De la Casbah aux campus : géographie sociale et politique dans le roman d’Abloul Shams-Edine
« La Volonté des Morts » s’impose d’emblée comme un roman qui refuse l’évasion pure pour ancrer son intrigue dans le terreau fertile de l’Algérie contemporaine. Abloul Shams-Edine ne se contente pas de plaquer un décor exotique sur une trame policière classique ; il tisse au contraire son récit dans les plis de la société algérienne, transformant le contexte sociopolitique en véritable protagoniste de l’histoire. Le mouvement populaire de la Haraka, qui traverse l’œuvre comme une artère vitale, ne constitue pas un simple arrière-plan mais participe activement à la mécanique narrative, offrant à la fois refuge et révélateur aux personnages pris dans la tourmente.
L’auteur déploie avec une précision documentaire l’atmosphère d’un pays en mutation, où les manifestations du vendredi rythment la vie urbaine et où les aspirations démocratiques se heurtent aux réseaux d’influence occultes. Cette toile de fond n’est jamais gratuite : elle nourrit l’intrigue de ses tensions internes, créant un effet de résonance entre les drames individuels et les bouleversements collectifs. La disparition des étudiantes trouve ainsi un écho particulier dans cette société où la voix de la jeunesse se fait entendre avec une force inédite, transformant le fait divers en symbole d’une violence plus systémique.
L’inscription géographique du récit révèle une connaissance intime d’Alger et de ses quartiers, de la Casbah historique aux campus universitaires modernes. Chaque lieu porte sa charge symbolique : la médina millénaire avec ses ruelles tortueuses devient le refuge d’une mémoire blessée, tandis que l’université contemporaine se mue en laboratoire des ambitions et des corruptions. Cette géographie émotionnelle confère au thriller une densité particulière, où chaque déplacement des personnages résonne comme une traversée sociale et temporelle.
La temporalité choisie par Shams-Edine, celle d’une Algérie en pleine effervescence politique, transforme le roman en témoignage oblique d’une époque charnière. Sans jamais verser dans le documentaire, l’auteur parvient à capter l’esprit d’un moment historique où l’espoir et la désillusion se côtoient, où les certitudes vacillent et où les rapports de force se redessinent. Cette dimension testimoniale enrichit la lecture du thriller d’une profondeur sociologique qui dépasse le seul divertissement pour interroger les mécanismes du pouvoir et de la résistance dans l’Algérie du XXIe siècle.
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Construction narrative et technique du suspense
L’architecture narrative de « La Volonté des Morts » révèle une maîtrise certaine de l’art du suspense, orchestrée autour d’une polyphonie de voix qui enrichit progressivement la compréhension du drame. Shams-Edine opte pour une structure en chapitres alternés, chacun portant le nom d’un protagoniste, créant ainsi un kaléidoscope de perspectives qui dévoile l’intrigue par fragments savamment dosés. Cette technique de la focalisation multiple permet à l’auteur de maintenir le lecteur dans une tension constante, révélant certaines vérités tout en en dissimulant d’autres, jouant habilement sur les non-dits et les révélations différées.
Le rythme narratif s’appuie sur une alternance subtile entre moments d’action intense et séquences de réflexion introspective. Les scènes de poursuites et de confrontations physiques contrastent avec les passages contemplatifs où les personnages sondent leurs motivations profondes, créant une respiration nécessaire qui évite l’écueil de l’essoufflement dramatique. L’auteur démontre une compréhension fine des mécanismes de l’attention du lecteur, sachant quand accélérer le tempo et quand ménager des pauses stratégiques qui permettent d’approfondir la psychologie des protagonistes.
La gestion de l’information constitue l’un des atouts majeurs de cette construction narrative. Shams-Edine distille les révélations avec parcimonie, maintenant le lecteur dans un état d’incertitude productive où chaque nouvelle donnée remet en question les hypothèses précédentes. Les retournements de situation s’enchaînent sans paraître artificiels, portés par une logique interne qui trouve sa cohérence dans la complexité même des rapports humains dépeints. Cette progression par strates successives confère au récit une densité qui récompense une lecture attentive.
L’utilisation du prologue comme amorceur dramatique témoigne d’une approche réfléchie de l’entrée en matière. En ouvrant sur la mort d’Abdel-Ouadoude, l’auteur pose d’emblée les enjeux du récit tout en créant un effet d’anticipation qui traverse l’ensemble du roman. Cette technique du flash-forward, si elle n’est pas révolutionnaire, trouve ici une application efficace qui ancre immédiatement le lecteur dans l’univers sombre du thriller. La circularité narrative qui en résulte renforce l’impression d’un destin inexorable, thème central de l’œuvre qui trouve dans cette structure son expression la plus achevée.
Galerie de personnages et psychologie des protagonistes
La force de « La Volonté des Morts » réside en grande partie dans la complexité psychologique de ses personnages, qui échappent aux archétypes convenus du genre policier pour s’imposer comme des individus aux motivations nuancées. Nazim Zaccar, le professeur universitaire pris malgré lui dans l’engrenage criminel, incarne cette ambiguïté morale qui traverse l’ensemble du récit. Sa transformation progressive, de pédagogue dévoué en homme rongé par la culpabilité, dessine un parcours psychologique crédible où l’innocence initiale cède progressivement place à une conscience tragique de sa propre vulnérabilité face à la manipulation.
L’antagoniste Abdel-Ouadoude se révèle particulièrement réussi dans sa froide sophistication, évitant l’écueil du méchant caricatural pour présenter un homme de pouvoir aux méthodes calculées et au charisme indéniable. Shams-Edine parvient à rendre inquiétante cette figure d’autorité en dévoilant progressivement les rouages de sa stratégie, sans jamais verser dans l’exposition gratuite de ses motivations. Cette retenue narrative renforce paradoxalement l’impact du personnage, dont la dangerosité naît autant de ses silences que de ses actions.
Les personnages féminins, Yasmina et Layla, transcendent leur statut initial de victimes pour devenir les véritables moteurs émotionnels du récit. Leur amitié, dépeinte avec finesse dans les premières pages, acquiert une dimension tragique qui dépasse le simple ressort dramatique. Yasmina, en particulier, évolue d’étudiante insouciante en survivante marquée par l’épreuve, sa métamorphose physique et psychologique constituant l’un des arcs narratifs les plus poignants de l’œuvre. La relation entre les deux jeunes femmes, tissée de complicité et de tendresse, offre un contrepoint lumineux à la noirceur environnante.
La psychologie de Salah illustre avec justesse les ambiguïtés morales qui parcourent le roman, ce personnage oscillant entre loyautés contradictoires et révélant progressivement sa véritable nature. Son portrait, nuancé entre sympathie apparente et duplicité cachée, témoigne de la capacité de l’auteur à maintenir l’incertitude sur les motivations réelles de ses protagonistes. Cette galerie de personnages, dans sa diversité et sa profondeur, constitue l’un des atouts majeurs du roman, chaque figure apportant sa pierre à l’édifice d’un thriller où l’humain prime sur l’intrigue pure.

L’université comme microcosme social et théâtre du drame
Le campus universitaire de « La Volonté des Morts » se déploie comme un véritable laboratoire social où se cristallisent les tensions de la société algérienne contemporaine. Shams-Edine transforme cet espace d’apprentissage en terrain de chasse, où les prédateurs évoluent sous le masque de l’autorité pédagogique et où la confiance entre enseignants et étudiants devient l’arme de la manipulation. Cette perversion des liens académiques confère au roman une dimension particulièrement troublante, révélant comment les institutions censées former la jeunesse peuvent devenir les instruments de sa destruction.
L’architecture même du campus, avec ses amphithéâtres, ses couloirs administratifs et ses espaces de vie étudiante, se mue en décor opératique où chaque lieu porte sa charge dramatique. Les salles de cours deviennent des scènes d’observation et de sélection, les bureaux administratifs se transforment en antres du pouvoir corrompu, tandis que les espaces de détente étudiante servent de points de contact entre les différents protagonistes. Cette géographie du mal révèle une connaissance fine de l’environnement universitaire, où l’auteur sait exploiter la familiarité apparente des lieux pour mieux déstabiliser le lecteur.
La hiérarchie universitaire, depuis le directeur jusqu’aux agents de sécurité, dessine une pyramide de complicités et de manipulations qui reflète les structures de pouvoir de la société algérienne. Chaque échelon de cette hiérarchie révèle ses propres compromissions, de la corruption assumée aux lâchetés ordinaires, créant un réseau de responsabilités partagées qui dépasse la simple opposition entre bons et méchants. Cette complexité institutionnelle enrichit la lecture sociologique du roman, transformant le thriller en radiographie d’un système où l’abus de pouvoir trouve mille visages pour s’exprimer.
L’évocation de la vie étudiante, entre aspirations intellectuelles et précarité matérielle, ancre solidement le récit dans une réalité reconnaissable. Les personnages de Yasmina et Layla incarnent cette jeunesse algérienne prise entre traditions familiales et modernité assumée, entre espoirs d’émancipation et contraintes sociales. Leur vulnérabilité ne naît pas d’une naïveté excessive mais de cette confiance légitime qu’elles placent dans l’institution universitaire, faisant de leur chute un symbole plus large de la trahison des élites envers la jeunesse qu’elles prétendent éduquer.
Thématiques sociopolitiques et questionnements identitaires
Sous la surface du thriller, « La Volonté des Morts » développe une réflexion substantielle sur les fractures qui traversent la société algérienne contemporaine. Le personnage d’Abdel-Ouadoude, figure politique en devenir, cristallise les contradictions d’une élite qui prétend incarner le renouveau tout en perpétuant les pratiques les plus archaïques du pouvoir. Cette dualité entre discours progressiste et méthodes rétrogrades trouve dans ce personnage une incarnation saisissante, révélant comment les apparences de la modernité peuvent masquer la persistance de logiques prédatrices anciennes.
La question de la condition féminine irrigue l’ensemble du récit sans jamais verser dans la démonstration militante. Les trajectoires de Yasmina et Layla, jeunes femmes éduquées et ambitieuses, se heurtent aux résistances d’une société encore marquée par des conceptions traditionnelles du rôle féminin. Leurs disparitions résonnent comme un rappel brutal des violences spécifiques qui menacent les femmes qui osent s’affranchir des cadres établis. L’évocation de Baya, mère de Yasmina, offre le contrepoint d’une génération antérieure qui a dû négocier différemment avec ces contraintes, créant un dialogue intergénérationnel riche en nuances.
Le mouvement populaire de la Haraka traverse le roman comme un souffle d’espoir qui contraste avec la noirceur de l’intrigue principale. Cette effervescence démocratique, dépeinte avec justesse dans sa dimension à la fois festive et revendicatrice, sert de révélateur aux aspirations d’une société en quête de renouveau. L’auteur évite l’écueil de l’idéalisation en montrant comment cette dynamique collective peut aussi servir de paravent à des manœuvres individuelles, transformant l’élan démocratique en opportunité pour les prédateurs.
Les tensions entre tradition et modernité trouvent leur expression la plus fine dans l’évocation des espaces urbains, de la Casbah millénaire aux quartiers périphériques contemporains. Cette géographie contrastée reflète les déchirements identitaires d’une nation qui peine à concilier son héritage historique avec ses aspirations futures. Le roman suggère, sans jamais l’affirmer explicitement, que cette quête d’équilibre entre passé et avenir constitue l’un des défis majeurs de l’Algérie contemporaine, défi qui trouve dans la violence du récit une métaphore inquiétante mais éclairante.
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Géographie urbaine et atmosphère algéroise
Dans « La Volonté des Morts », la capitale algérienne s’affirme comme une véritable entité narrative, où chaque rue et chaque district dévoilent simultanément les parcours personnels et les transformations sociales. Shams-Edine manie avec dextérité cette cartographie émotionnelle, transformant chaque lieu en palimpseste où se superposent histoire personnelle et mémoire urbaine. La Casbah, avec ses ruelles sinueuses et ses maisons à patios, devient le refuge d’une authenticité menacée, incarnée par la figure de Baya dans sa demeure aux murs chargés de souvenirs. Cette géographie de l’intime contraste avec les espaces fonctionnels de la modernité universitaire, créant une tension spatiale qui nourrit la dynamique narrative.
L’évocation du port d’Alger transcende sa fonction de simple décor pour devenir le théâtre d’une renaissance tragique. Les descriptions de ce lieu industriel, entre activité portuaire et désolation urbaine, confèrent à l’évasion de Yasmina une dimension épique qui transforme la fuite en véritable odyssée urbaine. L’auteur parvient à rendre palpable l’hostilité de cet environnement tout en y insufflant une poésie particulière, celle des espaces liminaires où se joue le destin des êtres en rupture. Cette alchimie entre réalisme documentaire et charge symbolique constitue l’une des réussites les plus probantes de l’œuvre.
Les déplacements des personnages à travers la ville dessinent une chorégraphie urbaine où chaque trajet porte sa signification dramatique. Des manifestations de la Haraka qui inondent les grands boulevards aux courses poursuites dans les quartiers périphériques, Alger devient un labyrinthe où se cache et se révèle la vérité. L’auteur exploite avec finesse cette dimension labyrinthique, transformant la familiarité apparente des lieux en source d’inquiétude latente. Les espaces de transit – gares routières, passages souterrains, ruelles désertes – acquièrent une charge dramatique particulière, devenant les coulisses obscures d’une ville qui cache ses secrets.
L’atmosphère algéroise trouve son expression la plus accomplie dans ces moments où la tension narrative épouse les rythmes urbains. Les appels à la prière qui scandent le temps, les embouteillages qui ralentissent les poursuites, les rassemblements populaires qui offrent refuge ou exposition – autant d’éléments qui ancrent solidement l’intrigue dans une temporalité spécifiquement méditerranéenne. Cette sensibilité à l’ambiance urbaine révèle chez Shams-Edine une connaissance intime de sa ville, qu’il restitue sans complaisance folklorique ni idéalisation nostalgique, préférant en explorer les contradictions et les beautés troubles.
Style littéraire et maîtrise du récit policier
L’écriture de Shams-Edine révèle une approche stylistique qui privilégie la fluidité narrative sans sacrifier la précision descriptive. Son style se caractérise par une prose équilibrée, ni trop ornementée ni excessivement dépouillée, qui sait adapter son registre aux exigences de chaque séquence. Les passages d’action bénéficient d’un rythme soutenu où les phrases courtes créent l’urgence, tandis que les moments introspectifs se déploient dans une syntaxe plus ample qui laisse place à l’exploration psychologique. Cette versatilité stylistique témoigne d’une maîtrise technique qui sert efficacement les ambitions narratives de l’auteur.
La gestion des dialogues constitue l’un des points forts de cette écriture, révélant une oreille juste pour les nuances du parler algérien contemporain. Shams-Edine parvient à restituer l’authenticité des échanges verbaux sans tomber dans l’excès de couleur locale, dosant subtilement les expressions idiomatiques et les tournures spécifiques qui ancrent les personnages dans leur environnement linguistique. Cette attention portée à la parole vivante enrichit considérablement la crédibilité des protagonistes et renforce l’immersion du lecteur dans l’univers dépeint.
L’auteur démontre une compréhension solide des mécanismes du genre policier, exploitant avec pertinence les ressorts classiques du suspense tout en y apportant ses propres inflexions. La technique des révélations graduelles trouve ici une application maîtrisée, chaque dévoilement étant soigneusement calibré pour maintenir la tension sans frustrer le lecteur. Les fausses pistes sont semées avec discernement, évitant l’écueil de la manipulation gratuite pour servir une logique narrative cohérente. Cette architecture du mystère révèle une approche réfléchie du thriller, où l’efficacité prime sur l’originalité à tout prix.
Les descriptions d’atmosphère bénéficient d’une attention particulière qui enrichit la dimension sensorielle du récit. L’auteur sait créer des ambiances oppressantes ou apaisantes selon les besoins dramatiques, utilisant les détails matériels – odeurs, sons, textures – pour immerger le lecteur dans l’univers des personnages. Cette sensibilité descriptive, sans verser dans l’excès ornemental, contribue efficacement à l’établissement d’un climat propice au suspense. La prose de Shams-Edine révèle ainsi une maturité stylistique qui, sans bouleverser les codes du genre, les revisite avec intelligence et sobriété.
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Portée et résonance d’une œuvre engagée
« La Volonté des Morts » transcende les frontières du divertissement pour s’affirmer comme un témoignage littéraire sur les mutations contemporaines de la société algérienne. Sans jamais céder à la facilité du pamphlet, Shams-Edine parvient à tisser dans la trame de son thriller une réflexion profonde sur les mécanismes de corruption qui gangrènent les institutions. Cette dimension testimoniale confère à l’œuvre une résonance qui dépasse le simple plaisir de lecture, transformant le roman en document oblique sur une époque de transition où les espoirs démocratiques côtoient les résurgences autoritaires.
L’engagement de l’auteur se manifeste avec subtilité dans sa capacité à donner voix aux victimes sans tomber dans le pathos. Les personnages de Yasmina et Layla incarnent cette jeunesse algérienne prise en étau entre aspirations modernes et pesanteurs traditionnelles, leur destin tragique résonnant comme un avertissement sur les coûts humains des luttes de pouvoir. Cette approche humaniste évite l’écueil de l’instrumentalisation politique pour privilégier l’empathie et la compréhension des mécanismes psychologiques qui conduisent à la violence. L’œuvre trouve ainsi son universalité dans cette exploration des ressorts profonds de la domination masculine et de l’abus de pouvoir.
La dimension prophétique du roman réside dans sa capacité à révéler les failles d’un système qui produit ses propres monstres. En dépeignant la corruption des élites intellectuelles et politiques, Shams-Edine met au jour les contradictions d’une société qui prétend évoluer tout en perpétuant ses schémas de violence les plus archaïques. Cette lucidité critique, exprimée à travers les méandres de l’intrigue policière, confère au récit une force dénonciatrice qui ne s’embarrasse pas de nuances diplomatiques. L’auteur assume pleinement sa responsabilité d’écrivain engagé, utilisant la fiction comme laboratoire d’analyse sociale.
L’héritage littéraire de cette œuvre réside peut-être dans sa capacité à renouveler l’approche du roman social algérien en empruntant les codes du thriller international. Cette hybridation générique ouvre de nouvelles perspectives pour la littérature maghrébine contemporaine, démontrant qu’il est possible d’aborder les questions sociétales les plus brûlantes sans sacrifier l’efficacité narrative. « La Volonté des Morts » s’inscrit ainsi dans une lignée d’œuvres qui refusent l’opposition stérile entre engagement et divertissement, prouvant que la littérature populaire peut porter les interrogations les plus profondes sur le devenir d’une société en mutation. Cette synthèse réussie entre exigence artistique et accessibilité narrative constitue l’un des apports les plus prometteurs de l’œuvre de Shams-Edine.
Mots-clés : Thriller algérien, Haraka, Campus universitaire, Corruption politique, Condition féminine, Alger contemporain, Roman social engagé
Extrait Première Page du livre
» Prologue
El Mehdi M. Abdel-Ouadoude
Il faisait encore nuit lorsque les rares pratiquants venus assister à la prière d’El-Fajr quittaient en hâte la petite mosquée de Sidi-Mebarek, un petit village du sud d’Alger. Démêlant du bout du pied le tas de savates formé à l’entrée, chacun enfilait la sienne et disparaissait dans la pénombre de la rue sans réverbères.
Absorbé par une profonde réflexion, un homme demeurait assis sur son tapis de prière. Le bras sur le genou, il tenait au bout de deux doigts fins sa paire de lunettes que la lumière blafarde des néons faisait scintiller. Il revint à lui lorsque deux retardataires le saluèrent en sortant.
— As-Salam Alaikoum monsieur Abdel-Ouadoude ! lança le premier avec panache. Bravo !
— Que Dieu vous vienne en aide, ajouta le deuxième, visiblement intimidé. Vous avez ma voix.
1
Il adopta une posture plus en accord avec les encouragements qu’il recevait, puis gratifia les deux inconnus d’un sourire qui, bien que dissimulé en partie par une barbe courte et soigneusement entretenue, laissait entrevoir une dentition blanche et parfaitement alignée. Enfin, il se releva avec une agilité qu’on n’aurait pas soupçonnée au premier regard chez un homme aux cheveux grisonnants, même si son corps, fin comme un fleuret, suggérait une musculature athlétique.
— Merci, merci beaucoup, répondit-il simplement en serrant chaleureusement la main de l’un puis de l’autre. Je ne fais que mon devoir.
Il consulta sa montre, hésita un instant, puis marcha finalement vers l’Imam de la mosquée et l’interpela d’une tape sur l’épaule. Interloqué, le vieil homme se retourna, puis afficha un large sourire en ouvrant les bras, amorçant une longue accolade ponctuée de bruyantes tapes dans le dos. «
- Titre : La Volonté des Morts
- Auteur : Abloul Shams-Edine
- Éditeur : Auto-édition
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2025
Résumé
Et si vous étiez complice d’un crime sans même le savoir ?
Nazim, professeur d’université apprécié, voit sa vie basculer lorsque deux de ses étudiantes disparaissent mystérieusement. Lorsqu’il découvre qu’il a, sans le vouloir, joué un rôle décisif dans leur enlèvement, il décide de mener sa propre enquête. Mais plus il avance, plus il comprend que la vérité est bien plus sombre qu’il ne l’imaginait.
Dans un campus où chacun semble dissimuler quelque chose, Nazim s’allie à Salah, un employé marginal mais perspicace. Ensemble, ils vont affronter un labyrinthe de secrets, de mensonges et de manipulations psychologiques.
Une histoire qui paraît classique au premier abord… sauf que tous les protagonistes sont liés par un même secret. Saurez-vous le découvrir ?
La Volonté des Morts est un thriller psychologique construit comme un puzzle : chaque chapitre donne la parole à un personnage différent, révélant une version des faits toujours fragmentaire, parfois contradictoire. Ce jeu de perspectives maintient un suspense intense jusqu’au twist final.

Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis une soixantaine d’années, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.