Présentation de l’auteur Maurice Leblanc et du contexte de publication du recueil en 1907
Maurice Leblanc, auteur français né en 1864 à Rouen, est surtout connu pour avoir créé le personnage d’Arsène Lupin, le célèbre gentleman-cambrioleur. Avant de se consacrer à l’écriture, Leblanc a étudié le droit et a travaillé comme journaliste. C’est en 1905 qu’il crée le personnage d’Arsène Lupin dans la nouvelle « L’Arrestation d’Arsène Lupin », parue dans le magazine Je sais tout.
Le succès est immédiat et Leblanc écrit rapidement d’autres nouvelles mettant en scène son héros. En 1907, il publie un premier recueil de 9 nouvelles intitulé « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur ». Ce recueil paraît dans un contexte particulier : la Belle Époque, une période de paix et de prospérité économique en France, marquée par des avancées technologiques et des changements sociaux importants.
C’est aussi l’âge d’or du roman policier, avec des auteurs comme Gaston Leroux ou Maurice Leblanc en France, Arthur Conan Doyle en Angleterre ou encore Émile Gaboriau, considéré comme le père du genre. Les aventures d’Arsène Lupin s’inscrivent dans cette vogue des récits de détectives et de crimes, tout en apportant une touche d’originalité avec un héros qui est un cambrioleur gentleman.
Le recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur » connaît un grand succès dès sa parution et contribue à faire d’Arsène Lupin un personnage populaire. Maurice Leblanc écrira par la suite de nombreux autres romans et nouvelles mettant en scène son héros, jusqu’à sa mort en 1941. Le personnage d’Arsène Lupin, avec son intelligence, son élégance et ses talents de voleur et de maître du déguisement, est devenu un véritable mythe de la culture populaire française.
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Arsène Lupin, un nouveau type de héros : caractérisation du personnage, entre gentleman et cambrioleur
Arsène Lupin, le héros créé par Maurice Leblanc, incarne un nouveau type de personnage dans la littérature populaire du début du XXe siècle. Il se distingue des autres figures de la littérature policière de l’époque par sa dualité : c’est à la fois un gentleman et un cambrioleur. Cette ambivalence fait tout l’intérêt et l’originalité du personnage.
D’un côté, Arsène Lupin est un véritable gentleman. Il est élégant, cultivé, charmeur et évolue avec aisance dans les milieux de la haute société. Il fait preuve d’une intelligence remarquable, d’un grand sang-froid et d’un sens de l’humour qui le rendent sympathique aux yeux des lecteurs. Ces caractéristiques le rapprochent des héros de roman policier classique, comme Sherlock Holmes.
Mais Arsène Lupin est aussi un cambrioleur, qui met ses talents au service du vol et de l’escroquerie. Il n’hésite pas à détrousser les riches et les puissants, souvent présentés comme des personnages peu recommandables. En cela, il apparaît comme un justicier, un redresseur de torts qui s’attaque aux injustices sociales. Cette dimension « Robin des Bois » contribue à sa popularité auprès du public.
La dualité d’Arsène Lupin se reflète également dans ses méthodes. S’il utilise parfois la force et la violence, il privilégie souvent la ruse, le déguisement et la mise en scène. Il aime se jouer de ses adversaires et de la police, en leur tendant des pièges et en les ridiculisant. Cette approche ludique et théâtrale est une des marques de fabrique du personnage.
Au fil des nouvelles du recueil, Arsène Lupin apparaît comme un personnage complexe et ambigu, qui suscite à la fois l’admiration et la réprobation. C’est cette ambivalence qui fait son charme et sa modernité. Avec lui, Maurice Leblanc crée un nouveau type de héros, à mi-chemin entre le detective et le criminel, qui va marquer durablement l’imaginaire populaire.
Les ressorts du récit policier et d’aventure dans les 9 nouvelles
Les 9 nouvelles qui composent le recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur » de Maurice Leblanc sont autant de variations sur les genres du récit policier et du roman d’aventures. L’auteur y met en œuvre tout un arsenal de techniques narratives pour tenir le lecteur en haleine et créer un maximum de suspense et de rebondissements.
Un des ressorts principaux de ces récits est l’enquête policière. Dans chaque nouvelle, Arsène Lupin commet un vol ou un cambriolage, et le lecteur suit les efforts des policiers et des détectives pour tenter de l’identifier et de l’arrêter. Maurice Leblanc joue avec les codes du genre, en semant des indices, en multipliant les fausses pistes et les coups de théâtre, pour mieux surprendre le lecteur.
Mais les nouvelles ne se limitent pas à l’aspect purement policier. Elles empruntent également au roman d’aventures, en mettant en scène les exploits extraordinaires d’Arsène Lupin. Le gentleman-cambrioleur est un véritable héros de fiction, capable de se tirer des situations les plus périlleuses grâce à son intelligence, son audace et ses talents de déguisement. Les nouvelles regorgent de séquences haletantes, de poursuites, de duels et d’évasions spectaculaires.
Un autre ressort essentiel est le jeu sur l’identité et l’apparence. Arsène Lupin est un maître du déguisement, capable d’endosser de multiples identités pour tromper ses adversaires. Ce motif du masque et du travestissement est récurrent dans les nouvelles, et crée une atmosphère de mystère et d’incertitude, où rien n’est jamais ce qu’il semble être.
Maurice Leblanc joue également sur le mode de l’humour et de l’ironie. Arsène Lupin est un personnage plein d’esprit, qui aime se moquer de ses adversaires et se jouer des conventions sociales. Cette dimension humoristique apporte une touche de légèreté aux intrigues policières, et contribue au charme du personnage.
Enfin, les nouvelles s’inscrivent dans un cadre réaliste, celui de la société française du début du XXe siècle. Maurice Leblanc y dépeint avec finesse les mœurs et les travers de son époque, en particulier ceux de la bourgeoisie et de l’aristocratie. Ce réalisme ancre les aventures d’Arsène Lupin dans un contexte historique et social précis, tout en offrant une critique subtile des inégalités et des injustices.
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Une peinture de la société française du début du 20e siècle
Les nouvelles du recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur » de Maurice Leblanc offrent un tableau vivant et détaillé de la société française au début du XXe siècle. À travers les aventures de son héros, l’auteur dépeint les différentes classes sociales, leurs modes de vie, leurs préjugés et leurs aspirations.
Un des milieux les plus représentés est celui de la bourgeoisie et de l’aristocratie. Arsène Lupin évolue avec aisance dans les salons parisiens, les châteaux et les villas de luxe. Maurice Leblanc décrit avec minutie les codes et les rituels de cette société mondaine, avec ses réceptions, ses dîners et ses intrigues. Mais il en souligne aussi les travers, comme la vanité, la superficialité et la soif de pouvoir.
En contrepoint, les nouvelles montrent également les conditions de vie des classes populaires. Arsène Lupin, malgré son statut de gentleman, n’hésite pas à se mêler aux gens du peuple, à fréquenter les quartiers modestes et les lieux interlopes. Maurice Leblanc évoque la pauvreté, le labeur et les difficultés de ces milieux, avec une certaine sympathie teintée de paternalisme.
Les intrigues policières sont aussi l’occasion d’explorer les rouages de la société française de l’époque. Les nouvelles mettent en scène le fonctionnement de la police et de la justice, avec leurs forces et leurs faiblesses. Elles évoquent également le monde de la presse, son influence sur l’opinion publique et ses relations ambiguës avec le pouvoir.
Un autre aspect important est la place des femmes dans cette société. Les personnages féminins sont très présents dans les nouvelles, qu’il s’agisse de jeunes filles à marier, d’épouses, de veuves ou d’aventurières. Maurice Leblanc décrit avec finesse leur condition, leurs aspirations et les contraintes qui pèsent sur elles. Arsène Lupin, en gentleman galant et révérencieux, incarne un certain idéal de la relation homme-femme, fait de séduction et de respect mutuel.
Enfin, les nouvelles reflètent les grandes transformations qui traversent la société française au début du XXe siècle. Elles évoquent les progrès techniques, comme l’automobile ou le téléphone, qui modifient les modes de vie et les rapports sociaux. Elles montrent aussi l’influence croissante des États-Unis et de la culture anglo-saxonne, à travers des personnages comme Herlock Sholmès, le détective anglais rival d’Arsène Lupin.
En définitive, le recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur » offre un panorama riche et nuancé de la société française de la Belle Époque. Sans jamais tomber dans la caricature ou le didactisme, Maurice Leblanc parvient à capturer l’esprit d’une époque, avec ses élégances et ses contradictions.
L’art du déguisement et de la mise en scène chez Arsène Lupin
L’art du déguisement et de la mise en scène est un des traits les plus caractéristiques d’Arsène Lupin, le héros des nouvelles de Maurice Leblanc. Tout au long du recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur », le gentleman-cambrioleur fait preuve d’un talent exceptionnel pour se grimer, changer d’identité et tromper son monde.
Le déguisement est d’abord pour Arsène Lupin un outil indispensable de son métier de voleur. Pour s’introduire dans les maisons, les châteaux ou les palaces qu’il veut cambrioler, il doit se faire passer pour quelqu’un d’autre : un serviteur, un invité, un homme d’affaires. Il change d’apparence physique, modifie sa voix, ses manières, sa démarche. Il endosse des costumes variés, du simple habit de majordome à la tenue de soirée la plus élégante.
Mais le déguisement n’est pas seulement une nécessité pratique pour Arsène Lupin. C’est aussi un véritable plaisir, un jeu où il excelle et qui lui permet d’exprimer sa créativité et sa fantaisie. Il aime créer de toutes pièces des personnages hauts en couleur, avec leur biographie, leurs manies, leur façon de parler. Il prend un malin plaisir à incarner ces rôles avec un luxe de détails et une conviction qui trompent les plus fins observateurs.
Cette maestria dans l’art du déguisement est étroitement liée à un autre talent d’Arsène Lupin : celui de la mise en scène. Le gentleman-cambrioleur est un véritable artiste de l’illusion et de la manipulation. Il aime créer des situations rocambolesques, échafauder des scénarios improbables pour défier les policiers et épater le public. Chacun de ses cambriolages est une véritable performance théâtrale, avec ses coups de théâtre, ses fausses pistes, ses rebondissements.
Les exemples de ces mises en scène abondent dans le recueil. On peut citer la façon dont Arsène Lupin se fait passer pour le détective Herlock Sholmès pour mieux berner la police, ou encore la manière dont il met en scène sa propre arrestation pour détourner l’attention de son véritable objectif. À chaque fois, il fait preuve d’un sens aigu de la dramaturgie et de la psychologie, en jouant sur les attentes et les faiblesses de ses adversaires.
Ce goût pour le déguisement et la mise en scène fait d’Arsène Lupin un personnage éminemment théâtral et romanesque. Il incarne une certaine idée de la fiction et de l’illusion, où la réalité se confond avec l’apparence. En cela, il est un véritable créateur, un poète de l’escroquerie et du cambriolage. Son art du déguisement est le reflet de sa personnalité multiple et insaisissable, toujours en mouvement, toujours en représentation.
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Arsène Lupin face à Herlock Sholmès : un clin d’œil à Sherlock Holmes
Dans le recueil de nouvelles « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur », Maurice Leblanc introduit un personnage qui est un clin d’œil évident à Sherlock Holmes, le célèbre détective créé par Arthur Conan Doyle. Ce personnage, c’est Herlock Sholmès, un détective privé anglais qui se distingue par son intelligence, son sens de l’observation et ses méthodes de déduction imparables.
La ressemblance entre les deux noms, Sherlock Holmes et Herlock Sholmès, est bien sûr un indice clair des intentions de Maurice Leblanc. En créant ce personnage, l’auteur rend hommage au maître du roman policier, tout en s’amusant à le pasticher. Herlock Sholmès apparaît comme une version légèrement caricaturale de Sherlock Holmes, avec ses tics, ses manies et son côté un peu misanthrope.
Mais au-delà de la simple parodie, la confrontation entre Arsène Lupin et Herlock Sholmès est l’occasion d’un véritable jeu de miroirs entre les deux personnages. Tout oppose en apparence le gentleman-cambrioleur français et le détective anglais. L’un est un hors-la-loi, l’autre un représentant de l’ordre. L’un est un maître du déguisement et de l’illusion, l’autre un champion de la logique et de la déduction.
Pourtant, au fil de leurs affrontements, Arsène Lupin et Herlock Sholmès se révèlent étrangement proches. Tous deux font preuve d’une intelligence exceptionnelle, d’une grande culture et d’un sens aigu de l’observation. Ils partagent aussi un certain goût pour la mise en scène et la théâtralité, comme si leur duel était une forme de spectacle où chacun cherche à briller et à impressionner l’autre.
Cette rivalité teintée d’admiration mutuelle culmine dans la nouvelle « La Lampe juive », où Arsène Lupin et Herlock Sholmès unissent leurs forces pour résoudre une énigme particulièrement complexe. Cette alliance inattendue montre que, au-delà de leurs différences, les deux hommes sont de la même trempe, des esprits supérieurs qui se reconnaissent et se respectent.
En introduisant le personnage d’Herlock Sholmès, Maurice Leblanc ne se contente donc pas de faire un clin d’œil amusé à Sherlock Holmes. Il crée un véritable dialogue entre la tradition du roman policier anglais et sa propre création, Arsène Lupin. Ce faisant, il invente une forme hybride, à mi-chemin entre le pastiche et l’hommage, qui enrichit et complexifie l’univers de son gentleman-cambrioleur.
Le suspense et les rebondissements, ingrédients clés des intrigues
Le suspense et les rebondissements sont des éléments essentiels dans les nouvelles du recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur » de Maurice Leblanc. L’auteur déploie tout son art du récit pour tenir le lecteur en haleine, le surprendre et l’amener à se questionner tout au long de l’intrigue.
Chaque nouvelle est construite comme une énigme que le lecteur est invité à résoudre aux côtés d’Arsène Lupin et des autres personnages. Maurice Leblanc distille savamment les indices, multiplie les fausses pistes et les coups de théâtre, de manière à créer une tension narrative constante. Le lecteur est sans cesse amené à réévaluer ses hypothèses, à remettre en question ce qu’il croyait acquis.
Un des procédés récurrents est celui du retournement de situation. Au moment où l’on croit l’intrigue résolue, un nouvel élément vient tout remettre en cause et relancer l’action. Ces rebondissements sont souvent le fruit des manipulations d’Arsène Lupin, qui aime brouiller les pistes et déjouer les pronostics. Mais ils peuvent aussi venir d’événements extérieurs, de révélations inattendues qui viennent perturber le cours de l’enquête.
Maurice Leblanc joue également sur le suspense en retardant les explications, en maintenant le mystère autour des motivations et des actions de ses personnages. Il n’hésite pas à interrompre le récit au moment le plus crucial, à changer de point de vue ou de ligne temporelle pour mieux dérouter le lecteur. Cette technique du récit « à tiroirs », avec des histoires enchâssées et des flashbacks, contribue à créer une impression de complexité et de profondeur.
Le suspense est aussi lié au caractère imprévisible et insaisissable d’Arsène Lupin lui-même. Le gentleman-cambrioleur est un personnage en perpétuel mouvement, qui change d’identité et de visage à chaque instant. Le lecteur n’est jamais sûr de ses intentions réelles, de sa prochaine action. Cette incertitude crée une tension permanente, un sentiment de danger et de surprise potentielle.
Enfin, Maurice Leblanc pimente ses intrigues de touches d’humour et d’ironie qui viennent contrebalancer le suspense. Arsène Lupin est un personnage spirituel, qui aime jouer avec les codes du roman policier et se moquer gentiment des conventions. Ses bons mots et ses facéties créent des moments de décrochage, des respirations comiques qui rendent le suspense plus léger et plus plaisant.
Au final, le suspense et les rebondissements sont les moteurs essentiels des intrigues du recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur ». Ils maintiennent l’attention du lecteur, stimulent sa curiosité et son plaisir de la lecture. En maître du récit policier, Maurice Leblanc sait en user avec subtilité et efficacité pour faire de chaque nouvelle une véritable aventure intellectuelle et émotionnelle.
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L’humour et l’ironie, marques de fabrique du style de Maurice Leblanc
L’humour et l’ironie sont des éléments caractéristiques du style de Maurice Leblanc dans son recueil de nouvelles « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur ». Loin de se limiter à de simples récits policiers, l’auteur insuffle à ses histoires un ton léger, spirituel, qui fait toute l’originalité et le charme de son écriture.
Cet humour se manifeste d’abord à travers le personnage même d’Arsène Lupin. Le gentleman-cambrioleur est un être plein d’esprit, qui aime jouer avec les mots et les situations. Ses répliques sont souvent empreintes d’une ironie mordante, d’une désinvolture qui frôle l’impertinence. Il se moque des codes sociaux, des conventions, et n’hésite pas à ridiculiser ses adversaires par des remarques piquantes.
Maurice Leblanc fait également preuve d’auto-dérision, en jouant avec les codes du roman policier. Il s’amuse à déjouer les attentes du lecteur, à renverser les clichés du genre. Ses intrigues regorgent de fausses pistes, de coups de théâtre qui prennent à contre-pied les schémas traditionnels. Il y a chez lui une forme de distance ironique, de recul par rapport aux conventions qui donne à ses nouvelles une saveur particulière.
L’ironie se manifeste aussi dans la peinture de la société et des mœurs de l’époque. À travers le regard acéré d’Arsène Lupin, Maurice Leblanc épingle les travers de la bourgeoisie, les ridicules de l’aristocratie. Il y a dans ses descriptions une forme de satire sociale, qui dénonce avec légèreté les hypocrisies et les vanités du monde.
Mais cet humour n’est jamais gratuit ou superficiel. Il est au service d’une vision du monde, d’une philosophie de la vie qui est celle d’Arsène Lupin et, à travers lui, de Maurice Leblanc. C’est un humour empreint d’une certaine sagesse, d’une lucidité sur la comédie humaine. Il invite à prendre du recul, à ne pas se prendre trop au sérieux, à goûter les plaisirs de l’existence avec légèreté.
Sur le plan stylistique, cet humour se traduit par une écriture vive, alerte, pleine de formules brillantes et de bons mots. Maurice Leblanc a l’art de la formule qui fait mouche, de la répartie qui fuse. Ses dialogues sont souvent des modèles du genre, des joutes verbales où l’esprit et l’élégance le disputent à l’efficacité narrative.
En définitive, l’humour et l’ironie sont bien les marques de fabrique du style de Maurice Leblanc dans « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur ». Ils donnent à ses nouvelles une tonalité unique, un mélange de légèreté et de profondeur qui fait tout le sel de sa prose. Loin d’être de simples ornements, ils participent pleinement de la vision du monde de l’auteur et contribuent à faire d’Arsène Lupin un personnage à part, un héros moderne et intemporel à la fois.
La modernité d’Arsène Lupin : un personnage ancré dans son époque mais intemporel
Le personnage d’Arsène Lupin, créé par Maurice Leblanc dans son recueil de nouvelles « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur », incarne une forme de modernité qui le rend à la fois ancré dans son époque et intemporel. Bien que les aventures du gentleman-cambrioleur se déroulent au début du XXe siècle, dans le contexte de la Belle Époque, elles trouvent encore aujourd’hui un écho auprès des lecteurs contemporains.
Cette modernité tient d’abord à la personnalité même d’Arsène Lupin. Loin des héros conventionnels, monolithiques et sans faille, Lupin est un être complexe, ambigu, qui joue sur les contrastes et les paradoxes. Il est à la fois un cambrioleur et un gentleman, un hors-la-loi et un justicier, un manipulateur et un romantique. Cette dualité, cette capacité à transcender les catégories et les stéréotypes, fait de lui un personnage résolument moderne, qui échappe aux définitions simplistes.
Arsène Lupin est aussi un héros en phase avec les évolutions de son temps. Il utilise les dernières technologies, comme l’automobile ou le téléphone, et s’adapte avec aisance aux changements de la société. Il incarne une forme de mobilité sociale, lui qui est capable de se glisser dans tous les milieux, de se jouer des hiérarchies établies. En cela, il est un reflet des aspirations et des tensions de la Belle Époque, une période de mutations profondes où les anciennes certitudes sont ébranlées.
Mais la modernité d’Arsène Lupin ne se limite pas à son époque. Elle tient aussi à des valeurs, à une attitude face à l’existence qui trouvent un écho chez les lecteurs d’aujourd’hui. Lupin incarne une forme de liberté, d’indépendance d’esprit, de refus des conventions. Il est un électron libre, qui trace sa propre voie en marge de la société. Cette quête d’autonomie, cette volonté de rester fidèle à soi-même envers et contre tout, résonne avec les aspirations individuelles contemporaines.
Arsène Lupin est aussi un personnage profondément humain, avec ses forces et ses faiblesses. Sous ses airs de superhéros, il connaît des moments de doute, de vulnérabilité. Il est mû par des sentiments, des passions, qui le rendent proche du lecteur. Cette humanité, cette capacité à susciter l’empathie malgré ses actions répréhensibles, est un trait éminemment moderne, qui rompt avec l’image traditionnelle du héros sans peur et sans reproche.
Enfin, la modernité d’Arsène Lupin tient à la façon dont Maurice Leblanc renouvelle, à travers lui, les codes du roman policier. En faisant de son héros un cambrioleur plutôt qu’un détective, en brouillant les frontières entre le bien et le mal, l’auteur bouscule les conventions du genre. Il introduit une forme de relativisme moral, d’ambiguïté qui ouvre la voie aux évolutions ultérieures du roman noir et du polar.
En définitive, Arsène Lupin apparaît comme un personnage résolument moderne, tant par son ancrage dans l’époque de la Belle Époque que par les valeurs universelles qu’il incarne. Par sa complexité, son humanité, son refus des conventions, il échappe au temps et continue de fasciner les lecteurs plus d’un siècle après sa création. C’est ce paradoxe, cette capacité à être à la fois de son temps et de tous les temps, qui fait la force et l’originalité de ce héros littéraire devenu mythique.
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Le mot de la fin : le succès et la postérité des aventures d’Arsène Lupin
Le succès du recueil de nouvelles « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur » de Maurice Leblanc, paru en 1907, fut immédiat et retentissant. Les aventures du gentleman-cambrioleur connurent un engouement populaire qui ne s’est pas démenti au fil des décennies, consacrant Arsène Lupin comme un des personnages les plus marquants de la littérature française du XXe siècle.
Dès sa parution, le recueil rencontra un accueil enthousiaste du public et de la critique. Les lecteurs furent séduits par ce héros d’un genre nouveau, à la fois élégant et roublard, romantique et cynique. Les aventures d’Arsène Lupin apportaient un vent de fraîcheur et d’originalité dans le paysage littéraire de l’époque, en renouvelant les codes du roman policier et en offrant une alternative gauloise au sérieux du detective anglo-saxon.
Face à ce succès, Maurice Leblanc ne s’arrêta pas en si bon chemin. Il continua à écrire les aventures de son héros dans de nombreux romans et nouvelles, approfondissant le personnage et étoffant son univers. Arsène Lupin devint une figure récurrente de la littérature populaire, dont les exploits étaient attendus et célébrés par un public fidèle. Les livres se vendirent par milliers, touchant toutes les couches de la société.
Mais la postérité d’Arsène Lupin ne se limita pas au domaine littéraire. Très vite, le gentleman-cambrioleur investit d’autres médias et devint une véritable icône de la culture populaire. Dès les années 1910, il fut porté à l’écran dans des adaptations cinématographiques qui contribuèrent à façonner son image dans l’imaginaire collectif. Plus tard, ce fut au tour de la radio, puis de la télévision de s’emparer du personnage, lui offrant une nouvelle jeunesse à chaque génération.
Au fil du temps, Arsène Lupin est devenu bien plus qu’un simple héros de fiction. Il incarne un certain esprit français, fait de panache, d’insolence et d’élégance. Il est une figure mythique qui transcende son époque et son support d’origine, pour atteindre une dimension universelle. Son nom est entré dans le langage courant, comme synonyme de voleur insaisissable et de maître du déguisement.
Cette postérité ne s’est pas démentie au XXIe siècle, bien au contraire. Ces dernières années ont vu un regain d’intérêt pour le personnage, avec de nouvelles adaptations au cinéma, à la télévision et même en bande dessinée et en jeu vidéo. Des auteurs contemporains se sont emparés à leur tour du mythe, offrant leur propre interprétation du gentleman-cambrioleur. Arsène Lupin est plus que jamais vivant dans notre imaginaire collectif.
En conclusion, le succès et la postérité des aventures d’Arsène Lupin, depuis la parution du recueil « Arsène Lupin gentleman-cambrioleur » en 1907, témoignent de la force et de l’originalité de cette création littéraire. Par son charisme, son intelligence et son humanité, le personnage créé par Maurice Leblanc a su toucher le cœur de générations successives de lecteurs et de spectateurs. Il est devenu une figure mythique, un archétype qui incarne un certain idéal de liberté, d’élégance et de débrouillardise à la française. Plus d’un siècle après sa naissance, Arsène Lupin continue de nous faire rêver et de nous inspirer, prouvant qu’il est un de ces héros intemporels qui ne meurent jamais.
Extrait Première Page du livre
» Chapitre 1
L’arrestation d’Arsène Lupin
L’étrange voyage ! Il avait si bien commencé cependant ! Pour ma part, je n’en fis jamais qui s’annonçât sous de plus heureux auspices. La Provence est un transatlantique rapide, confortable, commandé par le plus affable des hommes. La société la plus choisie s’y trouvait réunie. Des relations se formaient, des divertissements s’organisaient. Nous avions cette impression exquise d’être séparés du monde, réduits à nous-mêmes comme sur une île inconnue, obligés par conséquent, de nous rapprocher les uns des autres.
Et nous nous rapprochions…
Avez-vous jamais songé à ce qu’il y a d’original et d’imprévu dans ce groupement d’êtres qui, la veille encore, ne se connaissaient pas, et qui, durant quelques jours, entre le ciel infini et la mer immense, vont vivre de la vie la plus intime, ensemble vont défier les colères de l’Océan, l’assaut terrifiant des vagues et le calme sournois de l’eau endormie ?
C’est, au fond, vécue en une sorte de raccourci tragique, la vie elle-même, avec ses orages et ses grandeurs, sa monotonie et sa diversité, et voilà pourquoi, peut-être, on goûte avec une hâte fiévreuse et une volupté d’autant plus intense ce court voyage dont on aperçoit la fin du moment même où il commence.
Mais, depuis plusieurs années, quelque chose se passe qui ajoute singulièrement aux émotions de la traversée. La petite île flottante dépend encore de ce monde dont on se croyait affranchi. Un lien subsiste, qui ne se dénoue que peu à peu, en plein Océan, et peu à peu, en plein Océan, se renoue. Le télégraphe sans fil ! appels d’un autre univers d’où l’on recevrait des nouvelles de la façon la plus mystérieuse qui soit ! L’imagination n’a plus la ressource d’évoquer des fils de fer au creux desquels glisse l’invisible message. Le mystère est plus insondable encore, plus poétique aussi, et c’est aux ailes du vent qu’il faut recourir pour expliquer ce nouveau miracle. «
Titre : Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur
Auteur : Maurice Leblanc
Nationalité : France
Date de sortie : 1907
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Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis plus de 60 ans, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.