Une œuvre à la croisée des genres : entre thriller et roman mystique
Avec « À la verticale de Dieu », Aloysius Wilde orchestré une fusion audacieuse qui transcende les frontières habituelles de la littérature de genre. L’œuvre se déploie telle une hydre à deux têtes, embrassant simultanément les codes du thriller psychologique et ceux du roman mystique. Cette danse entre deux mondes narratifs crée une tension électrique qui captive dès les premières pages.
Le cadre new-yorkais, palpitant et frénétique, offre un écrin parfait aux scènes d’action qui jalonnent le récit. Les descriptions du grand magasin Macy’s, de l’effervescence de la 5e Avenue ou encore de la cathédrale Saint-Patrick esquissent une toile urbaine où le sacré et le profane s’entrelacent avec subtilité. Dans cet environnement familier, Wilde introduit l’élément perturbateur : le miracle.
Le miracle, justement, constitue le point d’inflexion où l’intrigue bascule d’un genre à l’autre. L’auteur manie avec dextérité cette frontière ténue entre le thriller d’investigation – incarné notamment par l’inspectrice Harris, personnage haut en couleur – et la dimension spirituelle qui s’infiltre progressivement dans la trame narrative. Ce jeu d’équilibriste littéraire maintient le lecteur dans un état constant d’interrogation.
Wilde excelle particulièrement dans sa façon d’entremêler les temporalités et les voix narratives. Les flashbacks sur l’enfance traumatique de Finn/Michael ancrent l’œuvre dans une réalité brutale propre au thriller, tandis que les événements contemporains questionnent notre rapport au miracle, à la foi, à la vérité. Ce tissage narratif complexe brouille délibérément nos repères de lecture.
Les scènes d’analyse scientifique du « sang miraculeux » illustrent parfaitement cette hybridation générique. L’auteur convoque la rigueur du thriller procédural – analyses médico-légales, expertises contradictoires, langage technique – tout en laissant planer l’ombre du doute mystique. L’inexplicable s’invite ainsi dans les interstices de la rationalité scientifique, créant un vertige interprétatif saisissant.
L’œuvre de Wilde réussit finalement le tour de force de satisfaire simultanément les amateurs de suspense haletant et les lecteurs en quête de profondeur existentielle. En naviguant entre ces deux pôles génériques avec une maîtrise confondante, l’auteur livre un roman protéiforme qui interroge notre époque, où la spiritualité cherche à se réinventer face au règne tout-puissant de la rationalité et de la technique.
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L’architecture narrative : une construction solide et haletante
La structure de « À la verticale de Dieu » s’apparente à une cathédrale gothique – imposante, minutieusement agencée et parsemée de passages secrets. Wilde déploie une architecture temporelle ambitieuse, alternant avec maestria entre plusieurs périodes : le présent new-yorkais où s’enchaînent les phénomènes inexpliqués, le passé traumatique du personnage de Finn/Michael, et divers interludes documentaires renforçant l’authenticité du récit.
Cette alternance chronologique ne verse jamais dans la confusion grâce à un balisage rigoureux des chapitres. L’auteur manipule la temporalité comme un illusionniste, distillant des indices qui ne révèlent leur importance qu’ultérieurement. Les dates précises en tête de chapitre – « 28 mars 2024 », « 29 avril 2024 » – ancrent le récit dans un futur proche suffisamment familier pour être crédible, tout en permettant une légère distanciation.
Particulièrement remarquable est la technique du contrepoint narratif utilisée par Wilde. Comme dans une fugue musicale, il superpose plusieurs lignes narratives qui se répondent et s’enrichissent mutuellement. Ainsi, les scènes d’enquête journalistique de CNN sur le « miracle » trouvent leur écho dans les délibérations ecclésiastiques, tandis que le drame personnel d’Emily Turner se déploie en parallèle.
Les variations de focalisation constituent également un pilier central de cette architecture sophistiquée. Le récit adopte tantôt la perspective subjective d’Emily – dont les tourments intérieurs sont rendus avec une acuité psychologique impressionnante – tantôt le regard extérieur et clinique des rapports officiels ou des bulletins télévisés. Ce kaléidoscope de points de vue enrichit considérablement l’expérience de lecture.
Le rythme, élément crucial de tout thriller qui se respecte, est calibré avec une précision d’horloger. Wilde alterne savamment entre séquences d’action haletantes – la scène d’ouverture à Macy’s, la confrontation avec le père O’Reilly – et moments de décélération propices à l’introspection et à la réflexion métaphysique. Cette respiration calculée génère une tension croissante qui maintient le lecteur en haleine.
La solidité architecturale du roman repose enfin sur un système d’échos et de motifs récurrents – le sang, la verticalité, la dualité vérité/mensonge – qui tissent une toile cohérente où chaque événement trouve sa résonance. Ces motifs structurants confèrent au texte une profondeur symbolique qui transcende la simple intrigue policière, élevant l’œuvre de Wilde au statut de réflexion existentielle sur notre rapport contemporain au sacré et à l’inexplicable.
Les personnages : des figures complexes et ambivalentes
Au centre du kaléidoscope humain orchestré par Wilde se trouve Emily Turner, personnage fascinant de prime abord par sa maladresse touchante qui dissimule une profondeur insoupçonnée. Cette galeriste sophistiquée, privilégiée et légèrement décalée, devient progressivement le miroir des questionnements du lecteur face aux événements qui ébranlent sa vie. À travers son évolution – de l’insouciance à l’angoisse existentielle – se dessine le parcours d’une conscience confrontée à l’effondrement de ses certitudes.
La figure de Michael/Finn constitue sans doute la construction psychologique la plus ambitieuse du roman. Cet homme au passé fracturé incarne l’ambivalence même, oscillant entre guérisseur et vengeur, entre douceur et violence. La dualité de son identité – née d’un traumatisme que l’auteur dévoile par touches successives – pose la question du pardon et de la rédemption avec une acuité déchirante.
L’inspectrice Harris émerge comme un contrepoint brillant dans cette galerie de portraits. Débordante d’une énergie communicative, elle incarne une forme d’hybridité narrative : à la fois archétype de la détective tenace qu’on retrouve dans tout bon thriller et personnage profondément original par son franc-parler et son approche peu conventionnelle. Sa familiarité désarmante et son intelligence acérée en font un phare d’humanité dans l’obscurité grandissante.
Les figures d’autorité du roman – du mystérieux monsieur Forster au Cardinal Callahan, en passant par les personnages médiatiques comme Tom Reynolds – reflètent les différentes facettes du pouvoir contemporain. Wilde dessine leurs portraits sans manichéisme, révélant les failles et les contradictions derrière les façades institutionnelles. Ces personnages secondaires, loin d’être de simples faire-valoir, incarnent les forces sociales qui encadrent et contraignent l’expérience du miracle.
Particulièrement saisissante est la manière dont l’auteur traite les figures religieuses, notamment à travers le père O’Reilly et le père John Bradley. Le premier incarne la corruption possible de l’institution, tandis que le second représente une foi authentique mais confrontée au doute. Cette dualité ecclésiastique offre une réflexion nuancée sur la place du religieux dans notre monde sécularisé.
L’art du portrait selon Wilde se révèle également dans sa capacité à insuffler vie et profondeur aux personnages fugaces qui traversent le récit. De Taylor, l’ami flamboyant d’Emily, à Sephora Li, l’énigmatique agente d’influence, chaque silhouette, même brièvement esquissée, possède une densité psychologique remarquable. Cette attention aux détails humains, cette façon de rendre chaque conscience unique et palpable, constitue sans doute l’une des plus grandes réussites du roman.

Thématiques et symboles : la foi, le doute et la rédemption
L’œuvre d’Aloysius Wilde déploie un impressionnant réseau de symboles où le vertical et l’horizontal s’entrecroisent constamment, comme l’indique d’emblée son titre évocateur. Cette « verticalité » n’est pas seulement une orientation spatiale, mais une véritable métaphore de la transcendance, de cette tension vers un au-delà qui persiste dans notre monde désacralisé. Les gratte-ciels new-yorkais, les flèches de la cathédrale Saint-Patrick ou même la position des corps lors des scènes de violence dessinent cette aspiration verticale.
Le sang constitue certainement le symbole central du roman, substance ambivalente par excellence. Tour à tour stigmate de violence dans les scènes de traumatisme de Finn/Michael, preuve scientifique analysée par les experts, ou manifestation miraculeuse sur la statue de la Vierge, le sang circule entre les registres du réel et du spirituel. Wilde réinvestit ainsi ce symbole ancestral du christianisme pour questionner ses significations contemporaines.
La thématique du double et du dédoublement parcourt l’intégralité du récit. Les identités scindées (Finn/Michael), les couples antithétiques (les deux prêtres, les deux figures paternelles), les institutions parallèles (médias/Église) révèlent un monde où l’unicité est devenue impossible. Cette fragmentation identitaire fait écho à notre modernité éclatée, où la cohérence du moi se trouve constamment mise à l’épreuve par les ruptures et les traumas.
Le miracle, objet central de la narration, est traité non comme une évidence mais comme un questionnement. À travers les multiples interprétations qu’en donnent les personnages – de l’analyse froide du journaliste à l’exaltation mystique des croyants – Wilde explore la façon dont un même événement peut générer des lectures radicalement différentes selon les prismes idéologiques. Le doute devient ainsi le véritable moteur de la réflexion.
La question de la justice et de la vengeance traverse l’œuvre comme un fil rouge, notamment à travers le parcours initiatique de Finn. À la justice institutionnelle, souvent défaillante, répond une justice personnelle, incarnée physiquement, comme le souligne la citation de Francis Bacon mise en exergue (« La vengeance est une sorte de justice sauvage »). Cette tension entre justice sociale et vengeance individuelle interroge nos conceptions contemporaines de la réparation.
La subtilité de l’univers symbolique construit par Wilde réside dans sa capacité à tisser ces différentes thématiques en un tout cohérent. Le roman articule ainsi une réflexion profonde sur la possibilité d’une rédemption dans un monde désenchanté, où les institutions traditionnelles (famille, Église, médias) ont perdu leur pouvoir structurant. À travers ces symboles entrelacés, l’auteur nous invite à repenser notre rapport au sacré et à l’inexplicable.
New York comme toile de fond : une métropole entre sacré et profane
New York se déploie dans le roman de Wilde non comme simple décor, mais comme un personnage à part entière, vibrant et ambivalent. L’auteur sculpte avec précision cette métropole aux mille visages, captant sa frénésie urbaine tout en dévoilant ses espaces de sacralité insoupçonnés. De Herald Square à la cathédrale Saint-Patrick, chaque lieu incarne cette tension fondamentale entre matérialisme contemporain et quête spirituelle.
Les grands magasins comme Macy’s, théâtres de la consommation effrénée, deviennent sous la plume de Wilde des espaces liminaires où peut surgir l’extraordinaire. La description minutieuse de l’intérieur du célèbre établissement – avec ses rayons cosmétiques, ses vendeurs affairés et ses clients pressés – constitue un portrait saisissant de cette cathédrale moderne dédiée au culte de l’apparence et de l’éphémère.
Par contraste, la cathédrale Saint-Patrick émerge comme un îlot anachronique au cœur de Manhattan, un sanctuaire où le temps semble suspendu. Wilde restitue magistralement l’atmosphère particulière de cet édifice gothique avec ses vitraux, son odeur d’encens et son silence recueilli. Lorsque le miracle des larmes de sang s’y produit, ce lieu de culte traditionnel devient paradoxalement l’épicentre d’une médiatisation frénétique.
Les bureaux ultra-modernes de CNN au Time Warner Center incarnent un autre pôle de cette géographie symbolique. Temple contemporain de l’information en continu, ce hub médiatique devient le lieu où le sacré est disséqué, analysé, mis en spectacle. L’auteur décrit avec acuité cette machinerie médiatique qui transforme l’événement spirituel en produit de consommation, révélant ainsi les mécanismes de sacralisation propres à notre époque.
Les interstices urbains – ruelles obscures, immeubles abandonnés, entrepôts désaffectés – constituent la face cachée de cette ville-monde. Ces non-lieux, comme le mystérieux bâtiment du 221 East 12th Street où se déroule une scène cruciale, deviennent les coulisses d’une pièce qui se joue principalement sur la scène publique. Wilde maîtrise parfaitement cette topographie de l’ombre qui double la ville éclatante.
L’habileté narrative de l’auteur réside dans sa capacité à transformer New York en véritable palimpseste où se superposent différentes strates temporelles et symboliques. Cette métropole polyphonique, à la fois antique et futuriste, sacrée et profane, intime et spectaculaire, offre le terreau idéal pour cette exploration des frontières poreuses entre rationalité et mystère, entre vérité historique et construction médiatique.
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L’écriture de Wilde : un style incisif au service du suspense
Le style d’Aloysius Wilde frappe d’abord par sa précision chirurgicale. Sa phrase, nerveuse et efficace, découpe la réalité avec l’acuité d’un scalpel, ne laissant aucune place au superflu. Les descriptions – qu’il s’agisse de l’agitation urbaine de Manhattan ou de l’intérieur clinique d’un laboratoire d’analyses – sont ciselées avec une économie de moyens qui renforce paradoxalement leur impact visuel et émotionnel.
Particulièrement remarquable est la faculté de l’auteur à moduler son écriture selon les perspectives narratives. Le style devient tour à tour clinique dans les rapports d’expertise, flamboyant dans les scènes médiatiques, ou profondément introspectif lors des passages focalisés sur Emily. Cette polyphonie stylistique, loin d’être gratuite, épouse parfaitement les méandres de cette enquête à multiples facettes.
L’humour – noir, grinçant, parfois sarcastique – ponctue le récit en touches subtiles qui offrent au lecteur de précieuses respirations. Les dialogues de l’inspectrice Harris, notamment, étincellent de cette ironie mordante qui devient sa signature. Ce contrepoint humoristique, dans un récit traversé de questionnements métaphysiques graves, crée un relief narratif saisissant.
La maîtrise des rythmes narratifs constitue l’une des plus grandes forces de Wilde. Les phrases s’allongent ou se contractent selon l’intensité dramatique, créant une pulsation interne qui épouse les tourments des personnages. Lors des scènes d’action ou de tension extrême, la syntaxe se fragmente, les phrases s’abbrègent, l’écriture accélère, produisant un effet d’immersion viscéral.
Dans les passages les plus mystiques du roman, le style se teinte d’une poésie âpre et sans concession. Les images déployées pour évoquer la transcendance évitent soigneusement les poncifs de la littérature spirituelle. Wilde renouvelle ce lexique éculé en puisant aux sources d’une modernité profane qu’il transfigure – ainsi des « néons clignotants » de la cathédrale comparés à des « signaux venus d’ailleurs ».
La prose de Wilde se distingue finalement par cette capacité rare à fondre les contraires dans un creuset stylistique unique. Alliant précision documentaire et puissance évocatrice, froideur analytique et chaleur humaine, son écriture incarne ce constant va-et-vient entre terre et ciel qui forme l’ossature thématique du roman. Le style devient ainsi le véritable véhicule de cette verticalité annoncée dès le titre, tension perpétuelle entre l’ancrage dans le réel et l’aspiration vers un au-delà du langage.
Le miracle comme élément narratif : entre scepticisme et croyance
« À la verticale de Dieu » s’articule autour de deux phénomènes inexplicables qui bouleversent New York : la guérison d’un aveugle et les larmes de sang d’une statue mariale. Ce diptyque miraculeux constitue l’épine dorsale du récit, le pivot autour duquel gravitent personnages et intrigues. Wilde transforme ainsi le miracle en véritable moteur narratif, un événement qui fracture le réel et provoque une cascade de réactions entremêlées.
L’habileté de l’auteur réside dans son refus obstiné de trancher la question de l’authenticité de ces manifestations surnaturelles. Chaque indice suggérant une origine divine trouve son contrepoint dans une explication rationnelle potentielle. L’analyse biologique des larmes de sang, aux propriétés extraordinaires mais scientifiquement documentées, illustre parfaitement cette mise en tension permanente entre croyance et scepticisme.
La réception du miracle par les différentes sphères sociales constitue un remarquable tableau sociologique. À travers la frénésie médiatique de CNN, la prudence institutionnelle de l’Église, l’émoi populaire des réseaux sociaux ou l’incrédulité des autorités, Wilde cartographie les multiples façons dont notre monde contemporain métabolise l’irruption de l’inexplicable.
Particulièrement saisissante est la façon dont l’auteur exploite l’ambiguïté fondamentale du terme « révélation ». Le miracle révèle-t-il une vérité transcendante ou, plus prosaïquement, dévoile-t-il les mécanismes cachés qui régissent nos institutions? Cette double lecture traverse l’ensemble du roman, créant une brèche interprétative où s’engouffre la liberté herméneutique du lecteur.
Les figures christiques qui émergent dans le récit – notamment à travers le personnage de Michael/Finn et ses cicatrices – complexifient encore la lecture du miracle. Wilde revisite les archétypes du sauveur et du vengeur, les entremêlant jusqu’à questionner notre conception même de la rédemption. Le miracle devient alors l’occasion d’une méditation profonde sur la possibilité d’une guérison, tant individuelle que collective.
La maestria narrative de Wilde s’exprime pleinement dans cette orchestration du miracle comme instrument de subversion des certitudes. En maintenant délibérément l’équilibre précaire entre interprétations contradictoires, il transforme son thriller en une véritable expérience épistémologique. Le lecteur, confronté à ses propres mécanismes de croyance et de doute, devient ainsi le sujet d’une expérimentation littéraire qui transcende largement les frontières du genre.
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« À la verticale de Dieu » : une réflexion contemporaine sur la spiritualité
Au-delà de ses qualités de thriller haletant, le roman d’Aloysius Wilde propose une méditation profonde sur la place du spirituel dans notre société hyperconnectée. À travers sa trame narrative complexe, l’auteur interroge la possibilité même d’une expérience transcendante à l’ère du fact-checking permanent et de la médiatisation instantanée. Comment croire, quand tout peut être analysé, disséqué, transformé en spectacle?
La spiritualité mise en scène par Wilde échappe aux dichotomies simplistes. Ni apologie béate de la foi aveugle, ni plaidoyer rationaliste, le roman explore cette zone grise où le doute devient paradoxalement constitutif de l’expérience spirituelle. Les personnages les plus croyants – comme le père Bradley – sont traversés de questionnements, tandis que les plus sceptiques – comme l’inspectrice Harris – se trouvent confrontés à leurs propres limites interprétatives.
Particulièrement saisissante est la façon dont l’auteur aborde la question du mal et de la souffrance, traditionnellement épineuse pour toute théologie. Les traumatismes infligés au jeune Finn par une figure d’autorité religieuse (le père O’Reilly) posent frontalement la question de la responsabilité institutionnelle de l’Église face aux abus. Cette confrontation sans concession avec les zones d’ombre du religieux confère au roman une authenticité qui transcende le simple divertissement.
La transformation de l’expérience spirituelle en produit médiatique constitue l’un des axes les plus novateurs du roman. À travers les séquences télévisées de CNN et l’explosion des réseaux sociaux, Wilde dépeint un monde où le miracle est instantanément capturé, diffusé, commenté, transformé en objet de consommation. Cette réflexion sur la spectacularisation du sacré résonne profondément avec notre époque de spiritualité instagrammable.
Le personnage d’Emily incarne cette ambivalence contemporaine face au spirituel. Ni croyante fervente, ni athée convaincue, elle évolue dans cet entre-deux caractéristique de notre époque « post-séculière », où l’incroyance n’a pas totalement remplacé la quête de sens. Sa trajectoire, de l’indifférence légère à l’interrogation existentielle, trace un chemin de questionnement que nombre de lecteurs reconnaîtront comme le leur.
L’œuvre parvient, en définitive, à réactualiser le questionnement métaphysique en le situant résolument dans notre contemporanéité. Ni passéiste ni révolutionnaire, la spiritualité selon Wilde s’inscrit dans les interstices d’un monde qui se croit désenchanté mais qui, confronté à l’inexplicable, redécouvre sa capacité d’émerveillement. En cela, « À la verticale de Dieu » ne se contente pas d’être un excellent thriller, mais s’affirme comme une œuvre qui interroge profondément notre rapport au mystère dans un monde qui prétend avoir dissipé toutes les ombres.
Mots-clés : Thriller mystique, Miracle, New-York, Rédemption, Dualité, Médiatisation, Spiritualité contemporaine
Extrait Première Page du livre
» 1
Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n’en rêve votre philosophie
William Shakespeare, Hamlet
28 mars 2024
Macy’s, Herald Square à New York, 10 h 15
Dans le célèbre grand magasin Macy’s, situé sur Herald Square à New York, Emily Turner, une femme de trente-cinq ans, déambule entre les rayons. Emily est une femme attrayante, avec des cheveux bruns coupés court, des yeux d’une étonnante couleur ambre et une silhouette élancée. Elle porte un pantalon flare en velours côtelé, un sweat à capuche Aimé Leon Dore, des Birkenstock Zermatt Siena red, un manteau en laine Rag & Bone et un sac en daim frangé acheté en seconde main chez Beacon’s Closet. Indiscutablement, cette fille est stylée. Emily erre d’abord dans le rayon des cosmétiques, scrutant attentivement les nouveaux rouges à lèvres exposés. Après de longues hésitations et quelques essais sur sa main, elle finit par choisir une teinte corail, mais pas avant d’avoir laissé échapper le bouchon qui roule jusqu’au sol, attirant l’attention ironique d’autres clientes autour d’elle. Elle se baisse précipitamment pour le récupérer, lançant un sourire gêné aux personnes qui l’observent. Elle se dirige ensuite vers le rayon vêtements hommes, elle sélectionne une écharpe Acne Studios Canada avec un enthousiasme palpable. Elle échoue lamentablement lorsqu’elle essaie de la replier proprement. Elle remarque le regard amusé d’une vendeuse à proximité, qui vient immédiatement lui prêter assistance en pliant l’écharpe dans un carré parfait. Elle traverse ensuite le rayon papeterie. Elle attrape un notebook Leuchtturm1917, mais dans son geste elle renverse un pot à crayons, provoquant un léger désordre parmi les articles exposés. Avec un rire léger, elle s’excuse auprès de la vendeuse en réarrangeant soigneusement le stand, tout en gardant son énergie et sa joie contagieuses. Le magasin est animé, avec des clients bavardant, des enfants courant autour des mannequins, et des employés en uniforme aidant les clients. Au milieu de tout ce remue-ménage, Emily semble être un tourbillon de maladresse charmante, captivant ceux qui croisent son chemin par sa personnalité attachante «
- Titre : À la verticale de Dieu
- Auteur : Aloysius Wilde
- Éditeur : Chaka edition San Francisco
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2025
Résumé
Selon le Los Angeles Times, en octobre 2024, l’archidiocèse catholique de Los Angeles a accepté de verser 880 millions de dollars pour indemniser 1 350 victimes d’abus sexuels commis par environ 300 membres du clergé,
Mais que valent des chèques face à des vies brisées ?
Michael Connor a une autre idée : une vengeance froide, calculée et implacable.
Tout commence lorsqu’un inconnu redonne la vue à un non voyant au croisement de la 5e Avenue et de la 42e Rue. Le prodige est filmé par des dizaines de témoins, mais le visage du « faiseur de miracles » reste flou et inexplicablement indiscernable sur toutes les vidéos. La ville est stupéfaite, et la nouvelle, relayée par les réseaux sociaux, suscite rapidement une frénésie médiatique. Mais ce miracle ne reste pas isolé : quelques jours plus tard, un second événement frappe la Cathédrale Saint-Patrick, où la statue de la Vierge se met à verser des larmes de sang devant une foule abasourdie.
Ces miracles successifs plongent New York dans une ferveur religieuse sans précédent et attirent l’attention de fidèles, de sceptiques, et de journalistes du monde entier. Les autorités ecclésiastiques s’empressent de lancer une enquête pour déterminer l’authenticité de ces phénomènes, tandis que des théologiens et des scientifiques tentent d’en percer le mystère.
C’est dans ce contexte troublé qu’Emily Turner, galeriste renommée et épouse d’Alexandre Ravenshade, un financier influent, se retrouve aspirée dans un tourbillon de révélations. Un homme de son passé, disparu mystérieusement des années auparavant, réapparaît soudainement pour lui lancer un avertissement : son mari lui cacherait de lourds secrets, et elle-même ainsi que leur fille seraient en danger. Cet avertissement frappe Emily de plein fouet, alors qu’elle tentait de reconstruire sa vie. Alors qu’elle tente de comprendre les signes et d’assurer la sécurité de sa fille, Emily plonge dans une course haletante entre paranoïa, espionnage et révélations inquiétantes.
Entre foi et supercherie, chaque page défie les certitudes, jusqu’à un dénouement où vérité et illusion se confondent.

Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.