milieu carcéral. Loin d’être un simple observateur, Victor est un homme profondément marqué par son passé, qui lutte chaque jour contre ses propres démons. Max Monnehay a créé un protagoniste complexe et attachant, dont les fêlures et les doutes font écho à ceux des détenus qu’il tente d’aider.

Victor est hanté par un traumatisme d’enfance qui a façonné son rapport au monde et aux autres. La culpabilité et le sentiment d’impuissance qui le rongent depuis la mort tragique de son neveu James influencent chacun de ses choix, chacune de ses relations. Max Monnehay explore avec une grande justesse psychologique les mécanismes de défense que Victor a mis en place pour survivre à cette blessure originelle, tout en montrant comment ce passé douloureux le rattrape inexorablement.

Mais Victor n’est pas seulement un homme brisé. C’est aussi un thérapeute dévoué et attentif, qui s’investit corps et âme dans son travail auprès des détenus. Max Monnehay met en lumière la sensibilité et l’humanité de ce personnage, qui cherche à comprendre et à aider ceux que la société a rejetés. À travers les séances de thérapie, nous découvrons un Victor à l’écoute, capable de compassion et d’empathie malgré ses propres souffrances.

La relation de Victor avec Julia, la femme de son meilleur ami Jonas, est un autre élément clé qui vient bouleverser son équilibre précaire. Cet amour interdit, à la fois libérateur et destructeur, agit comme un révélateur des failles et des désirs inavoués de Victor. Max Monnehay explore avec finesse la complexité de cette liaison, qui oscille entre passion et culpabilité, et qui confronte Victor à ses propres limites et à ses contradictions.

Victor Caranne est un personnage à la fois lumineux et tourmenté, qui suscite l’empathie et l’admiration du lecteur. Max Monnehay a su créer un protagoniste inoubliable, dont le cheminement émotionnel et psychologique constitue le cœur vibrant du roman. À travers les épreuves qu’il traverse, Victor incarne la résilience et la quête d’une seconde chance, nous rappelant que même les âmes les plus blessées peuvent trouver la force de se reconstruire et d’affronter leurs démons.

Les patients de Victor : une galerie de portraits saisissants

« Somb » ne serait pas le roman poignant et captivant qu’il est sans la galerie de personnages secondaires qui gravitent autour de Victor. Les patients du psychologue, tous détenus à la prison de l’île de Ré, forment un ensemble de portraits saisissants qui donnent chair et âme à l’univers carcéral dépeint par Max Monnehay. Chacun d’entre eux apporte une pierre à l’édifice narratif, révélant peu à peu les rouages d’un système judiciaire et pénitentiaire complexe et souvent imparfait.

Parmi ces patients, on retrouve des figures marquantes comme François, dit « la R’niflette », un psychopathe manipulateur qui met à l’épreuve les compétences et la patience de Victor. Ou encore Marcus, un détenu en quête de rédemption, qui noue une relation particulière avec le psychologue. Max Monnehay excelle dans l’art de donner vie à ces personnages, de leur conférer une épaisseur psychologique et une humanité qui transcendent leur condition de détenus.

Au fil des séances de thérapie, Max Monnehay nous invite à plonger dans les méandres de la psyché de ces hommes brisés, à découvrir leurs failles, leurs espoirs et leurs secrets les plus intimes. Chaque patient devient le miroir d’une facette de la nature humaine, révélant la complexité des relations qui se tissent entre les détenus, les gardiens et les intervenants extérieurs comme Victor.

Mais ces portraits ne sont pas seulement une succession de cas cliniques. Max Monnehay parvient, avec un talent rare, à tisser des liens subtils entre les histoires personnelles des patients et l’intrigue principale du roman. Les destins de ces hommes se mêlent et s’entrechoquent, créant une fresque humaine d’une grande richesse, où chaque détail compte, où chaque révélation fait écho aux tourments intérieurs de Victor.

Véritable prouesse d’écriture et de caractérisation, cette galerie de portraits confère à « Somb » une dimension humaine et universelle. Max Monnehay nous rappelle, à travers ces personnages cabossés par la vie, que derrière chaque crime se cache une histoire, une souffrance, un être humain en quête de sens et de rédemption. Une approche empathique et nuancée qui fait de ce roman bien plus qu’une simple plongée dans l’univers carcéral, mais une véritable exploration de la condition humaine dans toute sa complexité.

Les relations humaines complexes et ambiguës au cœur du récit

Au-delà de l’intrigue policière haletante et de la plongée dans l’univers carcéral, « Somb » est avant tout un roman qui explore la complexité et l’ambiguïté des relations humaines. Max Monnehay tisse une toile de liens affectifs, amicaux et professionnels entre ses personnages, créant un enchevêtrement de secrets, de non-dits et de loyautés conflictuelles qui donnent toute sa profondeur au récit.

La relation entre Victor et Jonas, son meilleur ami depuis l’enfance, est l’un des piliers émotionnels du roman. Leur amitié indéfectible, forgée dans les épreuves et les joies partagées, se trouve mise à rude épreuve par l’amour que Victor porte en secret à Julia, la femme de Jonas. Max Monnehay explore avec finesse les méandres de cette relation triangulaire, où la frontière entre loyauté, trahison et passion se brouille, révélant les failles et les zones d’ombre de chaque personnage.

Mais les relations complexes ne se limitent pas à ce trio central. Max Monnehay excelle dans l’art de mettre en scène les dynamiques de pouvoir et les jeux d’influence qui se nouent entre Victor et ses patients, entre les détenus eux-mêmes, ou encore entre les membres du personnel pénitentiaire. Chaque interaction devient le théâtre d’un rapport de force subtil, où les masques sociaux se fissurent pour laisser entrevoir les motivations profondes et les blessures intimes de chacun.

L’auteure explore également avec justesse les relations familiales qui façonnent le destin des personnages. Les liens qui unissent Victor à sa sœur Noémie, à son neveu James, ou encore Jonas à sa fille Maddie, sont autant de fils invisibles qui influencent les choix et les actions des protagonistes. Max Monnehay montre comment ces attaches affectives peuvent être à la fois une source de réconfort et un poids, un moteur et un frein dans la quête identitaire et la reconstruction de soi.

Véritable coup de maître, le traitement des relations humaines dans « Somb » confère au roman une dimension universelle et intemporelle. En explorant les zones grises qui existent en chacun de nous, les dilemmes moraux auxquels nous sommes confrontés et les masques que nous portons pour affronter le regard des autres, Max Monnehay nous invite à questionner notre propre rapport aux liens qui nous unissent. Une réflexion aussi brillante que nécessaire sur la part d’ombre et de lumière qui réside en tout être humain, et sur la force des relations pour nous révéler à nous-mêmes.

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Julia, figure centrale et mystérieuse : une histoire d’amour interdite

Au cœur de l’intrigue de « Somb » se trouve Julia, une figure énigmatique et fascinante qui exerce une attraction magnétique sur Victor, le protagoniste principal. Femme de Jonas, le meilleur ami de Victor, Julia incarne la tentation de l’interdit, le désir qui transcende les conventions sociales et morales. Max Monnehay a créé un personnage féminin complexe et insaisissable, dont les zones d’ombre et les mystères ne font qu’accroître son pouvoir de séduction.

Dès sa première apparition dans le récit, Julia se distingue par son aura singulière, mélange de fragilité et de force, de douceur et de détermination. Son histoire personnelle, marquée par le deuil et la quête identitaire, fait d’elle une âme blessée en quête de sens et d’absolu. Max Monnehay explore avec finesse les méandres de sa psyché, révélant peu à peu les failles et les aspirations secrètes qui la poussent à braver les interdits.

La relation qui se noue entre Victor et Julia est d’une intensité rare, électrisée par le poids du non-dit et du désir refoulé. Leur amour est un fil rouge qui traverse le roman, une passion dévorante qui les consume autant qu’elle les sublime. Max Monnehay excelle dans l’art de mettre en scène les tourments intérieurs des amants maudits, partagés entre la loyauté envers Jonas et l’appel irrésistible de leurs sentiments.

Mais Julia n’est pas seulement l’objet du désir de Victor. Elle est aussi une femme indépendante et courageuse, qui se bat pour faire éclater la vérité et dénoncer les injustices. Son métier de journaliste d’investigation la pousse à s’engager dans des enquêtes périlleuses, au risque de sa propre sécurité. Max Monnehay fait de Julia une figure d’une grande modernité, une héroïne qui refuse de se laisser enfermer dans les carcans imposés par la société.

Véritable clé de voûte du roman, Julia est le catalyseur qui révèle les parts d’ombre et de lumière des personnages qui gravitent autour d’elle. Sa présence agit comme un miroir qui renvoie à chacun ses propres failles, ses propres désirs inavoués. Telle une muse tragique, elle incarne la soif d’absolu qui anime les êtres, cette quête éperdue de sens et d’amour qui peut mener à la rédemption comme à la perdition. Un personnage inoubliable, qui hante longtemps l’esprit du lecteur après la dernière page tournée.

Le meurtre de Julia : un drame qui bouleverse les personnages

Le meurtre brutal de Julia, révélé au cœur du roman, est un véritable séisme qui vient bouleverser l’équilibre précaire des personnages. Cet événement tragique, d’une violence inouïe, agit comme un catalyseur qui fait voler en éclats les masques et les non-dits, obligeant chacun à affronter ses propres démons. Avec une maîtrise remarquable de la narration, Max Monnehay fait de ce drame le point de bascule du récit, le moment où les destinées des protagonistes se nouent et se déchirent.

La découverte du corps sans vie de Julia, le visage massacré, sur une plage de l’île de Ré, est une scène d’une puissance émotionnelle rare. Max Monnehay parvient, par son écriture incisive et son sens aigu du détail, à nous faire ressentir avec une acuité déchirante le choc et la douleur qui s’emparent de Victor et Jonas. Ce moment suspendu dans le temps, où le monde bascule et où plus rien ne sera jamais comme avant, est retranscrit avec une justesse et une intensité qui nous coupent le souffle.

Mais le meurtre de Julia n’est pas qu’un simple ressort dramatique. C’est aussi le révélateur des failles et des zones d’ombre qui habitent chaque personnage. Pour Victor, c’est le miroir de sa propre culpabilité, le rappel cruel de son impuissance à protéger ceux qu’il aime. Pour Jonas, c’est l’explosion d’une colère longtemps refoulée, le soupçon d’une trahison qui vient ébranler ses certitudes les plus profondes. Et pour les autres protagonistes, c’est le déclencheur qui fait remonter à la surface les secrets enfouis et les blessures anciennes.

Max Monnehay explore avec une finesse psychologique remarquable les répercussions de ce drame sur la psyché des personnages. La douleur, le deuil, la quête de vérité deviennent autant de prismes à travers lesquels se révèlent leur humanité et leurs contradictions. L’auteure nous entraîne dans les méandres de leur esprit tourmenté, nous faisant partager leurs doutes, leurs peurs et leurs espoirs, avec une empathie et une justesse qui forcent l’admiration.

Le meurtre de Julia n’est pas une fin en soi, mais le point de départ d’une quête existentielle et d’une réflexion profonde sur la nature humaine. À travers ce drame, Max Monnehay questionne notre rapport à la vérité, à la justice, au pardon et à la rédemption. Une interrogation universelle et intemporelle, qui donne à ce roman noir une portée qui dépasse largement le simple cadre du thriller. Le meurtre de Julia devient le catalyseur d’une plongée vertigineuse dans les abysses de l’âme humaine, un voyage au bout de la nuit dont on ne ressort pas indemne.

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Une enquête sous tension, entre soupçons et révélations

Le meurtre brutal de Julia plonge les personnages dans une enquête haletante, où les soupçons et les révélations s’enchaînent à un rythme effréné. Max Monnehay orchestre avec brio une intrigue policière qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page, mêlant habilement les codes du thriller psychologique et du roman noir. L’auteure nous entraîne dans un labyrinthe de pistes et de fausses pistes, où chaque indice semble à la fois éclairer et obscurcir le mystère qui entoure la mort de Julia.

Au cœur de cette enquête, Victor se retrouve malgré lui dans la position ambiguë du suspect et de l’investigateur. Soupçonné par la police en raison de sa liaison secrète avec la victime, il se lance dans une quête éperdue de la vérité, tentant de démêler l’écheveau complexe des motivations et des secrets qui entourent chaque personnage. Max Monnehay explore avec une acuité psychologique remarquable les tourments intérieurs de cet homme brisé, partagé entre son désir de justice et sa propre culpabilité.

Mais l’enquête ne se limite pas à la sphère intime des protagonistes. Elle prend une dimension politique et sociale lorsque Victor découvre que Julia était sur le point de révéler un scandale impliquant des personnalités influentes. Max Monnehay entrelace avec une grande maîtrise les fils de l’intime et du collectif, montrant comment les destins individuels peuvent être broyés par des enjeux qui les dépassent. Une critique acerbe des dérives du pouvoir et de la corruption, qui donne à ce roman noir une résonance particulière.

Au fil des chapitres, l’enquête se transforme en une véritable plongée dans les méandres de la psyché humaine. Chaque personnage devient tour à tour suspect et victime, révélant des facettes insoupçonnées de sa personnalité. Max Monnehay joue avec les apparences et les faux-semblants, brouillant les pistes et les certitudes, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour, dans un dénouement aussi inattendu que bouleversant.

Véritable page-turner, cette enquête sous tension est bien plus qu’un simple jeu de piste. C’est une réflexion profonde sur la nature humaine, sur les parts d’ombre et de lumière qui habitent chaque être. Un voyage au cœur des secrets et des non-dits, où les masques finissent par tomber pour révéler la vérité nue. Max Monnehay signe ici un roman d’une densité et d’une intensité rares, qui happe le lecteur dès les premières pages et ne le lâche plus jusqu’à la révélation finale, le laissant sonné et bouleversé.

Les thèmes de la culpabilité, du déni et de la rédemption

Au-delà de l’intrigue policière haletante, « Somb » est un roman d’une grande profondeur psychologique, qui explore avec une rare acuité les thèmes universels de la culpabilité, du déni et de la rédemption. Max Monnehay sonde les tréfonds de l’âme humaine, mettant en lumière les blessures intimes et les mécanismes de défense que chacun érige pour survivre à ses propres démons. Une plongée vertigineuse dans les méandres de la psyché, qui confère à ce roman noir une portée qui transcende le simple cadre du polar.

La culpabilité est sans nul doute le fil rouge qui traverse l’ensemble du récit, tel un poison qui ronge les personnages de l’intérieur. Qu’il s’agisse de Victor, hanté par la mort de son neveu, ou de Jonas, rongé par les non-dits et les secrets, chaque protagoniste se débat avec le poids de ses erreurs passées, réelles ou imaginaires. Max Monnehay explore avec une finesse remarquable les différentes facettes de ce sentiment délétère, montrant comment il peut à la fois paralyser et pousser à l’action, détruire et reconstruire.

Face à cette culpabilité dévorante, le déni apparaît comme un mécanisme de défense privilégié. Refusant d’affronter la réalité de leurs actes ou de leurs sentiments, les personnages s’enferment dans une illusion rassurante, se mentant à eux-mêmes autant qu’aux autres. Max Monnehay met en scène ces stratégies d’évitement avec un réalisme saisissant, révélant peu à peu les failles et les contradictions de chacun, jusqu’à ce que le vernis craque et que la vérité éclate au grand jour.

Mais « Somb » n’est pas un roman désespéré pour autant. En filigrane se dessine une quête de rédemption, un désir profond de se racheter et de trouver la paix intérieure. Pour Victor, cette rédemption passe par la recherche de la vérité sur la mort de Julia, mais aussi par la confrontation avec ses propres démons. Pour d’autres, comme Marcus, le détenu en quête de liberté, c’est un chemin vers la lumière, une volonté de se reconstruire malgré les épreuves et les erreurs du passé.

Se déployant telle une partition à plusieurs voix, l’exploration de ces thèmes universels confère à « Somb » une dimension profondément humaine et intemporelle. Chaque lecteur pourra se reconnaître dans les doutes, les peurs et les espoirs des personnages, tant Max Monnehay parvient à toucher à l’essence même de la condition humaine. Véritable ode à la résilience et au courage nécessaires pour affronter nos parts d’ombre, ce roman nous rappelle que même au cœur des ténèbres, une lueur d’espoir subsiste toujours.

Le mot de la fin : les forces du roman et le talent de Max Monnehay

Au terme de cette analyse, il apparaît évident que « Somb » est bien plus qu’un simple polar ou qu’un thriller psychologique. C’est un roman d’une richesse et d’une profondeur rares, qui témoigne du talent immense de son auteure, Max Monnehay. Véritable orfèvre des mots, elle parvient à créer un univers d’une densité et d’une cohérence remarquables, où chaque détail, chaque dialogue, chaque description participent à la construction d’un édifice romanesque d’une grande puissance évocatrice.

L’une des principales qualités de ce roman réside indéniablement dans la subtilité avec laquelle les personnages sont dépeints. Éloignés des stéréotypes ou des figures simplistes, les protagonistes de Somb se distinguent par leur profonde complexité et leur humanité remarquable. De Victor, le psychologue tourmenté, à Julia, la journaliste engagée, en passant par Jonas, l’ami fidèle rongé par les secrets, chaque personnage est un univers en soi, avec ses failles, ses contradictions et ses zones d’ombre. Max Monnehay explore avec une acuité psychologique remarquable les méandres de leur esprit, révélant peu à peu les blessures intimes et les motivations profondes qui guident leurs actions.

Mais le talent de Max Monnehay ne se limite pas à la création de personnages inoubliables. Son écriture incisive, rythmée et poétique, est un véritable délice pour le lecteur. Chaque phrase semble ciselée avec une précision d’orfèvre, chaque mot est choisi avec soin pour créer des images d’une grande puissance évocatrice. De la description de l’univers carcéral, oppressant et fascinant, à l’évocation des paysages de l’île de Ré, vibrants de lumière et de sel, la plume de Max Monnehay nous transporte et nous envoûte, nous faisant passer par toute une gamme d’émotions, de la tristesse à l’espoir, de la peur à l’émerveillement.

En plus de ses remarquables qualités stylistiques, « Somb » se distingue par sa richesse thématique. À travers l’exploration de thèmes universels tels que la culpabilité, le déni, la rédemption ou la quête de vérité, Max Monnehay propose une réflexion incisive et profonde sur la condition humaine. Chaque lecteur pourra se reconnaître dans les doutes et les tourments des personnages, tant ils font écho à nos propres questionnements existentiels. Une dimension philosophique et intemporelle qui confère à ce roman noir une résonance qui dépasse largement le cadre du genre.

Véritable révélation littéraire, « Somb » s’impose comme un roman majeur, appelé à marquer durablement les esprits. Par la maîtrise de son intrigue, la profondeur de ses personnages, la beauté de son écriture et la puissance de ses thèmes, ce livre confirme le talent immense de Max Monnehay et sa place de choix parmi les grandes voix de la littérature contemporaine. Une œuvre dense, intense et lumineuse, qui happe le lecteur dès les premières pages et ne le lâche plus, le laissant ému, questionné et enrichi. Un roman qui, indéniablement, signe la naissance d’une auteure dont on attend avec impatience les prochains textes.

Mots-clés : Polar psychologique, Univers carcéral, Quête de vérité, Relations complexes, Rédemption, Culpabilité, Déni


Extrait Première Page du livre

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Mercredi 21 décembre
L’homme assis face à moi avait l’œil vide, la peau grise et les lobes d’oreilles en escalopes de veau. Les manches de son sweat-shirt gris avaient été découpées très haut, dans le but probable d’exhiber une paire de biceps que deux décennies de pratique quotidienne de la musculation avaient durci façon poutrelles de soutènement. Il faisait à peine quinze degrés dans la cellule, mais il portait un pantalon en fine toile de coton blanc taché ici et là et son front était luisant de sueur. Sur son crâne totalement glabre se reflétaient les néons blancs.

« C’est quand vous voulez, Doc. »

Le « Doc » fut suivi d’un reniflement si puissant que je pus visualiser la trajectoire du mollard à travers la trachée et jusque dans l’estomac. J’attendis la fin du voyage en le fixant droit dans les yeux.

« C’est vous qui avez demandé à me voir, François. »

Une de ses paupières tressauta à l’instant où son prénom franchit mes lèvres. La plupart des détenus possédant un surnom – je n’aurais pas parié un kopeck sur Joe la Brindille concernant celui-ci – et les gardiens se limitant aux patronymes, il m’arrive souvent de rencontrer des hommes que la simple sonorité de leur prénom suffit à émouvoir. Mais François, ça avait plutôt l’air de le foutre en rogne.

« Vous voulez me dire pourquoi nous sommes là ? continuai-je.

– Il est en quoi ce pull, Doc ? On dirait une putain de peau de lapin. »

Je jetai un œil à ma manche. C’était le pull noir que Julia m’avait offert à Noël l’année précédente. Je devrais peut-être arrêter de le porter ici. Ce n’était pas la première fois qu’un détenu me posait cette question. Et c’était loin d’être anodin. Même si, dans mon métier, absolument tout est loin d’être anodin.

« En cachemire. Et vous pouvez m’appeler Doc, si vous voulez, mais sachez que je ne suis pas médecin. Je suis psychologue.

– Si vous le dites. » « 


  • Titre : Somb
  • Auteur : Max Monnehay
  • Éditeur : Seuil
  • Nationalité : France
  • Date de sortie : 2020

Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.


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