Plongée dans l’univers policier d’Ivan Zinberg
Dans son quatrième roman « Matière noire », Ivan Zinberg nous entraîne une fois de plus au cœur d’un univers policier d’un réalisme saisissant. L’auteur confirme son talent pour dépeindre avec minutie le quotidien des forces de l’ordre, oscillant entre interventions musclées, enquêtes de terrain et lourdeurs administratives. Le lecteur est immergé dans les coulisses d’un commissariat de province, confronté à la délinquance endémique des cités et aux affaires non résolues qui hantent les investigateurs.
Zinberg met en scène des flics attachants, à l’image de Karim Bekkouche, chef de la BAC au passé trouble, ou de Jacques Canovas, ex-RG reconverti en journaliste spécialisé dans les cold cases. Ces personnages cabossés par la vie mais animés par leur soif de vérité évoluent dans un décor âpre, celui de la région stéphanoise, dont l’auteur restitue les aspérités avec justesse.
Le réalisme de l’intrigue est porté par une écriture efficace, truffée de détails et d’expressions argotiques qui confèrent à l’ensemble une authenticité remarquable. Ivan Zinberg, manifestement fin connaisseur des arcanes policières, parvient à retranscrire avec précision les méthodes d’investigation, les relations hiérarchiques et les difficultés rencontrées par les enquêteurs sur le terrain.
Ce souci d’exactitude transparaît notamment dans les scènes d’action, lors des interpellations musclées de la BAC, mais aussi dans la description des tâches plus ingrates qui incombent aux policiers, comme la rédaction fastidieuse des procès-verbaux. L’auteur n’enjolive pas la réalité du métier, il en propose au contraire une vision brute et sans fard.
Au fil des pages, c’est toute une galerie de flics que l’on apprend à connaître, avec leurs failles et leurs obsessions. Des hommes et des femmes qui tentent tant bien que mal de faire leur travail dans un contexte souvent hostile, entre violences urbaines, cadences infernales et moyens limités. Ivan Zinberg rend hommage à ces héros du quotidien, sans pour autant verser dans l’hagiographie.
Avec « Matière noire », l’auteur confirme sa capacité à nous plonger dans un univers policier ultra-réaliste, servi par une écriture incisive et des personnages finement ciselés. Un polar qui se distingue par son authenticité et qui s’impose comme une nouvelle référence du genre.
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Karim Bekkouche, un flic atypique dans la tourmente
Au cœur de « Matière noire », le quatrième roman d’Ivan Zinberg, se dresse un personnage complexe et fascinant : Karim Bekkouche, chef de la BAC de Saint-Étienne. Flic atypique au passé tumultueux, il incarne avec force les tensions qui agitent l’univers policier dépeint par l’auteur.
Enfant des cités, Karim a grandi dans la ZUP de Montchovet, une expérience qui a forgé son caractère et sa connaissance intime des quartiers sensibles. Après une jeunesse marquée par la délinquance, il a choisi de passer de l’autre côté de la barrière en intégrant la police. Un parcours singulier qui lui confère une légitimité indéniable auprès de ses pairs et une compréhension aiguë des enjeux sociaux qui gangrènent les banlieues.
Mais Karim est aussi un homme blessé, hanté par ses démons intérieurs. Son divorce d’avec Nadia, elle aussi flic, et la distance qui s’est instaurée avec son fils Rayan, sont autant de cicatrices qui ne se referment pas. Ivan Zinberg explore avec justesse les fêlures de ce personnage cabossé, donnant à voir un être humain dans toute sa complexité, loin des stéréotypes du genre.
Malgré ses fragilités, Karim reste un enquêteur opiniâtre, mu par un sens aigu de la justice. Lorsque la jeune Inès Ouari disparaît, il se lance corps et âme dans l’investigation, bien décidé à ne pas laisser ce dossier sombrer dans l’oubli. Une quête de vérité qui le mènera aux frontières de la légalité, quitte à bousculer sa hiérarchie et à se mettre en danger.
À travers le destin de Karim Bekkouche, c’est toute la réalité du métier de policier qu’Ivan Zinberg interroge. Les dilemmes moraux, la pression psychologique, la difficulté à concilier vie privée et professionnelle… autant de thèmes que l’auteur aborde avec un réalisme saisissant, offrant au lecteur une plongée sans concession dans le quotidien de ces hommes et de ces femmes qui ont choisi de servir la loi.
Figure centrale de « Matière noire », Karim Bekkouche s’impose comme un personnage d’une grande profondeur, dont les blessures et les doutes font écho aux maux de notre société. Un flic atypique et torturé, porté par la plume incisive d’Ivan Zinberg, qui ne laissera pas le lecteur indifférent.
Un polar réaliste ancré dans la région stéphanoise
Avec « Matière noire », son quatrième roman, Ivan Zinberg nous offre un polar d’une grande intensité, profondément ancré dans la réalité de la région stéphanoise. L’auteur déploie son intrigue dans un décor qu’il connaît manifestement sur le bout des doigts, restituant avec une précision chirurgicale l’atmosphère si particulière de Saint-Étienne et de ses environs.
La ville, avec ses quartiers contrastés et ses cicatrices industrielles, devient un personnage à part entière du récit. Des cités déshéritées de Montreynaud ou de La Cotonne aux rues commerçantes du centre-ville, en passant par les zones pavillonnaires plus cossues, Ivan Zinberg dresse un portrait sans concession d’une cité en proie aux tensions sociales et à la délinquance.
Mais l’auteur ne se contente pas de planter un décor, il s’attache à restituer avec justesse les particularismes locaux, qu’il s’agisse des expressions typiques, des lieux emblématiques ou des réalités socio-économiques qui façonnent le quotidien des Stéphanois. Cette attention portée aux détails confère au récit une authenticité remarquable, donnant au lecteur l’impression de sillonner les rues de Saint-Étienne aux côtés des personnages.
Ce souci de réalisme se reflète également dans la description des méthodes d’investigation déployées par les enquêteurs. Loin des clichés hollywoodiens, Ivan Zinberg nous plonge dans le quotidien souvent ingrat des policiers, fait de longues surveillances, d’interrogatoires fastidieux et de procédures administratives. Une approche qui, loin de nuire au suspense, renforce au contraire la crédibilité de l’intrigue et l’implication du lecteur.
Car si « Matière noire » est indéniablement un polar « de terrain », ancré dans une réalité géographique et sociale précise, il n’en demeure pas moins un récit haletant, porté par une tension narrative savamment orchestrée. Les rebondissements s’enchaînent, les fausses pistes se multiplient, et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on suit les pérégrinations de Karim Bekkouche et de ses équipiers dans les rues de Saint-Étienne.
Servi par une écriture ciselée et des dialogues d’une grande justesse, « Matière noire » s’impose comme un polar d’une rare intensité, dont l’ancrage local ne fait que renforcer la portée universelle. Ivan Zinberg signe là un roman policier ambitieux, qui tout en rendant hommage à la région stéphanoise, interroge avec acuité les maux de notre société.
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L’envers du décor des cités, entre délinquance et tensions sociales
Dans son quatrième roman, « Matière noire », Ivan Zinberg nous entraîne dans les coulisses des cités, ces territoires souvent méconnus et fantasmés, théâtres de tensions sociales et de délinquance endémique. L’auteur dresse un tableau sans concession de ces zones urbaines sensibles, où se mêlent désœuvrement, trafics en tous genres et violences quotidiennes.
À travers le destin d’Inès Ouari, jeune fille en perte de repères, et de Karim Bekkouche, flic atypique issu lui-même des quartiers difficiles, Ivan Zinberg explore les mécanismes qui conduisent tant de jeunes à basculer dans la délinquance. Manque de perspectives, échec scolaire, influence néfaste des « grands » déjà impliqués dans des trafics… autant de facteurs qui contribuent à alimenter un cercle vicieux dont il semble bien difficile de s’extraire.
Mais l’auteur ne se contente pas de dresser un constat accablant, il s’attache également à montrer la complexité des relations humaines dans cet univers sous tension. Les liens familiaux distendus, les amitiés ambiguës, les loyautés fluctuantes… Ivan Zinberg décortique avec justesse ces interactions sociales où la loi du silence et la peur des représailles règnent en maîtres.
En filigrane, c’est toute la question de l’intégration et des inégalités qui est posée. Les cités apparaissent comme des enclaves oubliées de la République, où les services publics peinent à jouer leur rôle et où le sentiment d’abandon nourrit les rancœurs. Une situation explosive, qui génère une défiance profonde envers les institutions, et en particulier envers les forces de l’ordre, souvent perçues comme un ennemi plutôt que comme un recours.
Face à cette réalité difficile, Ivan Zinberg ne cède pourtant pas au fatalisme. À travers le parcours de Karim Bekkouche, il montre qu’il est possible de s’en sortir, de tracer son chemin loin des dérives de la rue. Une lueur d’espoir dans un tableau globalement sombre, qui vient rappeler que derrière les statistiques et les faits divers se cachent des destins individuels, des êtres humains en quête de reconnaissance et de dignité.
Véritable plongée dans l’envers du décor des cités, « Matière noire » offre un regard lucide et sans concession sur une réalité trop souvent caricaturée. Loin des clichés et des discours simplistes, Ivan Zinberg nous invite à une réflexion nuancée sur les maux qui gangrènent ces territoires, et plus largement, sur les failles de notre modèle social. Un constat amer mais nécessaire, qui fait de ce roman noir un témoignage précieux sur les fractures de notre époque.
La disparition d’Inès Ouari, fil rouge d’une intrigue foisonnante
Au cœur de « Matière noire », le quatrième roman d’Ivan Zinberg, se noue une intrigue complexe et foisonnante, dont le fil rouge n’est autre que la disparition d’Inès Ouari, jeune fille issue des quartiers difficiles de Saint-Étienne. Un événement dramatique qui va entraîner le lecteur dans une enquête haletante, riche en rebondissements et en fausses pistes.
Mais la disparition d’Inès est bien plus qu’un simple prétexte narratif. Elle devient le révélateur des tensions qui agitent la société stéphanoise, le miroir des fractures sociales et des destins brisés. À travers le destin de cette adolescente en perte de repères, Ivan Zinberg explore avec finesse les mécanismes qui conduisent tant de jeunes des cités à basculer dans la délinquance et la marginalité.
Au fil des chapitres, l’enquête se ramifie, entraînant le lecteur dans les arcanes de la police judiciaire, mais aussi dans les coulisses des médias locaux, avides de sensationnalisme. Car la disparition d’Inès devient rapidement un sujet de choix pour la presse à scandale, prompt à exploiter le moindre rebondissement pour faire grimper les ventes. Une critique acerbe du traitement médiatique des faits divers, qui vient enrichir la réflexion de l’auteur sur les dérives de notre société.
Mais « Matière noire » n’est pas seulement un polar social. C’est aussi un récit intimiste, qui explore avec justesse les tourments intérieurs des personnages. Karim Bekkouche, flic atypique chargé de l’enquête, se retrouve confronté à ses propres démons, tandis qu’Anissa, la mère d’Inès, doit faire face à l’indicible douleur de la perte d’un enfant. Des portraits d’une grande humanité, qui donnent chair et profondeur à cette intrigue foisonnante.
Ivan Zinberg déploie avec brio les ressorts du polar, entre scènes d’action nerveuses et moments d’introspection poignants. Les rebondissements s’enchaînent, les suspects se multiplient, et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on suit les pérégrinations de Karim et de son équipe dans les rues de Saint-Étienne. Une enquête qui les mènera des quartiers huppés aux zones les plus sinistrées de la ville, dans une course contre la montre pour retrouver Inès.
Véritable page-turner, porté par une écriture incisive et des dialogues ciselés, « Matière noire » tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Mais au-delà du simple suspense, c’est la profondeur de la réflexion sociale et la finesse de la caractérisation des personnages qui font de ce roman noir un opus d’une rare intensité. Avec ce quatrième ouvrage, Ivan Zinberg confirme son statut d’auteur incontournable du polar français, capable de conjuguer avec brio intrigue policière et critique sociale.
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Jacques Canovas, ex-RG reconverti en journaliste d’investigation
Dans « Matière noire », son quatrième roman, Ivan Zinberg met en scène un personnage singulier et fascinant : Jacques Canovas, ex-RG reconverti en journaliste d’investigation. Un protagoniste complexe, qui va jouer un rôle clé dans l’intrigue en menant sa propre enquête sur la disparition d’Inès Ouari, parallèlement à celle de la police.
Ancien flic de la DRRI, Jacques a quitté les Renseignements Généraux pour se lancer dans une carrière de reporter, spécialisé dans les affaires criminelles. Un parcours atypique, qui lui confère une expertise précieuse et une connaissance intime des arcanes policières. Mais ce changement de vie n’est pas seulement motivé par une soif de vérité : il est aussi le fruit d’un drame personnel, la perte brutale de sa femme, qui l’a laissé meurtri et désemparé.
C’est un homme blessé que l’on découvre au fil des pages, hanté par le souvenir de son épouse et par les affaires non résolues qui s’accumulent sur son bureau. Un être en quête de rédemption, qui trouve dans son métier de journaliste un moyen de donner un sens à son existence et de combattre ses propres démons. Ivan Zinberg dresse le portrait nuancé d’un personnage en proie au doute, tiraillé entre sa soif de justice et sa fascination pour les abîmes de l’âme humaine.
Car Jacques Canovas n’est pas un reporter comme les autres. Sa méthode d’investigation, héritée de ses années aux RG, est faite d’obstination, de ténacité et d’une formidable capacité à se fondre dans le décor. Un « limier » des temps modernes, qui n’hésite pas à user de ses réseaux et de ses contacts pour débusquer la vérité, quitte à franchir parfois les limites de la légalité. Une ambiguïté qui rend le personnage d’autant plus attachant, et qui vient questionner les notions de bien et de mal, de justice et de vengeance.
Au fil de son enquête sur la disparition d’Inès Ouari, Jacques va croiser la route de Karim Bekkouche, flic atypique lui aussi en quête de réponses. Une rencontre qui va donner lieu à une étrange collaboration, faite de respect mutuel et de méfiance réciproque. Deux solitudes qui se comprennent et s’apprivoisent, unies par une même obsession : faire éclater la vérité, envers et contre tout. Ivan Zinberg excelle à décrire cette relation ambivalente, cette complicité qui se noue peu à peu entre ces deux écorchés vifs.
Avec le personnage de Jacques Canovas, l’auteur offre une réflexion passionnante sur le rôle des médias dans notre société, sur cette fascinante pour le fait divers et les affaires sordides. Mais il dresse aussi le portrait d’un homme en quête de lui-même, qui trouvera peut-être dans cette enquête hors norme un moyen de se reconstruire et de tourner la page. Une quête existentielle qui donne à « Matière noire » une profondeur et une intensité rares, bien au-delà des codes du polar traditionnel.
Figure emblématique de ce quatrième opus, Jacques Canovas s’impose comme l’un des personnages les plus marquants de l’œuvre d’Ivan Zinberg. Un anti-héros complexe et touchant, qui vient enrichir la galerie de portraits déjà foisonnante de l’auteur, et qui contribue à faire de « Matière noire » un roman noir d’une densité et d’une humanité exceptionnelles.
Mise en abyme du traitement médiatique des faits divers
Dans « Matière noire », Ivan Zinberg ne se contente pas de nous offrir une intrigue policière haletante. Il propose également une réflexion acerbe sur le traitement médiatique des faits divers, et plus largement, sur la fascination morbide de notre société pour les affaires criminelles. Une mise en abyme glaçante, qui vient interroger notre rapport à l’information et à la vérité.
Au cœur de cette critique, on trouve le personnage de Jacques Canovas, ex-flic reconverti en journaliste d’investigation. À travers son enquête sur la disparition d’Inès Ouari, il va être confronté aux dérives d’une presse avide de sensationnalisme, prête à tout pour faire grimper les ventes. Les unes racoleurs, les articles à charge, les rumeurs non vérifiées… Ivan Zinberg dresse un constat accablant des pratiques journalistiques, où la course à l’audience prime souvent sur la déontologie et le respect des victimes.
Mais l’auteur va plus loin encore, en explorant les mécanismes qui poussent les médias à se focaliser sur certaines affaires plutôt que d’autres. La disparition d’une jeune fille blanche et jolie, issue d’un milieu modeste, suscitera toujours plus d’intérêt qu’un fait divers impliquant des personnes marginalisées ou issues de l’immigration. Une hiérarchisation implicite de la valeur des vies humaines, qui en dit long sur les préjugés et les obsessions de notre époque.
Ivan Zinberg s’attaque également à la figure du « journaliste-justicier », incarné ici par Louis Balczarek, le rédacteur en chef du magazine « Crime-Hebdo ». Un personnage ambigu, prêt à tout pour obtenir un scoop, quitte à interférer avec l’enquête officielle ou à manipuler ses sources. Une critique acerbe du mythe du « quatrième pouvoir », qui vient questionner la légitimité des médias à se substituer aux institutions judiciaires.
Mais « Matière noire » n’est pas seulement une charge contre les dérives médiatiques. C’est aussi une réflexion plus large sur notre rapport à la violence et au voyeurisme. Car si la presse à sensation prospère, c’est bien parce qu’elle répond à une demande du public, à cette fascination malsaine pour les détails sordides et les destins brisés. Une mise en abyme troublante, qui vient interroger notre propre responsabilité de lecteurs et de citoyens.
À travers cette critique acerbe du traitement médiatique des faits divers, Ivan Zinberg signe un roman noir d’une rare puissance, qui dépasse le simple cadre du polar pour offrir une radiographie sans concession de notre société. Une œuvre engagée, qui nous pousse à remettre en question nos certitudes et nos habitudes de consommation de l’information. Un questionnement salutaire, porté par une écriture incisive et des personnages d’une grande profondeur, qui confirme le talent et l’ambition littéraire de l’auteur.
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Une galerie de personnages cabossés mais attachants
Ivan Zinberg excelle dans l’art de créer des personnages complexes et attachants, et « Matière noire » ne fait pas exception à la règle. Au fil des pages, c’est toute une galerie de protagonistes cabossés par la vie que l’on découvre, des êtres en proie à leurs démons intérieurs, mais qui suscitent immédiatement l’empathie et la compréhension du lecteur.
Au premier rang de ces figures marquantes, on trouve bien sûr Karim Bekkouche, flic atypique et chef de la BAC. Enfant des cités devenu policier, il incarne à lui seul toutes les contradictions et les déchirements d’une société en perte de repères. Hanté par son passé et par ses échecs familiaux, il trouve dans son métier une forme de rédemption, une manière de se racheter aux yeux du monde et à ses propres yeux. Un personnage d’une grande profondeur, dont la quête de vérité et de justice n’a d’égale que la soif d’humanité.
À ses côtés, on découvre Jacques Canovas, ex-RG reconverti en journaliste d’investigation. Lui aussi porte les stigmates d’un passé douloureux, marqué par la perte brutale de sa femme. Un drame qui l’a laissé meurtri et désemparé, mais qui a aussi fait naître en lui une détermination sans faille à débusquer la vérité, envers et contre tout. Un personnage complexe et ambigu, tiraillé entre ses principes et ses obsessions, et dont la relation avec Karim Bekkouche est l’un des points forts du roman.
Mais « Matière noire » ne serait pas ce qu’il est sans la richesse de ses personnages secondaires. D’Anissa Ouari, mère courage prête à tout pour retrouver sa fille, à Luc Mounier, adjoint de Karim et ami fidèle, en passant par Louis Balczarek, le cynique rédacteur en chef de « Crime-Hebdo », chacun apporte sa pierre à l’édifice, son humanité et ses fêlures. Des portraits d’une grande justesse, qui viennent enrichir la trame narrative et donner chair à cette intrigue foisonnante.
Car c’est bien là la force d’Ivan Zinberg : sa capacité à faire vivre ses personnages, à les rendre proches et familiers, malgré leurs défauts et leurs zones d’ombre. On se surprend à s’attacher à ces êtres cabossés, à espérer pour eux une forme de rédemption, une échappatoire à la noirceur qui les entoure. Une empathie qui doit beaucoup à la finesse de l’écriture de l’auteur, à son sens du dialogue et de la caractérisation.
Cette galerie de personnages cabossés mais attachants est sans nul doute l’une des grandes réussites de « Matière noire ». En dressant le portrait de ces hommes et de ces femmes en quête d’eux-mêmes, Ivan Zinberg donne à son intrigue policière une profondeur et une résonance singulières. Une humanité qui transcende les codes du polar, et qui fait de ce roman noir un opus d’une rare intensité émotionnelle.
Un suspense maîtrisé, entre cold cases et enquête sur le vif
Dans « Matière noire », Ivan Zinberg déploie tout son talent de conteur pour nous offrir un suspense haletant, savamment orchestré. Véritable page-turner, le roman alterne avec brio entre l’enquête sur le vif menée par Karim Bekkouche sur la disparition d’Inès Ouari, et les investigations de Jacques Canovas sur d’anciennes affaires non résolues. Un double niveau de lecture qui vient enrichir l’intrigue et maintenir le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.
Le fil rouge du récit reste bien sûr la quête de vérité autour de la disparition d’Inès, jeune fille issue des quartiers difficiles de Saint-Étienne. Une enquête difficile et sinueuse, qui va mener Karim Bekkouche et son équipe dans les bas-fonds de la ville, à la rencontre de personnages troubles et ambigus. Ivan Zinberg excelle à distiller les indices et les fausses pistes, à semer le doute dans l’esprit du lecteur, pour mieux le surprendre au détour d’un chapitre. Une maîtrise des codes du polar qui n’est pas sans rappeler les grands maîtres du genre, de James Ellroy à Dennis Lehane.
Mais l’auteur ne se contente pas de nous offrir une « simple » enquête policière. En parallèle, il développe un second niveau de suspense, à travers les investigations de Jacques Canovas sur des cold cases, ces affaires non résolues qui hantent la mémoire des enquêteurs. Un travail de fourmi, fait de relecture de dossiers et de rencontres avec des témoins oubliés, qui va peu à peu faire émerger des liens insoupçonnés avec la disparition d’Inès. Une construction narrative ambitieuse, qui vient enrichir la trame principale et donner à l’intrigue une profondeur et une complexité rares.
Ivan Zinberg joue avec les temporalités et les points de vue, alternant scènes d’action nerveuses et moments d’introspection poignants. On suit tour à tour les avancées de Karim sur le terrain, les réflexions de Jacques dans la solitude de son bureau, mais aussi les doutes et les espoirs d’Anissa, la mère d’Inès, qui se bat pour ne pas sombrer dans le désespoir. Une mosaïque de destins qui se croisent et s’entrechoquent, pour former peu à peu un tableau saisissant de vérité et d’humanité.
Car au-delà de la mécanique policière, c’est bien la force des personnages et la finesse de la caractérisation qui font de « Matière noire » un roman d’une rare intensité. Chaque protagoniste apporte sa pierre à l’édifice, ses fêlures et ses espoirs, dans une partition où chaque voix compte et résonne avec les autres. Un chœur poignant, qui donne chair et âme à cette quête de vérité, et qui vient rappeler que derrière chaque affaire non résolue se cachent des destins brisés et des vies en suspens.
Porté par une écriture ciselée et un sens aigu du rythme, « Matière noire » s’impose comme un polar ambitieux et exigeant, qui revisite avec brio les codes du genre. Entre cold cases et enquête sur le vif, Ivan Zinberg tisse une toile d’une grande complexité, où chaque fil compte et vient enrichir le motif final. Un suspense maîtrisé de bout en bout, qui tient le lecteur en haleine jusqu’à un dénouement aussi inattendu que bouleversant. La preuve éclatante qu’on peut conjuguer la noirceur du polar avec l’humanité du grand roman, pour un résultat d’une rare puissance émotionnelle.
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Ivan Zinberg, nouvelle voix prometteuse du polar français
Avec « Matière noire », son quatrième roman, Ivan Zinberg s’impose comme l’une des voix les plus prometteuses du polar français contemporain. Fort d’une expérience de terrain – il a été journaliste indépendant spécialisé dans les faits divers – l’auteur réinvestit le genre avec une énergie et une authenticité rares, portées par une écriture incisive et une remarquable maîtrise des codes du suspense.
Ce qui frappe d’emblée chez Ivan Zinberg, c’est sa capacité à ancrer ses intrigues dans un réel âpre et sans concession, loin des clichés et des poncifs du polar traditionnel. Avec « Matière noire », il nous plonge dans les bas-fonds de Saint-Étienne, au cœur des quartiers populaires minés par la délinquance et les trafics en tous genres. Un décor qu’il connaît manifestement sur le bout des doigts, et dont il restitue les aspérités avec un souci du détail et une justesse de ton remarquables. Une plume « à hauteur de bitume », qui n’est pas sans rappeler celle d’un James Ellroy ou d’un Dennis Lehane.
Mais Ivan Zinberg ne se contente pas de planter un décor réaliste. Il s’attache aussi et surtout à créer des personnages d’une grande profondeur, des êtres cabossés par la vie mais qui suscitent immédiatement l’empathie et l’attachement du lecteur. De Karim Bekkouche, flic atypique et chef de la BAC, à Jacques Canovas, ex-RG reconverti en journaliste d’investigation, en passant par Anissa Ouari, mère courage prête à tout pour retrouver sa fille, chaque protagoniste apporte sa pierre à l’édifice, son humanité et ses fêlures. Des portraits d’une grande justesse, qui donnent chair et âme à cette intrigue foisonnante.
Car c’est bien là l’autre grande force d’Ivan Zinberg : sa capacité à tisser une toile d’une grande complexité, où s’entremêlent cold cases et enquête sur le vif, destins individuels et réflexion sur les maux de notre société. Un récit ambitieux et exigeant, qui se joue des codes du polar pour mieux les dépasser, et offrir une radiographie sans concession de notre époque. Une écriture engagée, qui n’a pas peur de mettre le doigt sur les plaies d’un système qui broie les plus faibles et les plus vulnérables.
Avec « Matière noire », Ivan Zinberg signe un polar d’une rare densité, où chaque mot compte et vient enrichir la mécanique implacable du suspense. Une réussite d’autant plus remarquable qu’il s’agit seulement de son quatrième roman, laissant augurer d’une carrière littéraire aussi riche que prometteuse. Car au-delà de ses qualités de conteur et de styliste, c’est la vision du monde de l’auteur qui impressionne, cette faculté à ausculter les noirceurs de l’âme humaine sans jamais perdre de vue la lumière de l’espoir et de la rédemption.
Nouvelle voix du polar français, Ivan Zinberg a su en quelques romans s’imposer comme un auteur incontournable, dont chaque nouvelle publication est attendue avec impatience par un lectorat fidèle et sans cesse renouvelé. Avec « Matière noire », il franchit un cap supplémentaire et s’affirme comme l’un des écrivains les plus doués de sa génération, capable de renouveler en profondeur les codes d’un genre qu’on aurait pu croire figé. Un talent protéiforme et une plume incandescente, qui laissent présager un avenir littéraire des plus excitants.
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Extrait Première Page du livre
» PROLOGUE
L’homme tira sur le joint, les doigts tremblants.
La fumée lui procura une éphémère sensation de bien-être, puis la montée acide du stress l’étreignit à nouveau. Lentement, il expulsa un panache blanc à travers la fenêtre de la voiture. Les volutes se dispersèrent dans la nuit tiède de juillet.
Au bout du chemin, les lasers de la discothèque dessinaient des arabesques multicolores. En contemplant le halo déployé jusqu’au ciel, il songea à une aurore boréale. Par moments, les videurs ouvraient la porte et il percevait le beat mécanique de la musique électronique. Puis le martèlement s’estompait et le silence regagnait ses droits.
— Tu veux en reprendre ? demanda-t-il.
Côté passager, la jeune femme sourit.
— Carrément.
Il traça deux rails de cocaïne devant elle et lui tendit la paille. Elle se pencha pour sniffer, avant de s’allonger sur le siège. Il aspira la poudre à son tour. Il ne se lassait pas de la regarder. Ses jambes fluettes, soulignées par son jean slim. Son profil parfait, avec son nez rectiligne et sa bouche scintillante. Ses seins fermes, moulés sous l’étoffe satinée, beaux comme des diamants.
Autour d’eux, le monde n’existait plus.
Ils s’étaient stationnés à l’écart pour ne pas être dérangés, à un demi-kilomètre de la boîte de nuit. Sous le clair de lune. Au milieu des champs noyés de pénombre. Seuls les voyants fluorescents du tableau de bord perçaient dans les ténèbres.
Elle alluma une cigarette. Pendant de longues minutes, elle fuma, immobile, recrachant parfois la fumée en petits cercles concentriques qui jaillissaient par à-coups. Elle se tourna vers lui :
— On y va ?
— Non. «
- Titre : Matière Noire
- Auteur : Ivan Zinberg
- Éditeur : Editions Cosmopolis
- Nationalité : France
- Date de sortie : 2019
Page Facebook : www.facebook.com/ivanzinberg
Je m’appelle Manuel et je suis passionné par les polars depuis plus de 60 ans, une passion qui ne montre aucun signe d’essoufflement.