Présentation de l’auteure Barbara Abel et de son style d’écriture
Barbara Abel est une auteure belge de romans policiers et de thrillers psychologiques. Née en 1969, Barbara Abel débute des cours de théâtre, obtient ensuite une licence en philologie romane à l’ULB, puis suit des cours d’interprétation à l’école du Passage à Paris. Elle travaille un temps comme comédienne, notamment dans des spectacles de rue, avant de se consacrer pleinement à l’écriture à partir de 2002, avec la publication de son premier roman « L’instinct maternel ». Depuis, elle a écrit une quinzaine de livres, traduits dans plusieurs langues, qui rencontrent un succès croissant auprès des lecteurs friands de suspense et d’intrigues familiales complexes.
Son style d’écriture se caractérise par une plume incisive et une capacité à créer des atmosphères oppressantes et des personnages tourmentés. Barbara Abel excelle dans l’art de distiller les indices et de semer le doute dans l’esprit du lecteur, qui ne sait plus à qui se fier. Ses intrigues, souvent centrées sur des secrets de famille et des non-dits, prennent aux tripes et tiennent en haleine jusqu’à la dernière page.
L’auteure aime jouer avec les codes du thriller psychologique, en explorant la face sombre de la nature humaine et en brouillant les frontières entre le bien et le mal. Ses personnages, souvent ordinaires au premier abord, se révèlent au fil des pages dans toute leur complexité et leurs zones d’ombre. Barbara Abel porte une attention particulière à la psychologie de ses protagonistes, dont elle dévoile peu à peu les failles et les blessures intimes.
Son écriture ciselée, qui alterne passages introspectifs et scènes pleines de tension, contribue à créer une ambiance étouffante et une sensation de malaise croissant. Les descriptions précises et les dialogues percutants renforcent l’immersion du lecteur dans l’univers trouble imaginé par l’auteure. Au fil des chapitres, Barbara Abel distille savamment les révélations, jusqu’au dénouement final souvent inattendu et déroutant.
Le roman « Je sais pas », paru en 2016, illustre parfaitement le style singulier de Barbara Abel et sa capacité à happe le lecteur dans les méandres d’une intrigue familiale à tiroirs. À travers ce huis clos étouffant, qui met en scène les secrets et les non-dits d’un couple en crise dont la fille a disparu, l’auteure explore avec subtilité les thèmes qui lui sont chers : la parentalité, la culpabilité, la trahison. Un livre qui nous plonge dans les eaux troubles de l’âme humaine et confirme le talent de Barbara Abel pour les thrillers psychologiques glaçants.
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Résumé de l’intrigue sans spoilers et thèmes principaux abordés
« Je sais pas », le thriller psychologique de Barbara Abel paru en 2016, nous plonge dans le quotidien en apparence tranquille de Camille et Patrick Verdier, un couple de trentenaires parents d’une petite fille de cinq ans, Emma. Leur existence bascule le jour où Emma disparaît lors d’une sortie scolaire dans les bois. Malgré l’intervention rapide des forces de l’ordre et la mobilisation des proches, l’enfant reste introuvable. C’est le début d’un huis clos étouffant qui va mettre à l’épreuve le couple et révéler peu à peu leurs failles et leurs secrets.
Au fil des chapitres, qui alternent entre le point de vue de Camille, celui de Patrick et celui de l’institutrice d’Emma, Mylène, l’intrigue se resserre comme un étau. La tension monte d’un cran lorsque Mylène, partie à la recherche de la fillette dans la forêt, disparaît à son tour sans laisser de traces. Les soupçons se portent tour à tour sur les différents protagonistes, dont les motivations et les parts d’ombre se dévoilent progressivement. Entre incompréhension, non-dits et manipulations, les relations entre les personnages se dégradent et les masques tombent.
Barbara Abel explore avec justesse et subtilité les thèmes de la culpabilité, de la trahison et des secrets de famille. À travers le prisme d’une disparition d’enfant, elle met en lumière les fissures d’un couple en apparence uni et les conséquences délétères des non-dits. Elle interroge également la notion de responsabilité parentale et la difficulté à communiquer au sein du couple et de la famille. Chaque personnage semble prisonnier de ses propres mensonges et de son incapacité à dire la vérité, comme le suggère le titre évocateur du roman, « Je sais pas ».
L’auteure distille savamment les indices et les fausses pistes, tenant le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Les révélations finales, aussi troublantes qu’inattendues, viennent bouleverser la donne et apporter un nouvel éclairage sur les événements. Barbara Abel signe un thriller psychologique oppressant et maîtrisé, qui explore avec acuité les méandres de l’âme humaine et les conséquences dévastatrices des secrets sur une cellule familiale. Un huis clos glaçant qui questionne notre rapport à la vérité et notre capacité à faire face à nos propres zones d’ombre.
Analyse des personnages principaux : Camille, Patrick, Emma, Étienne, Mylène
Dans « Je sais pas », Barbara Abel met en scène une galerie de personnages complexes et ambivalents, dont les relations vont être mises à l’épreuve par la disparition d’Emma, la fille de Camille et Patrick Verdier. Camille, la mère d’Emma, est une femme en proie au doute et à la culpabilité. Architecte d’intérieur, elle semble en apparence épanouie dans sa vie professionnelle et familiale. Pourtant, depuis quelques semaines, elle entretient une liaison avec Étienne, le père d’une autre élève. Tiraillée entre son désir pour cet homme et son attachement à sa famille, Camille va peu à peu perdre pied lorsque sa fille disparaît et que son secret menace d’être révélé au grand jour.
Patrick, le mari de Camille, est un homme droit et intègre, professeur de lettres à l’université. Très investi dans son travail, il semble parfois distant et peu à l’écoute des besoins de sa femme. La disparition d’Emma va le confronter à ses propres manquements en tant que père et mari, et faire ressurgir des blessures enfouies. Au fil de l’intrigue, Patrick révèle une personnalité plus complexe et tourmentée qu’il n’y paraît, oscillant entre colère, incompréhension et désir de protéger sa famille.
Emma, la petite fille de cinq ans au cœur de l’intrigue, est un personnage énigmatique et insaisissable. Décrite comme une enfant parfois capricieuse et difficile, elle semble détenir la clé des événements. Son mutisme et ses réponses évasives face aux questions des adultes contribuent à maintenir le suspense et à semer le doute sur ce qui s’est réellement passé dans la forêt.
Étienne, l’amant de Camille, est le père de Mylène, l’institutrice d’Emma. Chef cuisinier dans une brasserie, c’est un homme secret et tourmenté, qui peine à communiquer avec sa fille. La disparition de cette dernière va le pousser dans ses retranchements et lui faire perdre pied, révélant une personnalité plus sombre et imprévisible qu’il n’y paraît.
Mylène, l’institutrice d’Emma, est quant à elle une jeune femme fragile et mal dans sa peau. En proie à des crises d’angoisse et de colère, elle semble entretenir des relations conflictuelles avec ses élèves, en particulier avec Emma. Sa disparition, alors qu’elle était partie à la recherche de la fillette dans la forêt, va faire ressurgir les secrets douloureux de son passé et questionner sa part de responsabilité dans les événements.
Barbara Abel excelle dans l’art de créer des personnages ambigus et faillibles, dont les motivations et les zones d’ombre se dévoilent progressivement. Chacun semble prisonnier de ses non-dits et de ses propres démons, contribuant à installer un climat de tension et de suspicion. À travers ces portraits subtils et nuancés, l’auteure explore les thèmes de la culpabilité, de la trahison et des secrets de famille, qui vont peu à peu gangrener les relations entre les protagonistes et précipiter leur chute.
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Structure narrative et construction du suspense
Dans « Je sais pas », Barbara Abel déploie une structure narrative habile et maîtrisée, qui maintient le suspense jusqu’à la dernière page. Le roman alterne entre différents points de vue : celui de Camille, la mère d’Emma, celui de Patrick, son mari, et celui de Mylène, l’institutrice de la fillette. Cette narration polyphonique permet à l’auteure de dévoiler progressivement les pensées, les doutes et les secrets de chaque personnage, tout en maintenant une part d’ombre et d’ambiguïté sur leurs motivations réelles.
Le récit est construit de manière non linéaire, alternant entre le présent de l’enquête et des flashbacks qui éclairent peu à peu le passé des protagonistes et les événements qui ont précédé la disparition d’Emma. Cette structure morcelée contribue à installer un climat d’incertitude et de tension, le lecteur devant reconstituer lui-même le puzzle de l’intrigue au fil des révélations distillées par l’auteure.
Barbara Abel joue habilement avec les codes du thriller psychologique pour maintenir le suspense et semer le doute dans l’esprit du lecteur. Elle multiplie les fausses pistes et les rebondissements, qui viennent sans cesse remettre en question les certitudes des personnages et du lecteur. Chaque nouveau chapitre apporte son lot de révélations troublantes et de zones d’ombre, qui relancent l’intrigue et maintiennent la tension à son comble.
L’auteure excelle dans l’art de distiller les indices et de suggérer plus que de montrer. Les non-dits, les silences et les regards en disent souvent plus long que les dialogues, contribuant à installer une atmosphère pesante et ambiguë. Le lecteur, plongé dans les méandres de la psyché de chaque personnage, est constamment amené à s’interroger sur leur sincérité et leur part de responsabilité dans les événements.
Le suspense est savamment orchestré jusqu’au dénouement final, qui vient bouleverser toutes les certitudes et apporter un nouvel éclairage sur l’intrigue. Barbara Abel parvient à tenir le lecteur en haleine jusqu’au bout, en jouant sur les attentes et les anticipations, pour mieux les déjouer dans les dernières pages. La structure narrative complexe et la construction minutieuse du suspense font de « Je sais pas » un thriller psychologique redoutablement efficace, qui happe le lecteur dans les méandres d’une intrigue familiale glaçante et explore avec subtilité les parts d’ombre de chaque personnage.
Traitement des secrets de famille et non-dits
Au cœur du roman « Je sais pas » de Barbara Abel se trouve la question des secrets de famille et des non-dits, qui gangrenent peu à peu les relations entre les personnages et les entraînent dans une spirale infernale. L’auteure explore avec subtilité la façon dont ces silences pèsent sur la cellule familiale et conditionnent le comportement de chacun, jusqu’à faire voler en éclats les apparences et les certitudes.
Le couple formé par Camille et Patrick Verdier est en apparence uni et solide, mais il est en réalité miné par les non-dits et les secrets. Camille, en proie au doute et à la culpabilité, cache à son mari sa liaison avec Étienne, le père d’une autre élève. Cette relation adultère, qu’elle vit comme un exutoire face à la routine de son mariage, va peu à peu la ronger de l’intérieur et la pousser à agir de manière irrationnelle lorsque sa fille disparaît. De son côté, Patrick, en apparence droit et intègre, dissimule lui aussi des blessures enfouies et des zones d’ombre, qui vont ressurgir à la faveur des événements.
Les secrets de famille ne concernent pas seulement le couple Verdier, mais également les autres personnages du roman. Étienne, le père de Mylène, peine à communiquer avec sa fille et semble lui cacher des pans entiers de son passé. Mylène elle-même, en proie à des crises d’angoisse et de colère, semble prisonnière de non-dits qui la rongent et la poussent à agir de manière imprévisible. Quant à Emma, la petite fille au cœur de l’intrigue, son mutisme et ses réponses évasives face aux questions des adultes suggèrent qu’elle détient elle aussi des secrets qu’elle ne parvient pas à révéler.
Barbara Abel montre avec justesse comment ces secrets et ces non-dits, en s’accumulant au fil du temps, finissent par empoisonner les relations et précipiter la chute des personnages. Chacun semble prisonnier de ses propres mensonges et de son incapacité à dire la vérité, comme le suggère le titre évocateur du roman, « Je sais pas ». L’auteure explore les conséquences délétères de ces silences sur la psyché de chacun, et la façon dont ils peuvent pousser à commettre l’irréparable.
La révélation progressive des secrets de famille et des non-dits constitue l’un des ressorts essentiels du suspense dans ce thriller psychologique. Barbara Abel distille savamment les indices et les révélations, maintenant le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final, qui vient bouleverser toutes les certitudes. À travers ce huis clos étouffant, elle questionne notre rapport à la vérité et notre capacité à faire face à nos propres zones d’ombre, tout en explorant les méandres de la psyché humaine avec une redoutable efficacité.
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Critique de l’écriture et du style de Barbara Abel
Dans « Je sais pas », Barbara Abel confirme son talent pour les thrillers psychologiques aux intrigues complexes et aux personnages ambigus. Son écriture ciselée et son sens du rythme lui permettent de maintenir le suspense jusqu’à la dernière page, tout en explorant avec subtilité les méandres de la psyché humaine.
Le style de Barbara Abel se caractérise par une écriture précise et incisive, qui va droit à l’essentiel. Ses phrases courtes et percutantes créent un rythme haletant, qui colle parfaitement au genre du thriller psychologique. L’auteure alterne avec habileté passages descriptifs et dialogues tendus, maintenant le lecteur en alerte permanente. Son écriture, d’une grande efficacité, parvient à installer en quelques mots une atmosphère oppressante et un climat de tension palpable.
Barbara Abel excelle dans l’art de créer des personnages complexes et ambivalents, dont elle explore les zones d’ombre et les failles intimes. Son écriture introspective permet de plonger dans les pensées et les émotions de chaque protagoniste, révélant peu à peu leurs doutes, leurs peurs et leurs secrets. Les portraits psychologiques sont subtils et nuancés, chaque personnage devenant le terrain d’une exploration fascinante des parts d’ombre de l’âme humaine.
L’un des points forts de l’écriture de Barbara Abel réside dans sa capacité à distiller les indices et à semer le doute dans l’esprit du lecteur. Chaque chapitre apporte son lot de révélations troublantes et de fausses pistes, qui relancent sans cesse l’intrigue et maintiennent le suspense à son comble. L’auteure joue habilement avec les attentes du lecteur, le laissant échafauder ses propres théories avant de les déjouer dans un dénouement aussi inattendu que bouleversant.
Le style de Barbara Abel se distingue également par une grande maîtrise de la structure narrative. Dans « Je sais pas », elle alterne avec fluidité différents points de vue et différentes temporalités, tout en maintenant une cohérence globale. Cette construction morcelée et non linéaire contribue à renforcer le suspense et à maintenir le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.
On peut toutefois regretter quelques longueurs dans certains passages introspectifs, qui peuvent parfois ralentir le rythme de l’intrigue. Certains dialogues manquent également de naturel et sonnent un peu artificiels. Mais ces défauts mineurs n’entachent en rien la qualité globale de l’écriture de Barbara Abel, qui signe avec « Je sais pas » un thriller psychologique d’une redoutable efficacité.
Réflexion sur le titre « Je sais pas » et sa signification
Le titre du roman de Barbara Abel, « Je sais pas », est à la fois simple et énigmatique. Cette courte phrase, prononcée par Emma, la petite fille disparue, en réponse aux questions des adultes qui cherchent à comprendre ce qui lui est arrivé, résonne comme un leitmotiv tout au long du récit. Au-delà de son apparente banalité, ce titre révèle toute la complexité des thèmes abordés dans le roman et la façon dont l’auteure explore les méandres de la psyché humaine.
« Je sais pas » peut être interprété de différentes manières. C’est d’abord l’expression de l’incertitude et de la confusion d’une enfant de cinq ans, confrontée à une situation traumatisante qu’elle ne parvient pas à verbaliser. Mais c’est aussi, plus largement, une réflexion sur la difficulté à communiquer et à dire la vérité, même à ses proches. Chaque personnage du roman semble prisonnier de ses propres non-dits, incapable d’exprimer ses doutes, ses peurs et ses secrets. « Je sais pas » devient alors le symptôme d’une société où les apparences priment sur l’authenticité, où chacun se cache derrière un masque pour préserver une image de perfection.
Le titre du roman peut également être lu comme une interrogation sur la notion même de vérité. Tout au long du récit, Barbara Abel sème le doute dans l’esprit du lecteur, l’amenant à remettre en question les certitudes des personnages et à s’interroger sur leur sincérité. « Je sais pas » devient alors le symbole d’une vérité fuyante et complexe, qui se dérobe sans cesse à mesure que l’on cherche à l’approcher. L’auteure explore avec subtilité les zones d’ombre de chaque protagoniste, montrant que la frontière entre le mensonge et la vérité est souvent plus ténue qu’il n’y paraît.
Enfin, « Je sais pas » peut être interprété comme une réflexion sur la responsabilité individuelle et collective face aux drames qui nous touchent. En refusant de dire ce qu’elle sait, Emma oblige les adultes à se confronter à leurs propres manquements et à leur part d’ombre. Le titre du roman devient alors le reflet d’une société qui préfère fermer les yeux sur les problèmes plutôt que de les affronter, laissant les non-dits et les secrets gangrener les relations et précipiter la chute des individus.
Ainsi, le titre en apparence anodin de ce thriller psychologique se révèle d’une grande richesse symbolique. « Je sais pas » cristallise toute la tension du roman entre vérité et mensonge, dit et non-dit, responsabilité individuelle et aveuglement collectif. À travers ces trois mots, Barbara Abel invite le lecteur à une réflexion profonde sur la complexité des relations humaines et la difficulté à affronter nos propres zones d’ombre, tout en explorant avec une grande finesse psychologique les méandres de l’âme humaine.
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Décryptage de la fin et des révélations finales
*** Attention, ce paragraphe contient des révélations sur la fin du livre ! Si vous souhaitez garder le suspense veuillez passer ce chapitre. ***
La fin de « Je sais pas » apporte son lot de révélations bouleversantes, qui viennent éclairer d’un jour nouveau les événements passés et les comportements des personnages. Dans un dernier chapitre haletant, Barbara Abel rassemble tous les fils de son intrigue pour offrir au lecteur un dénouement aussi inattendu que glaçant.
On découvre ainsi que la petite Emma, loin d’être une victime innocente, a en réalité orchestré la disparition de son institutrice, Mylène. L’enfant, qui avait surpris sa mère Camille en train d’embrasser Étienne, le père de Mylène, a agi par jalousie et par peur de voir sa famille se déchirer. En attirant Mylène dans un piège mortel au cœur de la forêt, Emma espérait ainsi protéger son secret et préserver l’unité familiale.
Cette révélation finale jette une lumière crue sur les comportements ambigus d’Emma tout au long du récit, et notamment sur ses réponses évasives lorsqu’on l’interrogeait sur sa disparition et celle de son institutrice. En répétant inlassablement « Je sais pas », la fillette cherchait en réalité à dissimuler sa culpabilité et à enfouir un secret trop lourd à porter pour une enfant de son âge.
Le dénouement du roman ébranle également les certitudes des autres personnages et les confronte à leurs propres failles. Camille, rongée par la culpabilité de son adultère, comprend que c’est son propre comportement qui a précipité le drame. Patrick, lui, est forcé de reconnaître qu’il a négligé sa femme et sa fille, aveuglé par son image d’homme droit et intègre. Quant à Étienne et Mylène, ils paient le prix fort de leurs propres non-dits et de leurs difficultés à communiquer.
Barbara Abel signe ici une fin aussi dérangeante que brillante, qui ne laisse pas le lecteur indemne. En faisant d’une enfant de cinq ans la clé de voûte de son intrigue, elle questionne notre vision de l’innocence et de la culpabilité, tout en explorant avec une grande finesse psychologique les conséquences des secrets de famille et des non-dits. La révélation finale, aussi choquante soit-elle, s’inscrit dans la logique implacable du récit et vient éclairer d’un jour nouveau les zones d’ombre de chaque personnage.
Cette fin ouverte et ambiguë, qui laisse le lecteur face à ses propres interrogations, confirme le talent de Barbara Abel pour les dénouements en forme de coup de poing. Loin des happy endings artificiels, l’auteure privilégie une approche plus nuancée et dérangeante, qui vient bousculer nos certitudes et nous confronter à la complexité des relations humaines. Une conclusion magistrale qui fait de « Je sais pas » un thriller psychologique d’une rare intensité, dont on ressort profondément bouleversé.
Avis personnel et ressenti de lecture
« Je sais pas », le thriller psychologique de Barbara Abel, est un roman qui ne laisse pas indifférent. Dès les premières pages, l’auteure nous plonge dans un huis clos étouffant, où les apparences se fissurent peu à peu pour laisser entrevoir les secrets et les failles de chaque personnage. La tension est palpable à chaque instant, savamment orchestrée par une écriture incisive et une construction narrative redoutablement efficace.
L’un des points forts du roman réside dans la finesse de l’analyse psychologique. Barbara Abel excelle dans l’art de créer des personnages ambigus et complexes, dont elle explore les zones d’ombre avec une grande subtilité. Chaque protagoniste devient le terrain d’une exploration fascinante de la psyché humaine, révélant peu à peu ses doutes, ses peurs et ses contradictions. On ne peut qu’être happé par ces portraits tout en nuances, qui nous renvoient à nos propres failles et à notre part d’ombre.
La construction de l’intrigue est également remarquable. Barbara Abel distille savamment les indices et les fausses pistes, maintenant le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Chaque nouveau chapitre apporte son lot de révélations troublantes, qui viennent sans cesse remettre en question nos certitudes et nos hypothèses. Le rythme haletant du récit, alternant scènes de tension et moments d’introspection, ne laisse aucun répit au lecteur, qui se retrouve pris dans les mailles de cette intrigue diabolique.
Mais au-delà de ses qualités purement thriller, « Je sais pas » est aussi un roman profondément humain, qui explore avec une grande justesse les thèmes universels de la famille, de la culpabilité et des secrets. Barbara Abel sonde les méandres de l’âme humaine, questionne notre rapport à la vérité et à la responsabilité, et nous confronte à la complexité des relations familiales. Le titre énigmatique du roman, « Je sais pas », prend alors tout son sens, cristallisant à lui seul toute l’ambiguïté et la complexité des êtres.
Certes, on pourra regretter quelques longueurs dans certains passages introspectifs, qui peuvent parfois ralentir le rythme de l’intrigue. Certains dialogues manquent également de naturel et sonnent un peu artificiels. Mais ces défauts mineurs n’entachent en rien le plaisir de lecture et la force émotionnelle du roman.
Car c’est bien là toute la réussite de Barbara Abel : nous offrir un thriller psychologique d’une rare intensité, qui nous happe dès les premières pages et ne nous lâche plus jusqu’à la fin. « Je sais pas » est un roman qui nous bouleverse, nous questionne et nous hante bien après sa lecture. Une expérience littéraire intense et dérangeante, qui confirme le talent de Barbara Abel pour explorer les recoins les plus sombres de l’âme humaine. Un coup de cœur !
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Secrets, tensions et vérités : Barbara Abel réinvente le roman psychologique
« Je sais pas », paru en 2016, s’inscrit dans la continuité des romans psychologiques qui ont fait la renommée de Barbara Abel. Depuis son premier livre, « L’instinct maternel » (2002), l’auteure belge explore avec une grande finesse les méandres de la psyché humaine, les secrets de famille et les relations ambiguës entre les êtres. Des thèmes que l’on retrouve au cœur de « Je sais pas », qui apparaît comme une synthèse aboutie de son univers romanesque.
En effet, ce huis clos oppressant, qui explore les failles d’un couple en crise et les conséquences d’un adultère, fait écho à certains de ses précédents romans, comme « Derrière la haine » (2012) ou « L’innocence des bourreaux » (2015). On y retrouve cette même tension psychologique, cette exploration des non-dits et des zones d’ombre, qui font la marque de fabrique de Barbara Abel. Mais « Je sais pas » se distingue aussi par la complexité de sa structure narrative et la finesse de son analyse psychologique, qui en font un roman d’une grande maturité littéraire.
Plus largement, « Je sais pas » s’inscrit dans le genre du roman psychologique, dont il reprend les codes tout en les renouvelant. Comme dans les grands classiques du genre, de Patricia Highsmith à Joyce Carol Oates en passant par Stephen King, on y retrouve cette exploration des pulsions enfouies, des secrets inavouables et des manipulations perverses. Mais Barbara Abel apporte aussi sa touche personnelle, avec une écriture incisive et une construction narrative complexe, qui maintiennent le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.
Par son thème central, la disparition d’un enfant et ses répercussions sur une cellule familiale, « Je sais pas » évoque également certains romans marquants de ces dernières années, comme « Les Apparences » de Gillian Flynn ou « Derrière les portes » de B.A. Paris. Mais là où ces romans jouent davantage sur les codes du thriller domestique, Barbara Abel privilégie une approche plus introspective et psychologique, explorant en profondeur les ressorts intimes de ses personnages.
Avec « Je sais pas », Barbara Abel confirme ainsi son statut d’auteure incontournable du roman psychologique francophone. Par la maîtrise de son écriture, la complexité de ses intrigues et la finesse de son analyse, elle renouvelle les codes du genre tout en explorant des thèmes universels. Un roman d’une grande maturité littéraire, qui vient couronner une bibliographie déjà riche et variée, et qui s’impose comme un incontournable pour tous les amateurs de thrillers psychologiques.
Barbara Abel signe ici une œuvre marquante, qui explore avec une rare intensité les recoins les plus sombres de l’âme humaine. « Je sais pas » est un roman qui nous happe, nous bouleverse et nous interroge sur notre rapport à la vérité et à la culpabilité. Un livre puissant et dérangeant, qui confirme le talent de son auteure pour disséquer les relations humaines et sonder les abîmes de la psyché. Une réussite !
Mots-clés : Thriller psychologique, Secrets de famille, Disparition d’enfant, Manipulation, Huis clos
Extrait Première Page du livre
» « Tu es seule, joli Papillon ? »
Recevoir un message de son amant en début de soirée, au moment où chaque seconde doit être rentabilisée, cela n’a rien de raisonnable. Pourtant, lorsque son téléphone émet la mélopée caractéristique de la réception d’un SMS, le cœur de Camille prend aussitôt le relais de ses intentions, le contrôle de son cerveau, ne laissant à la raison aucune voix au chapitre.
À la lecture du message, la jeune femme ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire béat, et soudain plus rien n’existe autour d’elle, le repas qui mijote, la table à dresser, Emma dans son bain, le chat qui a faim.
Aussitôt, la réponse fuse de ses doigts.
« Je suis avec Emma. Sinon… Oui 😉 »
Le temps lui-même disparaît des radars, ça se défile de partout, juste le souffle en apnée dans l’attente d’une réponse…
Quelques notes synthétiques résonnent, comme une permission de respirer à nouveau.
« Il rentre quand ? »
Camille se mord la lèvre inférieure tandis qu’elle pianote sur le clavier tactile.
« Dans une heure, pourquoi ? »
À nouveau les secondes s’égrènent dans l’attente d’un mot doux… Camille aime ces moments volés à l’ordinaire, l’émoi des pensées illicites, la rébellion d’une conscience qui, depuis quelques semaines, l’abandonne à ses démons…
— Mamaaaaan ! Je veux sortiiiiiir !
À l’étage, la routine reprend ses droits, impérieuse et tyrannique. Emma, cinq ans, barbote dans son bain depuis assez longtemps.
— J’arrive, ma chérie ! «
- Titre : Je sais pas
- Auteur : Barbara Abel
- Éditeur : Belfond
- Nationalité : Belgique
- Date de sortie : 2016
Page officielle : www.facebook.com/BarbaraAbel
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Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis plus de 61 ans, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.